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« Vous et moi, faut qu'on parle affaires. »

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Charlotte G. Hawkins

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« Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » Vide

Charlotte G. Hawkins
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Message Sujet: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 27 Oct - 19:23

Du suicide. Tout ceci était du suicide, Charlotte en avait pleinement conscience. Mais elle avait travaillé ce plan pendant plusieurs jours, elle avait vu tous les détails, elle ne courrait à priori aucun danger – sauf si quelqu'un, dans un élan meurtrier, décidait de la tuer, elle qui serait sans défense, avec le minimum vital sur elle, c'est-à-dire ses papiers et un peu d'agent. Enfin, cela lui paraissait peu probable. Mais cette opération restait du suicide quand même et si la Neo Corp. l'apprenait, Charlotte ne donnait pas cher de sa peau. Enfin, il fallait qu'elle sache si elle était une mutante ou non et depuis qu'elle avait eu la brillante idée de mettre en marche son plan, elle n'arrivait plus à s'enlever cette idée de la tête.

Charlotte avait appris il y a quelques temps déjà qu'une personne avait développé des pouvoirs particuliers et qui intéressaient particulièrement son patron, Jeffrey Gallagher. Cette personne, une jeune femme, Eryn Blake, avait en effet la capacité de manipuler les mutations, s'il existait une quelconque mutation, évidemment. Au début, Charlotte ne vit pas d'intérêt là-dedans mais à force d'éplucher les dossiers des Peacekeepers, elle se rendit compte que cette femme pouvait l'aider. Elle qui mettait un point d'honneur a évité tous les mutants, ne pouvant pas les regarder en face sachant parfaitement que l'entreprise pour laquelle elle travaillait était la cause de toute cette histoire, elle allait devoir en rencontrer un. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'elle ne supportait plus d'attendre de voir si elle développerait une mutation ou pas. Elle s'était renseignée : chez certains, l'apparition de pouvoirs avait été rapide, dès les premiers jours qui suivirent l'incident au laboratoire. D'autres se réveillaient aujourd'hui et découvraient qu'ils étaient eux aussi des mutants, après trois mois de quarantaine. Charlotte ne voulait pas faire partie de ces gens là. Elle ne voulait pas de pouvoirs. Elle ne voulait pas voir sa vie changer du tout au tout à cause d'une malheureuse explosion dans un laboratoire. Elle ne voulait pas que les Peacekeepers l'emmène à Alcatraz pour faire des expériences sur son corps. Elle savait que trop bien ce qu'il se passait là-haut. Non, il était impensable qu'elle fasse partie d'une bande de mutant. Elle aimait trop sa vie, son quotidien, son travail pour changer du tout au tout. Charlotte imaginait déjà que ses capacités se réveilleraient au travail, dans le bureau de Gallagher, en pleine réunion … Le scénario catastrophe, ce qui pourrait arriver de pire : elle n'aurait aucun moyen de s'échapper. La rencontre avec cette fille manipulatrice de mutation était donc primordiale et la fixerait une fois pour toute sur son sort. Que ferait-elle si elle découvrait qu'elle était une mutante ? Charlotte ne préférait pas trop y penser.

Voilà pourquoi Charlotte se trouvait donc à traîner dans les rues du Black Market, un endroit qu'elle n'avait jamais fréquenté auparavant. Depuis la mise en quarantaine, elle ne faisait que des aller-retour entre son appartement dans les beaux quartiers et la tour de la Neo Corp. Pas de sorties et encore moins dans les endroits les plus sombres de la ville. Charlotte était donc venue incognito, avec les vêtements les plus communs qu'elle pouvait posséder et trouver la tenue adéquate avait été un exploit, elle qui était habituée aux tailleurs et aux talons aiguilles. Venir habillée comme pour son boulot dans un endroit pareil n'aurait pas été intelligent, elle le savait. Elle avait discuté avec des Peacekeepers ayant déjà fréquenté un tel endroit et la description du marché lui avait suffit pour qu'elle comprenne que ce n'était pas un endroit pour elle. Or, c'était visiblement l'endroit idéal pour se cacher. C'est donc avec une tenue sobre, un simple pantalon, des chaussures plates et une longue veste noire qu'elle se rendit en début d'après midi sur la place du marché qu'elle ne connaissait pas du tout. Elle avait conscience que trouver Eryn Blake n'allait pas être simple. Il lui faudrait des heures peut être, voire des jours, temps qu'elle ne possédait pas. Elle avait prétexté se sentir mal pour prendre son après midi. Alors voilà qu'elle déambulait dans les rues de cette zone remplie de hors-la-loi. Charlotte savait qu'elle n'était pas à sa place, elle le sentait et elle détesta tout de suite cet endroit. Pourtant, elle avait fait un effort, se maquillant peu, ne portant aucun bijoux, aucun objet de valeurs sur elle. Elle avait juste évité de porter les habituels lunettes noires, même pour cacher son visage : de son point de vue, ça ferait bien trop suspect.

Elle faisait semblant d'écouter ce que les quelques passants disaient. Elle essayait de se fondre dans la masse, ce qu'elle savait faire en général très bien. Cela faisait quelques heures déjà qu'elle arpentait les rues de la place principale, enfin celle qu'on lui avait décrit comme telle. Elle n'avait pas vu cette Eryn mais elle ne perdait pas patience, elle y arriverait si elle persévérait. Charlotte connaissait son visage, elle avait vu des tas de photos de cette femme. Mais apparemment, même dans un endroit si reculé de la ville, elle avait dû mal à se montrer. Charlotte était jusque là restée en surface. Ce qu'elle ne savait pas, c'était que la place n'était qu'une toute petite partie du marché. Et c'est en surprenant une conversation entre deux personnes qu'elle comprit qu'il y avait autre chose. La première indiquait le chemin à l'autre alors Charlotte, sans réfléchir, suivit la deuxième personne. Après tout, elle n'avait rien à perdre, ne serait-ce la vie. Non, il ne fallait pas penser à ça, surtout pas.

Après quelques minutes de marches, de bifurcations dans des rues de plus en plus étroites, la personne qu'elle pistait finit par disparaître dans un passage et Charlotte fit de même. Inutile de préciser qu'elle fut surprise d’atterrir dans un tout autre endroit, beaucoup plus fréquenté. Alors comme ça, il y avait un marché souterrain … C'est ce qu'elle déduisit en voyant tous les étalages de produits divers et variés et les gens qui hélaient les passants pour essayer de vendre leur truc. Bien, elle avait peut être plus de chance de voir cette Eryn ici que sur la grande place. Charlotte reprit donc sa « petite promenade », achetant même une babiole à un marchand, histoire de se fondre encore plus dans la masse et surtout, se donner bonne conscience. Ce marché existait à cause de la Neo Corp. : elle en faisait donc autant participer un peu et aider ces gens devenus pauvres et hors-la-loi sans qu'il y ait une justice. Elle jetterait ce truc à la première occasion, histoire que personne ne sache où elle se l'était procurée. Et elle essayerait d'oublier bien vite la vision de tous ces gens dans ce marché pour retourner à sa vie tranquille. Elle vivait déjà assez mal la quarantaine, pas la peine d'en rajouter, même si sa conscience lui rappellerait toujours cette journée.

Charlotte avait tout juste fini son achat quand, enfin, la chance lui sourit. Elle releva la tête et quelques mètres plus loin, en pleine discussion, elle vit Eryn Blake. Pour avoir observer ses photos pendant des jours, elle savait que c'était elle, elle n'avait aucun doute la dessus. Il n'y avait plus qu'à espérer qu'elle arrive à lui parler. C'était la phase la plus complexe de son plan en vérité : pourquoi cette fille écouterait ce qu'elle avait à dire ? La voyant partir déjà, disparaître dans une rue adjacente, Charlotte ne perdit pas une minute. Elle remercia le marchand – règle capitale, ne jamais oublier la politesse – et se mit en route d'un pas rapide. Ce n'était certes pas discret mais elle ne devait pas perdre de vue Eryn. Elle avait mis toute l'après midi à la trouver, elle n'allait pas la lâcher. Sauf que celle-ci savait apparemment où elle allait, bifurquant dans des tas de petites rues et Charlotte dû courir à moitié pour la rattraper ce qui n'était pas du tout la façon la plus adaptée pour aborder quelqu'un. Elle aurait voulu avoir un plan de ces souterrains pour essayer de prendre Eryn par surprise, en prenant une autre rue par exemple. Mais elle n'avait qu'une seule option, la suivre à la trace et ce, même si la jeune fille avait remarqué sa présence. Une chance pareille ne se représentait pas et Charlotte voulait savoir la vérité sur son état : mutante ou pas ?

Dans le feu de l'action, Charlotte ne su pas dans les premiers temps si c'était elle qui avait accéléré suffisamment pour rattraper Eryn ou si c'était cette dernière qui avait fini par ralentir. La première option semblait pourtant improbable, Charlotte ayant toujours été une piètre sportive. Enfin, elle ne réfléchit absolument pas et dès qu'elle fut à sa hauteur, Charlotte attrapa le bras de la jeune fille, sans penser à sa réaction.

« Eh attendez, j'ai besoin de vous ! » réussit-elle à dire, quelque peu essoufflée.

Ce n'était certainement pas la meilleure des méthodes, oh non. Et Charlotte ne comprit même pas pourquoi Eryn Blake avait fini par ralentir le pas. Elle essaya de capter son regard, histoire de voir à qui elle avait à faire ou si la jeune femme était même d'humeur à parler. Dans tous les cas, Charlotte espérait juste qu'Eryn ne porte pas d'armes sur elle et qu'elle se rende bien vite compte qu'elle était sans défense.
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Eryn Blake

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Eryn Blake
Mutation Sensor
Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Dim 28 Oct - 9:59

« Claiming I’m not the one you’re looking for. »


L’existence se poursuivait dans le fourmillement incessant du Black Market, les jours se ressemblaient à s’y méprendre ; misère, arnaques et survie. Eryn se plongeait dans cette atmosphère, s’efforçait de vivre au jour le jour, de se tenir occupée chaque secondes, d’élaborer des stratégies militaires pour se trouver une planque respectable et quelques boulots malhonnêtes pour acheter de quoi se nourrir. Un enchaînement sans fin pour essayer d’oublier, un peu, le dilemme qui la tiraillait sans cesse, déchirait ses convictions et ses principes, pour oublier qu’elle avait quitté l’unique groupe auquel elle se fût jamais unie, oublier le visage compatissant et souriant, teinté d’assurance de Jake Caldwell, oublier que sa sœur faisait partie des Peacekeepers. Oublier, tout simplement, à quel point la situation avait dégénéré dans cette zone asphyxiée.

Bien sûr, quelqu’un comme Eryn aurait pu se retomber sur ses pattes en remuant ciel et terre pour découvrir l’origine de cette catastrophe ; c’était, après tout, dans sa nature profonde de rester constamment en mouvement, d’aller de l’avant, combattre pour ce qu’elle croyait juste. Hélas, c’était justement ce manque de croyance et de conviction que, désorientée, elle se contentait d’errer. Ainsi, tant qu’elle n’aurait pas trouvé les réponses en elle, elle ne pourrait pas, dans l’immédiat, s’appliquer à résoudre un problème de taille. Et c’était bien le problème, ici ; chacun pensait à une échelle strictement individuelle, ne provoquant qu’un vaste chaos, divisant la population en faction, faisant de la ville une jungle où seule la loi du plus fort règne. État primitif assez exaspérant, en soi, mais Eryn s’en fichait : elle faisait partie des plus forts, elle avait été entraînée à combattre et à survivre et même si elle se faisait prendre, elle était bien trop précieuse pour être éliminée.

Dans un tic nerveux, Eryn replaça une mèche de cheveux qui lui retombait sur le visage. Son regard se fit furieux et glacial alors qu’elle le dardait sur le commerçant – le malfrat – qui lui faisait face du haut de son étal pourri. Elle se demanda, une fraction de seconde, ce qui l’empêchait de lui cracher au visage, de lui sauter à la gorge, de lui faire ravaler sa suffisance ; finalement, la raison lui commanda de ne pas attirer l’attention. Elle mit fin à la dispute avec un sourire crispé, vague promesse de vengeance sanglante. Elle fit rouler ses épaules et rajusta sa veste en cuir après y avoir glissé son maigre dû dans une poche interne, non sans fusiller une dernière fois le porc qui lui avait proposé de faire une course. La course, en l’occurrence, consistait à traverser les quartiers les plus malfamés avec un paquet mystérieux, encombrant, qui avait tôt fait d’attirer les badauds. Eryn s’était même trouvée dans l’obligation de casser un ou deux nez pour atteindre son but, et même exhibé son Beretta, objet rare et létal en ces lieux. La plupart des gens avaient été assez stupides pour épuiser les munitions. Pourtant, il était évident que seuls les Peacekeepers conserveraient leurs armes à feu. S’éloignant d’un pas vif, elle secoua vaguement la tête face à tant d’imbécilité. Tant pis pour la récompense digne de ce nom.

Elle se faufila d’une rue à l’autre d’un pas vif et la tête basse, craignant de croiser un Hunter. Elle ne pouvait en aucun cas s’éterniser, trop de personnes connaissaient sa mutation. S’ils l’estimaient tous comme un don, elle n’y voyait que des conflits d’intérêts multiples pour des « espèces » en guerre. Les sens à l’affût, elle s’assura, aussi, qu’elle n’était pas suivie. De regards furtifs, tout d’abord, tout en s’efforçant de ne pas avoir l’air aux abois, puis par la technique, en zigzaguant dans les ruelles tout en s’enfonçant toujours plus dans le dédale. Alors, elle perçut des pas précipités derrière elle, une démarche erratique de quelqu’un qui n’était pas rodé à l’exercice, qui ne possédait pas son endurance. Mais qui la suivaient. Était-ce de la paranoïa ? Non, elle en était certaine à présent, la personne s’engageait à sa suite, difficilement, mais déterminée, sans marquer une hésitation, probablement dans le but de ne pas la perdre. Un frisson lui parcourut l’échine et elle se força à penser calmement.

Une seule personne. Une seule personne la suivait, d’un pas si peu assuré… Ce n’était peut-être pas vraiment un danger. Ou alors, c’était un piège. Dans les deux cas, Eryn ne pouvait pas se permettre de se laisser poursuivre par quelqu’un qui l’avait potentiellement reconnue. La semer n’était pas une option ; c’était une menace, et les menaces s’éliminaient au plus tôt pour ne pas s’attirer d’ennuis. Ou neutralisaient. Elle n’avait jamais été aussi extrême que le lieutenant Carter, en dépit de toute l’admiration qu’elle lui portait. Songeant à une location idéale pour régler le problème, elle bifurqua encore jusqu’à trouver une ruelle adéquate, déserte et retirée. Alors, seulement, elle ralentit le pas.

Besoin d’elle ?
Qui diable pouvait avoir besoin d’elle ? Une mutante envoyée par Jake Caldwell pour l’amadouer ? L’idée avait du bon, en soit, mais un peu trop évidente peut être. Prête à affronter le danger, elle se retourna, une main précautionneusement serrée contre ses côtes, prête à dégainer son arme au besoin.
Pourtant, la femme qui lui faisait désormais face n’avait rien d’un mutant paumé. Elle n’était même pas mutante. Paumée, par contre, peut-être. Complètement hors de son élément, avec une apparence trop soignée pour être vraiment une personne qui se soucie de sa survie. Eryn plissa les yeux pour la détailler avec suspicion celle qui, de toute évidence, vivait dans la Birght City, les beaux quartiers et le confort. Peu conciliante à se dévoiler et à apporter son aide, elle fit d’un ton grave, teinté d’une agressivité propre aux animaux farouches qui cachent leurs craintes en montrant les crocs.

« Vous devez faire erreur sur la personne. »

Si elle pouvait s’en tirer ainsi, elle s’estimait heureuse. Dans le cas contraire, elle se tenait prête à toute éventualité, les muscles tendus, l’esprit alerte. Elle évaluait précautionneusement toutes les issues possibles, essayait de prévoir la moindre faille, guettait les bruits aux alentours pour voir si son interlocutrice n’allait pas rameuter du renfort ou quelques personnes malintentionnées qui auraient eu dans l’idée de poursuivre quelqu’un de la Bright City…
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Charlotte G. Hawkins

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Charlotte G. Hawkins
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Dim 28 Oct - 15:58

Provoquer la chance était au final une très bonne chose. Foncer tête baissée dans l'inconnu aussi. Charlotte avait réfléchi à toute la partie théorique de son plan jusqu'au moment où elle serait face à Eryn Blake. Elle s'était renseignée sur les lieux, sur l'identité de la personne. Après, elle ne put rien anticiper. Comment la jeune femme allait-elle réagir ? Elle ne pouvait pas le savoir, ne la connaissant qu'à travers des dossiers, des rapports, de simples écrits. Elle ne pouvait pas aller voir ses anciennes relations pour leur demander de comment l'aborder, ce serait bien trop déplacée et suspicieux. Elle préférait faire confiance en ses capacités de diplomate et de négociatrice. Si elle prenait cette discussion pour une simple mission dans le cadre de son travail, elle y arriverait. Tout s'était bien déroulé jusque là, elle avait réussi, d'après elle, à ne pas trop se faire remarquer mais elle était maintenant plongée dans l'inconnu. Elle trouvait qu'elle s'était bien débrouillée, même si elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir mal à l'aise dans ses rues étroites, grouillant de hors-la-loi. Elle était encore en vie, première bonne nouvelle. Exploit ou pas, elle avait même réussi à trouver la femme qu'elle recherchait et celle-ci s'était arrêtée. Charlotte se demandait maintenant si sa chance la suivrait encore ou déciderait de l'abandonner au moment même où Eryn Blake lui parlerait.

La jeune femme se retourna pour lui faire face, une main serrée contre ses côtés. Charlotte fronçant les sourcils mais elle décida de ne pas en tenir compte et de ne pas imaginer ce qu'elle comptait faire par la suite ou même ce qu'elle pouvait cacher sous sa veste. Elle se contenta alors de la regarder, dans les yeux, essayant d'adopter une position plus décontractée. Il fallait qu'elle montre qu'elle était tout à fait à l'aise, qu'elle n'avait pas peur. Or, elle se trouvait loin des bureaux sécurisés de la Neo Corp, avec des gardes du corps à toutes les entrées ou même de la Bright City où elle savait qu'elle ne risquait rien. Oh non, elle ne pourrait pas vivre dans cet endroit, fréquenter jour et nuit les rues du marché noir. Ce n'était pas son élément, elle qui était maintenant habituée à un certain luxe : elle ne se sentait même pas à l'aise dans les vêtements qu'elle avait choisi. Charlotte trouvait courageux tous ces gens qui s'étaient exilés ici, qui avaient tout quitté du jour au lendemain parce qu'ils n'avaient pas le choix. C'était soit ça, soit les Peacekeepers et l'inconnu total concernant son avenir dans les deux cas. Alors oui, tous ces gens étaient bien courageux et Charlotte savait parfaitement qu'elle ne pourrait pas en faire autant. Elle savait s'adapter, certes, elle était née dans le Kansas, dans une toute petite ville et avait migré à San Francisco sans difficultés une fois habituée à son nouveau train de vie. Mais voir toute sa vie s'effondrer et devoir tout reconstruire, c'était autre chose et non, elle ne saurait pas vivre ainsi. Elle ne voulait même pas essayer.

Eryn Blake se montra plutôt agressive mais Charlotte ne pouvait pas lui en vouloir. Se faire suivre n'était jamais agréable, surtout quand on était recherché. Il fallait donc qu'elle lui prouve qu'elle ne craignait rien. Elle était bien la dernière personne à pouvoir lui faire du mal de toute façon, Eryn était bien plus entraînée qu'elle au combat et Charlotte n'avait rien pour se défendre, même pas une arme. Elle se trouva bête sur le moment et carrément insconsciente. Elle avait pensé à s'en procurer une sauf qu'elle ne savait pas s'en servir et elle avait espéré que face à une personne totalement désarmée, ses possibles assaillants abandonnerait. Charlotte pouvait avoir l'air froide et sévère lorsqu'on la voyait mais elle était incapable de faire du mal à qui que ce soit. C'était une créature sans défense et elle espérait bien jouer là dessus. Avec un sourire qui se voulait avenant, elle répondit calmement à la jeune femme.

« Eryn Blake, 26 ans, ancienne militaire, mutante, recherchée par les Peacekeepers. Non, je ne pense pas me tromper. »

Énumérer ainsi ce qu'elle savait d'Eryn n'était peut être pas la meilleure idée qu'elle ait eu mais c'était la seule chose qui lui était venue à l'esprit pour capter son attention. Elle avait voulu être directe, un peu trop peut-être. La jeune mutante allait certainement penser qu'elle était dangereuse, une dangereuse Peacekeepers qui aborde les gens en traître, en se faisant passer pour une gentille alors qu'elle était tout sauf ça. Du coup, pour tenter de rassurer un peu Eryn, Charlotte rajouta précipitamment quelques mots.

« Je ne vous veux aucun mal, ne vous inquiétez pas. De nous deux, c'est certainement vous la plus redoutable et j'ai bien plus de chance de finir agonisante dans les égouts que vous. »

Essayer de faire un peu d'humour, une autre tactique, même si Charlotte énonçait plus un de ces scénarios catastrophe à voix haute, dévoilant l'une de ses peurs et le fait qu'elle n'avait rien à faire ici. En étant franche, Charlotte espérait juste qu'Eryn se rende compte qu'elle n'avait rien à craindre avec une femme comme elle et qu'elle coopère plus facilement. Déjà, elle s'était attendue qu'Eryn la plaque au mur lorsqu'elle l'avait attrapée par le bras pour qu'elle s'arrête. Elle l'imaginait beaucoup plus sauvage, comme pas mal de mutants en fuite. C'était peut-être une vision fausse de tous les mutants en général mais c'est ainsi que Charlotte les voyait pour la plupart, en se basant sur les discours de certains Peacekeepers. C'était idiot, elle en avait maintenant conscience et elle se sentit même un peu honteuse d'avoir tiré une telle conclusion. Être un mutant en cavale ne voulait pas forcément dire ne plus avoir d'humanité, Charlotte essayerait de s'en souvenir. Enfin, elle se méfiait quand même et gardait une certaine distance avec Eryn pour avoir une chance d'anticiper le moindre geste brusque. Sauf qu'elle n'aurait aucun moyen de riposter dans le cas où la jeune femme déciderait de passer à l'action. Alors, elle essaya d'éveiller sa curiosité et plus d'intérêt.

« J'ai besoin de vous et j'ai de l'argent. En liquide, évidemment. »

Quoi de mieux que l'appât du gain dans de telles conditions ? Charlotte n'avait pas prévu une grosse somme mais elle espérait que ce serait suffisant pour Eryn. Elle n'avait pas voulu prendre le risque de transporter beaucoup sur elle, elle n'avait même pas pris de sac à main, tous ses papiers étant dissimulés à l'intérieur de sa longue veste. Dans des endroits pareils, il valait mieux être prudent et il était trop facile de se faire piquer un sac. Elle trouvait déjà que c'était bien risqué de débarquer ici, au marché noir alors qu'elle n'y avait pas sa place, ni l'habitude de faire attention à tout, à regarder derrière soi pour voir si elle n'était pas suivie ou autre. Même là, son attention se portait uniquement sur Eryn, n'étant pas une experte de la surveillance. Elle risquait sa vie mais savoir si son corps développerait une mutation ou non était devenu une obsession.


Dernière édition par Charlotte G. Hawkins le Lun 29 Oct - 1:56, édité 1 fois
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Dim 28 Oct - 17:59

« So, I guess I’ll have to intimidate you. »


L’incrédulité traversa Eryn par bourrasques successives, plus violentes les unes que les autres. Elle recula d’un pas brusque, le pouce déjà grippé sur la sécurité de son arme – toujours sous le couvert de sa veste en cuir – lorsqu’elle entendit son profil énoncé sur le ton professionnel. Le mot « Peacekeeper » s’imposa à elle, la hérissant, lui coupant le souffle. Mais. La femme qui lui faisait face n’avait rien d’une Peacekeeper, à moins d’être une actrice des plus émérites et de ne pas estimer utile d’utiliser le Neo Serum pour elle. Puis le ton de la plaisanterie confirma cette impression. Tout n’était donc qu’une vaste blague pour cette femme ? Encore plus interloquée qu’une seconde auparavant, Eryn dû à un effort surhumain (et à des années conséquentes d’entraînement strict) de ne pas ouvrir la bouche de stupéfaction. Elle la jugea sévèrement, un léger froncement de sourcil qui, avec ses yeux écarquillés, trahissaient son effarement. Après avoir déglutit comme pour accuser la surprise, elle articula enfin sur un ton médusé, teinté de reproche condescendant :

« De l’argent ? Vous n’avez pas l’air assez stupide pour ajouter quelques milliers de dollars à votre excursion, quand même ? »

Son aide ne valait pas moins et au deçà, Eryn n’était pas intéressée. Elle avait besoin de survivre et l’argent, bien qu’il facilitât la tâche, n’était en rien une nécessité première. Et si elle désirait autant d’argent, ce ne serait pas pour le garder avec elle et l’économiser, mais l’utiliser immédiatement pour se refaire un équipement et acheter des munitions. Bientôt, elle se doutait que les dollars n’auraient plus aucune valeur sur le marché noir. C’était la devise des non-exilés, de ceux qui toléraient de vivre sous le giron de la Neo Corp. et de ce semblant de société factice. Si la Bright City s’en sortait plus ou moins selon l’ancien système, les bas-fonds, en revanche, n’offraient pas ce luxe ; bientôt, ce serait l’anarchie la plus totale, ce n’était plus qu’une question de mois.

Sans laisser le temps à son interlocutrice de répondre à sa question idiote, et peu désireuse, aussi, de savoir combien cette femme trimbalait effectivement sur elle, Eryn prit la décision d’enchaîner. Cela faisait longtemps qu’elle avait arrêté de prendre des pincettes, des années, même. Habituée à être taquinée méchamment et rabrouée par la gente masculine du milieu militaire, elle savait aisément se faire comprendre, hausser le ton, s’imposer. Sans aucune trace de compassion ou d’humour dans la voix, hermétique aux tentatives de la blonde pour l’amadouer, elle ordonna brusquement :

« Vous allez répondre à deux de mes questions. »

Eryn marqua une courte pause, quelque peu dramatique, avant de reprendre d’un ton dur et froid, appuyant ses menaces d’un index accusateur pointé sur l’inconnue.

« Comment vous savez qui je suis et qu’est-ce qui me retient de ne pas vous briser la nuque ? »

Elle avait vaguement songé à reprendre l’image du cadavre dans le caniveau mais s’était vite ravisée, plus par réflexe que par réel besoin rhétorique. Était-elle capable de tuer quelqu’un de sang-froid ? La mort n’avait rien de nouveau, pour elle. En mission, elle avait vu des camarades mourir, avait aussi mis fin à de nombreuses existences. En mission. Face à l’ennemi et l’arme au poing, pas en traitre dans une ruelle pour assassiner une femme au premier abord inoffensive. Quelles étaient les limites de la folie de cette ville ? La question s’imprimait dans son esprit. La nécessité voulait qu’il n’y eût aucun témoin. Son humanité, celle-là même qui l’avait poussée à quitter le commando, lui soufflait le contraire. Elle se focalisa donc sur ses questions, austère et scrutatrice pour mieux percevoir l’essence des réponses. Tout en tenant son rôle de dangereuse prédatrice, elle s’efforçait de déceler le mensonge qui mettrait probablement fin à l’entrevue.

Elle avait renoncé à serrer son arme contre elle et ses mains avaient trouvé refuge dans les poches de son jeans sale et usé dans un faux élan de nonchalance. Ses sens n’en restaient pas moins à l’affût ; elle s’appliquait à jeter de fréquents coups d’œil à l’autre bout de la ruelle et à tendre l’oreille, tout en jaugeant sévèrement son vis-à-vis. Le soleil automnal éclairait faiblement la ruelle et, lointains, les échos du marché fourmillant d’activité leur parvenaient, dénuant les lieux d’un excès lugubre. Tout était suffisamment glauque ainsi. Bien qu’immobile, Eryn ne cessait de s’activer à sa façon, analysant les détails, guettant, projetant, calculant. Tout pour garder son esprit occupé, loin de questions plus dérangeantes, celles qui la rongeaient de l’intérieur, chaque jour, chaque minute. C’était probablement la raison pour laquelle les besoins de la blonde ne l’intéressait plus le moins du monde. Elle s’en était désintéressée avec l’aisance de ceux qui oublient volontairement, le subconscient prenant soin de recouvrir les raisons profondes de quelques sombres pensées. En rien Eryn souhaitait être la diseuse d’aventure de cette ville infectée, et ce n’était pas quelques dollars qui allaient changer ça.
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Charlotte G. Hawkins

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Charlotte G. Hawkins
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Dim 28 Oct - 21:51

Charlotte avait bien fait d'essayer de se rattraper. Décrire cette jeune femme en lui débitant ce qu'elle avait retenu de son dossier n'était effectivement pas une bonne idée, pas du tout. Elle s'était montrée trop spontanée, trop directe et elle le regretta immédiatement en voyant la réaction d'Eryn. Charlotte n'avait réussi qu'à aggraver la situation : la jeune mutante semblait plus que méfiante désormais et rien ne suffirait à l'apaiser, même pas un peu d'humour. Ok, c'était un humour douteux mais Charlotte avait juste voulu détendre l'atmosphère, en vain. Elle s'était rabaissée elle-même sans résultat, c'était assez décourageant. Il fallait qu'elle trouve une solution, et vite, avant qu'Eryn lui tourne définitivement le dos ou pire, se décide à l'éliminer, d'une façon ou d'une autre.

Apparemment, proposer de l'argent pour un service, ça ne se faisait plus ici. Charlotte, surprise, était donc à côté de la plaque ce qui ne l'arrangeait guère. Elle avait espéré qu'une somme, même petite, serait suffisante pour qu'Eryn accepte de lui rendre ce service, répondre à une simple question. Elle avait pensé à quelques centaines de dollars, pas des milliers, n'imaginant pas un seul instant que l'argent se distribuait par milliers ici et que le peu qu'elle aurait à proposer serait bien accueilli. Cette fille voyait tout en grand ou alors elle savait juste bien estimer un service, à voir. Mais se ramener avec des milliers de dollars ici serait du suicide, peut être encore plus que de venir tout court. Non, Charlotte n'était pas stupide à ce point, elle s'était juste trompée quant à la monnaie d'échange existante en ces lieux. Néanmoins si Eryn voulait vraiment des milliers de dollars, Charlotte trouverait un moyen de lui faire parvenir tout cet argent, quitte à se ruiner. Elle allait donc se défendre et ouvrit la bouche mais la jeune femme ne la laissa pas parler et haussa le ton. Charlotte ne se sentit pas attaquée directement mais elle fut un peu agacée du manque de coopération d'Eryn. Pourquoi tant de méfiance ? Elle n'avait fait aucun geste brusque, elle en était incapable de toute manière, elle avait même tenté un peu d'humour ! Charlotte avait l'horrible impression de subir un interrogatoire. Enfin, elle allait se montrer coopérative, peut être qu'elle inciterait la jeune mutante à faire de même. C'est pourquoi elle croisa les bras et écouta ses deux questions d'un air intéressé. C'est avec un demi-sourire qu'elle commença, bien décidé à se montrer détendue face à une telle situation alors qu'elle ne l'était pas du tout. Elle avait trop peur que cet interrogatoire finisse par mal tourner, pour elle. Mais elle était douée pour cacher ses émotions, c'était bien connu et canaliser son stress faisait partie de ses exercices quotidiens. Avec un boulot comme le sien, la crise de nerf pouvait bien vite arriver, surtout en ce moment.

« Rien, à priori. Mais vous aurez juste un meurtre sur la conscience. Un meurtre facile en plus, pas de quoi s'en vanter donc. C'est vraiment ce que vous voulez ? »

Charlotte choisit de répondre à la deuxième question d'abord, avec un ton quelque peu détaché. La jeune mutante ne pouvait pas lui briser la nuque comme ça, en un claquement de doigts, si ? Une nouvelle fois, cela faisait partie des choses dont elle préférait ne pas penser, retenant même une grimace d'effroi. N'ayant pas oublié la première question d'Eryn, Charlotte continua toujours sur un ton calme. Inutile de se montrer agressive elle aussi, elle avait appris depuis longtemps que la violence ne menait à rien et il était même rare qu'elle hausse le ton lors d'une négociation. Rester calme montrerait à la jeune femme qu'elle n'était pas là pour chercher des embrouilles et qu'elle ne cherchait pas la guerre. Ou alors, elle la prendrait pour une vraie reine des glaces.

« Et je sais qui vous êtes parce que j'ai eu accès à votre dossier, tout simplement. »

Mensonge par omission, mais elle ne pouvait pas lui dire que c'était Jeffrey Gallagher qui lui avait expliqué qu'une femme avec un pouvoir intéressant existait. Charlotte s'était juste montrée curieuse et elle avait épluché des dossiers qui allaient atterrir dans les laboratoires à Alcatraz. Mais si elle prononçait le nom de son patron, Eryn aurait vite fait le rapprochement et pourrait deviner qu'elle travaille pour la Neo Corp. Charlotte préférait garder son identité secrète, pour le moment : si vraiment elle n'avait pas le choix, elle donnerait son nom ou un pseudonyme. Mais vraiment si elle n'avait pas le choix, en toute dernière option. Elle ne pouvait pas prendre le risque que quelqu'un sache ce qu'elle était allée faire un tour au marché noir. Charlotte, estimant que c'était le moment idéal pour reformuler une nouvelle fois sa demande, s'exécuta, toujours en essayant de garder son sang-froid et ce, malgré la crainte persistance de ne pas agir de la bonne manière face à cette fille qui visiblement n'allait pas être facile à convaincre et qui cherchait à effrayer Charlotte. Mais elle ne lâcherait pas le morceau, pas dans l'immédiat et elle essayait de ne pas penser à la réaction de la jeune femme face à tant d'insistance. Oh oui, Charlotte la craignait un peu, elle craignait ce dont elle pouvait être capable de faire maintenant qu'elle avait quitté une société saine. Sauf qu'elle ne devait pas le montrer, Eryn pourrait bien en profiter.

« S'il-vous-plaît, j'ai vraiment besoin que vous m'aidiez. C'est même rien du tout ce que je veux vous demander mais c'est un peu délicat et j'aimerais être sûre que vous seriez sincère avec moi. »

La supplier, la prendre par les sentiments serait peut être une bonne technique d'approche. Se rabaisser volontairement ne dérangeait pas Charlotte, elle cherchait à savoir depuis maintenant trois mois si elle était ou pas une mutante, cette question était la pire des tortures pour elle et elle voulait que cela cesse. Elle voulait être fixée : allait-elle développer des pouvoirs ou pas ? Et ce qu'elle espérait aussi, c'est qu'Eryn ne soit pas sadique au point de lui mentir sur son état. Elle en souffrait déjà trop, si en plus elle lui mentait … Non, il fallait que cette femme soit sincère avec elle, c'était capital. Ce serait quitte ou double de toute manière, Charlotte jouait à un jeu dont elle ne connaissait pas les règles. Elle avait un but, elle voulait l'atteindre, par tous les moyens. En profitant de sa position à la Neo Corp. et en fouillant dans les dossiers, prétextant un intérêt professionnel, elle avait déjà trahi son patron qu'elle respectait pourtant, malgré tout ce qu'il avait pu provoqué. Elle allait se sentir suffisamment mal pendant un temps, alors si Eryn Blake la menait sur une fausse piste concernant son éventuel mutation, ces nerfs finiraient par lâcher. Devoir compter sur une femme, inconnue, était vraiment une situation détestable mais Charlotte ne regrettait en rien cette escapade sur le marché noir, enfin si elle pouvait avoir sa réponse et connaître la vérité ce serait mieux, certes. Oui, la supplier était une option comme une autre. Tant pis pour sa dignité, elle tenait à le savoir et c'est pourquoi elle regarda à nouveau la jeune mutante et répéta, sur un ton presque désespérée :

« S'il-vous-plaît. »
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Lun 29 Oct - 18:08

« Fine. You don’t want to give up? I won’t let you go, then. »

Visiblement, l’intimider ne suffirait pas à se débarrasser de l’inopportune. Soit. À nouveau, Eryn l’observa à travers ses paupières plissées, une moue suspicieuse sur les lèvres. Elle fit craquer les articulations de sa main droite en serrant le poing, comme pour évacuer la tension qui avait tendus ses doigts plus tôt, les avait crispés sur la crosse de son Beretta.

La femme qui lui faisait face n’avait de toute évidence pas fini de surprendre Eryn. Par son audace, son calme, mais aussi sa supplique. Quoi ? Comment était-elle sensée gérer une telle situation, elle ? Un meurtre facile ? Cette notion n’était plus un obstacle pour la plupart des gens, pas ici, pas dans les tréfonds. Eryn était peut-être quelqu’un de particulièrement scrupuleux ; d’autres n’y réfléchiraient pas à deux fois, en revanche. Nombreux étaient ceux qui n’avaient pas pris conscience de la futilité de la monnaie, qui se battaient comme des chiens pour une poignée de dollars. Pour un peu que son vis-à-vis eût emmené du liquide avec elle, c’en était fini. L’ex militaire ignorait si cette situation devait la réconforter ou non ; après tout, si l’enquiquineuse ne parvenait pas à sortir du dédale en vie, elle aurait tout gagné, non ?

Pincement au cœur. Eryn se fustigea intérieurement pour sa tendresse. L’un de ses anciens camarades l’aurait certainement taquiné en appelant ce moment d’abandon sa « petite faiblesse féminine ». Une plaisanterie courante au sein de l’élite des forces spéciales, alors qu’ils étaient tous dotés d’âmes, qu’ils n’étaient pas quelques corsaires sanguinaires et sans pitiés écumant les mers d’un siècle révolu.

Malheureusement pour Charlotte, Eryn était bien déterminée à savoir qui – encore ! – lui courait après. Hors de question d’avoir pris tant de risque en prolongeant cette conversation (et en laissant en vie cette biche égarée) sans en avoir tiré un certain nombre d’informations satisfaisantes.

« Accès à mon dossier ? »

Parce qu’elle avait un dossier à son nom un peu partout, désormais ? Lus par la crème de la crème des Peacekeepers, visiblement ! Elle se demanda vaguement si on avait laissé à sa sœur l’occasion de s’occuper de son cas, d’une façon ou d’une autre ou si, en de bons professionnels, les Peacekeepers l’avaient tenue à l’écart pour ne pas influencer leur simulacre de traque. Elle se ravisa. Une Peacekeeper ne serait pas venue la trouver pour un service sans qu’il n’y ait de traquenard, elle n’aurait pas abordé Eryn de la sorte et surtout, aurait en sa possession du Neo Serum qui, même dans sa fiole, avait tendance à brouiller les sens de la jeune femme. Alors, que lui voulait-elle ?

Levée du voile. Il n’était plus question d’ignorer l’évidence par simple caprice. Eryn devait admettre que sa seule qualité qui pût attirer la curiosité, c’était sa capacité à évaluer qui était mutant, et qui ne l’était pas. Elle se félicita intérieurement de ne pas s’être emportée, de ne pas avoir mentionné sa possible appartenance à l’ordre des Peacekeeper. Automatiquement, elle aurait révélé à Charlotte la seule chose pour laquelle elle avait foncé tête baissée dans les tréfonds du dédale. La belle jambe. Ce qui la ramenait encore et encore à la même question : qui était-elle, cette femme qui était visiblement prête à toutes les suppliques pour qu’elle acceptât de coopérer ? La fiancée d’un Peacekeeper qui voulait s’assurer qu’elle n’était pas mutante ? Une future recrue ? Une membre de la Neo Corp. ? Pire encore, peut-être, quelqu’un qui savait ce qui était l’origine de cet accident et qui, probablement, avait des soucis à se faire ?

Voilà, une monnaie d’échange intéressante. Des infos. Ainsi recluse dans son existence de fuite constante, hors-la-loi, Eryn n’avait aucune idée de ce qui se passait là-haut. Du temps où elle était chez les Hunters, les nouvelles arrivaient, hachées, par ouï-dire et par espionnage propre à la stratégie du Lieutenant. Mais à présent ? Seules les rumeurs perçues à la sauvette lui épargnaient une isolation la plus totale. Déjà une âme errante, elle n’attendait qu’une lueur d’espoir, l’arrivée d’un élément nouveau qui pourrait lui offrir une porte de sortie. Quitter San Francisco ? Là, voilà un projet qui lui donnerait à penser, tant les issues étaient surveillées ! Ou alors, un événement, quelque chose de gigantesque, de spectaculaire, pour briser définitivement le fragile équilibre de cette ville de fou et enfin être débarrassée de ses cas de conscience.

Eryn tua l’espoir qui frémissait en elle à grands coups de raison et de conscience. Terre-à-terre, elle s’en tint au jour le jour avec une rigueur spartiate. Elle ne savait pas si elle devait remercier son père pour ce don ou le maudire pour son incapacité à s’évader, ne serait-ce que par des suppositions, et ces si nombreux « si » qui pourraient mettre Paris en bouteille.

Elle jaugea encore une fois la blonde du regard, adopta son attitude la plus glaciale. « Rien du tout ». Ces simples mots l’avaient plongée dans les prémices de la fureur, tant cette mutation lui avait détruit l’existence. Sans elle, elle ne se serait jamais posée de question. Sans elle, elle appartiendrait encore à un groupe, uni, soudé.

« Un meurtre, facile ou non, est synonyme de sécurité, pour moi. Pourquoi vous aiderais-je ? Et en quoi pouvez-vous prétendre que c’est rien du tout ? »

Elle attendait son offre, maintenant. Qu’on l’éclairât davantage. Pas question de lui faciliter la tâche, pas question de l’aider. Elle devait l’évaluer, d’un bout à l’autre, essayer de la piéger sur le plan psychologique au cas où elle devrait revenir sur sa décision de l’épargner. Et ce, même su Eryn aurait grand besoin d’une alliée, en quoi pourrait-elle se fier en qui que ce fût ? On pouvait la vendre à tout moment ; elle ne pouvait croire en rien ni personne, seulement se cloitrer dans les tréfonds d’une solitude choisie.

Elle réalisé, alors, que c’était la conversation la plus longue qu’elle tenait depuis près de trois semaines.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 30 Oct - 0:47

Charlotte se demandait de plus en plus si cette escapade était une bonne idée. Oui elle voulait savoir si elle allait devenir une mutante un jour, si ça vie allait changer à un moment ou un autre. Mais elle ne voulait pas finir dans un caniveau à cause de ce besoin de réponse, tout ceci n'aurait servi à rien d'autre qu'à risquer sa vie, inutilement diront certains. Elle n'avait plus la possibilité de faire demi-tour néanmoins : elle avait trouvé la femme capable de répondre à sa question, abandonner maintenant serait du gâchis. Charlotte s'efforça alors d'oublier sa peur de voir la situation mal finir, Eryn étant visiblement capable de tout pour survivre, notion qu'elle ne pouvait pas connaître ni comprendre. Elle se força à garder en tête son objectif premier et à maintenir son masque de sérénité qui, pour le moment, semblait fonctionner et lui donner une certaine crédibilité. Charlotte grimaça légèrement en entendant le craquement sourd des doigts de la jeune femme. Elle n'aimait pas ce bruit à la base et dans une pareille situation, ce n'était pas bon signe. Ou alors, elle se faisait juste des idées et ce geste était naturel pour la jeune mutante. Ça devait être ça, oui. Elle se prenait trop la tête : pourquoi Eryn prendrait le temps de discuter avec elle si c'était pour la tuer après ? Qu'elle était l'intérêt ? Charlotte n'en voyait aucun, à moins d'avoir en face d'elle la personne la plus cruelle qui soit mais elle en doutait : elle était juste méfiante et ça, elle le comprenait et ne lui en voulait pas, c'était une réaction totalement naturelle. Alors elle ne lui en tenait pas rigueur et essayer d'ignorer cette attitude si peu avenante qui aurait pu en dérouter plus d'un. Charlotte, elle, préférait prendre cette situation comme un défi à surmonter, comme lorsqu'elle essaie de faire comprendre quelque chose à son patron, par exemple.

Charlotte fronça les sourcils, surprise de voir que la jeune mutante l'interrogeait sur l'accès à son dossier. N'avait-elle pas réfléchi à l'éventualité qu'on cherche à en savoir plus sur elle et qu'on regroupe toutes ses précieuses informations sur papier ? Ou alors était-elle juste outrée du fait qu'un tel dossier puisse exister, sa vie étant étalée publiquement sans qu'elle puisse le contrôler ? Charlotte se sentit soudainement un peu mal à l'aise d'avoir lu certains dossiers pour un besoin personnel et se promis de ne pas recommencer : de toute façon, une fois la vérité connue, elle verrait peut être son propre profil se dessiner dans un même dossier et voir sa vie exposée ainsi ne lui plaisait guère. Et dans le cas où elle se saurait saine, elle n'aurait plus aucune raison de mettre le nez dans ce genre d'affaires : elle s'occuperait uniquement des papiers de la Neo Corp. qui ne concerneraient pas le problème mutant, laissant son patron s'en occuper. Charlotte lâcha donc une petite information qui aiderait peut être Eryn a avoir les idées plus claires sur la gravité de sa situation, persuadée qu'elle ne savait pas que des personnes avaient été engagés au sein même de la Neo Corp. pour mieux cerner le profil de chaque mutant connu et pour mieux le capturer, évidemment.

« Des gens vous recherchent. Ils enquêtent sur vous, ils cherchent à en savoir plus pour mieux vous coincer alors ils font des dossiers, il y a presque toute votre vie là dedans. Mais si ça peut vous rassurez, vous n'êtes pas facile à trouver et beaucoup s'arrachent les cheveux avec vous. »

Charlotte n'avait eu que de la chance. Des tas de Peacekeepers la recherchaient depuis des semaines et n'avaient pas réussi à mettre la main sur elle. Charlotte s'était juste rendue sur le marché et elle était arrivée au bon moment. Seulement, la chance a toujours un prix et ne durerait jamais assez longtemps, elle s'en rendait compte : allait-elle réussir à convaincre Eryn de répondre à une toute petite question ? Pour le moment, c'était assez mal parti. Charlotte n'avait pas jugé utile de lui signaler pour autant de quelle manière elle avait eu accès à son dossier : trop imprudent. Elle ne savait pas de quoi était capable la jeune mutante et qui sait, elle marchanderait peut être sa liberté en échange d'informations croustillantes au sujet d'une potentielle criminelle qui aide les mutants à se cacher : en n'informant pas les Peacekeepers qu'elle était tombée sur une mutante recherchée, c'était bien ce qu'elle allait être, une traître, une criminelle. Alors non, même si elle voulait être sincère avec cette fille, elle lui mentirait sur son métier, elle ne pouvait vraiment pas prendre ce risque là, quitte à avoir des regrets ensuite.

Charlotte était vite arrivée à la conclusion qu'Eryn et elle était complètement différente. Et là, elle n'en eut que la confirmation. Jamais elle ne penserait à tuer quelqu'un pour sa propre sécurité. Surtout pas si c'est un meurtre facile. En fait, elle ne tuerait jamais personne : elle ne vivrait plus tranquille, rongée par le remords, se rappelant éternellement de ce qu'elle aurait pu faire. Charlotte était comme ça, elle avait trop de principes et elle n'avait jamais été confronté à un danger tel qu'elle pense rien qu'une demi-seconde à tuer quelqu'un. Eryn Blake n'aurait aucun soucis de conscience, elle. Toutes deux ne vivaient pas dans le même monde, assurément. Et même si Charlotte pouvait comprendre qu'Eryn soit méfiante vis-à-vis d'elle, elle était incapable de comprendre comment elle pouvait avoir l'idée de tuer quelqu'un pour sa sécurité. Ses paroles ne firent qu'accentuer sa crainte que tout tourne mal mais Charlotte, encore une fois, se concentra sur son objectif et préféra oublier ces mots.

Pourquoi devrait-elle l'aider ? Charlotte ne savait pas quoi répondre à une telle question. Rendre un simple service, peut être. Cela ne lui coûterait rien : elle devait peut être même déjà savoir si elle était une mutante ou non, à moins qu'elle ne détecte des pouvoirs qu'en touchant les gens. Charlotte lui avait attrapé le bras lorsqu'elle l'avait abordé, peut être qu'elle l'avait su à ce moment là. Être si prêt du but, imaginer qu'Eryn sache déjà pour elle était une véritable torture mais elle devait se montrer patiente. Néanmoins, elle avait peut être une ouverture : c'était le bon moment pour tout avouer, pour lui expliquer pourquoi elle la cherchait. Charlotte ne pouvait plus attendre de toute manière et elle espérait juste que la jeune femme l'écoute sans l'arrêter. Toujours sur le même ton, calme, sans s'énerver devant l'agressivité d'Eryn, elle commença :

« Pourquoi, je ne sais pas. Vous dire que vous pourriez faire du bien autour de vous serait peut être déplacé. »

Charlotte fit une pause, soutenant son regard. Elle avait en face d'elle une nouvelle reine des glaces … Et dire qu'elle se trouvait trop froide, là voilà battu. D'une certaine manière et sans y avoir vraiment réfléchi, Charlotte venait de lui avouer à demi-mots que cette information était capitale pour elle, qu'elle en serait soulagée. Elle ne pouvait pas se montrer plus spontanée. Elle reprit la parole rapidement, révélant enfin ce pourquoi elle se trouvait loin de la Bright City en ce moment même.

« Je voudrais que vous répondiez à une simple question, par oui ou par non, en vous servant de votre don pour me dire si je suis une mutante ou pas. Une toute petite question, c'est vraiment pas grand chose de mon point de vue »

Le mot « don » ne lui était pas venue très naturellement bien qu'elle ait essayé de cacher son hésitation. D'après elle c'était le terme le plus approprié pour ce genre de demande pour essayer de lui montrer qu'elle trouvait sa mutation fantastique. Elle l'était, en quelque sorte : Eryn allait permettre à Charlotte de vivre avec un poids en moins et elle n'était certainement pas la seule à avoir peur de se réveiller un jour avec des pouvoirs. La jeune femme pourrait faire du bien autour d'elle et même développer un marché autour de son pouvoir, si elle se faisait connaître. Elle pourrait se servir de son don pour gagner sa vie et rendre service à des milliers de gens. Mais si Charlotte raisonnait ainsi c'était parce qu'elle avait une bonne position dans toute cette histoire, elle ne le vivait pas.

« Évidemment je suis prête à vous offrir quelque chose en retour, je me doute bien que rien n'est gratuit ici. » rajouta-t-elle, un peu précipitamment.

Charlotte l'avait compris durant les heures passées à traverser le marché noir, en long, en large et en travers, en écoutant les conversations des marchants, des passants. Et puis c'était logique. Eryn semblait réticente à lui offrir son aide sans raison, alors Charlotte se doutait bien qu'elle allait lui demander quelque chose et visiblement, son argent ne l'intéressait pas.
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 30 Oct - 18:13

« So you will owe me. »

Rien n’est gratuit nulle part. Charlotte faisait tout simplement partie des gens qui n’avaient pas besoin d’en prendre conscience. Eryn soupira, la lassitude transpirant au travers de son masque d’austérité. Visiblement, il ne serait pas possible de soutirer des informations concrètes sur son dossier et ses possesseurs. Soit. Eryn n’allait pas se lancer dans des procédés douteux et violents tels que les menaces douloureuses et la torture – bien qu’elle eût déjà assisté à ce genre d’atrocités, et en avait fait les frais dans le cadre de son entraînement. Néanmoins, elle ne comptait pas accorder sa confiance à cette inconnue ; il lui faudrait alors trouver un procédé plus subtil, pour trouver le parfait équilibre entre sécurité et besoin d’information, quitte à se prêter au jeu dangereux du funambuliste. Décidée, elle prit une profonde inspiration, croisa les bras sur sa poitrine et s’accota au mur de la ruelle.

« D’accord. »

Elle avait énoncé simplement sa réponse laconique qui, pourtant, ne serait pas dépourvue de contrepartie. La suite vint, d’un ton soudain neutre ; à défaut d’être avenante, elle faisait montre de moins agressivité, comme pour sceller ce pacte sous de meilleures auspices.

« J’accepte de répondre à votre question. Et le jour où j’aurais besoin de vous, vous aurez l’occasion de payer votre dette. Je veux juste voir vos papiers d’identité. »

Le plan d’Eryn prenait forme, se dessinait peu à peu, probablement galvanisé par l’horreur que lui avait inspiré le mot « don » dans le secret de son âme. Acculée, elle était prête à tout, elle l’avait prouvé à maintes reprises déjà. Elle ne devait négliger aucune porte de sortie. Il ne s’agissait pas de « faire le bien » - ridicule ! – puisqu’elle était faite uniquement pour obéir, soldat rodé et loyal, bien que sans allégeance. Le bien n’avait jamais fait partie de son vocabulaire, sinon « servir » son pays, quel qu’un fût le prix et les sacrifices. Dans les forces spéciales, on ne posait pas de question, car le doute n’avait qu’une issue probable : l’échec et la mort.

Ce plan, donc, était le seul qui lui permettait de rester en sécurité : obtenir le nom de cette femme lui permettrait de faire des recherches, de la retrouver, aussi. Eryn n’avait proféré aucune menace, de peur qu’on la piégeât en usant de sa mystérieuse « cliente » comme appât, mais dans l’esprit de la jeune femme elle restait sous-jacente. Si elle venait à être poursuivie avec une assiduité nouvelle, si la moindre information sur elle filtrait, elle en viendrait forcément à jeter la faute sur Charlotte, et alors il ne serait plus question de pitié et autres jolis sentiments qui jonchaient de manière for encombrante sa maudite conscience. Se renseigner, c’était aussi déduire où son dossier se baladait et en apprendre davantage sur ses propriétaires, ses poursuivants. Une aubaine, car le secret de toute tactique, militaire ou non, était de connaître au mieux ses adversaires. Enfin, cerise sur le gâteau, s’il s’avérait que l’innocente biche égarée qui lui faisait face était une femme d’honneur, alors elle lui serait redevable. Qui sait ? Peut-être était-ce une personne importante, dotée d’une quelconque influence ? Ou alors, elle serait en mesure de la tirer d’un mauvais pas de façon plus discrète, en la cachant au sein même de la Bright City si une situation de crise survenait pour Eryn. Plus elle y pensait, plus elle jugeait que son stratagème était le meilleur moyen de se tirer de cette impasse (du moins, classée juste après la version violente, voire sanglante, et pas très agréable pour Charlotte, il va sans dire). Loin d’être un grand stratège, elle ne voyait, de toute façon, aucune autre issue qui offrait autant de possibilité. Le risque n’en demeurait pas moins considérable, et Eryn devrait redoubler de prudence dans les jours à venir.

La pensée la traversa que, si les Peacekeepers et autres privilégiés qui aimaient s’entourer d’un voile de mystère voulaient vraiment lui mettre la main dessus, ils feraient tout aussi bien d’engager quelques Hunters qui s’adonnaient au mercenariat pour alimenter les maigres troupes qui se terraient en périphérie. Eux étaient bien capables d’une véritable traque, létale et disciplinée. Pas de faux semblants, pas de capture, pas de fioritures ni de règles, seulement l’obéissance, l’entraînement et la stratégie spartiate. Ils auraient d’autant plus un avantage considérable, puisqu’ils connaissaient si bien Eryn… Heureusement pour cette dernière, Jason Everwood et Drake Carter se vouaient une haine, pareils à des ennemis jurés alors qu’ils s’étaient croisés que brièvement – et de manière bien peu coopérative. En conséquent, une telle situation n’était pas prête de se profiler. Quant aux Hunters, si, indépendamment, ils la cherchaient véritablement, elle s’en serait aperçu et n’aurait certainement pas survécu tout un mois durant.

Le jeu, pour l’instant, en valait donc la chandelle. Une fois l’inconnue démasquée, elle n’aurait plus qu’à se mettre au travail, à fouiner et à tirer avantage de la situation du mieux qu’elle pouvait. Aussi, elle osait espérer qu’enfin, elle aurait un semblant avantage dans toute cette histoire.

C’était donc satisfaite qu’elle attendît que son interlocutrice accusa le coup, en priant pour que son désir de savoir outrepasserait les risques qu’elle encourait en révélant son identité. Et dans ce cas de figure, Eryn avait le sentiment qu’elle aurait toute ses chances de la retrouver simplement en cherchant scrupuleusement les individus à la tête de cette société sens dessus sens dessous et leurs relations…
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 3 Nov - 17:01

Charlotte cherchait encore des arguments à avancer pour essayer de convaincre Eryn Blake de se servir de son pouvoir pour lui dire si oui ou non, elle était une mutante. Elle ne voulait plus reculer mais elle avait évidemment peur de l'après. Dans le cas où elle serait une mutante, sa vie serait complètement différente et elle n'était pas prête à suivre un tel tournant. Elle aurait besoin qu'on l'aide, elle n'arriverait jamais à se débrouiller seule dans ces rues, loin de son confort quotidien, elle s'en rendait bien compte. Déjà, elle n'était pas faite pour vivre comme une délinquante, bien trop habituée à la ville et à une vie calme, stable et sans réels problèmes. Et puis elle ne connaissait pas toutes les règles en vigueur dans cette nouvelle société. Charlotte se dit alors qu'elle pourrait abuser encore de la « gentillesse » de la mutante pour qu'elle l'aide à survivre ici. Elle doutait fortement qu'elle accepte mais Charlotte essayerait quand même, y allant au culot. C'était ce qu'elle faisait depuis le début, non ? Alors une demande de plus ou de moins, ça ne surprendrait peut être pas Eryn et Charlotte comptait bien faire d'elle une alliée, dans le cas où elle serait une mutante. Eryn en alliée, c'était certainement sa plus grande chance de survivre dans ce monde si dur et si cruel que celui du Black Market. Et puis dans le cas où toutes ses peurs seraient infondées, si elle était en fait totalement saine, Charlotte aurait encore peur des conséquences de sa petite escapade. Quelqu'un aurait pu la reconnaître : elle n'avait pas vraiment essayé de se déguiser pour passer inaperçue, elle portait juste des vêtements beaucoup moins élégants que d'habitude ce qui, selon elle, avait été un changement suffisant, elle ne se reconnaissait pas elle-même.

Charlotte était donc perdues dans ses pensées, en proie au doute, lorsqu'Eryn pris la parole pour accepter de répondre à sa question. Elle bloqua un instant, fronçant les sourcils, ne saisissant pas les premiers mots – c'était trop beau pour être vrai. Elle la regarda, clignant plusieurs fois les yeux, ne cachant pas sa surprise. La jeune mutante acceptait de répondre à sa question ? Vraiment ? Avait-elle bien compris ? Après trois mois de doutes, de tortures, d'attentes, Charlotte allait être enfin fixée sur son sort donc, mais à quel prix …

Elle était d'accord sur le principe d'avoir une dette : elle était venue la voir, convaincue qu'elle lui demanderait quelque chose en échange et Charlotte avait pensé à de l'argent, argent qui, malheureusement, ne valait plus rien aux yeux de la jeune femme. Eryn voulut alors voir ses papiers. A ces mots, Charlotte sut immédiatement que les choses se compliquaient. Elle ne voulait pas qu'Eryn puisse remonter jusqu'à elle. Jusqu'à son travail. Jusqu'à son patron. Elle voulait que tout ceci reste secret, qu'une fois de retour dans la Bright City, que tout ceci soit réglé et qu'elle n'entende plus parler de la jeune femme. C'était ainsi qu'elle s'était imaginée la situation, c'était son scénario, celui qu'elle avait mis des semaines à élaborer. Lui donner de l'argent, lui assurer qu'elle ne la dénoncerait pas, qu'elle l'oublierait même et partir avec sa réponse, c'était son plan. Sauf que visiblement, Eryn était intelligente et réfléchie : connaître l'identité de Charlotte lui permettrait de tirer un maximum de profit dans cette histoire, de demander quelque chose à la hauteur de son pouvoir ou trouver simplement quelque chose d'équitable. Charlotte se demanda un instant si, en lui donnant son nom, elle pouvait la connaître : peut-être avait-elle lu son nom dans la presse, à côté de celui de son patron ? Ou alors, elle ne voyait pas qui elle était et dans ce cas, lui donner ses papiers d'identité lui serait inutile. A moins qu'elle fasse des recherches par la suite et qu'elle la retrouve.

Après un temps de réflexion, Charlotte regarda la jeune mutante. L'inquiétude se lisait sur son visage : elle savait qu'elle n'avait pas à marchander, ce n'était pas à elle de fixer les règles et cette position n'était pas des plus agréables. Elle n'avait pas le choix, elle allait devoir lui montrer ses papiers si elle voulait vraiment savoir si elle était une mutante mais elle devait s'assurer d'une chose d'abord.

« Vous ne voulez pas me nuire au moins ? » demanda-elle, hésitante. « Parce que si c'est ça qui vous inquiète, je peux vous assurer que notre conversation restera secrète et que je ne dirais à personne que je vous ai vu. J'ai des principes et vendre une personne qui m'aurait aidé n'en fait pas partie.»

Ce que Charlotte craignait le plus, c'était ça : qu'Eryn décide, pour une raison inconnue, de la discréditer aux yeux de tous, de montrer qu'elle n'était pas la parfaite secrétaire de Jeffrey Gallagher puisqu'elle était allée trouver une mutante, sans prévenir les autorités, en profitant de sa position dans la Neo Corp. Faute morale et professionnelle donc. Toute personne rencontrant un mutant était censé prévenir les Peacekeepers. Évidemment, Charlotte n'allait pas leur dire qu'elle avait rencontré Eryn : c'était immorale de son point de vue et cruellement déplacé puisqu'elle venait la voir pour qu'elle lui rende un service, un service nécessaire pour qu'elle continue à mener sa petite vie tranquille, sans se soucier un jour si elle serait une mutante ou non, sans vivre avec ce stress supplémentaire. Et puis elle n'avait pas à se servir des dossiers qu'elle devait transmettre à son patron pour un besoin personnel. Voilà pourquoi elle était partie du principe que cette rencontre resterait secrète pour Charlotte comme pour Eryn. Charlotte parce qu'elle ne voulait pas avoir des ennuis dans son travail ou avec les autorités et Eryn parce qu'elle risquait fort de devoir vivre encore plus cachée si les Peacekeepers réalisaient qu'une simple employée de la Neo Corp avait réussi à la trouver aussi facilement alors qu'ils en étaient pour le moment incapable. Par fierté, ils mettraient tout en œuvre pour la retrouver.

Charlotte soupira. Elle était coincée, elle le savait. Si elle refusait de montrer ses papiers, Eryn ne chercherait peut être pas plus loin et deux solutions apparurent à l'esprit de la blonde : soit elle la laisserait partir, soit elle déciderait de l'éliminer, par sécurité. Charlotte l'avait trouvé plus calme lorsqu'elle avait accepté de se servir de sa mutation pour elle, moins agressive en tout cas et elle l'avait préféré ainsi. De peur d'avoir envenimé la situation, Charlotte finit par s'expliquer un peu et essaya de montrer à Eryn qu'elle n'était pas opposée à sa proposition.

« Je sais que je ne suis pas en position de marchander mais je suis prête à vous montrer mes papiers et à payer ma dette plus tard. Assurez-moi juste que vous serez sincère et que vous n'allez pas chercher à me faire du tord, s'il-vous-plaît. »

Serait-ce suffisant pour la convaincre et sceller définitivement leur marché ? Charlotte l'espérait. Elle était prête à sortir son passeport, qu'elle gardait dans une des poches intérieures de sa veste pour plus de sécurité. Seulement, elle savait dorénavant que même si elle serait fixée sur son sort, elle vivrait avec la peur de revoir Eryn un jour qui lui demanderait quelque chose d'impossible à faire pour elle car trop compromettant. Et elle s'imaginerait encore le pire pendant des mois.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Dim 4 Nov - 18:35

C’en était tellement absurde qu’Eryn aurait pu éclater de rire. Cette femme n’avait pas fini de la surprendre. Elle se demanda, vraiment, comment elle pourrait rentrer à la Bright City en un seul morceau avec ses airs ingénus sitôt elle ouvrait la bouche. Croyait-elle encore au pouvoir de la « parole » ? Ces promesses qui liaient les individus ? La plupart étaient creuses et sans profondeurs, dénuées de sens et de vérité. Ce n’était que de vagues palabres pour encourager à la tromperie, de futiles croyances. Du moins, la mutante en était convaincue. Elle scruta son interlocutrice pour déceler son jeu ou sa réelle sincérité. Eryn commençait vraiment à se demander si tout cela n’était pas une vaste plaisanterie depuis le début, un piège qu’on lui tendait avec plus ou moins de subtilité. Tout était trop énorme, trop culotté pour qu’elle se fiât uniquement à son instinct. Suspicieuse, elle rétorqua avec sa rudesse qui la caractérisait, teintée d’une ironie à peine masquée :

« Ce n’est pas plutôt moi qui devrait poser la question ? »

Il y avait quelque chose de plutôt gonflé dans la manœuvre, puisqu’aussitôt son identité mise en péril, la blonde se méfiait. Tout était tellement plus facile, sous le couvert de l’anonymat, n’est-ce pas ? Si cela était vraiment sa première préoccupation, pourquoi être venue le visage découvert ? Pour inspirer la confiance ? Aucun doute, d’un bout à l’autre, cette femme avait du culot. En dépit de leurs différences, Eryn aurait pu l’apprécier, en d’autres circonstances. En l’occurrence, puisqu’elle était cet espèce de grand-manitou des mutants avec ce « don » si utile, elle n’était curieusement pas encline à se laisser aller à une quelconque sympathie. Elle se contentait donc d’éprouver cette curiosité mesurée, teintée d’une prudence à la mesure de sa paranoïa et une tactique chargée de chantage. Il existait probablement des états d’âme plus propices à la naissance d’une amitié que celui dans lequel se trouvait actuellement Eryn Blake.

Bien entendu, Charlotte avait déjà répondu à cette question, et la réplique d’Eryn n’avait qu’un but purement rhétorique pour souligner le ridicule de la situation. L’idée qu’elle pût lui nuire, déjà, était rudement délicate. Possible, mais si la blonde prenait suffisamment de précautions, elle ne devrait supposément pas s’inquiéter. Eryn Blake, dans la Bright City ? Il lui faudrait un plan à la tactique sans faille pour parvenir à un tel exploit. Oh, elle y arriverait, mais elle ne pensait vraiment pas avoir fait étalage de ses capacités au point que n’importe quel habitant lambda ayant vu son nom dans un stupide dossier pût la rendre à ce point surhumaine. Sans compter le fait que les Citoyens devaient se sentir bien plus en sécurité dans leur joli petit quartier, si bien qu’Eryn ne pensait tout bêtement pas être considérée comme un danger. Ne les abreuvaient-ont plus de spots publicitaires rassurants et de douces illusions ? Ou bien son vis-à-vis n’était-elle tout simplement pas dupe ? Ce serait un curieux paradoxe au vu de la situation actuelle…

La réaction poussait à la confirmation d’une toute autre théorie : l’importance du rôle que son interlocutrice jouait au sein de la Bright City. La possibilité que Charlotte ne fût pas seulement craintive, mais était effectivement bien placée dans la société des privilégiés donnait tout son sens à la situation. Eryn n’était cependant pas du genre à bondir hâtivement sur les conclusions, et laissait ses doutes dans un coin de sa tête, les consultant régulièrement sans les laisser obscurcir son jugement. C’était ce genre de considération patiente et réfléchie qui découlait tout simplement de son habitude à obéir.

Enfin, Eryn n’allait pas se plaindre, car si Charlotte disait vrai, elle tiendrait parole de son côté. Chose qui serait un avantage considérable en cas d’ennuis majeurs. Eryn leva les yeux au ciel et répondit donc cette fois-ci d’un ton plus sérieux, quoiqu’un soupçon blasé :

« Je ne vois pas pourquoi je perdrais mon temps à vous nuire, puisque vous n’allez pas m’en donner l’opportunité en tenant parole, je me trompe ? »

Et considérant que sa réponse équivalait à une promesse, elle tendit la main à Charlotte. Pour recevoir les papiers d’identité, ou pour la serrer et conclure le marcher ? Cela, c’était à l’autre femme de l’interpréter comme bon lui semblait ou comme cela l’arrangeait – qui n’a jamais eu peur de glisser sa fine menotte manucurée dans une paluche caleuse étrangère, potentiellement une poigne de fer ?
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 6 Nov - 14:33

Eryn était tombée sur la bonne personne : Charlotte ne la livrerait pas aux Peacekeepers, quoiqu'il arrive. Elle avait déjà dû mal à vivre avec le secret de son patron et de la Neo Corp, alors vivre en ayant trahi une personne qui l'avait aidé, c'était impossible. Elle aurait même du mal à la dénoncer aux forces de l'ordre par vengeance, dans le cas où Eryn la mettrait dans une situation compliquée, pour dire. Charlotte n'aimait vraiment pas s'attirer des problèmes en général mais elle tenait vraiment à cette information, elle avait déjà pris beaucoup de risques en sortant de la Bright City et sa journée ne serait pas finie tant qu'elle ne serait pas saine et sauve chez elle, elle le savait, mais au moins, elle vivrait l'esprit plus léger. Ou pas. Mais elle aviserait au moment venu. Charlotte préférait se dire qu'elle était totalement saine, n'imaginant pas sa vie différemment, par peur de devoir tout reconstruire et de se cacher. Se montrer optimiste était pour elle une solution de ne pas trop penser à toutes ces histoires bien que l'optimisme ait ses limites : pourquoi serait-elle dans ses rues à cet instant si elle n'était pas en train de se poser de sérieuses questions quant à son état ?

Une chose était sûre : elle n'était pas habituée à ce genre de situation et le monde des mutants étaient bien trop complexe pour elle, trop différent de la société qu'elle connaissait. Elle pourrait s'y faire si elle avait l'envie. Or, ce n'était évidemment pas le cas. Elle ne voulait pas devenir comme Eryn, vivre dans l'inquiétude de se faire embarquer par les Peacekeepers, se méfier de tout le monde, se cacher … Charlotte avait besoin de voir du monde et de travailler : le travail, c'était toute sa vie, la seule chose dont elle pouvait être fière et sans ça, elle ne serait plus rien. Depuis son plus jeune âge, elle a toujours réussi à se démarquer de ses nombreux frères et sœurs par les études et aujourd'hui, dans son travail : c'était la seule qui avait décidé de quitter sa ville natale pour partir à l'autre bout du pays, pour avoir de meilleures chances de réussir, pour avoir un meilleur boulot. Alors oui, sans travail, Charlotte ne saurait pas quoi faire de sa vie.

Charlotte grimaça à la remarque d'Eryn. L'avait-elle contrarié ? Possible. D'où l'intérêt de s'expliquer un peu plus. Elle n'avait pas pensé un seul instant qu'avoir une réponse serait aussi compliqué. Que la jeune mutante serait aussi réticente à l'idée de se servir de son pouvoir pour la libérer d'un poids de plus en plus lourd à supporter. Encore une fois, elle avait pensé que l'argent faciliterait les choses et que tout serait réglé rapidement. Au final, les jours entiers qu'elle avait passé à réfléchir à un plan sur comment aborder Eryn et comment obtenir une réponse sur sa possible mutation n'avaient pas servi à grand chose. Charlotte improvisait totalement, d'où certaines questions un peu déplacées venant d'elle. Heureusement qu'elle savait à peu près se sortir de situations difficiles grâce à son travail ! Et qu'elle savait dépasser sa peur face à cette mutante qui se montrait si peu avenante et qui n'avait pas hésité un instant à lui dire qu'elle pourrait l'éliminer. Charlotte prenait sur elle : Eryn ne la tuerait pas, elle en était persuadée maintenant. Elles allaient conclure un marché qui pourrait être intéressant pour elle, donc elle n'avait aucune raisons valables pour lui briser la nuque. A moins qu'elle ne craigne que Charlotte lui fasse un sale coup ce qui n'était pas envisageable de son point de vue. Oui, la secrétaire de Jeffrey Gallagher tiendrait parole, Eryn avait raison. C'est avec soulagement qu'elle accueillit ces mots : la jeune mutante ne semblait pas vouloir l'humilier ou ruiner sa vie tant que Charlotte ne ferait rien contre elle. Mais tiendrait-elle parole ? Qu'est-ce qui … Charlotte décida de croire ce que disait la jeune femme : elle n'avait pas le choix si elle voulait qu'elle se serve de son pouvoir pour lui dire si elle allait développer des capacités spéciales, elle aussi.

« Non, c'est juste. » lança-t-elle en acquiesçant. « On est d'accord alors. »

Charlotte regarda la main que lui tendait Eryn. Elle acceptait le marché même si elle n'était pas assurée que la jeune femme ne tenterait pas de nuire à sa réputation. Elle glissa alors sa main dans sa veste pour y récupérer son portefeuille. Avec des gestes encore hésitants – elle n'était plus sûre que ce qu'elle faisait était une bonne chose – elle sortit son permis de conduite qui ne lui servait plus à grand chose depuis longtemps : la photo elle-même datait mais on reconnaissait encore bien Charlotte, toujours aussi blonde qu'avant, les yeux toujours aussi bleus. Ce permis datait de ses années d'université, elle avait donc une vingtaine d'années : elle avait passé son permis une première fois à ses seize ans, mais arrivée à San Fransisco, elle avait dû changer quelques informations comme son adresse et elle avait donc reçu un nouveau papier et il n'était plus délivré par le Kansas mais par la Californie. Elle avait pensé lui montrer son passeport parce que la photographie était bien plus récente mais son passeport disait peut être plus de choses sur elle et elle ne voulait pas faciliter la tâche à Eryn : si elle voulait voir ses papiers, c'était bien pour la retrouver après, Charlotte l'avait compris. Son permis était donc suffisant et les informations les plus basiques s'y trouvaient : nom, prénom, date de naissance, adresse. Eryn retiendrait ce qui l'intéressait après, elle espérait juste qu'elle oublie son adresse dans un premier temps.

Charlotte déposa alors son permis de conduite dans la main que lui tendait la jeune mutante. Le marché était conclu et elle avait rempli sa part pour le moment : elle lui donnait ses papiers et payerait sa dette plus tard, lorsqu'Eryn aurait besoin d'un service à son tour. Cela ne l'enchantait pas mais elle était obligée : elle espérait juste que la jeune mutante mettrait un peu de temps avant de récupérer des informations sur son rôle dans la Neo Corp. et elle souhaitait que le moment où elle ait besoin d'elle n'arrive jamais ou que San Fransisco soit libérée avant : elle n'aurait plus aucun problème à ce moment là et Eryn n'aurait pas l'occasion de lui demander quelque chose. Enfin, dans l'immédiat, c'était à la jeune mutante de remplir sa part du marché : répondre à la question de Charlotte, qui lui brûlait la langue à présent.

« Donc, est-ce que je risque de développer des pouvoirs un jour ou pas du tout ? »

Oui, Charlotte avait vraiment envie de savoir ce que l'avenir lui réservait. Dans quelques petites minutes, elle serait fixée, si Eryn lui disait la vérité évidemment mais elle ne voyait pas l'intérêt qu'elle aurait à lui mentir maintenant … Elle paraît du principe que comme elle ne lui mentait pas, la jeune femme ferait de même. Charlotte avait essayé de se montrer sincère tout au long de cet échange, se montrant en même temps très spontanée, lui cachant juste sa réelle identité au début, ce n'était plus le cas maintenant qu'Eryn avait son nom. La jeune mutante avait peut être même perçue son inquiétude à la perspective de développer des capacités spéciales. Charlotte avait été sincère, elle espérait qu'Eryn le serait également.
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mer 7 Nov - 11:48

Un permis de conduire.
Eryn leva un regard suspicieux sur son vis-à-vis. C’était de loin le papier d’identité le plus facile à falsifier ; après tout, les Américains n’avaient jamais été de grands adeptes de la carte d’identité, inexistante, puisqu’ils estimaient comme étant une atteinte à leur liberté le fait de pouvoir être contrôlé à tout moment par les forces de l’ordre. Seul le passeport constituait un document officiel assez sûr, et tout le monde n’en possédait pas un. L’ex-militaire examina avec soin le permis en question, cherchant le moindre défaut qui aurait pu prouver sa contrefaçon puis fut dans l’obligation qu’elle était incapable de faire la différence avec un permis en ordre. Il fallait dire, aussi, que ce n’était pas tellement son rayon, ce genre de choses. Elle serait bien plus à même de déterminer l’origine d’une arme, par exemple. Elle cessa donc de se focaliser sur l’authenticité du document pour s’intéresser davantage à la photo et aux autres informations.

« Charlotte Hawkins ». Soit. Le nom lui rappelait vaguement quelque chose, un souvenir lointain, probablement d’une existence révolue. Elle fronça les sourcils, cherchant en vain à saisir la réminiscence qui lui effleurait l’esprit sans pour autant se laisser attraper. C’était comme essayer d’attraper du vent à mains nues, chaque fois qu’elle pensait en saisir la substance, le souffle lui glissait entre les doigts sans autre forme de procès. Frustrée, Eryn admit néanmoins que cette vague impression de déjà entendu avait du bon : elle lui certifiait que Charlotte existait bel et bien sous ce nom, et qu’elle était suffisamment importante pour qu’elle eût eu vent de son existence.

Elle reporta son attention sur son interlocutrice, un peu moins une inconnue désormais. Elle pouvait poser un nom sur ce visage, ce qui avait quelque chose de rassurant et d’humain. Dire que la biche égarée ne s’était même pas présentée ! La situation commençait enfin à avoir un semblant d’équilibre dans les parties puisqu’Eryn n’était plus la seule à voir son identité dévoilée. Satisfaite, elle répondit à la question d’un ton neutre et sans appel.

« Vous êtes parfaitement saine, Charlotte. Aucune mutation ne va se déclarer chez vous. »

Et cela, Eryn le savait depuis le début. Charlotte avait le plaisir d’être désormais en possession de ce savoir elle aussi. Elle guetta le soulagement sur le visage de son interlocutrice, pour voir si elle avait bien assimilé l’information – ne sait-on jamais – puis se détourna sans prononcer une parole. Pas un adieu, ni un au revoir. Eryn avait grand besoin de méditer sur cet événement, et elle considérait comme hors de question de prolonger le contact avec une personne de la Bright. Il était d’ailleurs bien suffisamment imprudent comme ça qu’elle restât aussi longtemps dans la même rue, immobile, vulgaire cible facile pour les tireurs embusqués.

Qu’en était-il de Charlotte ? Eryn y gagnerait-elle quelque chose si elle ne sortait jamais de ce labyrinthe ? La conscience tranquille, peut-être : les morts n’avaient pas pour habitude de vendre la mèche.
Mais les prisonniers, si.

Eryn devait se rendre à l’évidence. Si quelqu’un prenait Charlotte en chasse, elle pourrait toujours lancer les individus en question sur Eryn, ce qui promettait une belle récompense, en échange de sa vie. Chose futile et vaine, mais qui mettrait tout de même la fugitive dans un certain pétrin. L’idée ne lui plaisant guère, elle cessa soudain de s’éloigner, se tourna à nouveau vers Charlotte et, sur le ton neutre et professionnel qui la caractérisait, lança :

« Par contre, pour quelques centaines de dollars, j’accepte de travailler. Je vous escorte jusqu’aux frontières de la Bright. »

Qu’on usât de son soi-disant don la révulsait peut-être. En revanche, effectuer des travaux et gagner de l’argent de façon (relativement) honnête ne la dérangeait pas le moins du monde. La plupart des Hunters se versaient déjà dans le mercenariat et, même si elle ne faisait plus partie de ce groupe, elle conservait cette habitude. Cela n’avait rien de très malin pour la discrétion exemplaire dont elle devrait faire preuve, mais elle avait besoin de survivre comme tout le monde. En choisissant avec sagesse ses employeurs et en prenant garde à ne pas révéler son identité, elle parvenait à s’en sortir plutôt bien.

Charlotte était le probablement l’un des pires employeurs qu’elle aurait pu choisir ; encombrante, contrastant bien trop avec le décor des bas-fonds, elle serait peut-être même une cible de choix et saurait attirer l’attention s’ils croisaient quiconque. Le bon côté de la chose, c’était qu’elle connaissait déjà son identité, et en cela, la tâche d’Eryn s’en voyait simplifiée. Et en prime, elle pourrait la garder à l’œil jusqu’à ce qu’elle quittât cet endroit tout en en apprenant davantage sur la blonde. Chose non négligeable au vu de la dette qu’elle avait envers elle et leur lien nouvellement créé, tout particulier qu’il fût.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 10 Nov - 15:22

Charlotte n'avait pas forcément pensé qu'Eryn puisse croire que son permis de conduire était un faux. Elle remarqua cependant le regard suspicieux de la jeune femme et eut peur qu'elle demande autre chose. Elle avait toujours son passeport, certes, elle aurait une porte de sortie mais elle avait espéré que le permis serait suffisant. Et puis, quel intérêt aurait-elle à falsifier un papier pour pouvoir s'en servir ? A son âge, elle avait passé ce stade, d'autant qu'il était rare qu'elle conduise encore aujourd'hui. Et puis une femme de son rang, qui gagne bien sa vie et qui essaie de paraître classe et distinguée dans n'importe quelle situation, ne s'abaisse pas à ce genre de pratiques. Elle n'en avait absolument pas besoin et Eryn s'en était peut être rendue compte vu qu'elle n'avait fait aucune remarque à haute voix. Ou alors, elle avait déjà vu son nom quelque part et préférait faire celle qui ne savait rien : position intéressante, Charlotte en aurait fait de même histoire d'être sûr et de ne pas se tromper. Enfin, moins Eryn en saurait sur elle pour le moment, mieux elle se porterait et elle espérait qu'elle n'ait jamais vu son nom associé à celui de son patron dans l'immédiat : elle n'était pas préparée à se défendre là-dessus.

La réponse à sa question arriva enfin. L'espace de quelques secondes, l'angoisse atteint son maximum et Charlotte eut l'impression que son cœur allait cesser de battre. Et puis les paroles de la jeune mutante raisonnèrent dans sa tête. Elle était saine. Saine. Parfaitement saine. Elle ne deviendrait pas une mutante, elle n'aurait jamais de capacités spéciales. Elle se serait jamais enfermé à Alcatraz. Elle n'aurait jamais à se cacher dans ces rues sombres, à devoir gagner sa vie de façon illégale, à devoir se cacher jusqu'à sa mort peut être. Tout irait bien pour elle, elle continuerait à vivre normalement et quand le gouvernement déciderait enfin de libérer la ville, tout redeviendrait comme avant l'explosion. Charlotte en fut soulagée au point où elle sentit ses larmes monter, des larmes de joie ... Elle réussit à se contenir quand même, ne voulant pas se montrer plus faible qu'elle ne l'était déjà face à la jeune mutante. Elle leva brièvement la tête, comme pour remercier le ciel de l'avoir épargnée. Elle était saine et ça, c'était une bonne nouvelle. La première depuis trois mois. Qui sait, peut être que bientôt, elle serait autorisée à communiquer avec l'extérieur et qu'elle aurait enfin des nouvelles de sa famille, tous au Kansas. Une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, non ? Elle l'espérait, histoire qu'elle cesse de se torturer à leur sujet.

Charlotte se demanda quand même un instant si Eryn lui avait dit la vérité. Il était facile de deviner ce qu'elle espérait ne pas développer de mutation dans l'avenir, qu'elle ne voulait pas avoir la même vie que des tas de gens dans le Black Market. Eryn aurait pu alors lui dire ce qu'elle attendait, tout simplement et lui mentir alors. Quel intérêt y avait-il ? Pour Charlotte, une adepte de la franchise, aucun. Si elle se rendait compte qu'elle avait un quelconque pouvoir d'ici trois ou quatre jours, elle pourrait toujours s'arranger pour se venger d'un tel mensonge et aller voir les Peacekeepers pour tout leur avouer. Qui sait, elle bénéficierait peut être d'un traitement de faveur grâce à une telle révélation … Et puis elle compterait évidemment sur son patron pour la sortir d'une situation délicate : elle considérait que pour tous les services qu'elle lui rendait, il allait bien faire quelque chose pour elle en retour dans le cas où elle serait une mutante. Ce serait peut être une question à lui poser, à l'occasion. Enfin, Charlotte ne pensait pas qu'Eryn lui avait menti : elle n'en tirerait aucun intérêt dans cet histoire au final et le pacte qu'elles avaient passé n'aurait plus aucune valeur. Donc Charlotte se considérait dorénavant comme saine, croyant sur parole la jeune mutante.

Maintenant qu'elle avait sa réponse, Charlotte était plus sereine : elle pourrait recommencer à faire des projets pour l'avenir, même si San Fransisco était coupé du monde. Rien ne pourrait compromettre ses projets, sauf une certaine Eryn peut être. Une Eryn qui était d'ailleurs en train de s'éloigner, sans dire un mot. Elle avait rempli sa part du marché, certes. Mais elle allait la laisser planter là, dans une ruelle éloignée de la place principale ? L'inquiétude de Charlotte refit surface aussi rapidement qu'elle était partie. Elle faisait comment pour sortir de là elle ? Ce coin lui était totalement inconnu et en poursuivant Eryn, elle n'avait pas vraiment fait attention aux rues empruntées. Elle était allée à droite, puis à gauche, tout droit et … Non, pas moyen de s'en souvenir. Serait-elle donc condamnée à errer dans le Black Market pour le restant de la journée et peut être même toute la nuit ? Cette perspective lui donnait des frissons. Demander à Eryn de l'aider ? Vu la difficulté qu'elle avait eu à la convaincre pour qu'elle lui dise si oui ou non, elle allait être une mutante, ce n'était pas forcément une bonne idée. Et Charlotte avait bien assez d'une dette. Elle soupira et regardant Eryn s'éloigner. Elle avait mis fin à leur discussion, sans un au revoir. Et puis celle-ci se tourna à nouveau vers elle. Charlotte fut surprise par la proposition, venant d'elle, elle ne s'y était pas attendue. Enfin, ce n'était pas gratuit, encore une fois mais ce n'était vraiment pas ce détail qui allait déranger la blonde : de l'argent, elle en avait prévu à la base pour passer le premier marché et puis, si une centaine de dollar pouvait la sortir de là, en vie, ce n'était vraiment pas négligeable. Un large sourire se dessina alors sur le visage de Charlotte.

« A dire vrai, je n'osais pas vous le demander. »

Quelque chose lui disait qu'elle pouvait faire confiance à la jeune mutante pour la ramener à la Bright City, qu'elle s'assurerait même de sa sécurité. L'attirance de l'argent ou le fait qu'elle parle d'un travail sur un ton plus que sérieux ne faisait que confirmer sa pensée. Elle se posa un instant la question du paiement : quand devrait-elle lui donner son dû ? Lorsqu'elle serait en sortie de là, peut être. Enfin c'était la chose la plus logique aux yeux de Charlotte : quand elle payait un coursier, c'était toujours après livraison, pas avant. Ou dans certains cas, il lui arrivait de payer la moitié avant, l'autre partie après. Quelles étaient les règles en vigueur dans cette société-ci ? Charlotte n'en avait aucune idée, elle découvrait de nouvelles choses à chaque minute. Elle préféra donc éluder cette question : si Eryn ne lui disait rien, Charlotte la paierait au moment de la quitter.

« Je vous suis. » lui lança-t-elle, plus que pressée de rentrer chez elle.

Eryn serait en quelque sorte son garde du corps l'espace d'un instant et cette idée était rassurante. Pour de l'argent, la jeune mutante était peut être capable de beaucoup de choses et si elle accordait la même importance à un travail que Charlotte, elle irait jusqu'au bout et ne l'abandonnerait pas en cours de route. A moins vraiment que tout ceci ne soit qu'un moyen de se débarrasser d'elle une bonne fois pour toute. Qu'elle ne l'emmène pas du tout aux fontières de la Bright mais dans un endroit bien plus sombre. Quelque part, Charlotte ne croyait pas en ses propres hypothèses, estimant pouvoir faire confiance en une ancienne militaire … Ou alors c'était une manière, inconsciente, de préférer voir le bon côté de la jeune femme et de nier l'évidence. Du coup, la question de la sincérité d'Eryn remonta et cette fois, elle ne put s'empêcher de la lui poser, quitte à paraître déplacer, Charlotte savait se rattraper. Et c'était une manière comme une autre d'engager une conversation, elle se voyait mal se taire pendant tout le temps qu'elle passerait avec elle, le silence serait trop pesant et ce, même si les deux n'avaient strictement rien à se dire.

« Dites, vous ne m'avez pas menti tout à l'heure ? Je suis vraiment saine ? »

Évidemment, Eryn pouvait très bien lui dire que non, que c'était la vérité alors que ça ne le serait pas forcément. Malheureusement, elle n'avait pas le pouvoir de détecter un tel mensonge. Qui sait, peut être que quelqu'un avait développé cette capacité ? Si tant est qu'on pouvait avoir un tel don. Charlotte devrait encore se tenir aux propos de la jeune mutante, lui faire confiance, aveuglement peut être. Elle espérait que sa première pensée soit la bonne cependant, qu'Eryn soit assez honnête et intelligente pour ne pas lui mentir.


Dernière édition par Charlotte G. Hawkins le Dim 18 Nov - 20:15, édité 1 fois
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 17 Nov - 9:45

Eryn leva les yeux au ciel. Elle n’avait aucunement doutée de l’accord de la biche égarée. Après tout, elle n’avait rien à faire dans les ruelles dangereuses du marché noir et ne devait pas se sentir tellement en sécurité. L’ex-militaire venait de faire une proposition qui ne se refusait pas. En revanche, elle n’avait pas prévu que Charlotte lui trotterait après en posant des questions, pareille à une enfant qu’on embarquait en excursion. Pour lui demander si elle avait menti ou non.

« Si, j’ai menti. En fait, vous allez vous transformer, votre peau va devenir toute verte et gluante, et des tentacules vont vous pousser sur les tempes. »

Elle avait prononcé cela sur un ton égal, peut-être un soupçon blasé, sans même ralentir l’allure. La question lui paraissait d’un ridicule affligeant. Si elle avait menti la première fois, qu’est-ce qui l’empêcherait de mentir encore et encore par la suite ? C’était le genre d’interrogations que tous devraient se poser, mais, remettre en cause la confiance qu’on venait d’accorder, c’était s’exposer, une faiblesse qu’Eryn ne s’était jamais autorisée à prononcer à voix haute. Ç’aurait été comme demander le jour de son recrutement dans les Forces Spéciales s’ils étaient certains de vouloir d’elle ; elle aurait perdu sa place aussi sec. L’assurance, en apparence, était probablement ce qui, dans l’attitude d’Eryn, lui avait conféré une place dans un monde de brute. Ici, dans la zone Shut Down, les règles étaient les mêmes, sinon pires. Le moindre doute, infime et innocent, pouvait bien vite se transformer à un nid à vipères.

Elle jeta un regard par-dessus son épaule pour voir si Charlotte suivait toujours, puis, avec un soupir, consentit à ralentir l’allure. Elle enfouit ensuite ses mains dans ses poches, se donnant une attitude plus nonchalante ; hors de question d’avoir une attitude suspecte si elles en venaient à croiser quelqu’un. Elles formaient déjà un duo bien suffisamment curieux ainsi, pas la peine d’en rajouter une couche en aillant l’air d’une proie aux abois. Plus que sur son maintien, elle se concentra sur les alentours, tendant l’oreille, prenant garde à tous les détails. Puis elle dû admettre qu’entretenir la conversation avec Charlotte avait le désavantage de les faire repérer facilement, mais qu’évoluer dans le silence renvoyaient une image d’inquiétude. La première solution lui paraissait soudainement plus enviable, bien que son humeur ne fût pas le moins du monde portée sur les palabres inutiles. Elle n’avait rien à dire pour sa part, et Charlotte semblait bien trop préoccupée par son anonymat – tout relatif – pour être susceptible de raconter sa vie. Enfin, elle essaya tout de même, en espérant que la blonde se laisserait prendre au jeu – elle n’osait pas espérer qu’elle comprît d’emblée que même la conversation faisait partie d’une tactique toute pensée :

« Pourquoi vouloir savoir une telle chose ? Votre fiancé est Peacekeeper ? »

Oh, on ne nommait pas Eryn Blake pour rien. La jeune femme ne perdait pas le Nord, et tant qu’à entretenir un semblant de conversation civile, elle préférait explorer les terrains qui l’intéressaient le plus. Ceci étant, elle se doutait bien que Charlotte n’allait pas tout lui déballer. Non, Eryn avait bien l’intention d’écouter attentivement pour lire entre les lignes et grappiller des indices. Le tout en toute innocence, ponctuant encore ses répliques d’une pointe de sarcasme et du cynisme qui semblait grandir en elle à mesure que sa situation dégénérait. Et cela irait de mal en pis, elle le savait. Factions et complots n’étaient qu’un commencement.

Dans un effort tout mesuré pour faire apparaître un semblait de sociabilité, elle octroya à son interlocutrice un regard, empreint d’une curiosité réelle et peut-être un éclat d’amusement. Un sourcil haussé venait parfaire l’ironie de sa moue, bien qu’elle ne fît aucun effort pour esquisser un sourire – il ne fallait pas abuser, elle l’avait poursuivie pour qu’elle utilise sa mutation ! – trop désireuse de ne pas avoir l’air trop sympathique. Probablement craignait-elle que Charlotte ne revînt la voir, la bouche en cœur, pour faire ami-ami et en apprendre plus sur la vie ici-bas, ou peut-être même lui apporter son aide, comme on le ferait avec un petit chiot égaré qu’on aurait trouvé. Sauf qu’Eryn n’avait rien d’un chiot tout innocent tout mignon, elle tenait d’avantage de l’animal sauvage séparé de sa meute, et elle n’hésiterait pas à mordre férocement. Oui, Eryn avait une idée bien arrêtée déjà sur Charlotte ; tout son opposé, sincère et gentille, plutôt ouverte. Des qualités qu’elle ne possédait pas, ce qui avait le don de l’agacer. Mais à trop croire dans la bonté des gens, on finissait inexorablement six pieds sous terre, à bouffer les pissenlits par la racine.

Chose qui n’était pas tellement dans les projets d’une mutante en cavale, il fallait en convenir.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Lun 19 Nov - 12:18

Charlotte sentit l'espace d'un instant l'angoisse qui montait et ouvrit la bouche, prête à protester : comment ça Eryn avait menti ? Ses doutes étaient donc fondées ? En fait, peut être pas. Charlotte reprit rapidement son calme, comprenant que la jeune mutante blaguait. Parce qu'elle blaguait bel et bien, n'est ce pas ? On ne pouvait pas se transformer en montre vert avec des tentacules, non ? Elle n'avait rien vu de tel dans les dossiers et s'il existait une mutation de ce style, elle l'aurait su, normalement. Non, ça c'était bon pour les romans de science fiction, ou les films du même genre. Quoique, maintenant, Charlotte n'était plus sûre de rien et elle n'avait plus vraiment la notion du réalisme. Jamais elle aurait pensé qu'un jour, des gens développeraient des mutations en tout genre alors qui sait, peut être qu'elle trouvera un jour un monstre vert avec des tentacules. Et ce monstre vert, cela pourrait bien être elle. Enfin, malgré tout, Charlotte comprit qu'Eryn n'était pas sérieuse. Elle avait beau ne pas avoir un sens de l'humour très développé, elle savait quand même reconnaître quand quelqu'un blaguait, même sur un ton plus ironique ou sarcastique qu'autre chose. Eryn disait-elle la vérité alors ou pas ? Son ton blasé lui faisait dire que oui et que sa question lui avait paru stupide voire sans intérêt. Charlotte n'avait donc pas d'autre choix que de suivre sa première intuition, celle de la croire sur parole. De toute manière, c'était bien plus rassurant de penser qu'elle était saine pour de vrai que de penser qu'Eryn voulait la rouler en lui mentant mais en passant un pacte quand même. Charlotte respecterait sa partie du marché, c'était impensable de trahir sa parole, du moins pour le moment. Elle ne comprenait pas comment fonctionnait le pouvoir d'Eryn mais si jamais elle lui avait dit qu'elle était saine alors que ce n'était pas le cas, qu'elle développerait des pouvoirs spéciaux dans les semaines à venir, Charlotte n'aurait plus aucune raison de tenir sa parole et de payer sa dette, qui n'aurait plus lieu d’être. Après, le don d'Eryn était-il infaillible ? Elle lui avait bien dit qu'elle ne deviendrait jamais une mutante, mais pouvait-elle être sûre elle-même de son pouvoir ? Charlotte devait être confiante : si Eryn n'avait pas été sûre de son pouvoir, elle n'aurait jamais pris autant de risques et n'aurait pas pris la peine de lui répondre, à moins d'avoir vraiment un mauvais fond. C'était possible, vu les conditions de vie dans le Black Market, n'importe qui pouvait oublier les bonnes manières, les règles fondamentales de politesse et bienséance. Devenir des monstres sans pitié c'était peut être le seul moyen de survivre. Dans tous les cas, d'après ce que Charlotte avait pu lire dans le dossier d'Eryn, son pouvoir était relativement fiable. Les dossiers des mutants étaient sérieux, elle savait qu'elle pouvait s'y fier. Charlotte sourit alors, à retardement, montrant ainsi qu'elle était consciente que la jeune mutante devait dire la vérité mais qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de douter un peu.

« Hum, d'accord. C'était idiot comme question, mais on ne se connaît pas et je préfère me méfier un peu. Je ne pense pas qu'ici, quelqu'un accorde une confiance aveugle à un inconnu, juste parce qu'il a une bonne tête. »

Se justifier était pour Charlotte un moyen de s'excuser d'avoir mis en doute la sincérité de la jeune mutante. Elle ne pensait pas trop s'avancer en disant que dans le Black Market, les gens ne font pas confiance à n'importe qui : la méfiance était sûrement une règle de base. Charlotte n'était pas stupide ni simple d'esprit contrairement à ce qu'on pourrait penser et une après-midi lui avait suffi pour qu'elle comprenne quelques trucs, grâce notamment à son échange avec Eryn. Le point qu'elle retenait surtout c'était qu'elle serait incapable de survivre en ces lieux mais entre ici et Alcatraz, Charlotte ne saurait pas quoi choisir. Enfin le Black Market était peut-être préférable en fin de compte, Alcatraz, c'était une prison. Ici, les gens restaient à peu près libre, malgré la menace des Peacekeepers. Quelle vie était la meilleure ? Charlotte n'en savait trop rien et elle n'aurait jamais à le vivre de toute manière. Le problème, c'est qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de penser à ces gens qui vivaient cachés, comme Eryn, tout ça à cause de l'entreprise pour laquelle elle travaillait. Sauf qu'elle n'avait absolument aucun pouvoir et ne pouvait rien faire pour les mutants. C'était peut être ça le pire : ne rien pouvoir dire ou faire pour arranger la situation.

Charlotte n'avait vraiment pas le même rythme de marche qu'Eryn et à force de réfléchir sur la véracité des ses propos ne l'aider pas vraiment à tenir une distance respectable. Les rues se ressemblant toutes, Charlotte faisait de son mieux pour la suivre, trottant derrière elle, ce qui faisait tout sauf naturel. De quoi avaient-elles l'air toutes les deux ? Elles formaient un duo assez improbable, Charlotte le savait. Elle n'avait vraiment pas l'attitude de quelqu'un vivant ici, ses vêtements étaient propres et neufs, ses cheveux impeccables et son maquillage sobre mais soigné. Elle n'avait rien à faire avec Eryn, qui ne semblait pas enchanté à l'idée d'échanger quelques mots. Charlotte s'en fichait un peu mais le silence pouvait peut-être paraître suspect vu de l'extérieur. Elle essayait de paraître détendue, comme tout à l'heure, alors qu'elle cherchait la jeune mutante. C'était un exercice compliqué et échanger quelques mots l'aidait à penser à autre chose, à oublier même la situation compliquée dans laquelle tous les habitants du Black Market se trouvaient. Fort heureusement, Eryn finit par ralentir et à adopter une autre attitude. Charlotte l'imita, enfonçant alors ses mains dans les poches de son manteau. Et puis la jeune mutante finit par lui poser une question qui la déstabilisa un peu. Oh non, elle n'était pas fiancée à quelqu'un, elle était célibataire et ce, depuis un moment. Le mariage n'avait jamais été une priorité pour Charlotte, préférant mettre son travail au dessus de tout. Et son travail était l'une des raisons qui l'avait poussé à chercher la vérité quant à son état. Elle ne voulait pas le quitter, or, encore une fois, une mutation aurait compromis toute sa carrière au sein de la Neo Corp. Enfin arrivée à la hauteur d'Eryn, essayant de calquer son rythme de pas, elle lui répondit, un sourire en coin.

« Pas du tout, je ne suis pas fiancée à quelqu'un. » commença-t-elle, sortant brièvement sa main droite de sa poche pour montrer qu'aucune alliance ne s'y trouvait. « Si j'ai voulu savoir tout ça, c'était pour pouvoir vivre plus sereinement. Sans vouloir vous vexer, je n'ai aucune envie de développer une mutation et vivre comme vous le faites, ce n'est pas fait pour moi, vous l'avez sûrement déjà remarqué. »

Charlotte ne se rendait pas forcément compte sur le moment qu'elle donnait quelques informations peut être précieuse pour Eryn. Enfin, elle ne parlait pas ouvertement de son travail et de sa position, juste de son avis concernant la situation. Donc techniquement, elle ne révélait pas grand chose sur elle. Elle restait sincère et le plus naturel possible, espérant qu'Eryn n'ait pas de doutes la concernant et ne décide pas à la dernière minute de l'éliminer parce qu'elle aurait dit ou fait quelque chose qui ne lui aurait pas plus. Déjà, elle regretta un instant de lui avoir avouer, en quelque sorte, qu'elle avait une assez mauvaise image de la vie des mutants : elle pouvait la vexer, si sa vie lui convenait. Mais Charlotte en doutait : qui pouvait être heureux, s'épanouir dans de telles conditions ? En vivant dans l'illégalité ? Non, à moins d'être taré et aimer vivre en autarcie, c'était impossible.

Parler d'elle ne l'a dérangeait pas en soi mais en venant ici, elle avait voulu rester anonyme. Évoquer sa vie sentimentale ne faisait donc pas parti de son plan, c'était même la dernière chose dont elle voulait discuter : elle n'était pas du genre à étaler sa – pauvre – vie amoureuse, et encore moins avec une inconnue. Elle ne voulait pas qu'Eryn sache quelle position elle occupait dans la Neo Corp, pas tout de suite, c'était bien trop tôt et elle n'était pas stupide au point de se vendre. Du coup, elle essaya de détourner la conversation vers autre chose, pas très intéressant pour la jeune mutante, ni pour Charlotte. C'était même assez bancal et Eryn allait sûrement en déduire que parler d'elle n'était pas au programme mais elle s'en fichait, l'essentiel étant d'évoquer autre chose, quitte à n'échanger que des banalités.

« Pour en revenir à l'histoire du montre vert à tentacules, vous croyez que c'est possible ? C'est assez … Irréel. »

Qui sait, Eryn avait peut être vu quelqu'un se transformer ainsi. Charlotte espérait que non, rien que pour la personne devenue un monstre du jour au lendemain. Pour le moment et malgré tout ce qu'elle entendait à la Neo Corp, elle ne savait pas jusqu'où pouvaient aller les mutations et elle ne voulait même pas le savoir : elle s'occupait des papiers que son patron lui passait, tout simplement, elle n'allait pas plus loin. Il y avait bien eu une exception pour le dossier d'Eryn, mais Charlotte s'était promis que ce serait la seule – elle le regrettait déjà suffisamment et n'était absolument pas prête à recommencer. Plus les mutations seraient loin d'elle, mieux elle se porterait. Égoïste comme pensée, mais elle culpabilisait déjà bien assez de devoir cacher tout ce qu'elle savait à toute une population, elle n'avait pas besoin de plus.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 20 Nov - 12:28

Eryn, cette fois-ci, parvint à ne pas laisser transparaître une once d’étonnement sur ses traits, pas plus qu’elle n’avait esquissé le moindre sourire face à l’efficacité de sa plaisanterie. Non, vraiment, cette femme était des plus étranges. C’était seulement à présent qu’elle se souciait de se méfier ? Curieux comportement. Elle se demandait, vraiment, dans quel monde elle vivait pour conserver sous ses allures terre à terre une touche d’excentricité aussi fulgurante ; d’une phrase ou d’une réaction, la blonde parvenait à ébranler toutes les certitudes sur le comportement humain naturel.

Vexer Eryn ?
Non, elle n’était pas vexée, pas par une telle remarque si dénuée d’intérêt. Certes, elle n’appréciait guère qu’on la désignât comme quelque créature errante dans une jungle répugnante, mais elle devait se rendre à l’évidence ; Charlotte n’avait aucune chance de demeurer en vie dans un tel environnement. Quant à elle, elle y survivait mieux que la plupart des gens par sa nature de soldat, forgée dans les conditions les plus extrêmes. La hiérarchie en allait ainsi, et, pour un peu, Eryn aurait pris comme un compliment la remarque. Force et intelligence étaient les éléments clés pour se débrouiller dans cette zone dévastée. Néanmoins, la remarque laissa sur elle une pointe d’amertume, une considération pour les êtres vivants en général, une vague nostalgie de ce que la réalité avait été.

« Personne n’est fait pour vivre comme ça. »

Ce n’était que de la survie, une survie cruelle et néfaste, un ordre des choses improbable. Cette pensée le mettait à mal ; les guerres, la violence, elle connaissait. Mais ce genre de maladie intestine qui dévaste sournoisement et dont les symptômes n’avaient plus rien de commun la révulsait. Peut-être parce que, justement, elle n’avait plus rien d’un simple combat. Les ordres ne venaient pas, le monde devenait fou et Eryn se raccrochait à tout ce qu’elle pouvait pas pour ne pas se laisser emporter par la tempête des événements, mouvement implacable dont la seule existence poussait n’importe qui dans le gouffre. Des excès ostentatoires de la belle Neo Corp au plongeon dans les profondeurs de Lieutenant Carter, en passant par la traque et la délation, la peur et la souffrance. Non, ce n’était pas une simple guerre et Eryn n’avait jamais été formée pour ce genre de situation.

La mutante prit soin de noter dans un coin de sa tête la possible prise de position de Charlotte. Non, elle n’était pas vexée, mais elle assimilait avec attention ; si tous les habitants de la Bright Town semblaient, au premier abord, peu ouverts à l’égard des mutants, Charlotte semblait assez convaincue de leur nature néfaste pour venir s’égarer au fin fond du Black Market. Un mouvement bien trop risqué pour sa nature. À moins qu’elle n’eût particulièrement bien caché son jeu, et auquel cas, Eryn en revenait à son dilemme premier, sur la confiance et que lui révéler, chose qu’elle avait déjà décidé de laisser de côté pour le moment.

Satisfaite que Charlotte maintînt la conversation, elle coupa court à ses pensées amères pour se concentrer, plutôt, sur sa réponse.

« Pas que je sache. »

Jugulant un laconisme pourtant inné, elle poursuivit :

« J’ai vu pas mal de mutations et toutes semblaient plutôt plausibles. Physiquement pas si improbables que ça. Il n’y aurait aucune logique à ce que quelqu’un se retrouve avec de l’ADN alien… En revanche, j’ai déjà vu un homme posséder des griffes à la place des ongles. »

Elle en avait observé, des situations plus incroyables les unes que les autres. Et pourtant, elle peinait encore à estimer les frontières du possible. Trois mois auparavant, ce qu’elle avait vu ne semblait même pas imaginable, si ce n’était dans quelques films de science-fiction auxquels elle n’avait jamais prêté attention – à quoi bon, elle ne serait jamais confrontée à ce genre de situation ! – sauf que désormais, c’était sa réalité et son quotidien.

Dans la mesure du possible, lorsqu’elle croisait un habitant à la mutation qu’elle jugeait que trop dangereuse ou incontrôlée, elle essayait de l’atténuer. Chose qui s’avérait plutôt ardue, et il était peu fréquent qu’elle y parvînt ; souvent, ce genre d’intervention lui demandaient un contact physique. Inutile de préciser que, en revanche, cela lui avait sauvé la mise une fois ou deux lors d’affrontements contre des détraqués qui pensaient que muter signifiait devenir un petit prodige arrogant sur pattes ou encore le nouveau roi du quartier. Elle avait alors vite constaté que son habileté à influencer les courants mutagènes s’avérait diantrement plus efficace dans le feu de l’action – certains dirait quand son existence même était en danger, mais Eryn se refusait à envisager ces gens-là comme de véritables menaces à son égard.

Si Charlotte comptait répondre, elle n’en n’eût probablement pas le temps. Eryn se figea soudain, alerte et méfiante. Avait-elle bien entendu le frottement de pas qui se voulaient trop discrets ? Ses doutes se concrétisèrent lorsque plusieurs silhouettes apparurent au coin d’une ruelle un peu plus loin. Eryn reprit la marche comme si de rien n’était, espérant qu’elles pourraient s’esquiver sans avoir à faire face à quelque délicate embuscade.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 20 Nov - 23:00

Charlotte essayait de cerner au mieux Eryn au fil de la conversation afin de, peut être, deviner ce qu'elle allait pouvoir lui demander en retour. Mais essayer de connaître une personne en se basant juste sur des actes et des paroles, ce n'était pas toujours évident, pas en aussi peu de temps. Aussi, elle avait toujours aussi peur de se retrouver agonisante dans un caniveau à la fin de la journée. Elle faisait tout ce qui était possible pour ne pas contrarier Eryn, bien qu'au final, il soit assez difficile d'anticiper toutes ses réactions. Charlotte s'était d'ailleurs attendue à ce qu'elle se vexe pour ces propos sur les mutants, même si elle avait précisé qu'elle n'avait rien contre elle et que ce n'était pas son but de la vexer, elle avait juste voulu lui expliquer pourquoi elle souhaitait savoir si oui ou non, elle serait une mutante elle aussi. Cerner Eryn n'était donc pas une chose aisée, d'autant plus qu'elle semblait contenir toutes ses émotions. Charlotte se demandait aussi ce qu'elle pouvait penser d'elle, comment pouvait-elle la voir ? Pensait-elle qu'elle n'était qu'une femme superficielle et stupide qui tenait à son confort à n'importe quel prix ? Certainement. C'était en tout cas l'image qu'elle donnait, Charlotte en avait bien conscience. Elle tenait à son confort, c'était indéniable. Après, elle n'était pas quelqu'un de stupide ni de simple d'esprit et savait à peu près ce qu'elle faisait. Elle savait que tout ce qu'elle faisait était dangereux et qu'en pactisant avec une mutante, elle enfreignait des tas de lois, la mutante en question étant recherchée mais pour son bien être, elle s'en fichait. Et au fond, tous ces gens qui développaient une mutation n'étaient pas si dangereux que ça : elle était encore en vie et ça, c'était un peu un miracle. Eryn n'était pas non plus passée à l'acte, malgré des menaces et elle avait même proposé de la raccompagner. En échange d'argent, certes, mais elle l'avait proposé d'elle même : Charlotte ne savait pas vraiment ce que ça pouvait signifier, si c'était uniquement pour l'argent, pour que Charlotte puisse payer sa dette plus tard ou tout simplement par pure compassion.

Eryn marqua un point et Charlotte acquiesça tristement : personne n'était fait pour vivre ainsi, dans les rues, pour échapper aux forces de l'ordre, à plus savoir quoi faire de leur vie. Enfin, la jeune mutante semblait si sûre d'elle que Charlotte se demanda un instant si c'était vrai, s'il n'y avait pas des personnes qui étaient nées pour vivre dans ces conditions. L'adaptation avait-elle était facile pour elle ? Comment avait-elle appris sa mutation ? Pourquoi ne s'était-elle pas rendue au Peacekeepers ? Comment avait-elle pu quitter toute sa vie d'un coup ? Que des questions que Charlotte n'oserait pas poser, c'était bien trop personnel et même si elle y réfléchissait, elle n'était pas assez curieuse pour lui demander tout ça. Non, Charlotte n'était vraiment pas du genre à vouloir connaître toute la vie d'une personne, juste par curiosité. Elle n'aimait déjà pas qu'on lui pose des questions sur sa propre vie, trouvant la plupart des questions déplacées, alors elle-même n'agissait pas ainsi. Ou alors, elle posait des questions indiscrètes seulement quand c'était nécessaire. Là, elle avait déjà beaucoup demandé à la jeune femme et elle n'était pas sûre qu'elle apprécierait qu'on la questionne sur sa vie d'avant et d'aujourd'hui, d'autant que Charlotte n'en retirerait pas grand intérêt. Sa vie d'avant, elle pouvait avoir des renseignements en se replongeant dans son dossier et elle connaissait déjà les grandes lignes. Quant à sa vie d'aujourd'hui, ces informations auraient pu lui être utiles dans le cas où elle serait une mutante ce qui n'était pas le cas, elle en était à peu près sûre maintenant, voire même totalement. Donc non, elle n'avait aucune raisons de lui poser tout un tas de questions.

L'histoire du monstre vert était bel et bien qu'une vaste blague, Charlotte en eut la confirmation – confirmation inutile soit dit en passant, étant donné qu'elle l'avait compris qu'elle même. Eryn elle-même n'en avait pas vu, pour le moment. Charlotte se demanda un instant si elle avait côtoyé beaucoup de mutant : elle eut un semblant de réponse, sans même qu'elle eut à lui poser la question. Elle avait vu pas mal de mutations, donc oui, elle avait dû voir un nombre conséquent de mutants. Charlotte écouta attentivement Eryn : c'était toujours intéressant d'avoir un avis interne et puis, elle avait l'air de si connaître un peu. Elle avait dû faire des recherches, c'était logique : elle était directement concernée. Et son pouvoir devait l'aider aussi. Un homme avec des griffes à la place des ongles ? Charlotte fronça légèrement les sourcils, pensant à ses propres ongles, parfaitement manucurés pour son travail. Elle vivrait assez mal le fait d'avoir des griffes, quand même. En fait, elle ne savait même pas quel genre de mutation lui conviendrait. Un truc discret, c'était sûr, facile à cacher. Enfin, ce n'était plus à l'ordre du jour, à son plus grand soulagement.

Elle avait lu quelques trucs sur les mutations et auraient voulu partager sa maigre connaissance, mais elle n'en eut pas l'occasion. Eryn s'arrêta soudainement, méfiante. Charlotte en fit de même, naturellement, comme si elle voulait imiter tout ce que faisait la jeune mutante, essayant de se fondre dans la masse en mimant les gestes d'une habituée. Il se passait quoi là ? Cette réaction n'était pas normale et Charlotte sentit la peur qui lui glaçait le sang, sans même savoir pourquoi. Un mauvais pressentiment, sans doute. Elle fixa Eryn, essayant de sonder son esprit pour savoir ce qu'il se passait dans sa tête pour s'arrêter comme ça, d'un coup. C'était un jeu de sa part ? Pour s'amuser à lui faire peur ? Non, à priori. Charlotte n'osait rien dire et quand Eryn se remit à marcher, elle fit de même. Et c'est là qu'elle se rendit compte qu'elles n'étaient plus seules. Des silhouettes se dessinaient au loin et elles, elles fonçaient droit vers eux. Droit vers eux ?! Mais Eryn était tarée ou quoi ? Et si ces gens n'avaient pas de bonnes intentions, qu'adviendrait-il ? Eryn était peut être capable de se défendre, ce n'était pas le cas de Charlotte, loin de là. Elle n'avait pas d'armes sur elle : si elle avait pris un sac à main, elle aurait pu avoir une bombe lacrymogène, sauf qu'elle n'avait pas pensé à transférer toutes ses affaires de son sac à sa veste. Grossière erreur. Charlotte finit par réussir à dire quelques mots, complètement paniquée à l'idée de se jeter dans la gueule du loup.

« Attendez, il n'y a pas un autre chemin là, vous en êtes sûr ? Je crois pas que ce soit une bonne idée de continuer par là ... »

Proposer une solution alternative pouvait peut être donner des idées à Eryn. Pour le moment, Charlotte était capable de partir en courant. Mais ce n'était pas forcément une très bonne idée, on pouvait la rattraper facilement et puis, ce serait vraiment une attitude suspecte. Charlotte continua alors son questionnement, très peu sûre d'elle. La jeune mutante savait-elle vraiment ce qu'elle faisait ?

« Rassurez moi … Vous les connaissez ? C'est pour ça qu'on fonce droit vers eux, on craint rien c'est ça ? » dit-elle, la peur se lisant clairement dans sa voix.

On ne sait jamais, elles les avaient peut être déjà rencontré. Enfin, Charlotte n'était pas en mesure de reconnaître les personnes à cette distance, voir leurs visages était pour le moment impossible. Était-ce des mutants ? Une chance qu'Eryn puisse détecter les mutations … Elle devait déjà le savoir. Enfin, que ce soit un mutant ou non, Charlotte n'était pas capable de se battre contre des armures à glace, quoiqu'il en soit. Non, tout ce qui l'inquiétait maintenant, c'était de savoir si Eryn serait en mesure de la protéger, elle, tout en essayant de se sauver elle-même. En aurait-elle même l'envie ?

Charlotte ne savait pas ce qui la poussait à continuer mais elle avait l'impression que les quelques mètres qui les séparaient d'une menace potentielle étaient en réalité des centaines et des centaines de kilomètres. Elle n'était pas rassurée et cela se voyait : crispée, elle essayait de fixer un point, au loin, de ne pas faire attention aux types qui les observer. Elle n'osait même plus adresser un mot à Eryn et elle faisait tout son possible pour essayer de garder son calme mais là, ce n'était plus vraiment possible. Comme tout le monde, elle avait ses limites et le danger était trop proche. Elle ne savait toujours pas si elle pouvait faire confiance à Eryn : après tout, elle restait une inconnue. Enfin, maintenant elle ne pouvait plus reculer. Les deux femmes s'étaient rapprochés considérablement et Charlotte pouvait maintenant voir à quoi ressemblaient ces types, éparpillés dans le coin de la ruelle. Ils étaient peu nombreux, elle en comptait cinq, mais cela ne voulait rien dire : peut être que d'autres se cachaient plus loin. En tout cas, ça avait tout l'air d'une embuscade. L'un des types de dégagea du groupe pour se rapprocher, tandis qu'elles marchaient toujours. L'homme était assez imposant et Charlotte sentit que les choses allaient se dégrader. C'était obligé. Et lorsque les autres bougèrent également, se plaçant de part et d'autres de celui qui était visiblement le leader, Eryn et elle n'eurent pas le choix : elles durent s'arrêter. Charlotte regarda chacun d'eux, essayant de montrer à tous qu'elle n'avait pas peur, en vain. Ils n'avaient pas d'armes apparentes mais elle était persuadée qu'ils en possédaient quand même. Elle avait l'impression de se retrouver dans un film à ce stade et se dit que dans ce genre de situation, les héroïnes s'en sortaient toujours, sauvées par un bel inconnu. Mais là, c'était la réalité et Charlotte n'arrivait pas à se rassurer à la pensée que quelqu'un viendrait les sauver. Le premier homme, le leader, s'adressa alors à toutes les deux, un sourire mauvais aux lèvres.

« Mesdemoiselles. On est perdues ? »

Quelques ricanements s'élevèrent alors et Charlotte ne put retenir un frisson. Elle n'arrivait même pas à soutenir le regard du chef : c'était certainement lui le plus angoissant. Les chefs, c'était toujours les plus menaçants. Les autres, c'était plus une bande de suiveurs, en général. Elle tourna la tête vers Eryn, préférant la laisser gérer la situation. La spécialiste, c'était elle, non ? Si elles s'en sortaient, Charlotte était persuadée qu'elle pourrait lui faire aveuglement confiance. Elle regretta un instant de ne rien pouvoir faire, se sentant réellement de trop : et puis cette embuscade était certainement de sa faute, elle était plutôt du genre repérable. Si Charlotte avait été à la place d'Eryn en ce moment, elle se serait maudit d'avoir accepté de l'escorter : il fallait se rendre à l'évidence, Charlotte était un vrai boulet.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 24 Nov - 11:55

Charlie, Charlie.
Si Eryn n’avait pas été aussi concentrée sur les hommes qui s’avançaient, elle aurait probablement asséné une réplique cinglante. Ne pouvait-elle donc pas cesser d’avoir l’air paniquée ? Elle faisait déjà une proie parfaite, avec ses vêtements et son maintien. Si elle faisait preuve d’un peu d’assurance, elles auraient pu improviser une histoire pour dissuader les mécréants. Mais non, mademoiselle jouait aux dames en détresse avant même que l’orage ne les atteignît. Cerise sur le gâteau, elle s’était murée dans un silence et adoptait une attitude si peu naturelle qu’elle hurlait à trois kilomètres à la ronde combien elle était terrifiée. Parfait.
Et Eryn devait composer avec ça.

Phase d’observation.
Tandis que les hommes se rapprochaient, Eryn les scruta jusqu’à ce qu’ils furent à la portée de ses sens ; non, il ne s’agissait pas de mutants, juste de criminels ordinaires et sans vergognes, de ceux qui arpentaient les bas-fonds bien avant la catastrophe. Les armes, dissimulées, n’étaient que de vulgaires couteaux. Non pas qu’ils ne pouvaient entailler ou tuer, mais ils constituaient une menace moindre comparés aux rares armes à feu dans les rues. Tout, dans leur attitude, révélait qu’ils ne seraient pas du genre à lâcher le morceau. Ils insisteraient, Eryn n’en avait pas le moindre doute. Des hommes comme ça, ces moins que rien qui s’évertuaient à s’en prendre aux plus faibles, il y en avait partout, et ils étaient immédiatement reconnaissable par quiconque disposait de l’expérience nécessaire.

Rien ne servait de prendre des gants.

« Je ne suis pas perdue. Et si tu te mets sur mon chemin, tu vas y perdre des dents, compris ? »

Éclat de rire général, gras et stupide. Bien sûr, ils pensaient faire face à un chaton qui jouait les bravaches pour se tirer d’affaire. Eryn pourrait dès à présent user de son Beretta, mais ce serait ridicule de gâcher des munitions pour cette racaille de bas étages. En plus, s’ils étaient prêt à prendre des risques, ils pourraient toujours passer outre l’obstacle ; elle ne craignait pas tellement pour sa sécurité, mais, s’ils mettaient la main sur Charlotte, alors elle serait bien ennuyée. Non, justement, le pouvoir de dissuasion devait venir de la blonde tandis qu’elle ferait dignement son travail de garde du corps intérimaire.

Ce fut donc avec une nonchalance hautaine qu’elle pivota vers Charlotte, faisant dos l’air de rien à leurs agresseurs, et tendit lui tendit le Beretta, non sans en avoir d’abord désenclenché la sécurité. Elle prévint d’un ton grave qui ne souffrait aucune réplique :

« Les munitions sont à votre charge. »

Dans la mesure où elle prêtait son précieux compagnon pour sauvegarder sa cliente, il était tout naturel qu’elle paie pour les balles perdues ! Après tout, peu importait si elle savait tirer ou non, le tout était de dissuader une attaque potentielle sur le membre le plus faible du groupe, et éventuellement de lui permettre de se défendre, en espérant que la chance du débutant jouerait en sa faveur. Et puis, avec son accent du fin fond du Kansas, Eryn ne serait pas surprise de réaliser que dans sa prime jeunesse, Charlotte eût appris les rudiments du tir.
Derrière elle, les protestations montaient. Elle les ignora, s’assurant d’abord que Charlotte ce saisît de l’arme, avec au moins un signe d’approbation, ne serait-ce qu’une lueur de compréhension dans son regard.

Une main s’abattit lourdement sur l’épaule d’Eryn, des doigts l’agrippant avec force.

« On te parle, salope ! »

Le visage d’Eryn se ferma, perdit toute trace d’humanité. Son coude, dans un réflexe violent, alla percuter le menton de celui qui l’avait touchée, lui brisant la mâchoire sans autre forme de procès. Elle les avait prévenus, pourtant, qu’ils y perdraient des dents. Dans le même mouvement, elle fit volte-face, pour saisir l’homme par l’épaule, avant de lui assener un coup de genou dans le plexus, le craquement sinistre des côtes qui se brisent accompagnant son geste. Au suivant.
Eryn esquiva une lame qui visait le cœur d’un pas sur le côté et d’un coup de pied, brisa la rotule du second attaquant, avant de frapper la trachée du tranchant de la main, lui coupant la respiration avec une redoutable efficacité. Même quand elle n’agissait pas dans le but de tuer, Eryn faisait preuve d’une précision impitoyable.

À nouveau, elle se retourna pour frapper d’un coup de pied l’homme suivant ; son geste fut paré d’un mouvement expert, manquant presque de la déséquilibrer – dans ces moments-là, Eryn regrettait tout particulièrement son ancien équipement renforcé, qui lui aurait épargné la douleur cuisant dans le tibia. Elle plissa les yeux, jaugeant son nouvel adversaire. Le fameux leader de la petite bande. Évidemment, il s’agissait d’un tout autre morceau, et cela n’avait rien de surprenant, puisque les tréfonds de cette ville étaient régis par la loi du plus fort. Elle ne lui accorda qu’un bref sourire carnassier en guise de défi ; en cet instant précis, l’ex-militaire retrouvait cette joie primaire et bestiale, celle du combat qui faisait courir l’adrénaline dans ses veines. Elle était forgée pour ça, pour vaincre et mutiler. Ou tuer, selon la mission. Mais elle doutait que Charlotte appréciât la dernière éventualité.

Armé d’un couteau cranté, le chef fondit sur elle en espérant entailler l’abdomen de la jeune femme. S’y attendant, elle emprisonna le bras de ce dernier entre ses côtes et son bras et, d’un mouvement de torsion, l’obligea à lâcher son arme. Il ne se laissa pas déstabiliser pour autant et la repoussa d’un coup de genou.
Recul, évaluation. Deuxième charge.
L’avantage de l’absence d’équipement, en revanche, c’était que la jeune femme était bien plus rapide, ainsi allégée d’un poids. D’un pas, Eryn sépara la distance qui la séparait de son ennemi en espérant le surprendre et frappa le plexus de son coude, profitant de son élan. Puis, elle profita de l’instant gagné pour faucher les jambes de son adversaire, qui heurta violemment le sol et sombra dans l’inconscience. Si beaucoup pensaient que les combats à main nue s’éternisaient, ils se trompaient. Généralement, les êtres humains qui n’avaient pas subi quelque mutation étrange ne pouvaient pas encaisser les coups, aussi endurants fussent-ils. Eryn s’appliquait, depuis le début de cette existence, à briser tous les mythes télévisés des combats de rue.

Du bout de sa botte, elle s’assura que l’homme ne bougerait plus, et une fois qu’elle eût terminé, elle s’autorisa un pas en arrière pour voir comment Charlotte s’en sortait avec l’assaillant restant.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Sam 24 Nov - 18:49

Eryn ne répondit à aucune de ses réflexions, Charlotte devina bien vite qu'elle l'avait agacée, c'était logique. Mais elle n'avait pas pu s'en empêcher et se contrôler était impossible pour elle. Son habituel calme l'avait abandonné. Et devant tous ces types, c'était encore moins évident, la peur retournant l'estomac. Eryn, elle, gardait son sang-froid, sous l'oeil admiratif de Charlotte. Elle répondit au leader du groupe, menaçante. Des rires s'élevèrent cependant ce qui fit tressaillir la blonde. Elles étaient fini, c'était clair. Pourtant, Eryn ne se laissait pas impressionné : comment faisait-elle ? Charlotte était terrifiée, elle, prête à prendre les jambes à son coup ou à se cacher derrière la jeune mutante. Elle ne cessait d'ailleurs de la fixer, ne voulant plus regarder les hommes de peur de fondre en larmes et lorsqu'Eryn se tourna vers elle pour lui donner son arme, Charlotte lui lança un regard désespéré. Elle voulait qu'elle fasse quoi avec ça ? Tirer sur tout ce qui bougeait ? Et elle, comment allait-elle faire ? Charlotte prit tout de même le Beretta, hésitant une seconde cependant. Elle ne savait pas manipuler ces choses là, elle ne possédait même pas d'armes chez elle, juste un tazzer qu'elle n'utilisait jamais. Elle avait des vagues souvenirs de ses frères et son père, dans un champ, s'amusant à tirer sur des canettes de soda. Elle essayait de se rappeler des conseils qu'il donnait, en vain : tous ces souvenirs étaient bien lointain et le semblait plus encore maintenant. Elle eut un pincement au cœur en revoyant cette image, se disant qu'elle ne les reverrait peut être jamais.

Charlotte dû sortir bien vite de ses sombres pensées car déjà, les hommes s'attaquaient à Eryn. Un premier l'attrapa par l'épaule pour l'insulter et la blonde fut aux premières loges pour assister au spectacle : elle n'avait plus la même femme en face d'elle, celle-ci enchaînant les combats. Sauf que Charlotte ne put admirer la scène plus longtemps – heureusement pour elle, elle aurait pu en faire des cauchemars. Un des cinq hommes s'avançait vers elle, sûr de son coup. Apparemment, elle aurait droit à un seul assaillant, elle, alors que les autres s'acharnaient sur Eryn. Charlotte leva instantanément le Beretta dans la direction du type, sans vraiment réfléchir, suite à quoi l'homme éclata de rire. Elle ne savait pas ce qu'elle faisait et ça se voyait, seulement, elle ne pouvait rien y faire. Elle essaya donc la première chose qui lui vint à l'esprit, merci à tous les films qu'elle avait pu voir sur le sujet.

« N'avancez pas ou je tire. » lança-t-elle sur un ton suraiguë, paniquée.

Charlotte était incapable de tuer quelqu'un, elle s'en voudrait tout sa vie pour son geste alors ce n'était que des paroles en l'air, ayant pour objectif de dissuader l'homme d'avancer encore. Sauf que l'homme ne semblait pas intimidé par Charlotte et il éclata de rire, une nouvelle fois, sortant alors un couteau de sa veste. Il avait raison de ne pas se méfier, elle n'avait pas l'air crédible, le revolver en main, levé vers lui, tremblante et la peur se lisait clairement sur son visage. Alors, elle décida de tirer un coup, aux pieds de l'homme, histoire de lui faire peur. L'homme fit un bon en arrière, apparemment choquée. Il ne devait pas s'attendre à ce qu'elle tire et même Charlotte s'étonnait : elle fut surprise quelques instants du mouvement de recul dû au coup, mais se ressaisit vite. L'instinct de survie pouvait vous faire faire des merveilles, c'était bien connu. La réaction de l'homme la rassura même un peu : l'arme l'effrayait, merci Eryn : ce fut une bonne idée au final de la lui filer : elle ne savait pas gérer les combats aux corps à corps. Elle avait bien pris des cours de défense une fois, demande de sa mère lors de son emménagement à San Francisco pour ses études, mais ce n'avait pas été très concluant et elle avait arrêté très vite. Charlotte esquissa un petit sourire, fière de son coup et, avec un peu plus d'assurance, elle continua. Elle hésita un instant à tirer une nouvelle fois, mais ce n'était peut être pas très utile et elle ne voulait pas gâcher des balles. Surtout si c'était elle qui devait les lui payer ensuite.

« Je suis sérieuse, au cas où vous ne l'auriez pas remarqué. Alors, si vous tenez à la vie, barrez-vous. »

Charlotte essayait de contenir sa peur : pourquoi avez-t-elle dit ça ? Elle avait l'impression de jouer un rôle, comme si elle tournait un film, les mots n'étaient pas les siens, mais juste des répliques toutes préparées. Tout ça, ce n'était pas elle. Elle savait se montrer autoritaire, mais dans le cadre de son travail, pas en dehors. Ce n'était pas elle. Elle mit alors ces mots sur le compte de l'instinct de survie. Mais allait-il vraiment la prendre au sérieux ? L'homme regarda autour de lui, comme s'il cherchait un peu de soutien mais tous ses compagnons étaient à terre. Morts ou vivants, ils semblaient hors d'état de nuire. Eryn avait été plus qu'efficace. Charlotte n'avait pas le temps d'analyser les corps et elle se fichait un peu de leur état pour le moment, trop occupée à concentrer son attention sur l'homme. Hors de question de la quitter des yeux, même si Charlotte n'avait envie que d'une chose : fuir en courant. Fort heureusement, l'homme comprit bien vite qu'il n'avait plus beaucoup d'option s'il tenait à la vie : Eryn en avait fini avec les autres et elle se tournait vers eux d'eux. Il la regarda, puis jeta un coup d’œil à ses compagnons. Charlotte le tenait toujours en joue, les mains crispés sur le Beretta, extrêmement tendue. Le « survivant » prit alors la décision de s'enfuir, s'engouffrant dans une ruelle adjacente pour son plus grand soulagement : elle n'aurait jamais tiré directement à moins qu'il se jette sur elle. Et encore, ce n'était même pas sûr. La vie était quelque chose de précieux et elle n'était pas capable de tuer quelqu'un de sang froid ni même de le blesser.

Charlotte resta quelques secondes dans la même position, bras tendus, le Beretta toujours entre ses mains. Elle se rendait bien compte qu'elle avait probablement frôlé la mort et elle n'osait pas détourné le regard vers les quatre autres corps, étendus par terre. Elle ne savait pas vraiment s'ils étaient morts, vivants ou juste inconscient et à dire vrai, elle ne voulait même pas le savoir. Elle savait juste qu'elle était encore là, en bonne santé grâce à Eryn. Celle-ci mériterait son salaire, assurément. Reprenant ses esprits mais encore plus tremblante qu'avant, elle baissa l'arme, la regarda une dernière fois et se tourna vers la jeune mutante pour la lui rendre : elle ne voulait plus avoir à faire à ça. Elle avala difficilement sa salive en apercevant l'un des hommes. Non, il ne fallait pas qu'elle pense à quoique ce soit à propos d'eux, ils avaient essayé de leur faire du mal, il n'avait que ce qu'ils méritaient. Mais au fond, Charlotte culpabilisait toujours : tout ceci, c'était la faute de la Neo Corp.. Même si les gangs de ce genre existaient depuis des lustres, la criminalité à San Francisco avait triplé ces deux derniers mois, depuis l'apparition des mutations alors si ces gens avaient fini par attaquer les femmes sans défense, c'était la faute de l'entreprise pour laquelle elle travaillait, encore.

Une fois débarrassée de l'arme, Charlotte se sentit un peu plus légère, elle n'avait tué personne, certes, mais c'était tout comme. Elle ferma les yeux un instant, prenant une grande inspiration mais la peur ne se dissipait toujours pas. Et si le dernier homme était allé cherché du renfort ? Leur calvaire était loin de finir. Charlotte aurait bien besoin d'une pause, pour reprendre réellement ses esprits mais c'était peut être risqué, de s'arrêter là, à côté d'hommes à terre. Elle regarda alors Eryn préférant focaliser son attention sur elle même si, après une démonstration de ses talents au combat, elle l'impressionnait encore plus. Elle avait peur de dire quelque chose de travers et de finir comme ces hommes alors elle finit par lui dire le premier mot qui lui vint à l'esprit, après quelques longues secondes de silence de sa part, encore trop marquée par les événements : après tout, se faire attaquer en pleine rue, devoir presque tuer quelqu'un par légitime défense, ce n'était vraiment pas un moment agréable à passer.

« Merci. »

Simple mais sincère. Charlotte ne savait vraiment pas comment elle s'en serait sortie si elle n'avait pas été là. Elle était maintenant persuadée qu'elle sortirait de cet endroit vivante : Eryn aurait très bien pu la laisser, là, entre les mains de ces voyous, prenant la fuite. Non, au lieu de ça, elle lui avait passer son arme pour qu'elle puisse se défendre. Alors Charlotte n'avait décidément plus aucune raison de douter d'elle.
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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mar 27 Nov - 15:26

Rassurée sur le sort de Charlie et son Beretta à nouveau dans son holster, Eryn entreprit de palper son tibia, pour s’assurer qu’il n’y avait rien de cassé, de même que ses côtes où elle avait encaissé un coup de genou un peu plus tôt. Si apparemment, tous les os semblaient en place, elle ne doutait pas qu’elle aurait quelques sérieux hématomes. Rien d’insurmontable néanmoins. Elle devait avouer qu’elle était plutôt étonnée de ne pas avoir pris plus de coups ; les hommes, en surnombre, auraient pu la neutraliser en s’y prenant convenablement mais visiblement, les choses convenables ne seyaient pas à ce genre d’individu, ni pour le comportement, ni même pour leur façon de se battre. Le pathétisme de ces moins que rien laissa à Eryn qu’un sentiment de frustration ; habituée à des situations bien plus extrêmes, au chant des armes et aux tambours de la guerre, aux longues nuits d’attente immobile, aux suffocantes conditions de survie, elle luttait désormais dans une société lamentablement primitive et pourtant que trop imprévisible.

Elle jeta un regard à Charlie tout en se redressant sur cette pensée singulière.
Imprévisible. Oui. Jamais elle n’aurait prévu, non plus, que Charlie tirât dans de telles conditions, pas plus qu’elle ne survivrait aussi aisément à cette petite escarmouche. Certes, Charlotte ne devait pas considérer cette épreuve comme aisée ; cela en faisait davantage un exploit.

Le remerciement fit hausser les épaules à Eryn. Après tout, cela n’avait rien de gratuit. Peut-être qu’ainsi Charlotte aurait davantage confiance en elle, qu’elle cesserait de penser qu’Eryn pouvait lui mentir sur toute la ligne ; elle tenait ses engagements – et ses menaces aussi.

Elle reprit sa marche de son pas assuré, prenant bien soin de ne pas laisser paraître la douleur qui irradiait dans sa jambe et ses côtes à chaque mouvement. Elle ne souffrait pas. Ce ne serait qu’un gros bleu. Elle se répétait sans cesse ces paroles mentalement, croyant dur comme fer à la magie de l’auto-persuasion, et laissa finalement ses pensées dériver ; à nouveau, la voilà toute à sa mission, attentive. Ce n’était pas parce qu’elles avaient vécues un danger qu’elles étaient à l’abri de tout autre. Elle avait d’ailleurs nettement accélérer la cadence, au cas où celui qui avait fui n’allât chercher du renfort.

Peu à peu, le silence des ruelles glauques et désertes laissèrent place à la rumeur lancinante du Black Market. À l’est. Eryn n’avait pas perdu son sens de l’orientation, pas même dans le dédale étourdissant et celle était arrivée exactement là où elle le souhaitait. Là où la foule grouillante du marché noir s’estompait pour plonger dans les droits sentiers qui menaient à la Bright City. Peut-être que, plus loin, une ronde de Peacekeeper se tiendrait à la frontière pour s’assurer de la sécurité des habitants privilégiés. C’était la raison pour laquelle Eryn s’arrêta ; pas question de faire un pas de plus, il devenait bien trop risqué pour elle de s’aventurer près des chasseurs de primes qui se prétendaient force de l’ordre. Et, elle ne pouvait pas faciliter la tâche à Charlotte si elle décidait de lui tendre un piège malgré tout. Chose qu’elle signifia en brisant le silence de sa réplique laconique :

« Je ne vous accompagne pas plus loin. »

Elle se tourna vers Charlie pour lui donner quelques recommandations et tomba nez-à-nez avec une liasse de billets verts. Eryn n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi direct et prompt dans sa façon de rémunérer un service. D’ordinaire, les gens convoitaient les dollars avec tant d’avidité qu’ils se répugnaient à les donner. Était-ce de l’embarras de la part de Charlotte, ou faisait-elle partie de ces gens exempts de tracas financiers ? L’ex-militaire se saisit de son butin, avec un discret « merci » et le rangea dans la poche intérieure de sa veste sans même prendre la peine de le compter. Elle palpa ensuite l’extérieur du cuir pour s’assurer que personne ne pouvaient voir de l’extérieur que ses poches étaient si pleines – on n’était jamais trop prudent – avant de remonter un peu la fermeture éclair, de sorte de ne pas se privé l’accès à son arme fétiche.

Le malaise la prit un instant ; handicapée, probablement, quand il s’agissait de relations sociales et surtout tenue trop longtemps à l’écart des autres, elle ne savait comment finir cette conversation, comment achever cette rencontre. Devait-elle se montrer plus engageante, la rassurer ? Lui serrer la main, la menacer ? Aucune des options qu’elle imaginait lui paraissait bancale et inadaptée – en admettant que quoi que ce fût pût s’adapter à San Francisco aujourd’hui. Elle finit par hausser les épaules et s’armant de toute sa désinvolture.

« À bientôt. »

Laconisme, encore, mais aussi une promesse. À Charlotte, désormais, d’interpréter ces paroles comme bon lui semblait. Était-ce le début d’un semblant de sympathie ? Ou un rappel de ce qu’elle lui devait ? Pour Eryn, c’était simplement une formule pour combler un vide, une impression, enfin, de ne plus être seule dans ce chaos.
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Charlotte G. Hawkins

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Message Sujet: Re: « Vous et moi, faut qu'on parle affaires. » | Mer 28 Nov - 10:38

Charlotte n'aurait jamais pensé que les choses tourneraient mal, à partir du moment où elle n'était plus seule, elle devenait une cible moins facile et donc, elle s'était sentie un peu en sécurité, avec Eryn à ses côtés, une fois que celle-ci ne semblait plus se méfier d'elle au point de l'éliminer. Mais au final c'était peut être inévitable : elle avait simplement voulu voir tout en rose et oublier les réelles conditions de vie du Black Market, tout en ayant connaissance de tout ça grâce aux divers rapports qu'elle avait lu et ce qu'elle avait pu entendre en discutant avec des collègues ou même des proches. Seulement, il était toujours plus simple de se bercer d'illusions, de ne croire qu'une partie de la réalité. Dans tous les cas, Charlotte n'était pas prête à retourner dans ce quartier, qu'elle soit seule ou accompagnée. Elle ne voulait pas revivre une embuscade de ce genre, devoir tenir une arme, tirer, même dans le vide. Non, elle, elle était au-dessus de tout ça, elle vivait dans la partie de la ville qui avait un certain confort, avec des gens qui ne s'attaquaient pas aux femmes sans défense. Il y en avait toujours eu, certes, mais beaucoup moins dans des conditions différentes.

Charlotte était encore tellement perturbée par l'attaque qu'elle se souciait à peine de l'état dans lequel se trouvait Eryn, un peu égoïstement peut-être mais elle savait aussi qu'elle n'avait pas à materner la jeune femme. D'abord, elle la prenait un peu pour une wonder-woman des temps modernes, aux capacités sur-développées, au point où elle se demandait si son pouvoir n'avait pas une influence sur sa forme physique. Enfin, elle avait reçu un enseignement militaire adéquat aussi, cela devait jouer fortement mais Charlotte ne pouvait évidemment pas s'en rendre compte, n'étant qu'une piètre sportif. Son sport quotidien, c'était son travail et c'était parfois bien plus fatiguant que les entraînements de football ou de natation. Puis, Eryn cachait tellement bien tous ses sentiments que Charlotte avait toujours du mal à voir si elle allait bien ou pas, si elle n'avait rien de cassé. Elle ne l'avait pas vu se masser le tibia, trop préoccupé par son propre état, donc elle était persuadée que la jeune mutante allait bien : elle se contenta de hausser les épaules lorsqu'elle la remercia et se remit en marche. Charlotte aurait voulu rester posée encore cinq minutes, le temps de reprendre ses esprits pour de bon mais elle comprenait tout à fait qu'il ne fallait pas qu'elles traînent, c'était trop dangereux de rester sur place.

Eryn avait accéléré d'un coup et Charlotte avait du mal à suivre, même si elle faisait de son mieux pour avancer vite elle aussi. Ce n'était pas un rythme de marche normal pour elle qui portait généralement des talons hauts, ce qui la ralentissait considérablement et elle était donc habituée à marcher plutôt lentement. Elle s'en fichait un peu au final, même si c'était handicapant dans de pareilles situations. Elle se bénit alors pour avoir opter pour des chaussures plates, qu'elle avait jugé bien plus adéquate que ses talons, tous de grandes marques. Penser à quelque chose d'aussi futile que ses chaussures l'aida un instant à oublier la peur qu'elle avait eu devant l'homme qui n'avait pas pris d'assaut Eryn mais qui l'avait choisi elle, comme cible. Elle garderait longtemps cette image mais finirait par oublier : elle n'avait plus rien à faire dans ces rues, elle ne vivrait jamais là-bas, elle n'était pas une mutante et ne serait recherchée par les Peacekeepers. A cette pensée, elle se sentait déjà mieux et elle réussit à trouver la motivation nécessaire pour accélérer le pas, elle aussi. Elle n'avait plus de soucis à se faire maintenant, ou presque. Eryn reviendrait un jour pour lui demander quelque chose et Charlotte respecterait sa part du marché : d'une part parce que cela faisait parti de ses principes et d'autre part parce qu'elle craignait qu'Eryn soit du genre à vouloir se venger. Et après une démonstration de ses capacités, elle n'avait vraiment pas envie de la contrarier. Mais elle décida de passer à autre chose pour le moment : ce serait un problème plus tard. Là, elle avait juste envie d'un bon bain chaud après cette longue journée de « congés ». Le lendemain, elle reprendrait une vie normale, elle se replongerait dans le travail pour oublier naïvement tout ce qu'il se passait autour d'elle, à San Francisco.

Charlotte serait incapable de se souvenir des rues qu'elle avait emprunté pour retrouver ce qu'elle estimait être, injustement, la vraie civilisation. Elle se contentait de suivre Eryn, en silence, et c'était déjà assez compliqué. De toute manière, elle n'avait aucun intérêt à essayer de retenir un chemin précis pour sortir du Black Market vu qu'elle n'y remettrait jamais les pieds. Alors qu'elle approchaient de sentiers plus avenants, Eryn s'arrêta pour lui dire qu'elle n'irait pas plus loin. Charlotte la regarda, surprise. Mais au lieu de dire quelque chose, elle se contenta de hocher la tête.

Leurs chemins allaient donc se séparaient donc. Charlotte savait qu'elle n'était plus loin de la Bright City mais elle aurait préféré être vraiment à la frontière, au cas où. Enfin, elle avait déjà bien abusé de la jeune mutante, de ses pouvoirs puis de ses talents de garde du corps, il fallait donc qu'elle se fasse une raison. Il y avait sûrement des Peacekeepers qui surveillaient les alentours, elle pourrait jouer la femme perdue, qui a pris un mauvais bus, voilà tout. Cependant, elle préférait ne croiser personne : elle était censée être chez elle pour se reposer et sa présence ici était louche, assurément. Charlotte devait donc se faire une raison, elle allait continuer seule à présent. Aussi, elle se rappela qu'elle devait payer Eryn pour le travail effectué – et elle méritait largement son salaire. Elle sortit donc d'une poche intérieure de sa veste une liasse de billets, quelques centaines de dollars, qu'elle avait prévu à la base pour payer un renseignement précieux. C'était de l'argent qu'elle avait mis de côté, chez elle, en cas d'urgence. Le donner à la jeune mutante ne la dérangeait même pas : elle savait qu'elle ne le gaspillerait pas alors elle lui tendit de bon cœur, bien qu'un peu gênée qu'Eryn soit réduite à effectuer ce genre de boulot pour gagner sa vie. Mais l'argent n'était pas aussi important pour elle que pour d'autres, c'était juste un moyen de continuer à vivre confortablement, elle ne rechignait donc pas à lui filer ces quelques économies. Elle esquissa un léger sourire lorsqu'elle la remercia.

« Vous le méritez, vraiment. Sans vous, je ne sais pas ce que je serais devenue. »

Charlotte ne put s'empêcher de le lui dire, même si elle avait hésité. C'était une manière de lui montrer sa reconnaissance aussi : tout ce qu'elle disait était sincère. Elle se sous-estimait peut être mais cette journée n'avait était qu'une succession d'exploit pour elle, Charlotte poussant sa chance toujours plus loin. Un silence s'installa ensuite, silence coupé par Eryn. A bientôt. Malheureusement, oui. Sa prochaine rencontre avec la jeune mutante signifierait qu'elle devrait payer sa dette. Pourquoi viendrait-elle la voir sinon ? Enfin, il lui faudrait un moment avant de la retrouver et peut être qu'Eryn ne trouverait jamais quelque chose à lui demander. Charlotte l'espérait. De nouveau avec un sourire, elle lui répondit :

« A bientôt, oui. » commença-t-elle, pas très enchantée à cette perspective. « Et, encore merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. »

Eryn allait peut être la trouver insistante mais Charlotte estimait qu'elle aurait pu la laisser mourir là-bas, ce n'était qu'une inconnue, une femme qu'elle n'avait jamais rencontré et qui était la voir pour profiter de son don, en quelques sortes. Sauf qu'elle avait jugé la situation autrement et Charlotte ne pouvait que la remercier pour cela. Elle la regarda s'éloigner, quelques secondes et partit dans la direction opposée, impatiente de retrouver son appartement et priant pour qu'elle n'ait aucun problème en chemin, même si, quelque part, elle savait que cette histoire n'était pas finie.
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