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Aftermath [Erynette!]

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Anderson Dawn

First in Deed

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Anderson Dawn
First in Deed
Message Sujet: Aftermath [Erynette!] | Dim 29 Mai - 12:36

Je suis sûr que les chevaliers avaient moins de problèmes.

Certes, je ne m'y connais que très peu en histoire médiévale, mais d'après les bouquins et les films que j'ai pu voir, les héros de légende d'antan n'auraient eu aucun soucis à se tirer de ma situation présente. D'ailleurs, cette situation ne se serait jamais présentée, en réalité. Ils avaient une éthique, un honneur, qui faisait force de loi. Sauver une demoiselle en détresse, protéger les innocents, ça valait quelque chose à l'époque, même s'ils étaient considérés comme des adversaires, non ? Aujourd'hui, il faut croire que non. Peut-être —sûrement, même— que la situation présente n'aide en rien ces principes chevaleresque, mais j'étais presque sûr de m'en prendre plein la gueule si jamais je laissais s'échapper Eryn Blake et l'autre mutant.

Bon, après, on pouvait commenter sur le fait qu'Eryn n'était pas vraiment une demoiselle en détresse, surtout si on considère que les femmes de l'époque ne recevaient pas une instruction militaire aussi poussée, et avait la capacité de faire s'arrêter net un opérateur du SWAT d'un simple regard —enfin, pas un « simple » regard, les yeux des Blake sont tout un sujet, sur lequel il conviendrait de s'interroger, voire d'en faire une thèse. C'est sûrement une des raisons pour laquelle personne n'a vu mon échec comme un triomphe éloquent de la renaissance des chevaliers en armure de Kevlar.

Bien au contraire, même. Contrairement à ce que peut laisser croire les films d'action, les « bad guys » ne s'échappent que rarement lorsqu'ils sont encerclés par les forces d'interventions spéciales de la police. Voire même jamais, en fait. Dans le pire des cas, l'action se solde par la mort des retranchés, et dans le meilleur, par leur prise en vie. Mais qu'ils puissent s'échapper ? Nan. Ça n'arrive pas. Ça n'est pas censé arriver. Et quand ça arrive, la commission d'enquête cherche des coupables. Parfois, surtout depuis le début de la quarantaine, on peut blâmer plusieurs boucs émissaires. L'équipement défectueux. La mauvaise coordination avec la Nero Corp. L'épuisement chronique des hommes. Voire tout simplement la puissance de certains mutants. Mais étrangement, ils n'ont pas eu besoin de se donner beaucoup de mal à imaginer des scénarios, cette fois. Le coupable tout trouvé, c'était moi. J'ai commis des erreurs tactiques, j'ai commis des infractions au règlement en allant directement parler aux fugitifs, tout en ayant soigneusement coupé mes communications. Puis, je m'étais « laissé » capturer, ce qui avait facilité leur fuite. Dernière erreur, je ne m'étais pas couché lorsque les tirs avaient commencé à pleuvoir sur les fuyards, et j'en avais d'ailleurs récolté un éclat de balle dans la jambe. Malheureusement, personne n'avait voulu croire non plus à l'histoire du pauvre flic blessé dans l'exercice de ses fonctions.

Il n'en avait pas fallu beaucoup plus pour qu'un bureaucrate particulièrement zêlé —et particulièrement remonté contre moi depuis la mort du Sheriff— se charge de l'affaire, et commence à tirer des conclusions. Comme la fameuse « aide » inconnue apportée à Eryn Blake dans un quartier déserté. Ou les témoignages, qui n'avaient pas tardé à arriver, de mes propres hommes sur ma réluctance notoire à livrer les mutants à la Neo Corp. Moins d'une semaine après l'assaut infructueux, j'étais mis à pied. Seuls quelques fidèles ayant témoigné en ma faveur m'avaient permis d'éviter le renvoi pur et simple de l'équipe du SWAT. Le seul avantage, c'était qu'ils ne pouvaient rien prouver, et même en dehors de cela, ils ne pensaient pas réellement que je fricotais avec Eryn. Ils pensaient juste que j'étais trop pro-mutant, et que par conséquent, quelques jours de mise à pied pourraient me permettre de rentrer dans le rang. Avec des séances obligatoires de sessions sponsorisées par la Neo pour nous expliquer les dégâts dont étaient capables les mutants, et de la nécessité de les capturer.

Je m'étais inquiété, au départ, d'être suivi, mais après avoir effectué plusieurs manoeuvres de contrage, j'étais convaincu qu'il ne s'agissait que de ma paranoïa. Maintenant que je ne participais plus aux opérations, je me retrouvais néanmoins avec beaucoup trop de temps sur les bras. J'étais retourné à mon appartemment, me rappelant de la catastrophe que j'avais pu faire pour essayer de soigner tant bien que mal Eryn, et j'en avais eu un fou rire nerveux pendant une bonne dizaine de minutes. J'avais préparé plusieurs lettres destinées au dehors si jamais je ne m'en sortais pas, les dissimulant soigneusement sous mon plancher. Des lettres qui me grilleraient totalement vis-à-vis de mes pairs si jamais elles venaient à être lues, tant elles racontaient tout ce dont j'avais pu être témoin.

Je détestais tout de même l'idée de rester enfermé dans mon appartement, et je m'étais donc résigné à sortir, en civil et armé de mon arme personnelle, un vieux Colt M1911 ayant appartenu à mon père. Pas grand-chose, en comparaison avec le SWAT, mais ça m'allait bien. La capuche remonté sur ma tête, je me faisais presque l'impression d'être un jeune gangster. Je déambulais au hasard des ruelles, essayant de vérifier si je faisais l'objet d'une surveillance. Je ne restais pas longtemps dans la zone sûre, d'ailleurs, je préférais de loin aller chercher les ennuis dans les quartiers désertés.

Je relevais bientôt la tête pour observer l'église délabrée qui se tenait encore là. Je n'avais jamais été très religieux, mais je décidais de m'y poser. De toute évidence, personne ne viendrait m'y déranger, même pas un confesseur. Je poussais la porte avant d'entrer. Quelques silhouettes étaient présentes, mais je ne leur prêtais aucune attention. Ce lieu devait être évidemment parfait pour quelques échanges sous le manteau, voire des réunions entre personnalités recherchées. L'église était d'ailleurs l'objet d'incursions de Peacekeepers, quand on pouvait se le permettre, mais sans preuve, on n'avait pas les moyens de la faire surveiller.

Je finis par m'installer sur un banc, baissant ma capuche avant de sortir une petite flasque de whisky de ma poche. Etait-ce comme ça que j'allais finir ? Un type vieilli avant l'heure, abandonné par le camps qu'il servait, et dans l'incapacité de rejoindre le camp qu'il protégeait ? Qui préférait boire plutôt que de faire quelque chose d'utile, comme espionner la Neo Corp à ses heures perdues ? La vérité était que ma suspension m'avait tout de même porté un sacré coup au moral. Je savais ce que je faisais, et si je devais le refaire, je ferais tout exactement de la même manière —peut-être juste en me décalant légèrement pour éviter de me prendre ma blessure qui me faisait encore boitiller.

Je n'aurais pas supporté l'idée de voir Eryn emmenée. Mais maintenant que j'étais mis à l'écart, je n'avais quasiment aucune chance de la revoir. Je ne savais plus quels étaient les quartiers où on croyait l'avoir aperçue, où on savait qu'ils étaient des recoins à mutants. Je n'étais plus au courant de rien, et je me retrouvais à picoler dans une église en attendant je ne sais quel miracle. Les miracles, contrairement aux bonnes histoires, n'existent pas. Il n'y a pas non plus de grand dragon que je peux vaincre pour rétablir l'équilibre des choses. Il n'y a que les gens qui se battent, et ceux qui restent à l'écart.

Je suis sûr que les chevaliers avaient moins de problèmes.
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Eryn Blake

Mutation Sensor

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Dim 29 Mai - 17:04

N’en déplaise aux doux rêveurs et aux idéalistes, chaque époque a ses démons, ses fantasmes, sa part de mythes, sa part de réalité. Les héros, sublimés par les histoires, et les dessous bien plus sombres que l’Histoire ne saurait conter.

Difficile de se bercer d’illusions, donc, quand on a vécu la guerre, quand on a vécu suffisamment d’horreurs. Pourquoi les êtres humains d’avant seraient-ils mieux que nous ? Et ce d’après ? Quoi qu’on en dît, l’humanité courait à sa perte, répétant inlassablement les mêmes erreurs, embellissant les récits, dissimulant les méfaits. On fermait inlassablement les yeux sur les horreurs, on tentait de les enterrer, on maîtrisait à la perfection la politique de l’autruche. Et oui, on se bourrait le crâne de putains de contes de fée jusqu’à s’en étouffer.

Prenons l’exemple des beaux chevaliers, par exemple. Ce n’était probablement que des contes pour embellir leurs épopées, pour justifier les croisades, pour redorer le blason face à la population exploitée ! C’était de belles histoires pour justifier une violence gratuite, une barbarie sans nom. Alors, peut-être existait-il des exceptions. Peut-être qu’il était possible d’avoir un honneur et des principes à l’époque. Mais soyons francs : à l’époque, il n’y avait même pas la crainte de la médiatisation, pas de justice assez cohérente pour empêcher les méfaits commis envers les plus démunis. Rien n’empêchait l’homme qu’on vénérait pour ses prouesses chevalresques de commettre les pires atrocités sur son fief, d’exploiter ses paysans, de violer les femmes et les victimes de guerre, de ramasser son butin. On imaginait les chevaliers propres et merveilleux, mais tant au niveau physique que moral, rien ne les rapprochaient de nos merveilleux contes de fée.
Quelque part, il fallait se forcer à imaginer que le monde d’aujourd’hui était mieux. Que le progrès existait. Qu’un jour, la barbarie laisserait enfin place à la paix et l’harmonie.

Et elle, dans tout ça ? Et ses idéaux, piétinés, encore et encore ? Et ses principes, et son éducation qui dictaient son comportement ? À quoi bon jouer aux héros ? Rien n’y faisait. Rien n’avançait. Une vague de désespoir la poussait à se terrer à nouveau, à passer en mode survie. Dans ses derniers retranchements, elle se transformait en machine ; tout devenait mécanique, plus rien n’avait d’importance. Murée dans cette solitude amère, elle essayait d’oublier les conséquences de ses choix.

Puis il y avait Anderson Dawn.
Lui, il sortait très certainement d’un de ces fameux contes pour enfants, plein de beaux principes, le côté humain en plus. Comment est-ce qu’un type pareil s’était-il retrouvé dans l’armée ? Il aurait mieux fait d’écrire des bouquins, ou de s’occuper d’une organisation humanitaire quelconque…
Cette pensée fit sourire Eryn.

Malgré elle, elle se demandait s’il allait bien.
Elle avait fini par lâcher ce fichu Jeffrey, lassée de ses petits jeux, incapable de savoir si ses informations avaient de la valeur ou non. Il viendrait la trouver si jamais il avait une piste tangible, ou trouverait une autre personne pour lui servir de pigeon. Elle garderait un œil sur cette histoire, certes, mais Eryn savait pertinemment dans quelle mesure elle pouvait prendre des risques – ou non.

Anderson l’avait une fois de plus sortie du pétrin.
Elle était restée à l’affut pour savoir comment il s’en était tiré, elle avait tendu l’oreille. Les informations ne manquaient pas, dans les bas-fonds, et elle avait soutiré à un certain ex Peacekeeper ce dont elle avait besoin. De relation en relation, serrant les dents face à la perspective du risque, elle était enfin parvenue à en apprendre davantage.

Mise à pied.
Un vague soulagement se glissa sous sa carapace blindée. C’était toujours mieux qu’un aller simple pour Alcatraz. C’était aussi la fin de son ultime carte à jouer. Après tout, elle ne pouvait pas éternellement se tourner vers lui chaque fois qu’elle était en difficulté. Elle avait fait preuve d’un égoïsme très poussé, d’une froideur sans pareille et d’une ingratitude exceptionnelle envers monsieur SWAT. À présent, bien des mois plus tard, Eryn éprouvait une forme de culpabilité insidieuse.

Elle n’eut pas à réfléchir longtemps.
Elle guetta l’appartement de Dawn. Après tout, il n’était pas du genre à tenir en place. Il y ferait certainement un passage, certes, mais il ne pourrait pas se confiner entre quatre murs trop longtemps. Il serait simplement question, ensuite, de le filer discrètement. Voire plus que discrètement, puisqu’il craindrait d’être suivi. Puis s’assurer aussi qu’il n’était pas suivi, et puis qu’elle non plus. Ce plan quelque peu hasardeux aurait probablement donné la migraine à quelqu’un d’autre qu’Eryn. Mais elle n’en était pas à sa première filature en territoire hostile, et elle s’en sortit plutôt bien, même si elle redouta une fois ou deux d’avoir été percée à jour.

Moment d’hésitation.
Comment s’annoncer ? Comment s’excuser ? Comment le remercier ? Chose plutôt inhabituelle, elle était venue sur un coup de tête, sans trop savoir comment s’y prendre. Elle essaya de deviner ce qu’il pouvait ressentir. Non, elle n’avait pas besoin de deviner quoi que ce soit : s’il avait été aussi proche de ses hommes qu’elle l’avait été de son unité, alors il devait juste se sentir mal. Très mal.

Elle porta une main à son arme par mesure de précaution, et sortit de sa cachette, en s’annonçant d’une voix rauque :

« Hey… »

Plutôt maigre, comme entrée en matière, mais il faudrait que cela fasse l’affaire. Après tout, peut-être était-il rancunier et déciderait d’ouvrir le feu ? Ils se connaissaient si peu.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: A | Dim 29 Mai - 18:31

On a parfois l'impression qu'on n'est pas à sa place. Il y a sûrement des gens qui ont fait des études sur ce sentiment, accusant les conventions sociales, les réactions des gens, ou encore le malêtre intérieur de la personne. A vrai dire, je me fiche de ces études. Tout ce que je sais, tout ce que je sens, c'est que je ne suis pas à ma place ici. Ça n'a rien à voir à l'église, ça n'a rien à voir non plus avec les silhouettes que j'ai senti me dévisager dès que je sui entré. Je ne suis pas à ma place, parce que ma place est dans une combinaison noire, à faire mon boulot.

Mon boulot. Sauver des vies. Sauver des gens. Voir l'humain comme la priorité numéro une. Pas de traquer des mutants pour les envoyer Dieu sait où. C'était ça qu'on était censé faire à la base, et on le faisait bien. On le faisait tellement bien qu'on n'avait pas officiellement été dissous lorsque tout a commencé. Et puis... Les choses ont fini par tourner au vinaigre. Certains ont developpé cette accoutumance à la violence, à l'arrestation injustifiée d'innocents, à ne plus se préoccuper des cibles. Alors qu'avant on avait le nom des individus, leurs occupations, leurs relations, qu'on essayait de les comprendre avant d'intervenir, maintenant, on se basait juste sur des signalements d'activités étranges, et on fonçait dans le tas.

Et encore. J'aurais pu résister. Je savais d'expérience que dans l'armée ou dans un groupe d'intervention comme le SWAT, l'unité de base était la plus résistante. Les liens forgés entre soldats, les réflexes acquis sous une épreuve commune, partager le sang et la sueur faisait ce que les civils appelaient communément la fraternité d'armes. Et c'était précisément cela. Je savais que je pouvais leur confier ma vie, tout comme eux, la leur. Une telle unité était capable de mieux endurer le stress de façon collective, de mieux s'organiser, de mieux gérer des situations difficiles. Mais dès lors qu'elle volait en éclat, ça signifiait souvent la fin.

On avait su passer ensemble le rude hiver, même les premières fissures lorsque certains membres avaient commencé à ne plus éprouver la moindre empathie envers les mutants. On était passé outre... J'étais passé outre, parce qu'ils restaient en ligne. Ils restaient professionnels. La faute était mienne. Je les avais laissé tranquille, sûrement par peur qu'on puisse remonter à cause de moi jusqu'à Eryn Blake, qu'on ne voit clairement à-travers moi si jamais je faisais preuve de la moindre compassion envers les mutants. Ça avait constitué le premier élément. Le second avait eu lieu lors de l'intervention contre Eryn. La blessure presque mortelle d'un de mes gars avait véritablement rempli d'acharnement les plus extrémistes, là où les autres étaient restés droits. Avaient écouté mes ordres. Toute l'opération aurait pu apparaître comme un fiasco, certes, mais un fiasco modéré, si jamais ces types n'avaient pas tout bouleversé. S'ils n'étaient pas intervenus, s'ils avaient respecté mes ordres... Je n'aurais pas eu à me mettre devant la fuite d'Eryn et peut-être que je serais encore en position.

Au fond... Non, je ne pouvais pas dire que ça ne me dérangeait pas. Surtout que mon second n'avait pas été sélectionné pour me remplacer. A la place, ils avaient récolté un des autres, et il n'y avait pas de doute quant aux nouvelles instructions qu'il devait avoir donné. Ma mise à pied, mon commandant en second écarté, et le coma de l'opérateur blessé avaient eu raison de la cohésion. Une équipe faisait trop de zèle, là où une autre traînait les pieds. Malgré le nouvel acharnement qu'allait démontrer l'équipe des flics, si rien n'était fait, d'ici quelques mois au plus l'escouade serait dissoute et brassée dans le reste des Peacekeepers.

C'était mes gars. Et je ne supportais pas l'idée de voir l'équipe se détruire de l'intérieur. Je ne pouvais décemment pas blâmer Eryn, elle n'avait été qu'un symptome de ma propre personnalité en proie au doute, mais ce serait tellement plus facile de le faire. Si je l'avais arrêtée lors de notre première rencontre, je me serais sûrement résigné. J'aurais abandonné tous mes grands idéaux en me trahissant moi-même. J'aurais pu la laisser filer. Mais non. J'avais décidé de l'aider. Et de là, l'engrenage était en mouvement, et rien ne semblait l'arrêter. Je l'avais soignée, j'avais volé, j'avais affronté mes collègues, et voilà où j'en étais maintenant.

Je ne suis pas à ma place. Quand on a porté l'uniforme pendant si longtemps, on a du mal à s'imaginer une vie sans. Au-delà de ça, on n'est simplement plus habitué. On garde des réflexes de soldats, on reste vigilant alors qu'on voudrait se laisser aller. Et quand une figure-clé apparaît devant soi, on n'en croit pas ses yeux. Enfin, moi, en tous cas, je refuse de croire ce que je vois. Je n'ai pourtant pas bu au point d'halluciner mais... Je me relève subitement, agrippant la rambarde des fauteuils devant moi.

Mon regard est planté dans celui d'Eryn Blake.

Malgré sa nouvelle coupe, je la reconnaîtrais n'importe où. J'avise sa main portée à son arme, et j'hausse un sourcil en roulant un peu les yeux. Fidèle à elle-même, incapable de faire confiance à qui que ce soit. Peut-être qu'il faudra que je me prenne une véritable balle la prochaine fois ? Alors qu'elle lance sa laconique salutation, mes pensées défilent à toute allure. Elle n'a pas l'air surprise de me voir ici. Et c'est elle qui vient à ma rencontre. Ce qui laisse à penser qu'elle avait prévu de me trouver. Ce qui prouve que mes techniques de contre-filature ne sont pas du tout au point. Je continue de la dévisager sans mot dire, tandis qu'une multitude de pensées contradictoires fusent dans ma tête. Si on me voit avec elle, ç'en est foutu de moi. Si je la ramène au central, tout serait pardonné. Ce genre de trucs.



« Blake, dis-je machinalement. Il y a un PK derrière moi, ou tu comptes me tirer dessus ? »


Sans la quitter des yeux —quitte à ce que ça en devienne limite glauque— je me laisse retomber sur le banc. Eryn Blake est là. Mieux, elle est venue me trouver. A priori, je serais tenté de dire qu'elle doit avoir une raison. Comme elle ne se vide pas de son sang, je peux supposer qu'elle doit avoir besoin d'un service, mais elle doit se douter que ma situation n'est pas optimale pour l'aider, non ?


« Tu viens me recruter dans ton gang de corsaires ou juste partager la dernière chose que je peux t'offrir ? demandais-je d'un ton ironique en tendant ma flasque dans sa direction, baissant —enfin— le regard. »


Eryn Blake est venue me trouver. Un mélange de sentiments s'emparent de moi, mais je ne tente pas de les analyser. Je n'y arrive pas. Je n'ai pas la force. J'ai juste la volonté enfantine de vouloir tout retrouver comme avant, avant que je ne sois obligé par mes ordres de la détester, et contraint par mes principes de l'aider.

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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Dim 29 Mai - 20:05

Bon, au moins, il n’a pas perdu son sens du sarcasme…
Elle leva les yeux au ciel pour échapper à son regard insistant – et accusateur ? – délaissa son arme et s’avança jusqu’à lui, pour se laisser tomber sur le banc à son tour. Elle demeura silencieuse un moment, refusant la flasque tendue d’un simple signe de tête. Elle ramené une jambe contre elle et posa son menton sur son genou, pensive. Ce n’était pas grand-chose, et elle ignorait comment elle aurait réagi à la place du Peacekeeper, mais elle pensait qu’un peu de compagnie ne pouvait faire de mal à personne. Elle était bien placée pour le savoir.

Un gang de corsaire, mais quelle idée…
Ses prétendus amis, en fin de compte, étaient trop peu nombreux. Certains s’étaient volatilisés (étaient-ils seulement en vie ?), d’autres, elle ne savait pas trop dans quel camps ils se trouvaient réellement. Comme l’autre pleurnichard agaçant. Finalement, si elle avait quelqu’un dans son camp, c’était probablement la gamine pyrokinésiste. Elle n’avait rien contre Sasha, mais ce n’était pas tout à fait la première personne à laquelle elle penserait si elle avait besoin de renforts.

Non, cette personne se trouvait à côté d’elle.
Mais il fallait faire une croix dessus.

« J’suis désolée, Dawn. »

Prendre tant de risques pour ces quelques mots.
Il pouvait se retourner contre elle. Ils pouvaient être surpris. Ce serait signer leur fin. Ou en tout cas, celle d’Eryn. Dawn pourrait toujours s’en sortir, d’une façon ou d’une autre. Les personnes saines étaient bien trop estimées dans la Bright pour que ses supérieurs pussent se passer de lui longtemps. Il serait peut-être relégué à un poste de moindre responsabilité, mais au moins, il serait nourri, logé, bien traité. C’était toujours ça de pris.

Bien sûr, elle se doutait aussi qu’Anderson était confronté à une question d’éthique. Elle ne pouvait que comprendre. Ce qui les différentiait, finalement, c’était l’extrémité de leur situation (ils n’assassinaient pas les mutants, eux) et leur catégorisation (il n’était pas mutant, lui). Ce calcul fait, elle peinait davantage à le plaindre. Elle avait envie de lui dire de rester bien sagement dans les rangs, que ça finirait par s’arranger pour lui, pour ses victimes. Qu’il pourrait plus facilement travailler avec un mouvement contestataire s’il restait sagement dans les rangs.

Peu bavarde, Eryn n’avait pas envie de se lancer dans un discours moralisateur. Elle était mal placée pour le faire. Et puis tout ça, c’était un peu de sa faute. Elle avait largement profité de la position du Peacekeeper. Elle en avait abusé. Certes, elle n’avait plus beaucoup de choix quand elle se vidait joyeusement de son sang dans les rues glacées de la ville, mais bon.

Elle soupira.
Il devait penser qu’elle avait encore un truc à lui demander. Si elle n’avait pas été Eryn Blake, probablement en aurait-elle rougi de honte. Le pouvait-elle ? S’il la confrontait à ce sujet ? Elle préféra ne pas y songer.

À la place, elle fit la chose la plus altruiste qu’elle ait suggéré depuis qu’elle avait quitté les siens.

« As-tu… » Elle marqua une brève hésitation. Ce n’était pas son fort, ces conneries. « …besoin de quelque chose ? »

Ouais, bon, elle n’avait pas grand-chose à partager non plus, mais elle pouvait toujours proposer…

Elle était mal à l’aise. Un instant, elle avait espéré que ce serait comme avec ses frères d’armes. Ou comme leur première rencontre. Quelque chose qui les reliaient à leur passé militaire. Mais comme ils étaient tous les deux rejetés, en quelque sorte, peut-être que ce lien s’était effrité ? Pour laisser place aux dettes – car elle lui était redevable – et à la culpabilité ?

Elle aurait peut-être dû commencer par lui demander ce qu’il comptait faire. C’était, après tout, la première question à lui poser. « Hey, salut, alors, tu veux me livrer en pâture à la Neo Corp. pour redorer ton blason ? ». Mouais. Non. Elle ne pouvait pas aller jusque-là non plus. Faire comme si elle l’avait trouvé par hasard, alors ? Non plus. La situation avait quelque chose de ridicule, et l’espace d’un instant, elle songea à se relever et partir. Une rencontre courant d’air. Quelque chose dans ce goût-là.

Pourtant, elle resta à sa place, attendant qu’il menât la conversation. Il avait toujours été pipelette, ça n’allait pas changer aujourd’hui tout de même… si ? La détestait-il ? Si oui, cela avait-il de l’importance ?

En cet instant, Eryn Blake aurait fait n’importe quoi pour que son putain de cerveau cesse de lui balancer des pensées aléatoires sans queues ni têtes.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Lun 30 Mai - 15:37

Mon bras reste tendu en l'air un instant après qu'elle se soit laissée tomber à côté de moi, comme si j'accusais le coup, avant de ramener la flasque métallique contre moi. Je fermais un instant les yeux. Peut-être que ce qui était pire, c'était la perte soudaine de tous mes repères. Je n'avais jamais trahi auparavant. Jamais eu la tentation de le faire. J'avais toujours eu l'intime conviction d'agir dans le bon droit. C'était ça qui m'avait fait tenir toutes ces années. J'avais toujours été le bon petit soldat. J'avais exécuté les ordres, j'avais suivi les consignes. J'avais voulu faire au mieux. Qu'est-ce qu'il en restait maintenant ?

Maintenant, j'avais aidé et abrité une femme considérée comme criminelle. J'avais volé des innocents, j'avais empêché le bras de la justice de s'abattre sur des mutants. Combien de temps faudrait-il pour qu'on s'aperçoive des quantités d'erreurs administratives que j'avais semé pour que des mutants comme June Lowell puisse s'en tirer ? Je n'étais plus dans le cocon de mon unité, je n'avais même plus d'uniforme. Toute ma vie, j'avais eu une ligne directrice... Et j'en étais privé maintenant. Par des actions que je ne regrettais pas. Je savais que ce que j'avais fait était juste. Je savais que ce que j'avais fait était en accord avec ce que je voulais. Mais quitter un cadre aussi imposant que l'armée, un carcan aussi étouffant que la police était difficile.

Je me retournais lentement vers Eryn, un mince sourire s'étalant malgré moi sur mon visage. Elle, elle était désolée ? Je n'aurais jamais cru voir venir le jour... Déjà que j'avais à peine récolté d'un petit « merci » soufflé entre des dents serrés quand j'étais venu la sauver sur mon plancher, mais là, elle n'avait même plus l'excuse d'être au bord de l'inconscience ! Maladroitement peut-être, je lui donnais un petit coup sur l'épaule. Un petit geste pour tout pardonner. Comme pour signifier que tout ça n'avait au fond pas d'importance. Elle ne m'avait jamais forcé à rien, je l'avais vu venir. Je regrettais juste de ne pas m'y être mieux préparé.

Ses excuses, évidemment, ne signifiaient pas rien. Bien au contraire. Déjà, cela voulait dire qu'elle savait dans quelle situation j'étais, et elle prenait des risques totalement inconsidérés pour venir me trouver. Ma paranoïa exigeait déjà que j'arrête de boire, ce que je fis en rangeant soigneusement la flasque dans la poche de mon sweat, et de rester aux aguets. Si elle avait pu me suivre sans que je ne le remarque, peut-être n'était-elle pas la seule. Et cette fois, si on nous trouvait, je n'aurais plus rien à perdre.


« T'inquiète Blake. Je m'arrangerais pour qu'on partage une cellule, dis-je d'un ton badin en relevant les yeux vers la voûte défoncée de l'église. »


Je la laissais formuler sa phrase suivante sans l'interrompre, comprenant peut-être dans mon inconscient qu'elle devait avoir du mal à parler dans ce genre de situation. Les militaires sont rarement compatissant les uns envers les autres, surtout lorsqu'ils en ont vécu plus que n'importe qui. J'écarquillais les yeux en me retournant vers elle, me retenant d'extrême justesse d'éclater de rire. Elle me demandait réellement si j'avais besoin de quelque chose ? Non pas que je n'aurais rien à lui demander, ses compétences et sa personne-même étaient des atouts très intéressant, mais... Elle m'offrait la possibilité de régler sa dette envers moi.

Sauf que je n'en avais aucune envie. Non seulement je ne prévoyais pas un coup d'état au Commissariat dans les prochains jours, mais surtout... Peut-être était-ce égoïste. Sûrement, d'ailleurs. Je chassais cette pensée avant qu'elle ne devienne parfaitement cohérente, préférant me concentrer sur la suite. Je pouvais deviner qu'elle devait être mal à l'aise, et je pouvais essayer de la comprendre. Ça n'était pas facile. Et je n'étais pas vraiment à plaindre, de son point de vue. Ça, je le comprenais tout à fait. En dépit de mes fautes professionnelles, je doutais qu'ils en viennent à m'envoyer en prison. Renvoyé, par contre, devenait presque certain si la bureaucratie faisait trop bien son boulot. Et même s'ils ne trouvaient finalement pas assez d'éléments concluants, je serais probablement réintégré. Sûrement pas comme leader du SWAT, peut-être dans l'équipe avec énormément de chance, ou bien dans une nouvelle unité. Ils ne me colleraient tout de même pas dans l'administration. Et s'ils le faisaient, ma démission n'était pas loin.

De toute façon, avais-je vraiment envie d'y retourner ? Certes, cela me donnait une position de choix pour aider les mutants, non seulement en les laissant partir, mais aussi pour rendre leurs arrestations moins brutales, et j'avais accès aux informations... Mais peut-être était-il temps que je prenne du recul. Ma carrière avait toujours guidé mes choix, mais peut-être y avait-il une autre voie désormais ? Ça pouvait paraître totalement cliché, mais j'étais plus ou moins... Libre ? Je n'étais pas fondamentalement obligé de retourner au Central. Je pouvais peut-être faire ce dont je n'avais jamais eu le courage de faire auparavant, et de rejoindre les mouvements de résistance.


« C'était pas de ta faute, Blake. Je me suis grillé tout seul, comme un grand. J'aurais préféré que les choses se passent autrement, mais tu ne pouvais pas faire grand-chose de plus dans ta situation. J'ai fait ce qu'il fallait, et ça me convient. »


Je marquais une pause. Je réfléchissais à voix haute, à vrai dire, mais ça faisait du bien de tout mettre à plat. Je n'avais plus grand-chose à lui proposer de mon côté, et ça m'agaçait. J'aimais bien le rôle que je m'étais donné d'être celui qu'on appelle à la rescousse, et voilà que j'en étais privé. Mais ça ne signifiait pas pour autant que j'étais bon pour le rebut. Quel dommage que Jeffrey Gallagher soit mort, je n'avais jamais eu l'occasion de réclamer cette fameuse faveur qu'il me devait...


« J'ai pas l'intention de me laisser aller. Il faut qu'on trouve un moyen de mettre la pression sur la Neo et les PK. Autant profité du fait qu'ils m'ont écarté pour ne plus jamais y retourner. J'en ai même pas envie, d'ailleurs, mentis-je calmement. »


Il fallait qu'elle puisse continuer de penser que je pouvais lui être utile. Je ne voulais pas qu'elle se lève et s'en aille, et que ce soit tout. Elle était ma dernière option. Je pouvais encore lui être utile. Je continuais de me marteler ça dans le crâne.


« Merci d'être venue, Eryn. C'est... Enfin, j'apprécie, quoi. Je ne vais quand même pas tenter le diable en te demandant un baiser en dédommagement de t'avoir sauvé la peau... dis-je avec un grand sourire. Comment tu t'en sors, toi ? »

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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Mar 31 Mai - 19:31

La même cellule.
Elle savait que ce n’était qu’une boutade, et pourtant, cela rappelait à Eryn combien ils étaient dans une situation similaire. Et à la fois totalement différente. Bien sûr que non, ils n’auraient pas le loisir de papoter à travers les barreaux de leurs cellules respectives. Elle ne serait jamais incarcérée de la sorte. Même Gallagher décédé, la Neo Corp. désirait probablement toujours lui mettre la main dessus à cause de ses dons. Peut-être même que Gallagher avait une belle pile de dossiers la concernant, emplis de notes et de suppositions, décrivant très précisément tout ce qu’il avait prévu de lui faire subir.
On n’avait pas fini d’entendre parler du fameux Jeffrey Gallagher.

En y repensant, il espérait que Dawn s’en tirerait mieux que cela. Qu’Alcatraz n’était pas pour lui. Qu’entre les quatre murs de la pièce étriquée qui lui servirait de prison, il jouirait d’une sécurité bien méritée. Parce quelque part, s’il ne partageait pas ce sort avec Eryn Blake, peut-être que ce serait plutôt avec sa sœur. Aria avait elle aussi des principes et, hélas, elle ne serait pas capable de faire taire la voix dissidente qui gronderait en elle.
Or, la sécurité d’Aria était tout ce qui importait.

Eryn soupira.
Le sentiment d’abandon et de désespoir qu’elle ressentait plus tôt se dissipa quelque peu pour laisser place à cette combativité résolue qui la caractérisait. La simple pensée de sa sœur dans une cage lui suffisait à retrouver sa motivation. Elle avait une raison de se battre.
Était-ce le cas de Dawn ? Leur monde était sens dessus dessous. Il prétendait aller bien, avoir été pleinement conscient de ce qu’il faisait, mais cela n’en faisait pas nécessairement la vérité – simplement des paroles qui se voulaient rassurantes. Parfois, on se sentait tellement impuissant.

« Si tu le dis, » répondit-elle au Peacekeeper alors qu’il tenait de la convaincre que ce n’était pas de sa faute.

Elle ne partageait pas tout à fait son avis sur la question ; le sentiment de culpabilité était bien là, tenace, et Eryn ne s’embarrassait de sentiments inutiles. S’il avait décidé de rester là, c’est qu’il y avait bien une raison. Mais laquelle ?

Arrachée à ses pensées par le Peacekeeper qui reprenait la parole, elle lui donna son tour une bourrade dans l’épaule tout en levant les yeux au ciel. Bien entendu, elle ne le prenait pas au sérieux pour ces histoires de baisers en guise de récompense ! C’était le genre de provocations auxquelles on n’échappait pas lorsqu’on se trouvait au sein d’une unité des forces spéciales. Sauf qu’Anderson, lui, se donnait la peine d’être poli. Elle aurait mal pris une blague à l’humour trop gras de sa part. Elle y aurait même répondu plutôt violemment. Enfin, de façon prévisible, somme toute.

Son regard se perdit momentanément dans le vide, à mesure que son esprit rejouait une scène de son passé. Le souvenir, si net dans sa mémoire, lui coupa le souffle par son authenticité. Tout y était intact, de l’odeur de la salle d’entraînement au point du jour jusqu’aux sons de ses camarades…
Elle s’ébroua doucement.

« Et tu comptes t’y prendre comment, au juste ? »

Mettre la pression à Neo Corp. et aux Peacekeepers. En voilà un bien joli projet… Mais de l’extérieur ? Comment, en apprenant deux trois combines aux étudiants révolutionnaires ? En allant démarcher des mutants pour leur expliquer que tous les individus sains ne voulaient pas leur perte. Le scepticisme d’Eryn avait percé dans sa voix un peu malgré elle. Loin d’elle l’envie de démotiver le chef du SWAT. Hélas, pour avoir retourné le problème dans tous les sens, elle ne comprenait pas du tout ce qu’il pouvait bien envisager. Si c’était en plus pour lui annoncer qu’il possédait l’idée du siècle, que tout ce temps la solution était juste sous le bout de son nez… Ouais, non, elle ne s’en remettrait probablement pas. La révélation lui ferait un tel choc, elle se maudirait tellement d’être passé à côté… On parlait d’Eryn Blake après tout. La même Eryn Blake qui avait espéré faire traverser la baie de San Francisco gelée à sa sœur. (Bon, une certaine blessure par balle avait quelque peu entravé ses plans cette fois-là.) La même Eryn Blake qui s’était associée avec la Détenue 47 pour partir à l’assaut de la Neo Corp. et qui avait chanté la nouvelle présidente de la compagnie. Côté plan irréalisables, elle avait déjà bien entamé la liste des possibilités rationnelles.

Bien sûr qu’elle ne croyait pas un instant qu’il ne voulait pas y retourner. C’était comme si elle déclarait tout de go qu’elle ne voulait plus jamais retourner au sein de son unité. Comme si Aaron et Olivia n’avaient pas la moindre importance pour elle. Comme si elle ne vouait plus la moindre once de loyauté à Drake Carter. C’étaient des mensonges que l’on proférait pour se rassurer soi-même, des artifices sans contenance ; ils se dissolvaient aux premiers songes une fois la nuit tombée et ces rêves, intenses et suffocants, rappelaient toujours les soldats à leurs maîtres.

L’aînée des sœurs Blake fit belle et bien un cadeau en guise de remerciement à celui qui était probablement son seul ami désormais. Elle lui fit grâce de ce mensonge, conserva les lèvres closes.
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Dim 5 Juin - 12:34

Bluffer Eryn Blake était un challenge que je n'étais pas sûr d'être capable de relever. Et évidemment, il semblait qu'elle avait de nouveau vu juste : je n'avais pas la moindre idée de comment mettre la pression à la Neo Corps dans les faits. Et elle venait de me demander de dévoiler mes cartes, sûrement pour que je me rende compte de moi-même de l'impossibilité de la chose. C'était vrai. J'avais lancé l'idée plus pour changer de sujet, faire comme si j'allais bien, que j'étais d'attaque. Que j'étais prêt à passer à autre chose. Mais dans tous les plans que j'imaginais en cet instant, tous nécessitaient l'appui de mon équipe. Je pouvais être presque sûr qu'Eryn était passée par la même phase... Être dépendant d'une équipe changeait toutes les perspectives qu'on pouvait porter sur le monde.

Pourtant, je ne me laissais pas abattre pour autant. Je ne voulais pas dire à Eryn que je n'en avais aucune idée, mais je ne voulais pas non plus lui soumettre une idée stupide. Alors je me creusais les méninges. J'avais reçu un entraînement du SWAT et de l'armée, quand même ! Mettre la pression sur des gouvernements, si je ne l'avais pas pratiqué moi-même, on m'avait formé à reconnaître les actions des groupes terroristes ou anarchiques. On m'avait formé à essayer de déjouer ces plans, mais pour cela, il fallait les connaître. L'avantage était qu'ici, nous n'avions pas affaire à un gouvernement uni. Il y avait la Neo Corps et les Peacekeepers. S'ils affichaient un visage d'unité, je connaissais bien les dissenssions qu'on pouvait trouver.

C'était un peu comme en Afghanistan, où les talibans appuyaient sur certains secteurs pour précipiter le départ de certains pays, afin de compliquer la tâche aux autres. Sauf qu'évidemment, je me voyais mal abattre des flics en pleine rue. Non, il fallait quelque chose de mieux. Prendre des otages était évidemment aussi hors de question, je ne pouvais pas impliquer d'innocents dans une quête personnelle. Dans tous les cas, il fallait gagner le soutien de la population. Dès lors qu'elle serait remontée contre la Neo, ou les Peacekeepers, ou les deux même, alors ce serait gagné. Ce serait certes une période chaotique, sans règle, sans loi...

Mon estomac se noua à cette pensée. Non, c'était trop radical. Sans ordre, tout tournerait au chaos, et le chaos n'amenait que des mauvaises choses. Peut-être, à terme, pouvait-il amener quelque chose de meilleur, mais c'était un gros pari. Que je n'étais pas sûr de vouloir relever. Je voyais pourtant très bien ce qui pourrait amener à une telle situation, il suffirait de quelques débordements des forces de l'ordre envers les personnes saines, la mise en place d'une situation d'urgence, la terreur tous les jours... Il ne resterait plus que la formation d'un grand mouvement et d'une étincelle.

Evidemment, c'était bien facile de dire ça comme ça, mais je savais qu'avec Eryn et quelques mutants, nos compétences mutelles s'additionnant, on arriverait à un résultat plus que convenable. On pouvait arriver à constituer une équipe. Non. Pas une équipe. Je savais que je ne pourrais faire confiance au-delà du raisonnable qu'à une seule personne. Une personne qui avait non seulement de l'expérience, mais également en qui j'avais confiance. Au-delà de ce qui était raisonnable.

Sauf que même si elle acceptait ce partenariat, ce qui n'était clairement pas gagné d'avance, restait encore à déterminer la cible. Qui s'imposa bientôt d'elle-même. Dans un éclair de génie, qu'une partie de moi n'hésita pas à considérer comme de la folie pure, je vis clairement ce que je devais faire. Le moyen de tout récupérer. Le moyen de tout arranger. Le moyen de mettre la pression à la Neo Corporation. C'était si évident que je mis un instant à me rendre compte du pourquoi je ne l'avais pas considéré immédiatement. Le danger, assurément. Un quitte ou double, dans lequel je ne pouvais demander à Eryn de me suivre. Je m'affaissais un peu dans mon siège, considérant toutes les possibilités. Il n'y avait pas vraiment de « au mieux. » Par contre, il y avait tout un tas d'issues négatives.


« Alcatraz, lâchais-je en un souffle. »


M'infiltrer dans la prison. Exposer ce qu'on y faisait. Un plan audacieux, mais suicidaire. Je devais être devenu complètement fou pour ne serait-ce qu'y penser. Mais je voyais bien comment le rendre possible. Aller sur l'île poserait énormément de difficultés, bien sûr, mais ça ne serait pas la partie vraiment compliquée. L'infiltrer représenterait un défi, surtout si j'y allais seul. Une bonne dose de préparation préalable et de chance sur le terrain pourraient me faire arriver à mes fins. En revanche, sortir... Sortir serait bien plus compliqué. Non seulement les destroyers de la Navy bloquaient la baie, mais en plus, il y avait fort à parier que j'aurais un sacré comité d'accueil de retour en ville.

Mais c'était aussi un plan que je voulais faire. Depuis les premiers jours, je voulais savoir ce qu'il s'y tramait. Je voulais savoir ce qu'on faisait des mutants qu'on y enfermait. Et j'allais le découvrir, par la manière forte. Brutalement, cela m'apparut comme une alternative à mon boulot. Comme un nouvel objectif, en quelque sorte. Un objectif vers lequel je ne pouvais plus m'empêcher de penser, un objectif que je voulais voir réussir. Dans le pire des cas... Je mourrais en sachant que j'essayais d'être utile. De libérer des mutants et d'exposer la Neo, ce qui pourrait aisément provoquer un schisme entre eux et les Peacekeepers. De là, la révolte ne serait pas loin, mais bien canalisée, on pourrait arriver à quelque chose de mieux.

Je reportais mon attention sur Eryn, avalant difficilement ma salive.


« Je ne te demande pas de m'accompagner. Mais je vais essayer de m'infiltrer là-bas. Et je vais tout arranger. »

HJ : Désolé pour le retard, Blindspot m'a capturé !
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Jeu 24 Mai - 18:20

Alcatraz.
Eryn poussa un profond soupir et, finalement, arracha presque la flasque d’alcool non d’identifié des mains de Dawn. Elle jeta un coup d’œil au récipient, un autre regard sévère à Dawn, tout en pinçant les lèvres. Mais lui reprochait-elle sa bêtise, son nouveau penchant pour l’alcool, ou bien autre chose encore ?
N’ayant guère le cœur à trouver une réponse, elle se contenta d’une rasade (de whisky, s’avérait-il). L’alcool lui brûlait la gorge, lui chauffa les joues.

« Je suppose que tu pars du principe que si miss 47 a réussi à se faire la malle, on doit pouvoir s’y infiltrer l’air de rien ? » railla-t-elle tout en regardant droit devant elle.

Les églises, surtout désertes, avaient quelque chose de sinistre. Les lieux de cultes se montraient accueillants que pour leurs fidèles.

Eryn ne se faisait pas d’illusions. L’idée d’Anderson, c’était du suicide. Du moins, ça l’était pour elle ; se jeter dans la gueule du loup ne faisait pas partie des tactiques recommandées par le guide du petit mutant survivant la quarantaine. Mais pour un Peacekeeper ? Ou ex-Peacekeeper ? Sans être un mutant, avec les bons alliés, les bonnes connaissances, les bons prétextes, un peu de culot, beaucoup de chances…

Non, même ainsi, elle n’y croyait pas. Car même si on exposait la Néo Corp. pour ses méfaits, les gens craignaient toujours autant les mutants. L’extérieur ne s’en mêlerait pas. Trop de risques. Mais elle ne pouvait pas imposer cette vision à Anderson, elle ne pouvait pas lui ôter cet espoir, c’était au-delà de ses forces. Elle musela donc son scepticisme, son défaitisme, cherchant les rares issues où tout cela ne se soldait pas par un échec cuisant, voire une exécution pure et simple.

« Il faudrait de sacrés alliés. Et un moyen de communiquer… »

Les médias étant contrôlés par la mairie et la Neo Corp., il était bien peu probable qu’on laissât à Anderson le loisir faire éclater la vérité au grand jour. Alicia Brown était-elle toujours en vie ? La journaliste saurait peut-être l’écouter…

Une grande lassitude l’envahit.
Des plans comme ça, elle en avait élaboré tout un tas, dans les heures désespérées de sa solitude. Elle avait envisagé le problème sous tous les angles, avait épié les allées et venues vers Alcatraz, avait pesé le pour et le contre, pour toujours se détourner. Elle s’était contentée de revendre les informations pour survivre, et jamais personne n’était passé à l’action. Parce qu’ils n’étaient pas équipés pour ce genre de missions, et que les risques étaient trop grands pour un résultat tellement incertain.

Elle soupira, laissa son épaule reposer contre celle d’Anderson et ce fut d’une voix très basse, davantage pour elle que pour son compagnon d’infortune qu’elle souffla :

« Je pourrais me rendre. »

Elle regretta aussitôt. Cette pensée n'aurait jamais dû franchir ses lèvres.

Combien de fois y avait-elle songé ?
Charlotte Hawkins comme Gallagher semblaient convaincus que son don pouvait leur donner les informations nécessaires pour résoudre ce souci de mutation. Si son sort permettait de guérir les mutants, pourquoi continuer à fuir cette option ?

Parce qu’ils pourraient t’utiliser pour nous éradiquer, avait soulevé Jake Caldwell.
Parce que ça te tueras certainement, avait lancé, goguenard, Shane Coburn.
Parce que tu n’as pas à te rendre, aurait piaffé Aria.
Parce que ta mission est toute autre, aurait soufflé Drake Carter.

Diantre, pour une personne solitaire, il y avait beaucoup trop de personnes qui avaient une opinion sur ce qu’elle devrait faire ou non. Elle pinça à nouveau les lèvres. Pourvu qu’Anderson ne l’ait pas entendue. Ou alors, qu’il se contentât de penser qu’il s’agissait d’une idée pour son plan, et non pas le dernier souffle d’une bête traquée à bout de forces. Elle ne voulait pas d’un énième sermon, d’un tsunami d’idéaux qui saperait encore et toujours sa volonté.

Quand elle pensait qu’avant, elle se sentait invincible. Tant qu’elle avait Harper en guise de partenaire privilégié, tant que Liv’ et Wicket se chamaillaient, tant que Garrett lui lançait des regards inquiétants. Tant que Carter commandait. Rien ne pouvait alors l’atteindre.

Décidément, le sentiment de vulnérabilité ne lui réussissait pas. Elle était initialement venue pour s’assurer que Dawn allait bien. Pas pour élaborer un moyen bancal pour exposer la Neo Corp., ni pour s’embourber dans ses pensées obscures. À la limite, elle voulait bien régler sa dette – elle passa machinalement une main sur sa cicatrice – mais les choses s’arrêtaient-là. Elle n’imaginait vraiment pas Dawn se terrer dans les bas-fonds en simple survivant. Merde. Il récupèrerait peut-être même son poste, moyennant quelques restrictions. Pourquoi fallait-il qu’il eut envie de faire ce qu’il fallait, lui et sa foutue droiture, alors qu’elle survivait depuis un an sans avoir accompli quoi que ce soit ?

Elle essaya de repousser la  vague d’amertume qui la prenait à la gorge. Elle essayer de refouler sa frustration, de se composer ce masque froid et calculateur. Elle rampait à nouveau derrière les remparts de sa carapace pour cacher aux yeux du mondes son désespoir.
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Jeu 24 Mai - 19:45

Un grondement s’échappa de mes lèvres alors que je contenais un éclat de rire à la mention de la jeune mutante.


« Ah ! Quelque chose comme ça, ouais. »


Je me doutais de ce qu’elle pouvait penser. Après tout, quiconque d’un peu censé savait que s’approcher d’Alcatraz sans y être invité – ou, bien évidemment, forcé – était un suicide pur et simple. Il n’y avait rien de plus là-bas. Et mon « plan » aurait pu tout aussi bien avoir été écrit par un gosse de douze ans s’imaginant en super-héros pour sauver le monde, volant au-dessus des balles, assommant les ennemis en respectant son code moral, et, enfin, atterrir devant la Mairie avec la fille dans ses bras sous les acclamations alors que les méchants se faisaient emmener en arrière-plan par la police.

Je devais reconnaître que je n’y avais pas non plus vraiment réfléchi plus que ces quelques minutes, mais peut-être y avait-il un moyen tout de même d’y entrer... Sauf qu’une fois sur place, il n’y aurait plus rien d’héroïque dans les combats violents qui s’y dérouleraient sans aucun doute. Vu la sécurité et les capacités mises en place par la Neo Corps, il y avait fort à parier que les gardes opposeraient une farouche résistance. Je baissais un instant mon visage, regardant les paumes de mes mains, comme si je m’imaginais déjà sur place. Des dédales de couloirs, un labyrinthe pour les non-initiés, un endroit où mon fusil de dotation du SWAT se retrouverait bien trop inadapté, et serait même une sacrée gêne. De toutes façons, au vu des distances, il n’y avait pas besoin de la puissance de feu offerte par un tel fusil. Non. A courte distance, des armes plus compactes suffiraient largement pour arrêter tous ceux qui se dresseraient contre moi.

Je ramenais lentement mes yeux au niveau des siens, incapable de supporter l’image que je me renvoyais. Dans ces moments, je savais précisément ce que j’étais – et également ce que je n’étais pas. Lorsque je planifiais mes actions, j’étais un tueur. Sans état d’âme. Les ennemis en face, les humains en face, devenaient des statistiques, des probabilités d’échec. Des valeurs de protections à détruire pour éliminer la chair et le sang derrière. Ce ne serait pas la première fois que je serais obligé de prendre la vie, non, et je savais qu’il était illusoire de penser que je pourrais simplement assommer mes adversaires pour m’en tirer. A un certain niveau de compétence, les ennemis en face n’abandonneraient tout simplement jamais de lutter.

Eryn n’avait, au moins, pas l’air de vouloir m’en dissuader, se contentant juste de pointer des éléments essentiels qui me manquaient. J’avais trop peu d’alliés... Voire même aucun susceptible de me suivre là-dedans. Autant j’étais à peu près certain d’avoir mes chances si j’avouais à deux des hommes de mon groupe de me rejoindre pour lutter contre la Neo, autant personne ne me répondrait si je voulais embarquer dans ce qui ressemblait méchamment à un dernier baroud d’honneur d’un soldat que personne ne regarderait tomber.

Légèrement surpris par son rapprochement, je faillis me lever brusquement en la laissant tomber lorsque son murmure me parvint. Fronçant les sourcils, ne sachant pas trop quoi faire de mon bras (après tout, elle allait certainement le casser en deux si je le passais autour d’elle...), je finis par le poser sur le dossier du banc derrière elle en laissant échapper un sifflement.


« Pour que je sois obligé de te libérer après ? Bien essayé, mais quitte à ce que tu ailles à Alcatraz, autant que ça soit un truc planifié, un truc... »


Je ne terminais pas ma phrase. Si elle se rendait, ou que je la capturais, peut-être qu’il y aurait possibilité de... Non. Ça lui ferait prendre trop de risques. Et puis, il y avait trop d’inconnues. Qu’est-ce qui me disait qu’ils allaient vraiment l’amener là-bas ? Ou même qu’une fois là-bas, elle n’allait pas être aussitôt disséquée ? Non. Il fallait que j’arrête avec mes plans idiots. Ou du moins, si je devais ne serait-ce qu’évoquer l’idée, y avoir réfléchi, avoir mis au point quelque chose de tangible, avec au minimum des observations concrètes, des points d’appuis. Faire des plans sur la comète, ici, dans cette église, revenaient à essayer d’arrêter une vague en lui lançant des cailloux.


« Tu veux qu’on dégage ? Maintenant que je suis... Presque civil, j’ai du temps à tuer. Peut-être voir un DVD ? »


Etrangement, l’idée de passer un moment « normal » me paraissait plus saugrenu que d’aller infiltrer l’endroit le mieux protégé de la ville. Et avec Eryn Blake ? Encore pire. Il n’y avait rien de normal avec elle. Et malgré le fait qu’elle soit une des personnes qui me connaissait le mieux dans cette ville, et sur laquelle j’avais étudié son profil, et même avec nos rencontres, c’était comme si je ne la connaissais pas.


« Si tu acceptes, je pourrais même presque considérer ta dette comme remboursée, dis-je avec un sourire amusé pour couper court à ses probables inévitables protestations. »
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Jeu 24 Mai - 21:14

Anderson ne semblait pas avoir compris ses propos, ou alors avait la décence de ne pas le relever. Tant mieux. Il avait déjà vu Eryn sous un bien vilain jour lors de sa blessure, elle ne comptait pas se trouver en position de faiblesse – physique ou psychologique – de sitôt. Il avait beau être un peu hagard suite à sa mise à pied, il restait quand même le plus solide d’eux deux. Les doutes ne semblaient pas le ronger comme pour Eryn, il prétendait avoir fait le bon choix alors qu’elle, elle se posait encore et toujours la question. Après tout, sacrifier les mutants pour libérer la ville et sauver le plus grand nombre, c’était son boulot, non ? C’était ce qu’on lui avait ordonné, en tout cas.

Par ailleurs, Anderson il ne s’emballait pas avec ses plans sur la comète. Bien. Il était moins endommagé que prévu, il gardait les pieds sur terre. Elle savait, néanmoins, que cette conversation ne s’abîmerait pas l’oubli. Désormais, la graine était plantée, et les suppositions, les possibilités fleuriraient chaque jour dans leurs esprits respectifs. Et la nuit, bien sûr, le reflet de ces simulations fictives prendraient la forme de terrifiants cauchemars, où ils seraient confrontés à leur propre terreur, mais surtout à leurs instincts de tueurs. Cette face hideuse que l’on dissimule dans les recoins obscurs de son esprit…

Ses pensées noires éclatèrent comme une bulle de savon.
Elle se redressa, s’écartant, surprise, et arqua un sourcil.

Mais un sourire, d’une timidité inhabituelle, frémissait sur le coin de ses lèvres.

« Un DVD ? Genre quoi, La Ligne Verte ? »

Elle fit mine de vérifier le contenu de la flasque, comme si elle s’inquiétait de la quantité d’alcool ingurgitée par le Peacekeeper en disgrâce. Puis, avec un haussement d’épaule, elle s’offrit une nouvelle lampée avant de rendre la boisson à son propriétaire légitime. Tout ça pour gagner du temps en réflexion. Mais à vrai dire, elle ne savait pas tellement quoi répondre à une telle suggestion. Désarçonnée par un DVD, Eryn Blake… Ben voyons.
Voilà qu’en plus il usait de la dette pour la convaincre, le bougre !

Elle s’accorda le temps de savourer la perspective d’une soirée confortablement installée sur un canapé, enveloppée dans un plaid, les yeux rivés sur un en faisant abstraction du reste du monde. Depuis combien de temps n’avait-elle pas eu le droit à un semblant de normalité ? À quand remontaient ses dernières vacances ? Avant l’incident, déjà, elle courait par monts et par vaux pour éviter de rester trop longtemps à la base, pour éviter sa famille, son père. Elle n’avait pas besoin de Blake (du moins, croyait-elle), elle avait son unité, et cela lui suffisait.

Un DVD. Elle ne parvenait pas à y croire. Est-ce que c’était un nouveau message caché pour les gens qui se cherchaient un date dans la Bright ? Les restaurants devaient se faire rares et hors de prix, les cinémas n’existaient plus que pour ressasser les mêmes films, encore et encore, sauf si la Neo Corp. partageait de temps à autres ses petits privilèges.

La vision fugace d’elle et Anderson, se faufilant dans la Bright comme des voleurs pour rejoindre son appartement, pareil à des adolescents en faute, lui arracha un petit rire grave. Elle passa une main dans ses cheveux désormais courts, s’efforçant de ne pas se demander quand était la dernière fois où elle avait ri. Ou qu’elle avait laissé galoper son imagination pour autre chose que de l’anticipation tactique toute militaire, et une série de worst case scenario glaçants.

Était-ce de la gêne qu’elle ressentait ?
Mais non ! Elle était Eryn Blake ! L’embarras n’existait plus depuis longtemps.
Elle s’ébroua en son for intérieur. Quelques instants plus tôt, elle était prête à tout abandonner, et désormais, elle hésitait à aller dans un appartement en compagnie d’un homme comme une lycéenne intimidée ?

Son sérieux revint d’un coup. Non, elle n’était pas une lycéenne effarouchée, mais une bel et bien une personne traquée. Et Anderson avait déjà suffisamment perdu comme ça.

« T’es sérieux, Dawn ? À inviter des fugitifs, tu vas pas rester un civil libre très longtemps… »

Anderson pouvait au moins se réjouir d’une chose. Elle n’avait pas dit non. Elle émettait des réserves relatives à sa sécurité. Des arguments qui pouvaient se montrer sous un jour plutôt hypocrite quand on se souvenait qu’elle était elle-même rentrée par effraction dans ce même appartement. Elle en avait même refait un peu la déco couleur rouge, sans compter sa tentative de cuisine, avec une serviette bouillie au menu.

Elle exhala tout en passant le bout des doigts sur la cicatrice qui ornait sa jambe. Si on oubliait les circonvolutions hâtives de son cerveau face à cette situation insolite… Est-ce que cela voulait simplement dire qu’ils étaient amis ? En tout cas, elle avait oublié la saveur de ce mot.
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Ven 25 Mai - 12:30

Eryn se redresse, et là, se produit quelque chose d’assez inouï : un sourire se dessine sur ses lèvres, et franchement, j’en aurais bien éclaté de rire. Quoi, depuis tout ce temps, il suffisait d’une invitation à la normalité pour la déstabiliser ?


« Quelque chose comme ça... Je dois bien avoir des classiques pour les dinosaures dans notre genre, répondis-je, un sourire en coin incapable de masquer mon amusement. »


Je ne perds pas une miette du pauvre spectacle qu’elle m’offre, à chercher des réponses au fond d’une flasque, perdue comme si je venais de lui proposer quelque chose d’absolument fou. Ou que soudainement, elle rajeunissait comme une adolescente à qui on propose un cinéma en plein air. C’était... Assez mignon. Tout comme potentiellement dangereux : Eryn n’était pas mignonne, d’ordinaire, et la prendre au dépourvu revenait à entrer dans un terrain miné. Croisant les bras sur ma poitrine, l’air visiblement trop content de la situation, je l’écoutais se chercher des excuses... Tout en notant bien qu’elle n’avait pas dit un « non » définitif.

Elle avait un peu raison, comme toujours, dans le sens où me faire prendre en compagnie d’Eryn signifierait la fin de ma liberté. De cela, c’était sûr. Il suffirait d’une photographie mal cadrée prise par un passant ou un suiveur, d’un témoignage, et il ne faudrait pas longtemps pour connecter les liens, et m’envoyer aussitôt au trou. Mais après tout, est-ce que j’en avais vraiment quelque chose à faire ? Je ne pouvais nier que la perspective d’une absence de hiérarchie au-dessus de ma tête m’effrayait. Même après qu’elle m’ait mise à pied, même après qu’elle m’ait accusée de ne pas bien faire mon boulot.

A force de passer trop de temps dans des structures aussi fermes, à force de recevoir des ordres, d’en donner, de nous ôter tout sens de la réflexion... En sortir nous donnait l’impression d’un grand vide autant que d’un sentiment d’excitation certain. « Réfléchir, c’est commencer à désobéir... » C’était les premiers mots qu’on nous avait dit en formation initiale, et je me rappelais combien fois j’avais exécuté les ordres, sans sourciller, sans me plaindre de leur absurdité, même lorsqu’on nous ordonnait d’aller passer le balai sur le parking sous une pluie battante ou une tempête de sable. Je n’avais jamais questionné la voie hiérarchique, du moins, pas à ce point. Pas au point de me demander si j’étais vraiment dans le bon camp. Et ça, je ne pouvais pas le supporter. J’avais fait le serment de défendre tous les ennemis de la Constitution à l’extérieur... Mais aussi à l’intérieur.


« J’ai toujours trouvé le concept de civil très surfait de toute façon... dis-je, ne me débarrassant pas de mon sourire malgré mes pensées. »


Je me relevais à mon tour, regardant un instant autour de nous, réfléchissant à un moyen simple de faire entrer Eryn dans la Bright. Jusqu’à ce que mes yeux pétillent d’amusement.


« En plus, je suis à peu près sûr que tu as déjà dû surveiller mon appartement pour me suivre, donc y entrer ne devrait pas poser de problème particulier, pas vrai ? demandais-je pour la forme avec un clin d’œil. »


Et puis, au moins, si on nous surprenait, ça me permettrait de résoudre plus facilement mon dilemme interne, puisqu’on me forcerait la main. Ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux, mais je pouvais vivre avec. Je ne devais plus rien à la police de San Francisco, et certainement rien à la Neo. J’en avais eu suffisamment pour savoir que ce que faisait le SWAT, dans sa forme actuelle, ne me convenait pas. Je ne croyais pas en la bonne foi affichée de la Neo, je ne croyais pas en son système, et je ne croyais certainement pas leur propagande. Un peu ironique quand on sait mon parcours et mes croyances à mon engagement... Mais j’avais toujours su plus ou moins quel était l’agenda de ceux que je servais. Le pétrole, la sécurité nationalité, le maintien de l’ordre... Tout ça n’avait plus d’importance. Ma mise à pied m’avait permis de réfléchir, donc de désobéir. Et même si la perspective d’en sortir était effrayante, je savais d’une que je ne pourrais plus jamais aider les mutants comme je le faisais jusqu’à présent, et de deux que ce que je voulais... C’était autre chose. C’était me battre, certes, je ne savais faire que ça, mais me battre pour avoir ce genre de moments. Me battre pour qu’on puisse regarder des DVD en mangeant des cochonneries. Pas pour emprisonner des types sans savoir ce qu’il advenait d’eux par la suite.


« Après toi, Blake, dis-je en lui faisant signe du bras de s’avancer. »


Un moment de détente, partagé avec Eryn Blake ? Ça n’avait pas de prix. Elle était sans doute la personne qui comptait le plus pour moi dans cette ville, alors je n’allais pas laisser une occasion pareille s’échapper. D’autant qu’on pourrait très certainement profiter d’un jour tranquille, arraché aux problèmes et à la tension, un jour sans se soucier de tout ce qui n’allait pas, un jour où on pouvait faire le choix de s’interdire de réfléchir...
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Ven 25 Mai - 15:38

« Quelque chose comme ça. »
Anderson Dawn développerait-il un nouveau tic de langage à l’image de sa nouvelle situation ? En quelques phrases, voilà que l’expression franchissait deux fois ses lèvres. C’était quoi la prochaine étape, un nouveau look de civil ? Il était plutôt bien parti pour ça côté vestimentaire. Une barbe peut-être ? Est-ce que ça lui irait ?

Mais depuis quand tu te soucies de ce genre de détails, ma vieille ? se morigéna-t-elle.

Sous ses dehors aimable, pourtant, ses soucis ne s’étaient pas évaporés. Est-ce que Charlotte respecterait la politique de Gallagher, ou bien serait-elle plus à même de stopper toute cette folie ? Vu que l’ex secrétaire devait tenir Eryn pour responsable de la mort de son patron (si elle n’avait pas marchandé, elle l’aurait prévenu et sauvé sans aucun souci), ce n’était probablement pas une bonne idée de se présenter la bouche en cœur pour demander des faveurs. Mais peut-être qu’Anderson connaissait la jolie blonde, qu’il pourrait lui parler…

« Jolie blonde »
La jalousie ne faisait pas partie de la configuration de base d’Eryn Blake. Charlotte Hawkins était fragile, pour une femme de pouvoir. Ou plutôt vulnérable. Et pourtant, il y avait de quoi envier sa position privilégiée ; Charlotte Hawkins n’était pas dans le besoin. Elle avait le droit à sa petite manucure et se déplaçait dans ses escarpins vertigineux, son chignon impeccable. Eryn n’était pas adepte de ce style de vie, mais à ce stade, n’importe quoi serait mieux que de continuer à se terrer dans des logements abandonnés, à ne pas pouvoir dormir sur ses deux oreilles. Elle n’imaginait pas la tête qu’elle devait avoir, après des mois de privation et de traque. Heureusement qu’elle ne croisait pas trop souvent de miroirs.

Elle failli mentionner Charlotte à Anderson. Hésita. Pas longtemps, car il reprenait la parole, déduisant sans aucun souci ses petites manœuvres. Voilà qui devait être bien flatteur pour l’égo masculin, d’avoir sa petite stalkeuse personnel. Enfin, tant qu’on n’avait pas peur d’être égorgé dans son sommeil, bien sûr.

Nouveau sourire.

« Tu sais que t’es pas facile à suivre, d’ailleurs ? »

Pour ne pas dire carrément chiant. L’association de paranoïa et d’adresse de Garrett pourrait même paraître innocente à côté. Elle avait failli perdre sa trace plusieurs fois, et se faire repérer beaucoup d’autres.

Elle se dirigea vers la sortie obligeamment, peu désireuse de rester dans cette église de toute façon. C’était vraiment sinistre pour elle, ironiquement.
Quant à la décision (obstinée) d’Anderson, c’était son choix, ses risques, sa vie, elle n’allait pas refuser l’invitation pour le protéger. À sa sœur, elle n’aurait pas laissé le choix, mais à un ex-monsieur SWAT ? Ce n’était pas son rôle. Et elle n’en avait pas envie.

Penser à Aria et à la situation de Dawn lui apporta une nouvelle source d’inquiétude. Même si elle ne l’admettrait jamais, elle avait été rassurée de savoir que, éventuellement, sa sœur pourrait compter sur le membre du SWAT couvrir ses arrières. Qui pourrait garder un œil sur elle, désormais ? L’hiver dernier l’avait beaucoup affectée, et même si elle se tenait au chaud dans la Bright, Eryn s’inquiétait. Pourrait-elle s’orienter vers une carrière civile ? Comment la convaincre de prendre ses distances avec un conflit qui, que toute évidence, consumait peu à peu sa joie de vivre et sa volonté ?
Elle devrait réfléchir sérieusement à un moyen de communiquer avec elle, tout en la préservant. Contrairement à Anderson, elle l’imaginait mal tout plaquer pour partir vivre dans la Seamy Area. La précarité ne seyait guère à une princesse, toute fille de général qu’elle était.

« J’espère que ce n’est pas encore un sandwich au menu, » prévint-elle tout en franchissant les portes de l’église.

Et qu’il ne lui demande pas de cuisiner. N’importe qui tenant à l’intégrité de son système digestif fuirait la cuisine d’Eryn Blake comme la peste.
Elle pivota, descendit les marches à reculons tout en plantant son regard dans celui du Peacekeeper :

« Tu veux découvrir les sous terrains mal fréquentés de la ville, ou bien on se rejoint directement chez toi ? »

Le plus prudent serait de faire le chemin séparément, mais elle préférait lui laisser le choix. En bas, il y avait des mutants, plus ou moins bien intentionnés ; beaucoup de rebelles de Caldwell, quelques extrémistes, beaucoup de gens effrayés. Si Eryn faisait aisément partie du paysage pour ces gens-là, on ne pouvait pas en dire autant d’Anderson. S’il avait le malheur de croiser quelqu’un qu’il avait déjà arrêté, quelqu’un qui connaissait (ou pensait connaître) son métier, ils pourraient très vite se retrouver dans un sacré pétrin.
Néanmoins, s’il continuait sur cette voie-là, il ne faudrait pas longtemps pour que le gentil Peacekeeper fût exilé de la Bright, plongeant dans cette nasse infernale qu’était la Seamy. Alors, peut-être voudrait-il se familiariser tout de suite avec sa nouvelle maison ?
Elle croisa les bras, haussa les sourcils, bien campée sur ses jambes comme si elle ne craignait pas d’être repérée. Agir comme un animal traqué attirait l’attention, de toute façon. Mais dès qu’elle était arrivée dehors, toute trace de plaisanterie avait disparue. Elle s’était à nouveau réfugiée derrière sa masque austère.
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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Mer 8 Avr - 23:51

Riant de bon cœur au rappel de l’affreux sandwich que j’avais dû lui préparer, je mis quelques secondes à essayer de me rappeler ce dont je disposais pour manger, avant d’hausser les épaules. Même si je n’avais quasiment rien au frais, il devait bien me rester un paquet de pâtes, ou… Et puis, qu’est-ce qu’on en avait à foutre ? Je restais un instant sous le porche de l’église, avant de secouer la tête. L’idée de faire un bout de chemin ensemble n’avait rien de déplaisant, mais c’était ceux qu’on risquait de croiser qui allaient nous gâcher la balade. Non, tout comme elle, j’avais perdu mon ton badin et retrouvé mon sérieux.

Ici, rien n’était plus dangereux que de se croire immunisé. Et j’étais bien placé pour savoir que personne n’était immunisé contre la connerie. D’un autre côté, si je la laissais filer, qui me disait qu’elle allait bien pointer le bout de son nez à l’autre bout du tunnel… ? Je m’en voulus presque aussitôt de manquer de confiance en elle. Si elle ne venait pas, elle aurait ses raisons. Je savais, ou plutôt, je voulais croire, qu’elle ne voudrait pas manquer à sa parole sciemment.


« On s’y retrouve. Il ne manquerait plus qu’une photo de nous deux marchant côte à côte, ça ferait trop jaser. »


Je lui adressais un maigre sourire, mais pas en raison de ma vanne, non. Elle m’impressionnait, à se tenir de façon aussi indiscrète dans une rue où elle pouvait être vu. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle se couvre le visage aussitôt dehors, mais sa force intérieure dégageait une telle aura qu’il aurait été difficile de ne pas y être sensible. Je savais que je ne l’étais pas. Je regardais calmement autour de nous, avant d’acquiescer tranquillement.


« A tout à l’heure, donc, dis-je simplement. Fais gaffe à tes arrières. »


Il n’y avait pas grand-chose à ajouter. Je la laissais partir la première, m’assurant qu’une patrouille de PK ne passe pas au pire moment. Même si une petite partie de moi aurait aimé voir débarquer deux flics capables de la reconnaître. Cette petite partie totalement égoïste de moi qui aurait voulu que le destin force le choix qui s’offrait à moi. Ainsi, je n’aurais plus aucune hésitation : je me jetterais les deux pieds devant dans la clandestinité. Ça nous mettrait en danger, et pas seulement des PK, mais une telle association attirerait certainement de mauvaises attentions.

Personne ne vint, et elle disparut rapidement. Poussant un léger soupir, je me mis à marcher lentement, ramenant ma capuche sur mon crâne rasé en jetant de furtifs coups d’œil autour de moi afin de m’assurer que personne ne pouvait m’avoir suivi jusqu’ici. Une voiture de PK s’arrêta dans la rue en face de moi. Les mains dans la poche ventrale, je serrais la crosse de mon pistolet jusqu’à m’en faire blanchir les jointures. Si elle venait vers moi… Elle tourna sur la gauche et ce fut tout.

Je devais me faire une raison. Je n’étais pas surveillé. J’avais juste été le fusible de l’histoire, s’il y avait eu de véritables preuves à mon encontre, je n’aurais pas récolté une simple mise à pied. Et quand bien même ils m’auraient fait surveiller au début, les effectifs étaient trop sous pression pour qu’ils puissent se permettre de garder une équipe entièrement sur moi pendant aussi longtemps.

Je mis un moment à réfléchir au plan qui avait commencé à émerger au sujet d’Alcatraz. Il y avait tellement d’inconnues dans un plan pareil que j’en eu presque mal au crâne. Et puis quoi, moi, j’allais révéler au monde les mauvais traitements ? Être le héros de l’histoire ? J’avais limite envie de me filer des claques. Une pointe de douleur perça soudainement ma tête, m’obligeant à porter une main à mes tempes.

Je relevais la tête. J’étais proche de chez moi. Et une peur aussi soudaine qu’inattendue venait de me glacer les sangs. Je ravalais ma salive en essayant de ne pas ralentir mon allure. Quelque chose clochait. Quelque chose avait alerté mon subconscient, et il fallait que je mette le doigts dessus. Il y avait six personnes dans la rue. Pas d’Eryn en vue, et c’était déjà ça. Je savais que je devais agir vite. Si Eryn n’était pas animée du même sentiment d’urgence que moi, je devais lui signaler.

Même si je n’arrivais à comprendre ce qui n’allait pas, je savais que je ne devais pas ignorer mon instinct. Et il y avait quelque chose dans ces passants qui n’allait pas. Je rentrais chez moi par la porte principale. Eryn ne serait pas idiote. Elle passerait au moins par l’escalier de secours, et la porte de derrière n’était pas loin. Je montais quatre à quatre les marches jusqu’à mon appartement. Si je voulais l’avertir, je pourrais vider mon chargeur, mais alors, ils sauraient que c’était le bon jour où coincer la mutante. Non, je devais être discret. Mon cœur palpitait si vite qu’il me fit mal alors que je me ruais sur mon armoire où était rangées mes plaques d’identifications.

A court d’idée, je n’avais plus que ça. Je les jetais par la fenêtre menant à la ruelle. Elle ne pourrait que tomber dessus. Après… Après, il lui faudrait comprendre le message. Je détestais l’idée de la savoir proche, espérant qu’elle ait été finalement retenue dans les égouts… Mais au cas où, j’armais mon pistolet, prêt à la défendre si jamais elle faisait la seule chose que j’avais tant voulu mais que je redoutais tant maintenant, et franchissait le seuil de ma porte.
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Aftermath [Erynette!] | Jeu 9 Avr - 14:35

Les égouts de la ville n’avaient plus grand-chose de commun avec l’ordinaire labyrinthe d'évaluation des eaux usées. Mutants et renégats y étaient toujours plus nombreux, toujours plus incisifs. Il fallait désormais en connaître les moindres recoins, les divers territoires, les personnes influentes. Une partie du Black Market avait également migré dans le dédale souterrain. Cela n’était que la suite logique des événements ; tout individu recherché étant réduit à l’état de squatteur, peu à peu déshumanisé par la politique ambiante et le conflit, ils avaient fini par se moquer éperdument de l’odeur nauséabonde qui régnait.

Bien entendu, les forces de l’ordre et surtout les Hunters auraient vite fait de dépasser l’appréhension inhérent au terrain miné ; une toute nouvelle forme de guerre prendrait alors forme, mais pour l’instant, la balance penchait encore suffisamment du côté des recherchés pour q’Eryn pût se promener l’âme en paix…

Enfin, une paix toute relative.
Ils étaient nombreux, les regards hostiles, les gestes méfiants. Les conditions avaient changé la donne ; fini la gentille petite communauté de Jake Caldwell, basée sur l’entraide et la survie. Bonjour Shane Coburn et ses revendications. D’après l'extrémiste, quitte à rester enfermés, autant prendre le pouvoir, inverser les rôles. Voilà qui n’avait rien de rassurant ; Eryn en savait suffisamment sur le terrorisme pour ne pas prendre les imprécations du nouveau leader à la légère.

Elle soupira.
Plus les camps variaient, moins elle souhaitait en rejoindre un. À part de ceux qui souhaitaient découvrir les secrets que renfermaient Alcatraz. Comme Caesius, comme Dawn. Même si elle éprouvait des scrupules à l’encourager ce dernier sur cette voie.

« Mais cela ne serait-il pas Eryn Blake ? »

Une silhouette se détacha au tournant du couloir fétide qu’elle empruntait (elle aurait besoin d’une bonne douche au terme de ce périple, c’était certain). Boucles châtain, grands yeux bleus, air mutin : sans aucun doute, il s’agissait d’Hayley, sous-fifre dévouée à la cause Coburn. C’était bien sa veine.

Eryn décida tout simplement de l’ignorer. Elle n’allait pas dénigrer une soirée DVD (non mais, qui avait encore des lecteurs DVD ? elle n’en revenait toujours pas) pour les beaux yeux de cette fanatique. Ce qui ne décourage pas cette dernière :

« Tu sais que tu te diriges vers la Bright, là, hein ? T’as des amis là-bas ? De la famille avec qui prendre le thé ? »

Le mot famille la hérissa. Toute mention à Aria la hérissait. Yeux plissés, posture menaçante, elle toisa cette insupportable gamine de toute sa hauteur.

« Je vais faire des emplettes, ça te pose un problème ? »

Une petite partie d’elle priait qu’elle dirait oui. Pour l’assommer, peut-être même lui tordre le cou. Si simple, si expéditif, si efficace. Une valeur sûre, la tranquillité assurée. Ses mains la démangeaient, le poids rassurant de son Beretta l’appelait bruissait à la lisière de ses perceptions.

Hayley ne cilla pas, c’était tout à son honneur. Le visage de la peste se parait désormais d’une moue pleine de sollicitude factice.

« C’est qu’on vient de me rapporter qu’il y avait du grabuge là-haut, je ne voudrais pas qu’il t’arrive quelque chose, ni à toi ni à tes amis… »

Des années à se forger une mentalité d’acier permirent à Eryn de garder son calme. Bien qu’elle bouillonnât en son for intérieur, elle se contenta d’hausser un sourcil désabusé, comme si tout lui passait largement au-dessus de la tête.

« Merci du tuyau. »

Et sans autre forme de procès, sans accélérer l’allure alors que toutes les cellules de son corps lui hurlaient de le faire, elle reprit son chemin. Elle n’attendit d’être certaine que personne ne lui filait le train pour enfin se mettre à courir. Anderson serait fort mécontent, s’il avait pu assister à cette scène : Eryn ne faisait pas demi-tour, elle se dirigeait tout droit vers le danger supposé. Parce que voilà, le meilleur moyen de l’atteindre serait certainement de s’en prendre à Aria ou à Dawn. Meilleur plan pour la faire sortir de sa cachette. Heureusement, Aria était futée pour une Princesse, et très souvent bien entourée. Par contre, l’ex-SWAT faisait une proie idéale, dans les circonstances actuelle.

Tous les sens en alerte, elle se glissa dans la ruelle, arme au poing. Elle envisageait de gravir les escaliers de secours, quand un éclat métallique capta son regard. À peine eut-elle ramassé l’objet que son imagination se mit à tourner à plein régime. Avait-il été pris ? Pourtant, aucun signe de lutte évident. Puis non, non, il ne les portait pas sur lui, hein ? Elle fouilla sa mémoire, prise d’un doute. Si seulement il avait jeté l’un de ses fichus DVD à la place… (Ou peut-être n’avait-il pas du tout de DVD et tout ça était une vulgaire ruse).

Elle s’ébroua, leva le nez vers le ciel en espérant apercevoir sa fenêtre, un signe, quelque chose.

Mais non.

Un avertissement.

Elle devait s’en convaincre. Essayer d’en apprendre plus maintenant ne ferait que les mettre en danger tous les deux. Il faudrait simplement qu’elle l’épiât dans les jours à venir pour s’assurer qu’il allait bien. Personne n’allait lui faire du mal. C’était un grand garçon qui savait se défendre.

Autant de paroles rassurantes qu’elle se répétait tout en progressant à reculons vers l’accès aux égouts.

Chaque pas l’approchait la mettait un peu plus en sécurité.
Chaque pas avait le goût acide de la trahison.
Comme le jour où elle avait quitté la base des Hunters.


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