Surprise! No pink bunny this time

Ready for your surprise?

Hello, jolie Princesse…

La Détenue 47 est partie avec un grand boom, l'annonce de la mort de Gallagher vient tout juste de passer aux infos et toi, tu t'apprêtais à retourner au front. Normalement, tu ne devrais pas travailler à cette heure-ci, mais tu ne supportes pas de rester dans ton appartement.

Someone's knocking at your door…
Friend or foe?

♫ Aria, à toi de choisir ton approche !
♫ Entre 250 et 400 mots par post, c'est votre défi !
♫ Oops, tu as laissé ton arme de service chez les PK…
♫ Une question, un doute ? N'hésitez pas à nous contacter !

On te souhaite un bon jeu... Uhuhuhuh...

Gallagher… mort. Gallagher mort. Gallagher mort ? Aria fixait le vide avec une intensité telle qu’il s’en remplissait de tension. Elle se répétait l’information en boucle, l’enfonçant dans son crâne comme elle enfonçait ses ongles dans ses paumes.

San Francisco sans Gallagher.

C’était impossible ! Le simulacre déjà grotesque de paix qui régnait sur la ville ne tenait que par le despotisme de ce type ! Qui reprendrait le flambeau ? Non, plus important : les mutants étaient prêts à se lancer pour de bon dans la bataille. Et ils n’attendraient pas que le camp adverse se relève de ce coup magistral porté en plein cœur ! Et… que faisait-elle encore là ?
Il apparut soudain à Aria la profonde inutilité de son émoi actuel : ses sujets allaient avoir besoin d’elle ! Rester assise dans son canapé, à larmoyer sur la mort d’un inconnu louche et probablement corrompu tout en s’inquiétant de ce qu’une bande de terroristes mal léchés allaient faire, était aussi mauvais pour son humeur que pour sa peau : tout le monde savait ce que le stress pouvait provoquer. L’action en revanche : voilà qui colorait le teint et éliminait la cellulite !
Bondissant sur ses pieds, Aria attrapa sa veste de cuir, tendit la main vers son arme et… son arme, bon sang ! Par tous les ongles vernis de Shiva ! Elle avait oublié son arme au poste ! Elle blâmait Josh. Elle blâmait toujours Josh, d’abord parce que c’était pratique, ensuite parce qu’elle parvenait toujours à justifier cet élan totalement gratuit d’accusation à l’égard de son collègue. Pestant contre ce dernier sans même avoir pris la peine de correctement définir sa responsabilité dans l’histoire, elle alla pêcher dans un tiroir de penderie de quoi s’armer jusqu’aux dents : petites lames glissées à la ceinture et dans ses bottes, couteau papillon dans la poche, et couteau poing américain … et bien au poing.

Elle se dirigeait droit sur sa porte quand celle-ci l’interrompit grossièrement dans son élan dramatique en émettant plusieurs coups. Prise dans le moment, Aria bondit par pur réflexe pour se plaquer contre le mur à côté de la porte, et lançant un regard venimeux à la poignée pourtant sagement scintillante de propreté, elle parla d’un ton claquant :

- Annoncez-vous ! Et ne faites pas les malins, un canon est pointé directement sur vous à travers cette porte.

Eryn avait d’abord tenté de rejoindre le Seamy.
Sa logique implacable, sa relation toute particulière avec le conflit (dans son contexte militaire d’abord, puis dans la situation inextricable dans laquelle se trouvait San Francisco) et le peu qu’elle savait sur Sonya Ashlow suffisait à ses pronostics : Gallagher s’en tirerait pas vivant, et Charlotte subirait peut-être le même sort.

Forte de cette conviction, elle avait décidé de quitter fissa la Bright City pour replonger dans l’anonymat des zones désertées. Hélas, elle avait joué de la malchance. Après avoir échappé de justesse à une patrouille, elle avait dû se terrer dans un recoin sans échappatoire. Très vite, la lumière s’était faite dans son esprit ; elle savait exactement l’unique endroit où elle serait en relative sécurité. Mais plutôt crever que de mettre sa soeur en danger.

Plutôt crever ?
Peut-être pas. Un mal de tête d’abord lancinant avait effleuré ses tempes, qu’elle avait simplement ignoré. Puis il s’était intensifié, mal sourd et rampant, rappel insidieux entrecoupé de véritables décharges de douleurs.

Quelque chose ne va pas.
Eryn n’était pas douillette. Pour la première fois depuis longtemps, elle sentit la panique compresser sa cage thoracique. Comme la première fois où elle avait cru mourir sur le terrain.

Arriva le moment où l’instinct pris le dessus sur la raison. Vision brouillée, coeur battant la chamade, sueur perlant sur son front, elle se trouva sans vraiment se souvenir comment face à la porte, cette porte qu’elle avait évité depuis le début de ce cauchemar.

« C’est moi », marmonna-t-elle d’une voix rauque, appuyée contre le battant.

Ses jambes la portaient à peine, elle crut qu’elle allait s’évanouir.

Était-elle contaminée au contact de la Détenue 47 ? Risquait-elle de contaminer Aria à son tour ?

Non, non, non...
Elle esquissa un pas en arrière, tremblant, comme revenant soudainement à la raison. Si Aria ouvrait la porte juste à ce moment-là, le spectacle n’aurait rien de très glorieux : pâle et fébrile, désorientée, Eryn n’avait jamais dans une telle position de faiblesse. Non, pas même quand elle échouait dans l’appartement d’Anderson Dawn avec une balle dans la cuisse.

« C’est moi »

Le temps se cristallisa autour de ces mots. Ou plutôt : de cette voix. Eryn. Eryn était vivante, et juste derrière sa porte.
Le cristal se brisa et le temps reprit son cours : Eryn !
Aria se rua sur la clef plantée dans la serrure alors qu’une idée saugrenue et tout à fait malvenue tentait de percer l’épaisse confusion entourant son bon sens. Elle tourna la clef fébrilement. L’idée toquait de façon tout à fait insolente. Elle tourna la poignée et ouvrit la porte toute grande, à la volée, alors que l’idée éclatait en milliers de jolies bulles de savon dans son esprit : et si c’était un piège ? Et si quelqu’un utilisait sa sœur pour qu’elle s’expose ouvertement et totalement sans une once de prudence et sans arme ? Brillant Aria ! Est-ce qu’un coup d’œil dans le judas aurait été trop cher payé ?

Oui.
La réalité tangible de la voix d’Eryn derrière sa porte avait relâché le flot de terreur qu’elle coinçait soigneusement derrière un barrage de déni et de distractions depuis qu’elles avaient dû se séparer. Soutenir la pression une seconde de trop lui était insupportable.

Heureusement, derrière sa porte, aucun piège visible. En revanche, ni la terreur, ni la pression n’opérèrent la disparition miraculeuse qu’elle appelait avidement. A vrai dire, de l’orage dont elles lui avaient abasourdi la tête, elles se changèrent en une glace liquide qui descendit lentement dans ses veines. Eryn n’allait pas bien du tout. Elle chancelait, à demi-retournée dans le couloir, manifestement sur le point de repartir, l’air pourtant prêt à s’effondre au moindre souffle.

- Essaye de t’échapper et je t’achève, lui asséna sourdement Aria.

Peut-être pas les paroles de bienvenue les plus chaleureuses, mais dans la stupeur et la panique, c’est tout ce qui lui vint. En deux grandes enjambées, elle fut sur Eryn, passant un bras autour de sa taille, pliant le cou pour qu’elle pût s’appuyer sur ses épaules. Avec toutes les précautions possibles alors que les deux sœurs se devaient d’évacuer au plus vite ce couloir aux nombreux judas braqués sur elles, autant de traîtres désireux de les envoyer à la croix payer les péchés de leurs lâchetés, Aria ramena Eryn dans son appartement. Elle claqua la porte du pied et relâcha son aînée sur son canapé. Vite ! La trousse à pharmacie !

Elle se précipita dans sa salle de bain pour aller chercher de quoi soigner sa sœur, et revint tout aussi vite, posant la boîte sur la luxueuse table basse laquée, empoignant les premiers objets qui lui vinrent aux mains, avant de poser les yeux sur Eryn, avec une consternation hantée d’une frustration confinant à l’horreur.

- Eryn ! C’est quoi ton problème ? Qu’est-ce que je fais ?

Eryn n’appréciait pas tellement qu’on la menaçât. Pourtant, elle ne pipa mot ; premièrement elle n’était pas en position de force, et ensuite il s’agissait d’Aria. Elle se contenta de serrer les dents et de se laisser guider.

Une petite part de son cerveau voulait protester. Elle ne pouvait pas échouer sur un canapé si beau et si propre alors qu’elle était toute crasseuse. Elle émit un grognement agacé contre son esprit qui ne tournait pas rond. Les pensées parasites se bousculaient sans qu’elle ne parvint à esquisser le moindre plan cohérent. Pourtant, pourtant elle savait…

Son problème ?

Elle cligna des yeux, profitant que la vague de douleur refluait pour bien observer sa soeur, sans trop aimer les émotions diverses qu’elle lisait sur son visage. Elle fut tentée de s’excuser, puis se demanda si elle n’allait pas prendre une baffe en le faisant, préféra aller droit au but.

« Je sais pas. »

Elle se massa les tempes, ne sachant pas trop par où commencer, ignorant tout à fait ce que les PK (et donc Aria) savaient de la situation.

« J’ai un peu trop approché la Détenue 47, je crois que je digère pas trop sa mutation. »

C’était le plus plausible. Les deux femmes s’étaient d’abord croisées quelques jours plus tôts, et d’un peu plus loin encore dans la Neo Tower. Ce que dégageait (avait dégagé ?) Sonya était tout simplement instable et terrifiant, ébranlant toutes les cellules du corps d’Eryn.

Rien à faire, donc, à part attendre. Du moins supposait-elle.

Elle grimaça encore de douleur, songea au fait qu’Aria ne serait pas très satisfaite de rester les bras ballants en attendant de voir si son aînée allait se transformer en pudding-muté ou revenir à la normale.

« De l’eau, s’il te plaît ? »

Cela ne résoudrait pas les maux de têtes, mais ça ferait probablement du bien à sa gorge desséchée. Et ça occuperait Aria une minute ou deux pour lui laisser le temps de reprendre contenance. Eryn ne se faisait pas d’illusion : dès que son visage aurait repris des couleurs, elle devait s’attendre à une avalanche de questions.

Je sais pas. Aria sentit une colère boréale enserrer son cœur malmené alors que la panique faisait perdre toute cohérence au fil de ses émotions. Je sais pas. Demander un peu de clarté à Eryn, de toute façon, c’était comme suggérer à cette foutue ville de se remettre dans le droit chemin : c’était s’attaquer à quelque chose de bien trop grand et obtus ! Eryn ne savait jamais rien, quand ça la concernait ! Elle savait filer des instructions, trouver des informations, ne pas partager ces infirmations, laisser les gens à l’écart et tout le tintouin de la liste exhaustive de comment faire enrager sa famille, mais ce qui lui arrivait à elle personnellement, ça, ce n’était jamais possible de lui tirer une réponse concrète !

Aria fut coupée dans cette montée de mayonnaise complètement gratuite qui l’aidait cependant à garder son cerveau emballé autour d’un même sujet, évitant une dispersion qui la ferait sombrer dans une crise d’angoisse, lorsqu’Eryn mentionna la Détenue 47.

Le rugissement qu’Aria voulut pousser ne trouva tout bonnement pas la capacité de décibels requise à son émission dans le talent vocal, pourtant étendu, de la princesse. Elle dut donc opérer une intériorisation extrêmement douloureuse et frustrante qu’elle n’avait pour ainsi dire par l’habitude de devoir s’obliger à faire, étant plutôt de nature à semer autour d’elle ses humeurs sans égard pour le bon peuple. Elle dévisagea sa soeur, abasourdie, bouche bée. Pourquoi… ? Mais pourquoi ? Que faisait-elle dans le périmètre de la détenue 47 ? Ne pouvait-elle donc pas laisser faire les Peacekeepers ? Pour une fois qu’ils allaient dans son sens à elle ! Ils avaient un meilleur équipement, une meilleure santé, un meilleur nombre, une meilleure équipe médicale, tout !

Eryn lui demanda de l’eau, Aria lui envoya un regard glaçant et se leva, raide de fureur, pour se rendre dans sa cuisine. Mécaniquement, elle ouvrit un placard, en sortit un verre, enclencha l’eau du robinet, lança le verre de toutes ses forces contre le mur du fond et s’arrêta, submergée, les mains de part et d’autre de l’évier, tête baissée, cherchant un souffle calme, concentrant son attention sur le bruit de l’eau s’écoulant devant elle.

Cette situation la tuerait.

Après un hiver ignoble, déshumanisant, elle avait cru que le pire était passé, qu’elle reprenait le dessus… elle se rendait bien compte, cependant, que son cœur était irréversiblement abîmé : ne parvenant pas à l’entourer d’un bouclier efficace, où à le fossiliser comme elle avait vu certains de ses collègues le faire, le pauvre organe avait écopé de tant et tant de coups qu’il était à présent à vif. La moindre information la plongeait dans l’horreur, la paranoïa, l’échafaudage de scénarios désastreux. Elle ne dormait plus que par tranches de cauchemards successifs, se retrouvait souvent à devoir s’isoler pour maîtriser des crises de terreur lui coupant le souffle. San Francisco allait la tuer. Pas les mutants, pas les missions, pas l’air empoisonné : elle finirait par s’effondrer, tout bonnement. Elle en était de plus en plus persuadée.

Etrangement, si l’état alarmant d’Eryn lui détruisait la raison, la perspective de son propre déclin l’investissait d’une sérénité libératrice. Elle parvint à trouver un souffle plus profond, plus long, s’amarra dessus et le suivi le long d’une lente vague qui lui fit retrouver un peu de contenance. Elle ouvrit un autre placard, en sortit une petite boîte de cachets et en avala quelques uns : elle s’était débrouillée pour récupérer des anti-depresseurs. Secrètement bien sûr : elle avait bien trop peur qu’on la mette à l’écart, si le degré réel de la dégradation de son état était connu. Elle prit un autre verre, le remplit, et revint à Eryn. Elle le lui tendit, s’asseyant sur la table face au canapé, et l’observa avec un calme froid, lourd et étrangement sombre pour la princesse. Quelqu’un la connaissant mal se serait peut-être réjouit de la voir grandir, gagner en maturité, réussir à gérer correctement une situation critique. Le chien, lui, qui était resté en retrait jusque là, s’approcha d’elle en geignant faiblement et posa sa tête sur ses genoux.

- Que faisais-tu près de la détenue 47 ? demanda-t-elle d’un ton étale qui ne lui ressemblait pas.

Eryn n’était pas aveugle ; elle devinait combien la situation pesait à sa sœur. Le précipice qu’elle contemplait ne lui était en rien étranger.
Certes, elles n’avaient jamais été proches, et ne pouvait pas prétendre connaître aussi bien qu’elle l’aurait dû. Mais elle n’en restait pas moins une ex-Delta, qui avait vu autour d’elle de nombreux soldats s’égarer. Très vite, on apprenait à détecter les signes. Pas par compassion, pas par esprit de camaraderie, non. Parce que la mission en dépendait, parce que des vies en dépendaient. Ils n’avaient pas le droit de craquer, de céder à la pression. Non, ils n’avaient pas le droit de rompre. Cela donnait alors des braves soldats inébranlables, malgré les fêlures et les cicatrices, comme Harper et son goût indécent pour la chasse, comme Foster et sa droiture suintant la suffisance. Comme elle, qui s’était refusé le droit de ressentir quoi que ce fût.

Cela lui coûtait de l’admettre, mais elle ignorait complètement de quelle trempe était Aria. Elle essayait de se consoler en disant que peu de gens se connaissaient suffisamment eux-mêmes pour déterminer leurs propres réactions en situation de crise. Bien maigre excuse pour être une mauvaise sœur.

Les yeux rivés sur les omoplates d’Aria, elle ignorait comment réagir. Les paroles rassurantes ne lui réussissaient pas. Elle craignait d’empirer la situation en exprimant son inquiétude. Alors elle se tut, détournant les yeux tandis qu’Aria revenait s’assoir, murmurant un simple « merci » lorsqu’elle eut le verre d’eau entre les mains.

Pourquoi s’était-elle approchée de la Détenue 47 ? Par où commencer ? Après quelques gorgées laborieuses, Eryn reposa le verre sur la table basse. Jouer carte sur table, donner un peu d’espoir à Aria, c’était peut-être finalement la meilleure chose à faire. Du moins espérait-elle.

Sa voix était encore rauque quand elle reprit la parole :

« Deux choses : je voulais des informations sur Alcatraz et régler mes comptes avec Gallagher. »

Elle releva enfin les yeux, passa une main lasse sur sa nuque alors que la douleur refluait peu à peu. Elle espérait qu’Aria saurait se montrer un peu plus patiente avec elle qu’à l’ordinaire.

« J’ai rencontré Sonya Ashlow plutôt par hasard. Elle était mal en point, et avait une dent contre Gallagher… Et si la moitié de ce qu’elle m’a raconté sur Alcatraz est vrai, avec de bonnes raisons. »

Les membres des forces spéciales avaient une notion assez pointue de ce que pouvait être la torture. Autant dire que les scientifiques de la Neo Corp. avaient largement dépassé les bornes.

« Je n’ai pas pu la retenir, alors je l’ai devancée à la Neo Corp. J’avais besoin de savoir pourquoi ils avaient absolument besoin de moi. »

Sauf que des réponses de Gallagher, elle n’en avait pas tellement obtenu, si bien qu’elle conclut :

« Tout ça pour pas grand-chose. C’était un sacré fils de pute. »

D’un regard, elle indiqua à Aria qu’elle pouvait désormais poser ses questions. Et Eryn se promit de ne rien lui cacher.

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