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Does the Army leave scars? [Terminé]

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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Jeu 14 Fév - 0:30

Eryn avait raison. Au fond, je m'en fichais pas mal du regard des autres, le truc était de réussir à se regarder soi-même et à s'accepter ensuite tel qu'on était. Un truc que je pourrais pas supporter de faire. Du moins pas tant que je n'aurais pas du temps devant moi pour penser et réfléchir tranquillement. Pas tant que j'aurais une arme dans les mains. Pas que ça me rappelait que des mauvais souvenirs, mais… Des fois les mauvais souvenirs absorbaient les bons, en ne laissant rien derrière eux.

En tous cas, la façon dont elle me l'avait dit avait quelque chose qui faisait que je ne me prenais pas la tête en réfléchissant directement. Elle m'avait, en quelques sortes, indiqué la voie, et après il ne tenait plus qu'à moi de la suivre, ou non. Je ne savais même pas si j'aurais l'occasion d'y réfléchir. Après tout, les probabilités que je meurs avant de prendre cette retraite étaient fortes. Quand on est soldat, on se projette pas trop dans l'avenir. C'est trop difficile une fois qu'on a vu que finalement, un corps humain, ça meurt vite. Alors notre futur… C'était pas trop ça. Valait vivre l'instant présent, au maximum, parce qu'on savait que le lendemain on serait peut-être morts.

Elle était pareille, en un sens. Elle savait quoi faire dans son avenir proche, certes, elle devait rester nomade, et changer souvent de lieu d'habitation, mais concrètement, elle ne devait pas savoir ni quelle serait sa prochaine maison, ni de quoi serait fait son futur lointain. Bien sûr qu'on tissait des plans pour les jours suivants, cela allait même de soit. On ne pouvait pas que vivre sa journée sans penser au lendemain concret. Mais penser à ce que je serais dans un an, ce que je ferais… Non, ça, ça me dépassait.

Je ne savais quoi répondre. Je songeais à sa vie, constituée de fuites hebdomadaires, voire plus souvent. Ne jamais rester au même endroit était sa clé pour échapper aux mailles du filet, et pas seulement celui que nous avions installé. Nous n'étions pas les seuls à sa recherche, sinon autant de précautions auraient été superflues, nous n'aurions eu que d'infimes chances de l'attraper. Mais elle avait le PDG de la Neo Corporation sur le dos, et Dieu savait qu'il était tenace. Et aussi son ancienne unité, qui apparemment, la voulait plus morte que vive. Oui, passer une journée dans la peau d'Eryn Blake n'était pas une partie de plaisir. Il fallait être constamment sur ses gardes, prêter attention aux moindres détails.. Et tout ça, seule.

Elle n'avait pas d'alliés, personne sur qui compter. Je doutais que sa soeur soit d'un grand secours, au vu de sa position délicate au sein des PeaceKeepers. Elle était sur le fil du rasoir, et n'avait pas de porte de sortie. La moindre de ses fautes pouvait la mener au désastre. Avec cela, il n'était pas étonnant qu'elle soit telle qu'elle était maintenant. Ça et son passé en tant que militaire. On ne nous apprenait pas particulièrement à faire confiance aux inconnus. Plutôt à leur tirer dessus d'abord, et à poser les questions ensuite.

Après un bref silence, ce fut finalement elle qui le rompit. Au début, je faillis lâcher un petit rire, tant cela me paraissait incongru dans la bouche d'un autre. J'y avais songé, d'accord, mais de là à ce que ce soit elle qui formule mes pensées paranoïaques, il y avait un pas. Qu'elle y ait pensé aussi rendait la chose brutalement plus crédible. Et je doutais que ce soit juste une idée en l'air pour que je m'inquiète pour rien.

Un type me visant moi particulièrement… Comment était-ce tout simplement possible ? Nos patrouilles, donc tout ce qui concernait nos itinéraires, nos zones, et nos affectations étaient secrètes. Un hasard ? Il m'avait reconnu dans une ruelle, m'avait suivi ? Ça paraissait dingue, mais en même temps, pas tant que ça : on vivait des temps de dingue, et les types qui la vivait étaient inconnus. Peut-être qu'une mutation consistait à traquer l'individu de notre choix ? Qu'est-ce que j'en savais ? J'étais sain, et parfaitement sain. Et en l'occurrence, j'étais pas forcément apprécié des milieux mutants.

Point que je relevais, le fait qu'elle m'en parle indiquait d'une certaine manière qu'elle avait décidé de ne plus me tuer. Ce qui était une bonne chose. Je ne serais pas allé jusqu'à dire qu'elle allait se préoccuper de moi, loin de là, mais c'était encourageant. J'envisageais meilleure mort que par noyade dans les égouts.


- Ouais, peut-être. Mais je vais plus chez moi depuis longtemps, la plupart des flics se sont installés au Central-Ops. En tous cas, tous ceux qui avaient pas de famille l'ont fait. Les autres se sont installés dans les appartements voisins, parce que les alertes n'en finissent pas. Et que la propagande raconte des conneries : on est loin d'avoir des effectifs suffisants pour maîtriser la situation, c'est tout juste si on garde un semblant d'ordre dans la Bright. Mais il suffit de voir ce type qui nous a attaqué, on sort de quelques dizaines de mètres des Beaux Quartiers, et c'est la Jungle.


Façon subtile de lui rappeler ma proposition de l'"héberger". Je ne serais jamais allé la dénoncer si elle aurait misé sa confiance sur ma bonne foi, quoi qu'elle puisse en penser, et moi comme ça au moins je serais tranquille quant à mes maigres possessions. Après, elle était plus que libre de refuser, un truc comme ça, ça sentait le piège à des kilomètres. Bizarrement, j'avais envie de l'aider, de l'aider à se forger un avenir, un futur plus lointain. L'idée qu'elle soit perpétuellement chassée ne me plaisait pas, et, bien que ça ne soit pas mes affaires, je ne voulais pas qu'elle soit capturée. C'était con, j'étais à peine plus vieux qu'elle et n'avait donc pas de leçon à lui donner, mais j'avais envie qu'elle s'en sorte. Je ne savais pas comment m'y prendre, et je ne savais pas non plus si je trouverais comment le faire, mais je savais que je l'aiderais si elle avait besoin d'aide.


- Tu penses que ça va se finir comment ? demandais-je d'une voix éteinte, mes paroles étant sans rapport ou presque avec ce que je pensais actuellement.


Comment la quarantaine de San Francisco allait-elle prendre fin ? Par l'extermination de tous les mutants ? Leur acceptation ? Une sortie massive et concrète de la zone, par une population unifiée par le désir de sortir ? Une bombe nucléaire balancée pour anéantir ne serait-ce que le souvenir de la ville ? Je n'en avais aucune idée, ni sur le pourquoi je lui avais demandé cela. Des fois, faut juste pas chercher à comprendre.

HJ:

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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Sam 16 Fév - 11:43

Donc il n’avait pas de famille, comme elle l’avait suspecté plus tôt. Elle se demanda brièvement comment pouvait-on se battre sans rien de plus personnel à défendre puis rit intérieurement de l’idée en la repoussant ; cela ne faisait que quelques semaines qu’elle-même avait compris l’importance d’Aria dans son existence. Avant cela, ce n’était qu’une insupportable petite peste de Princesse pourri-gâtée qu’elle croisait une fois l’an, lorsqu’elle retournait au domicile familial pour les fêtes de fin d’année. Et encore. Quand elle n’était pas sollicitée pendant les fêtes de fin d’année.

Pourquoi s’était-elle acharnée, alors ? Car à ce stade, il ne s’agissait plus simplement d’une bravade à l’adresse de son père. Eryn s’étonnait de ne pas trouver la source de sa motivation. Ce n’était pas comme si c’était un métier facile et elle avait bien tenu toutes ces années pour une raison précise… Probablement la force de son lieutenant, qui désormais s’estompait avec la distance. Ou alors, c’était une caractéristique de sa propre personne, de ne pas lâcher le morceau quoi qu’il en coûtât, cette obstination et ce mental d’acier qui lui avait valu sa place. Soit. Mais si elle retrouvait sans problème l’obstination, elle avait quelques difficultés à recouvrer le mental. Combien de temps avait qu’elle ne craquât ? Elle trouva la question posée plus tôt à Dawn, encore dans le confort du logis, d’autant plus cruelle qu’elle se la posait à elle-même à présent. D’autant plus que les siens avaient plus tendance à se plomber la cervelle quand ils s’effondraient.
Sympathique perspective.

Une moue faussement boudeuse éclaira ses traits sombre jusqu’alors, tandis qu’elle marmonnait, tout en scrutant une indication sur une paroi toute proche :

« Quel homme difficile à joindre… »

C’était plus une boutade qu’autre chose ; Eryn n’avait pas la moindre intention de se rendre à l’improviste chez Anderson. C’était stupide, dangereux et particulièrement inutile. De même que de tenter de le contacter. Et puis, pour quoi faire ? Solliciter son aide ? Eryn Blake n’avait pas besoin d’aide. Du moins, c’était ce qu’elle s’évertuait à se répéter. Elle ne pût s’empêcher de se demander dans quel genre de piaule il vivait ; s’il était de ces imbuvables bordéliques ou plutôt de ceux dont le pragmatisme militaire déteignait dans tous les aspects de sa vie. Elle pariait pour la seconde option.

« C’est pas très futé de me dire à quel point les Peacekeepers sont démunis, Dawn. On ne sait jamais, je pourrais rejoindre un camp un peu extrémiste qui voudrait vous anéantir. »

Les rôles inversés. Une attaque directement dans le quartier des Peacekeepers. L’anarchie. Oh, cela finirait bien par traverser l’esprit à quelqu’un dans cette fichue ville. Drake Carter, pour commencer, si lui et son unité se retrouvait soudainement traqués pour meurtres. Quoi qu’il ne voudrait pas ruiner son image à ce point. Caldwell ne pousserait pas la rébellion aussi loin, il n’était pas un combattant, mais un pacifique avec le cœur sur la main ; même s’il savait lutter quand il le fallait, il ne tuerait jamais des sains pour le bien des mutants. Mais la situation de San Francisco, aussi réduite fût-elle, était bien loin d’être immuable ; un nouvel agent pourrait s’incruster à n’importe quel moment et tout perturber. La découverte de l’origine de l’incident, par exemple, pourrait bien déclencher quelques émeutes à l’occasion. Les probabilités d’en arriver à un bain de sang étaient conséquentes. La violence prendrait forcément le dessus dans une situation pareille ; ce n’était qu’une bombe à retardement.

Finir.
Parce que cela finirait bien un jour… Pour lui, en tout cas. Pour Aria, aussi. Tous ces gens sains qui avaient heureusement des gens pour les couver du regard. Son Général de père devait se démener comme un diable au dehors. D’autres étaient sans-doute en train de faire la même chose. Ils n’étaient pas sans ressources. Et si le gouvernement avait voulu se débarrasser d’eux, cela ferait longtemps que la ville serait atomisée ou qu’ils auraient cessé d’envoyer des vivres pour tous les laisser crever à petit feu. Il restait le problème évident des mutations, ce pourquoi elle appuyait encore la douloureuse extermination de Drake Carter. Tant qu’il y avait une menace là-dessous, la quarantaine ne serait pas levée. Tant que des gens comme elle fouleraient encore cette terre, il n’y aurait pas de paix à San Francisco.
Elle poussa un soupir.

« La bonne nouvelle, c’est que je pense vraiment que les gens comme toi vont s’en sortir. Il y a au-dehors des gens influent qui ont des proches à tirer de là. Il faut juste leur laisser le temps de décider de ce qu’ils vont faire des mutants. »

Et les Peacekeepers et les hommes de pouvoirs seraient couverts de médailles, d’autres seraient accusés de crime contre l’humanité ou amnistiés. Les débats feraient toujours rage et la ville de San Francisco serait envahie par les curieux, désertée par ses anciens habitants dont le traumatisme refuserait de les quitter. Beau tableau en perspective. Elle lui jeta un regard songeur :

« Je suis sûre que tu porteras très bien ta médaille. »

Et son cynisme amer, pourtant habituel, n’avait plus rien d’une touche plaisante d’humour noir. Cela sonnait que trop vrai. La façon dont elle éludait son sort traduisait à merveille le sentiment de néant qu’elle était bien décidée à éprouver. Les affrontements entre sains et mutants prendraient de l’ampleur, que ce fût avec l’aide de l’extérieur ou non. La destruction naîtrait des entrailles même de la ville, viscérale et malsaine. Jusqu’à ce qu’on décidât de l’extermination ou qu’un remède fût trouvé.

Un remède. Le prendrait-elle ? S’il y avait soudainement une solution pour annihiler sa mutation, l’emploierait-elle ? Et si elle utilisait sa mutation sur elle-même, pour la mettre en sourdine et se penser saine à nouveau ? Ridicule. Se priver d’un tel instrument de survie était tout bonnement ridicule. Elle y serait passée et Dawn aussi si elle n’avait pas ressenti cette mutation active dans les environs. Tout ça pour faire semblant de ne plus être une mutante. Risible, hein ? Et pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’espérer un peu, au fond d’elle, qu’il existât une solution aussi agréable, qu’il lui suffirait de se rendre gentiment à Alcatraz, d’accepter de signer un papier, de subir quelques analyses puis enfin, viendrait la salvatrice guérison. Caldwell aurait beau dire, la mutation était une maladie. Il n’y avait pas de quoi en être fier, seulement maudire sa bonne étoile qui n’avait pas fait son taff.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 18 Fév - 18:15

Notre route dans les ténèbres continua, et je ne m'interrogeais pas une seule fois sur où nous allions. Cela m'importait peu, à vrai dire. Je n'aurais su dire pourquoi, mais je me fichais de sortir au beau milieu du marché noir, d'un coupe-gorge, ou de n'importe où. Eryn enchaîna avec le fait que j'ai lâché des informations peu flatteuses sur l'état des PeaceKeepers, ce à quoi je répondis par un haussement d'épaules. Techniquement, il suffisait d'observer pour se rendre compte de ce que je venais de dire. Je n'allais pas balancer des informations confidentielles à tout bout de champs, et je pense qu'elle le savait. Ça allait tout bonnement à l'encontre la plus totale de mon entraînement militaire.


- Il n'y a pas tant que ça de groupes extrémistes susceptibles de venir nous déloger, dis-je, confiant. La plupart des civils savent que nous sommes la seule force à même de les protéger, et pour cela l'action d'un tel groupe serait mal vue, et ils se lèveraient pour défendre notre système, bien qu'il ne soit pas toujours juste. Je tiquais. L'impression de réciter quelque chose d'appris par coeur. Comme endoctriné, je déclamais la propagande en y ajoutant des concessions pour que je n'ai pas l'impression que cela sonne faux. Mais en dépit de tout, ça sonnait faux, et pas qu'un peu. Je la regardais, un air surpris sur le visage, avant de me reprendre : Ouais, non, en fait, peut-être pas. Je vais me consoler en me disant que je ne t'ai pas livré d'informations trop classées.


Que se passerait-il vraiment si un groupe décidait de prendre d'assaut les Quartiers Généraux de la Police ? En tant normal, nous avions suffisamment de munitions et de vivres à l'intérieur pour tenir un siège en règle. Mais il n'y avait plus de règles : les munitions étaient comptées, les vivres rationnées, et les mutations changeaient la donne. Nous venions d'être témoins de la violence que pouvait posséder un seul être humain. Que se passerait-il si ils étaient plusieurs à disposer de pouvoirs équivalents, et qu'ils se lançaient tous à l'assaut du QG de la police ? Et sans compter les mutations, les Forces Spéciales lâchées dans la ville disposaient d'un armement conséquent, et d'un entraînement dépassant de très loin les policiers de base.

Non, par les temps qui courraient, une attaque prendrait quelques jours, au maximum. Surtout si on perdait la population. La pire chose qui pourrait arriver. Les recensements étaient incomplets, et le décompte des morts encore plus, mais la population de San Francisco était encore largement suffisante pour qu'une rébellion fasse plonger la ville dans une guerre civile meurtrière. La tension s'accumulait chaque jour un peu plus, la peur, l'incertitude, le manque de ressources, tout cela contribuait à l'atmosphère générale. Et un moment la soupape finirait par sauter. Que ce soit dans un effort généralisé pour sortir de la Zone, qui se solderait au mieux par la fuite d'une dizaine de personnes au prix de la morts de centaines d'autres, au pire par un massacre méthodique de l'Armée de ses concitoyens. Ils n'hésiteraient pas. J'avais observé les écussons des rares gardes qu'on pouvait apercevoir sur les promontoire, ou même ceux des unités blindées, et c'était tous des durs à cuire. Loin de la garde nationale, c'était des unités qui avaient subis des taux de pertes approchant les 80% dans certaines escouades dans leur déploiements, et ils n'hésiteraient pas à tirer sur des civils. Ils ne se poseraient pas de questions. Je me demandais si ça n'était pas même un critère de sélection.

Et puis, au pire, le gouvernement enverrait un B-52, chargeant le pilote de balancer un engin sur la ville en lui faisant miroiter l'envoi d'un remède, et tout finirait en cendres nucléaires. L'Etat était connu pour les mensonges versés aux soldats pour les convaincre d'accomplir l'horreur.

Les gens comme moi… Les gens "sains". Les types influents du dehors ne pourraient pas évacuer leurs proches sans que les autres sains ne réagissent. Ils seraient forcés d'évacuer tout le monde, de les faire sortir un par un, de les tester, et enfin de les envoyer dans des salles de psychiatrie, en les exhibant comme les héros de l'Amérique, ceux qui avaient traversé l'enfer. Ouais, ils me fileraient certainement une médaille, pour avoir fait mon boulot. Je baissais le regard, imaginant le poids dérangeant accroché à ma poitrine. Un poids honteux, et je savais que je n'aurais pas les tripes de crier au mensonge en l'arrachant. Je me contenterais d'un "merci" poli, et je prendrais une retraite anticipé, quelques part dans les Appalaches, où je ressasserais tout ça pour me demander où j'aurais pu faire quelque chose.

Parce que ce que je faisais là était loin d'être une rébellion personnelle. C'était juste un doigt d'honneur fait aux PK et à Alcatraz, juste un coup de tête d'adolescent. Même si je savais que je serais probablement fier de moi si je le faisais, balancer toute ma vie sans dessus-dessous me paraissait tout bonnement impossible. Je me détestais de cette faiblesse, mais je n'y pouvais rien. Je n'étais pas assez fort pour me battre contre ce à quoi je croyais encore, désespérément. "Nous apportons la lumière à l'obscurité. Nous apportons l'ordre au chaos." Je n'avais pas le coeur de me renier.


- Peut-être… Que les gens finiront par accepter ces mutations… dis-je d'un air peu convaincu.


Changer les mentalités ? Et puis quoi encore ? Elles évoluaient si lentement que ça me semblait impossible. Oh, il y en aurait qui les accepterait. Des penseurs, des génies, qui y verraient l'avenir de l'espèce humaine. Mais la plupart des individus verraient en eux des monstres. On avait déjà du mal à accepter ce que pensaient d'autres individus sains, et au vu de la polémique sur le mariage gay, je n'osais même pas imaginer ce que serait celle sur l'intégration des mutants à notre société. Le phénomène n'était même pas généralisé. Il agissait au niveau d'une ville. Une grande ville, certes, mais une ville. Si d'autres pays étaient touchés, le problème ne serait pas le même. Non, là, il avait tous les défauts pour lui, et nombre d'ultra conservateurs n'y verraient qu'une engeance. Quelque chose à annihiler.

Quoi que soit la fin, ce ne serait pas un "happy ending" comme on les aimait aux Etats-Unis. Non, ça serait quelque chose qu'on essayerait d'enterrer, d'oublier. Chaque individu sortant se verrait contraint de signer une clause de non divulgation, et les rares qui le feraient seraient systématiquement isolés et signalés comme ayant perdu la raison. Tout le monde chercherait à tourner la page, alors que nous étions arrivés à la fin du bouquin. Il n'y avait pas d'issue heureuse, pas de solution miracle. Pour le moment en tous cas, c'était la période la plus sombre de la crise.


- Ils t'en fileront une, toi aussi, fis-je remarquer d'un air sombre. Une breloque à titre posthume, parce qu'on cultiverait le mythe de forces armées unies et parfaitement saine, d'esprit comme de corps. Mais on brûlera tous pour ce qu'on vous a fait… conclus-je, m'incluant dans le lot.


Je n'étais pas croyant, mais je savais qu'abandonner les mutants à leur sort me poursuivrait toute ma vie. Alors que tout me poussait à me battre contre ce système, je m'y accrochais comme à une bouée. Alors que je voulais le combattre, que je voulais être fier de moi, que je savais que rester, c'était succomber, je ne pouvais pas. Je ne pouvais tout simplement pas. Et ça m'horrifiait.
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Ven 22 Fév - 21:40

Eryn retint un rire amer. Accepter les mutations ? Quelle idée. Personne ne les accepterait ; on n’avait pas tellement évolué depuis les chasses aux sorcières… C’était ridicule. Affreusement ridicule que de penser une chose pareille. Pourquoi accepteraient-ils les mutations ? Les guerres rongeaient le monde depuis toujours et maintenant, alors qu’on ne pouvait pas faire la paix avec d’autres pays, des humains ordinaires, ou parfois même son propre voisin, dans ces guerres civiles dévastatrices, on pourrait, en revanche, accepter un concitoyen capable de faire exploser votre maison sur un coup de tête ? Capable de transformer votre sang en glace comme cette fille chez Jake Caldwell ?

Il n’y aurait pas de héros au sortir de cette horreur, seulement des victimes et des monstres, qu’ils fussent humains ou mutants. Il n’y aurait que ce traumatisme, souvenir rampant et hideux que l’on dissimulerait soigneusement au fond de sa mémoire et qui, la nuit, hanterait ses aimés de ses songes blafards. Il n’y aurait que désolation, souvenir d’une lente agonie d’une ville asphyxiée.

Alors, non, il n’y aurait pas de médaille pour Eryn. C’était ridicule. Alors que Dawn, lui, servait la ville, le gouvernement, obéissait aveuglément aux ordres. Ce n’était pas de son fait s’il était trompé, abusé par ces autorités crapuleuses. Le jour viendrait où il aurait un choix à faire, entre le droit chemin que lui dicterait sa conscience et la confiance aveugle en un système corrompu. À ce moment-là, Eryn ne douterait pas que le Peacekeeper ferait le bon choix. Et tout se jouerait sur cet instant, où une série de choix serait fatidique. Pour tous. Mais elle, elle ne voyait pas encore cela se profiler ; elle n’avait pas un don de prescience, de ceux qui étouffent leur détenteur entre les fils du destin. Il ne lui restait qu’une forme tenace de désespoir qui lui murmurait quelques sinistres convictions. Pas de gloire, pas d’honneurs post-mortem : elle avait fui sa propre équipe, n’avait pas rejoint la communauté mutante et n’était pas non plus venue gentiment aider les Peacekeepers par le biais de Gallagher. Elle s’était plantée stupidement entre les feux et se contentait d’un regard torve dans chaque tranchée, jusqu’à ce que la fureur induite par sa propre indécision la consumât. Autant dire que les paroles de Dawn étaient, en conséquent, des plus amusantes. Dommage, juste, que le contexte fût si sombre.

« Une médaille ? Pour quel haut faite aurais-je une médaille ? Désertion ? Trahison ? Mutation ? Sois pas ridicule, Dawn. À la limite, si le général insiste un peu pour glorifier son nom et si on étouffe ce qu’il y a à étouffer… Ah, ce serait presque comique. »

Presque.
Elle accéléra le pas, sans pouvoir pour autant définir l’origine de son agacement. Une chose était certaine, néanmoins : elle n’avait pas envie d’écouter l’éventuelle réponse de Dawn. Les suppositions du Peacekeeper, qu’elles fussent optimistes ou lugubres, ne feraient que renforcer les sentiments désagréables qui l’agitaient. Les démons de la solitude étaient une chose, le rappel de ces mêmes démons par une simple présence relevaient de la torture psychologique : elle n’avait pas besoin qu’on lui ressassât ces questions odieuses qui tourbillonnaient déjà dans sa tête lorsqu’elle était seule.

Elle leva le nez à plusieurs reprises, intriguée par un chatouillement de ses sens ; au-dessus, elle percevait l’utilisation, parfois, de mutations. Cette curieuse sensibilité depuis l’explosion la gênait et elle s’efforça de la faire taire. Après quelques essais, bourdonnements et frissons cessèrent enfin. Soit les mutants n’étaient pas présents dans la zone, soit elle avait atteint son but. Dans les deux cas, cela lui convenait. Elle ne voulait pas voir sa mutation évoluer, elle ne voulait pas en dépasser les limites ; même si cela lui avait sauvé la vie plus tôt, elle préférait prendre ses distances avec ce sixième sens dont elle était désormais dotée, le brider pour n’en user qu’en dernier recours. Faire semblant, un peu, même si elle ne pouvait l’oublier.

Marquant une pause à un croisement, elle jeta un énième coup d’œil à l’un de ces panneaux délavés et crasseux qui, parfois, se détachaient du béton sale et humide. Elle connaissait mieux le coin ; ce n’était pas la première fois qu’elle explorait les égouts et elle avait déjà lu, à une occasion ou deux, la carte de cette zone. Merci Drake Carter et ses multiples ressources. Si elle ne se trompait pas, ils se trouvaient plus très loin de cette partie du dédale, là où elle avait rencontré Charlotte. Encore un peu plus loin, il s’agissait de s’enfoncer un peu plus dans le Black Market. En bifurquant, on retournait vers la Bright. Elle se souvenait encore d’en avoir parcouru les ruelles jusqu’à s’approcher suffisamment des quartiers chics, accompagnée de cette curieuse blonde. Une biche égarée qu’elle avait sagement raccompagné pour quelques dollars. Et un renseignement contre une promesse arrachée… Elle secoua la tête. Ressasser de tels événements, presqu’anodins, ne lui ressemblait pas. Elle se tourna vers Dawn, désignant de la main le conduit perpendiculaire :

« Je te conseille de suivre cette direction pendant un bon quart d’heure, et tu devrais trouver un accès au nord-ouest de la Bright. »

Ce n’était pas comme si cette rencontre, pour le moins désastreuse et haute en couleur, pouvait durer éternellement. Eryn espérait seulement que vraiment, vraiment, vraiment, Dawn n’irait pas parler d’elle à Aria. Il fallait qu’elle trouvât un moment pour avertir sa sœur, qu’elle se glissât subtilement dans la Bright jusqu’à cette malheureuse boîte aux lettres – merde, ce qu’elle détestait user plusieurs fois du même moyen pour la contacter, c’était si peu sûr ! – pour y laisser un mot. Mais, dans l’immédiat, avec une nouvelle planque à trouver et un sentiment d’insécurité encore plus grand, elle se voyait mal amener ses poursuivants directement sur le palier de sa cadette.

En guise d’avertissement tacite sur le sujet, elle se contenta de fixer Dawn du regard, espérant ainsi lui arracher une promesse. C’était bien entendu que miss Blake ne pouvait pas demander poliment, comme toujours.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 24 Fév - 17:22

La marche s'était transformée en une marche lugubre, comme celles après les enterrements. Je détestais les enterrements, particulièrement de ceux que j'aurais pu sauver. Voir mourir son pote au combat était une chose : on lui arrachait une plaque d'identification pour la refiler aux supérieurs, on transportait le corps à la base. Il était mort pour quelque chose. Au nom de quelque chose. Les enterrements, c'était différents. Si c'était un proche copain, ramener la bannière étoilée pliée en triangle à la famille avait de quoi vous nouer les tripes. Les pleurs, les tentatives maladroites de réconfort. Et l'habituelle question : "comment est-il mort ?"

Evidemment qu'on disait qu'il était mort en héros. Mais il n'y avait rien d'héroïque à mourir en faisant une blague sur les bordels afghans, au fin fond d'un désert sans fin, déchiqueté par un explosif artisanal. Rien d'héroïque à tirer sur des montagnes, et à crever à cause d'une balle perdue. Toutes les glorifications des soldats étaient une honte pour les survivants. Parce qu'eux avaient laissé leur sang là-bas, tandis que nous nous en étions tiré.

Les enterrements, enfin. Le cercueil recouvert du drapeau. Les unités tirant les trois rafales. Les yeux rouges, et la marche pour sortir de la prison des morts. Je m'étais toujours demandé pourquoi on avait mis des barrières et des murs autour des cimetières. Pas comme si ils allaient s'échapper. Peut-être juste un moyen d'encadrer la dernière demeure des êtres vivants ? Qu'est-ce que j'en savais.

Eryn accéléra le pas, et je gardais la cadence d'un air sombre. En la regardant en coin, je songeais que j'étais définitivement mieux placé qu'elle : je n'avais pas à me plaindre de ma situation. J'avais en tête l'étrange image de moi en planqué de bureau en Afghanistan, et elle, au front. Elle affrontait le danger tous les jours, tandis que je restais dans les Beaux Quartiers, bien protégé dans les Quartiers Généraux de la Police. Sans rien faire d'autre que d'attendre qu'on me dise quoi faire.

Elle s'arrêta enfin, désignant un autre conduit, me ramenant justement à la maison. Je respirais longuement en observant la voie ténébreuse, avant de me retourner vers elle. Eryn ne m'avait pas quitté du regard, comme si elle attendait quelque chose. Je ne pus cacher un demi-sourire. Quoi qu'elle veuille, elle ne le formulerais pas à voix haute, mais je n'avais pas envie de jouer aux devinettes.


- On attend un dernier baiser, Blake ? demandais-je en souriant franchement. Quoi qu'il en soit… Merci de m'avoir averti, continuais-je, faisant allusion à sa mise en garde avec le mutant explosif. Et te fais pas de mouron pour ta soeur. Si le caractère est de famille, je m'en approcherais pas.


Je commençais à tourner les talons, rehaussant mon HK contre moi, faisant quelques pas, avant de tourner une dernière fois la tête pour ajouter :


- Hé, Blake… Fais gaffe à toi, dis-je en reprenant ma marche, avant de parler suffisamment fort pour qu'elle puisse m'entendre même si elle avait commencé à partir de son côté : Je sais pas si t'as gardé ton matos de communication, mais si jamais, mon canal privé est le 217-C ! Bonne chance, conclus-je d'un ton plus bas.


Voilà la dernière chose que je pouvais faire pour elle. Lui donner le canal utilisé par mon équipe précédente, désormais inutilisé. Lui donner une possibilité de savoir ce qui se tramerait contre elle à l'avenir. Parce que si elle était retrouvée par les mauvaises personnes, ce serait nous qui serions envoyés. J'étais donc dans une position de choix pour l'aider à s'enfuir.

Le conduit redevint silencieux, à peine troublé par le bruit de mes bottes. J'avançais, la torche pointée vers le sol, vers les ténèbres. Elle aurait pu me dire ce qu'elle voulait, j'aurais pu tomber nez à nez avec une bande de mutants, ou les défenses automatisées de la Quarantaine pour ce que j'en savais. Mais j'avais confiance.

La seule bonne chose avec la Quarantaine, c'était que nous n'étions plus obligé de faire des rapports d'utilisation de matériel. Enfin, sauf pour le Neo Serum. A part lui, ils avaient juste remplis des grandes boîtes de matériels, et chacun se servait. Approvisionné directement depuis l'extérieurs, on ne voulait surtout pas qu'on tombe à court de matériel, et que San Francisco devienne la ville la plus instable des Etats-Unis d'Amérique, non, surtout pas. Autant filer à la police un maximum d'équipement, ça nous reviendrait moins cher qu'une tentative d'évasion en règle.

Au bout de ce qu'il me sembla être les fameuses quinze minutes, je m'arrêtais à la première échelle remontant vers la surface qui se présenta à moi, et j'en gravis un à un les échelon. La plaque d'égout me posa au moins autant de problème que la précédente, et je la poussais violemment au-dessus de moi pour l'écarter, émergeant en pleine après-midi. Mon écouteur grésilla quand je le remis en marche.


- A toutes les unités, je répète, convergez sur l'Union Street. Multiples mutants repérés. Unités SWAT, regroupez vous sur la Green Street. Terminé.


C'était reparti. Je me repérais rapidement grâce aux panneaux, ne prêtant pas attention aux regards des badauds. Je remis ma cagoule sans réfléchir. Le moment de se rebeller contre l'autorité n'était pas encore arrivé. Pas encore. Pour le moment, continuer à suivre les ordres. Continuer à être celui qu'on avait formé à être. Et quand le jour viendrait, savoir se poser les bonnes questions, et bien y répondre.

Je mis un moment à m'apercevoir que je courrais vers la rue où m'attendait mes hommes. Peu m'importait si ils m'accompagneraient ou non. Quand le jour fatidique viendrait, ce serait à chacun d'agir en son âme et conscience. A chacun de se demander si ce qu'il faisait en valait le coup. Pour le moment, garder sa place. Combler son envie de révolte par une maîtrise de soi-même. Je rejoignis rapidement mes hommes, expliquant mon absence par du tourisme. Je m'équipais, et leur fis signe de me suivre. Les réflexes revinrent rapidement. Le Central indiqua les dernières informations, et je ne fus guère surpris d'apprendre que c'était notre expert en explosion qui avait enfin été repéré de nouveau. Serrant de mes mains mon arme, je distribuais mes ordres.

Que ce soit avec eux ou avec l'éventuelle rébellion, une seule chose comptait, une chose que tous les sergents instructeurs du monde répétaient à leurs recrues. Une chose essentielle, d'autant plus par les temps qui courraient.

Je sortais de l'angle de mur pour viser le suspect alors que la sempiternelle phrase résonnait encore dans ma tête.


- De la coopération, messieurs !
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Eryn Blake

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Eryn Blake
Mutation Sensor
Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Mer 27 Fév - 19:53

Eryn rajusta son sac sur son épaule et fronça les sourcils. D’un ton mordant, elle répliqua du tac au tac, vieille habitude à force de devoir défendre sa place dès qu’elle arrivait quelque part :

« Plutôt mon poing dans ta gueule, Dawn. »

Malgré elle, elle ne put que lui rendre son sourire. Oh, elle pouvait bien s’accorder une petite faiblesse, après tout ; ce n’était pas comme s’ils allaient se revoir. Outre le caractère hasardeux de la rencontre, la ville de San Francisco ne leur permettrait peut-être pas de vivre assez longtemps pour que leur chemin se recroisassent. Elle se contenta d’un hochement de tête pour accueillir aussi bien le remerciement que le semblant de promesse concernant sa sœur. En se détournant, elle marmonna, plus pour elle que pour le Peacekeeper :

« Le pire, c’est que le caractère est vraiment de famille. »

Du moins, en ce qui concernait le côté buté et volontaire. Aria était tout de même bien plus bavarde que son aînée, ce qui n’était pas forcément une qualité, lorsque l’on savait combien ces ordres princiers et précieux pouvaient être acerbes. Il suffirait à Anderson d’un mince aperçu de son altesse Aria pour qu’il battît en retraite. Du moins, Eryn l’espérait. Elle ne savait pas si sa sœur aurait sa patience… Elle aurait dû lui briser le nez quatre ou cinq fois depuis leur rencontre, ça n’aurait pas laissé une impression d’inachevé au portrait.

Faire gaffe à elle ? Elle faisait toujours attention, enfin ! Avait-elle l’air d’une sotte suicidaire ? Hm, peut-être qu’elle ne s’était pas montrée sous son meilleur jour avec son entêtement après l’explosion. Mais la prudence, ça lui connaissait, il n’y avait pas de quoi lui dire de faire attention. Si elle merdait quelque part, ce serait probablement un acte manqué. Ou alors, un départ en beauté, voilà tout. Après les ordres, il la maternait ? Ah, elle aurait vraiment dû le noyer un peu plus tôt ! Elle allait protester, d’ailleurs, stoppant sa marche et faisant volte-face pour houspiller l’impudent qui s’éloignait ; elle n’en eût guère le temps, puisqu’il y avait une suite à la recommandation. Là, elle fût exaspérée et indignée pour de bon. Pourquoi aurait-elle gardé son matériel de communication ? Les Hunters avaient parmi eux ce fameux Connor Caldwell, capable d’intercepter les messages ! Elle rétorqua donc tout aussi fort, voire un peu trop, pour être certaine de se faire entendre :

« Dis pas ce genre de conneries, je ne veux pas m’faire repérer, crétin ! »

Elle marqua une courte pause, prête à poursuivre sur de plus amples explications, puis jugea finalement que c’était inutile. Hurler dans tous les conduits ce genre d’information lui semblait aussi futile que dangereux. Agacée et certainement pas désireuse de poursuivre le Peacekeeper pour le renseigner – et le frapper très fort – elle tourna à nouveau les talons et reprit sa route d’un pas décidé, peut-être trop. Jugeant sa colère inutile, elle prit le temps de souffler, exhalant pour chasser la tension qui l’habitait, recouvrant peu à peu un calme plus propice à l’attention. Elle devait continuer à se montrer prudente en toutes circonstances et devait aussi envisager de nouvelles planques, de nouveaux itinéraires, sans compter de quoi se faire un casse-croûte aussi. Autant dire qu’elle avait du pain sur la planche. Dawn, elle le reléguait au passé, une brève parenthèse dans sa vie de fugitive. Pourtant, 217-C lui trottait dans la tête, s’imprimait dans sa mémoire malgré elle, comme le ferait n’importe quelle information importante. Son entraînement prenait le pas sur sa raison, lui imposant cette information qu’elle aurait préféré ignorer. Serait-elle tentée de le contacter chaque fois qu’un orage se profilerait à l’horizon ? Il l’avait condamnée à un combat intérieur systématique, entre sa fierté, sa conscience et son instinct de survie qui auraient un nouvel élément à se disputer à chaque situation catastrophique. Autant dire que la perspective ne lui plaisait guère.

Longtemps, elle pesta entre ses dents avant d’atteindre finalement l’échelle rouillée voulue. Prudemment, elle en gravit les barreaux branlants qui faisaient officies d’échelons puis patienta, tous les sens à l’affût, pour essayer de déterminer si quelqu’un l’attendait au-dehors. Il y avait peu de risque ; la bouche d’égout donnait dans un entrepôt tellement délabré que personne n’oserait s’en faire un abri. Quand elle émergea enfin, après avoir lutté contre la plaque d’égout – un bon signe, elle n’avait probablement pas été utilisée depuis des lustres – l’endroit était baigné par les rayons hivernaux. L’après-midi, déjà. Elle ferma brièvement les yeux, savourant ses premières secondes à l’air libre, puis se réactiva bien vite, dans ce qui allait devenir sa routine. Aux aguets et en quête d’un endroit où se reposer, ne serait-ce quelques heures, avant de reprendre sa fuite.

Ouais, super quotidien à San Francisco.
Vive la Quarantaine.

Terminé~

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Does the Army leave scars? [Terminé]

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