Looks like you're trapped [Terminé]

Une fuite délicate...

Oups, que c'est triste...

Notre jolie voleuse panthère se retrouve coincée dans un bien curieux complexe d'une richissime entreprise rivale de la Neo Corp., où elle espérait voler des documents compromettants... Voilà qui est bien ennuyeux... Sortir d'ici ne s'avère pas être une balade de santé, en fin de compte. Il y a des agents de sécurité un peu partout.

Mais, alors qu'elle se terrait dans un recoin en attendant que les choses se tassent, qui croise-t-elle ? Une étudiante en médecine ? La nuit ?

Reste à savoir si elle pourra obtenir d'elle l'aide nécessaire pour prendre la pourdre d'escampette

Le labyrinthe vous attend, mes agneaux...

♦ Blair puis Aimée, c'est l'ordre que nous imposons !
♦ Les obstacles, pièges, découvertes, bonus et hommes de la sécurité seront joués par l'Agent Mutagène !
♦ Aimée a choisi ce stage insolite pour croiser le moins de monde possible tout en poursuivant ses études...
♦ Les armes sont interdites mais les gadgets de voleuse sont autorisés.
♦ Une question, un doute ? N'hésitez pas à poster à la suite du sujet "Les Caprices de l'Agent Mutagène pour nous en faire part. (Mieux que le MP, car votre partenaire de RP sera ainsi au courant !

On vous souhaite un bon jeu... Uhuhuhuh...

Blair se trouvait dans une situation délicate. Ce soir-là elle avait décidé de s'attaquer à un gros poisson, une entreprise rivale de Neo Corps où elle espérait récupérer des documents fort intéressants. Elle avait observé pendant plusieurs jours l'activité des lieux avant d'engager toute action de vol. Tours de garde, horaires de travail et autres informations avaient été notés par la jeune femme pour préparer son plan. Pénétrer dans l'enceinte se révéla plus simple que prévu, presque trop simple pensa Blair, mais si la chance était de son côté autant en profiter. Elle se dirigea vers les bureaux où devait se trouver ce qu'elle cherchait. Elle fouilla et tomba sur des documents intéressants tant papiers qu'informatiques. Alors qu'elle était en train de poursuivre ses fouilles, un bruit attira son attention, elle s'approcha de la porte et constata la présence d'une patrouille. Or, cela ne collait pas avec les informations qu'elle avait récoltées auparavant. Ce changement de programme n'augurait rien de bon et Blair doutait de pouvoir ressortir aussi facilement qu'escompté. Terrée dans un recoin sombre, elle laissa passer les gardes, son plan était compromis, elle allait devoir improviser. Elle n'avait pas l'intégralité de ce qu'elle cherchait, mais elle jugeait plus sûr de partir tant que cela était possible plutôt que de se faire prendre et de ne pouvoir honorer son contrat.

Alors qu'elle réfléchissait, une nouvelle personne entra dans son champ de vision, une femme. Blair se demanda qui était-elle, sachant que normalement personne ne devait se trouver dans les locaux. En tout cas elle avait tout l'air d'une étudiante, certainement une stagiaire. Son cerveau tournait à toute allure, cherchant la meilleure parade pour se sortir de ce guêpier. La voleuse décida de tester la ruse avant d'employer la force. Elle jeta un coup d’œil à sa tenue, pull noir à col roulé, pantalon noir, cela pouvait passer pour des habits ordinaires, elle n'avait pas de cagoule apparente, ses cheveux étaient attachés en un chignon serré ce qui donnait un air plus sévère à la monte en l'air, son matériel de cambriolage se trouvait dans une petite sacoche dans son dos, peut-être pouvait-elle se faire passer pour un membre du personnel revenu chercher quelque chose au bureau... Par contre elle portait des gants noirs pour éviter de laisser des empreintes, cela pouvait susciter quelques questions. Blair choisir de prendre le risque et sortit de son coin d'ombre.

- Bonsoir, désolée de vous déranger mais je crois que je me suis encore perdue dans le dédale de l'entreprise.

Blair afficha un sourire rassurant pour faire passer plus facilement ce mensonge qu'elle voulait crédible. Cela suffira-t-il ? Elle n'en avait aucune idée mais elle devait tout tenter pour sortir des lieux sans être attrapée par les gardes. Si nécessaire, elle pourrait arguer du fait qu'elle avait perdu son badge et qu'elle le cherchait. Elle adaptera son discours en fonction de son interlocutrice.

A force de rester coincée dans son trou de souris Aimée avait fini par manquer devenir folle. Si ressentir les émotions des autres était insupportable ressentir l'ennui, la crainte, la folie la ronger peu à peu, lentement, c'était plus qu'elle n'en pouvait supporter. Elle avait donc choisi de quitter son appartement et de reprendre ses études. Pas en amphi, quelle horreur ! Non, elle avait choisi de faire un stage dans une grande entreprise aux bureaux presque déserts et aux longs couloirs vides, une entreprise où elle pourrait s'occuper sans croiser trop de gens.

Se faire accepter ne fut pas difficile, l'avantage d'être empathe c'est que l'on devenait un miroir et comme l'avait écrit nombre de psychologues le fait d'être un miroir de son interlocuteur permettait de le convaincre, inconsciemment, que l'on était comme lui et donc qu'on convenait à ses besoins. L'entretien avec le DGH, excité par al jolie jeune femme se déroula donc très bien puisqu'elle même était excitée également. Aucun des deux ne passa le cap de la drague sympathique et des oeillades mais le poste de stagiaire lui fut offert sans difficulté.

Elle travaillait dans ce dédale de couloirs depuis 3 jours à peine quand la jeune femme s'imposa à elle, la sortant de son cocon, de sa bulle de solitude. aimée ressentit donc sa peur, cette sensation d'être coincée, prise au piège, elle avait presque du mal à respirer tant sa situation n'était pas agréable. La jeune femme en face d'elle, pourtant, semblait forte, assurée, souriante. Le contraste entre ses émotions et son apparence était étrange à dire vrai et Aimée trouva cela intriguant d'une certaine façon.

Elle répondit toutefois sans laisser paraitre son empathie

"Je suis navrée je suis nouvelle ici, je parviens à peine à aller de mon bureau aux toilettes sans me perdre plus de deux fois pour l'instant, quant à trouver la sortie...en général je suis le flux lorsque tout le monde part, ou je passe la nuit ici, je ne m'aventure pas seule dans ce dédale."

Elle n'était donc d'aucune utilité, mais ce sentiment de se retrouver coincé l'envahissait toujours et devenait étouffant. Elle soupira, reprenant son souffle au passage, tentant de reprendre le contrôle de ses émotions à elle.

La jeune femme qu'elle avait abordé sembla croire les paroles de Blair ce qui rassura cette dernière qui se retint de pousser un soupir de soulagement. Autant éviter de détruire sa couverture, si couverture il y avait. En tout cas, Blair avait récupéré un certain nombre d'informations, certainement pas toute intéressante, mais cela restait un bon début vu la situation. Elle ne pouvait se permettre de poursuivre sa tâche devant un témoin, alors autant ramener ce qu'elle avait déjà plutôt que de se faire attraper et de tout perdre. Tandis que son interlocutrice lui expliqua son propre problème d'orientation, Blair réfléchissait à trouver une solution à tout ce fatras. Elle sourit de nouveau.

- Oh, et bien j'avoue ne pas avoir vraiment envie de passer la nuit ici, je suis attendue ce soir. Elle accorda un regard de connivence à l'inconnue avant de poursuivre. Je m'aventurerai bien seule mais si c'est pour me perdre encore plus...

Blair laissa sa phrase en suspens, comme pour laisser le temps à l'imagination de se faire une idée d'une situation encore plus pénible. Et pour laisser poindre une sorte de faiblesse pour ne pas effrayer sa potentielle sauveuse.

- Puis- je abuser de votre temps ? Serait-il possible que vous m'accompagniez dans ma recherche de la sortie ? Je pense qu'à deux il sera plus facile de la trouver voire simplement de repérer les indications qui pourraient m'y mener. Cette entreprise présume de la connaissance des lieux...

Elle laissait sous-entendre que plus de panneaux auraient été bienvenus, au moins elle aurait pu se tirer de ce guêpier plus facilement, d'autant qu'elle devait gérer en fonction des gardes. Elle se fit la réflexion qu'un duo de jeunes femmes serait certainement moins suspect qu'une personne seule. Blair espérait que la demoiselle acceptera.

- Ainsi vous êtes nouvelle, vous avez postulé pour le travail ou les études ?

Blair tâcha de créer une sorte de contact sympathique avec son interlocutrice, elle jugeait que c'était un bon moyen de ne pas paraître suspecte et de détourner l'attention. Avant de perpétrer ce vol, elle avait étudié l'entreprise et ses activités, il était toujours utile de savoir dans quoi on se lançait. Ainsi tout en parlant son cerveau travaillait à ébaucher un curriculum vitae, tout en se préparant à répondre à d'éventuelles questions.

Aimée accepta d’accompagner la jeune femme, et elles firent un bout de chemin ensemble, avançant tantôt à l’instinct, tantôt guidées par un souvenir fugace de l’une ou l’autre de ces dames. Néanmoins, bien vite, le téléphone de l’empathe sonna. Son patron la réclamait à un autre étage et quand elle lui avoua qu’elle s’était perdue, ce dernier sembla s’agacer. Après quelques échanges rapides, il lui avait indiqué comment retourner auprès de lui – parce que monsieur voulait rentrer chez lui, un peu, tandis qu’elle devrait passer la nuit en ces lieux – et lui raccrocha au nez.

« Je suis vraiment désolée… »

Aimée s’excusa plusieurs fois avant de s’éclipser, laissant Blair à nouveau seule dans les inquiétants corridors…

ㄨㄨㄨ

Joshua Stone n’avait rien à faire ici. En tant que Peacekeeper, il avait obtenu une entrevue à propos de la sécurité du bâtiment ; vu son passé à la Neo Corp, il n’était pas le bienvenu du tout. Ce qu’on lui avait fait clairement comprendre. Alors, il en déduisit que cette fameuse entreprise avait bel et bien quelque chose à cacher ? Monsieur Gallagher lui avait déjà dit qu’il avait employé quelqu’un de compétent pour rapporter des preuves, quelques mystérieux documents… Et c’était après cette personne qu’il en avait précisément ; faire en sorte qu’elle quittât les lieux sans problème. Une mission qui s’avérait des plus délicates, la plus dangereuse qu’il eût à mener en tant qu’agent double.

Et sans aucune information sur la fameuse Kendall, une voleuse de renom.
Normal qu’elle couvrît ses arrières.

Et quelle ne fût pas sa surprise lorsqu’au détour d’un couloir, il rencontra Blair !

Spoiler:

Blair suivait la jeune femme dans le dédale de l'entreprise. Même si elles ne connaissaient pas le chemin, chacune contribuait à l'avancée vers la sortie. Pourtant, Blair finit par se retrouver seule car son interlocutrice fut rappelée par son chef. Son accompagnatrice s'excusa et Blair sourit gentiment pour lui signifier qu'il n'y avait pas de souci.

- Ne vous inquiétez pas, rejoignez votre chef et merci pour l'aide apportée. Je pense que cette sortie ne doit pas se trouver loin.

Blair continua son chemin vers sa destination probable. Toujours sur ses gardes, elle prenait garde à ne pas faire de bruit et vérifiait régulièrement l'absence de gardes. Pourtant, un élément inattendu survint. Au détour d'un couloir, elle faillit percuter un homme. Quelle ne fut sa surprise en découvrant Josh! Il était bien le dernier homme qu'elle pensait croiser dans cette entreprise et à cette heure-là. Sur le coup, elle ne sut comment réagir.

- Josh? laissa-t-elle échapper par inadvertance.

Blair pinça les lèvres devant cette erreur pouvant être fatale. Si elle n'avait pas parlé,elle aurait pu faire croire qu'elle était la jumelle de Blair par exemple. Mais là, il était trop tard pour revenir en arrière. Elle jeta un coup d’œil aux alentours pour évaluer la situation. Des questions se bousculaient dans sa tête, surtout concernant la présence du jeune homme, alors perdue pour perdue elle décida d'en savoir plus. Blair se tenait prête à régler son compte à Josh si cela se révélait nécessaire.

- Que fais-tu ici?

Elle aviserait suivant sa réponse, d'autant qu'elle ne pourra pleinement faire confiance à ses explications. L'instinct de survie de la voleuse lui soufflait de fuir les lieux rapidement.

Spoiler:

Joshua battit des paupières pour chasser la stupeur.
Blair.

C’était bien sa veine ; il était surpris par une connaissance lors d’une mission délicate. Et c’était là un bien joli brin de femmes, trouver une explication adéquate lui semblait être une chose particulièrement ardue. Que dire ? Il était en fait à la solde de Gallagher et cherchait une voleuse ? D’ailleurs, travaillait-elle ici, le chef de cette entreprise pourrait-il enfin se défaire de cette décoration de particulièrement mauvais goût ?

Un mensonge trop flagrant lui serait probablement fatal ; il suffirait qu’elle fît quelques recherches pour que la vérité éclatât au grand jour. Une vérité trop brutale serait tout aussi néfaste : « Bonjour, je cherche une voleuse surnommée la Panthère, ça te dit quelque chose ? Non, non, je ne veux pas la coffrer, je m’assure que l’objet de son larcin parvienne bien au commanditaire ! ». Impensable.
Que Blair fût cette fameuse Kendall le surprendrait probablement, mais il ne pouvait ignorer cette éventualité. Leur relation prendrait alors une toute autre dimension… Un secret pour un secret ? Hm. Il passa une main embarrassée sur sa nuque, un sourire contrit sur les lèvres :

« Un ancien employeur m’a demandé de sortir une de ses… connaissances du pétrin. Une faveur, en quelque sorte. »

Son ton impliquait bien qu’il risquait son job dans cette affaire. Si Blair était une femme intègre et bien honnête, peut-être que l’envie lui prendrait de courir chez les Peacekeepers pour le dénoncer. Là, il s’attirerait des ennuis colossaux. Il lui lança ensuite un regard suspicieux :

« Et toi ? On t’a sommé de décorer ces hideux couloirs ? »

Il dissimula son appréhension et son sentiment d’insécurité derrière un sourire taquin ; elle non plus, n’avait pas intérêt à lui mentir. À force de sous-entendus et de semi-vérités subtiles, ils parviendraient à un accord pour qu’aucun des deux n’aie à pleinement justifier une présence tout à fait hasardeuse en ces lieux.

Spoiler:

La stupeur était partagée par les deux adultes. Blair avait presque l'impression de sentir dans l'atmosphère toute la tension que générait cette rencontre. Pourquoi a-t-il fallu tomber sur un Peacekeeper qu'elle connaissait? Le destin avait décidé de se liguer contre elle. Pourtant elle ne se départit pas de son calme, même si intérieurement elle bouillonnait. Blair ne put s'empêcher de laisser une partie de son esprit vagabonder quand un sourire contrit étira les lèvres de Josh. Néanmoins elle revint rapidement à son problème présent. Elle prêta grande attention aux paroles de l'agent.

Une faveur et un ancien employeur... Tout cela ne paraissait pas très net à la jeune femme. Blair avait l'impression qu'il y avait anguille sous roche, mais elle n'allait pas froisser l'aide providentielle que semblait représenter Josh. Elle sourit à sa dernière remarque avant de reprendre rapidement son sérieux. La voleuse n'avait pas manqué la suspicion affichée par son interlocuteur.

- Non, je ne viens pas repeindre les murs, bien que je sois ici pour affaires. Je suis venue récupérer des documents nécessaires pour un de mes clients...

Trop, Blair avait l'impression d'en avoir dit plus qu'il n'en fallait. Elle ne savait jusqu'où elle pourrait aller dans la dissimulation. IL était tard et elle doutait qu'il soit idiot au point de croire que la situation était normale.

- J'étais en train de chercher la sortie, peut-être sais-tu où elle est?

Au moins ce dernier point était véridique, et plus vite elle retrouverai l'air libre, mieux elle se sentirait. Mais Blair savait que sa relation avec Josh allait être chamboulée même si en soit celle-ci n'en était qu'à ses prémices.

Les paroles de Blair s’avérèrent plus énigmatiques encore que celles de Josh. Elle avait eu la bonté de ne pas insister et de répliquer de manière toute aussi sibylline. En temps normal, notre Peacekeeper se serait réjoui d’une telle approche nappée de mystère. En l’occurrence, cela s’avérait plutôt de mauvais augure ; le doute s’était immiscé : Blair était-elle la mystérieuse personne qu’il devait chercher, ou bien mettrait-il en péril sa mission en acceptant de l’aider ?

Il se passa encore une main embarrassée sur la nuque, tic nerveux nouvellement développé, partagé entre son devoir, son anonymat et l’affection qu’il portait déjà pour la charmante dame. Il en avait déjà trop dit et craignait de s’attirer des ennuis. Le choix cornélien qui s’imposait à lui méritait réflexion. Mais rapidement. Il décida donc de tourner autour du pot, tout en restant attentif à ce qui se passait aux alentours, histoire de ne pas être surpris dans un tel endroit.

« Eh bien… Si c’est la sortie principale que tu cherches, je peux te l’expliquer rapidement. Sinon, ça va se compliquer un peu. »

Il espérait que le choix de Blair lui permettrait de juger de la nature de ses activités, mais aussi d’évaluer le degré de confiance qu’elle lui accordait. À bien y réfléchir, elle était là pour des documents pour un client… Ah ! Si seulement il pouvait être certain ! Une voleuse ne se serait pas laissé aller à une longue conversation avec un Peacekeeper, tout de même ! D’un autre côté… Le métier de décoratrice était impeccable pour du repérage. Alors, alors, était-elle la Panthère ou non ?

« C’est que je dois absolument retrouver une certaine Kendall, avant… »

L’hésitation était palpable dans sa voix. L’incertitude grignotait quelque peu son assurance. D’ordinaire, jamais il n’aurait pris de tels risques. Même pour un joli minois. Son professionnalisme imparable – du moins, jusqu’ici – lui avait toujours épargné de se tourner en ridicule lors d’une mission. Au moins, il s’était dit que Blair pouvait penser que Kendall était n’importe qui. Il faudrait avoir trempé dans le milieu pour se rendre compte qu’il s’agissait de la fameuse Panthère. Il ne risquait pas grand-chose, en fin de compte. Au pire, il pourrait toujours parler d’une éventuelle boulette à son patron, et il règlerait le problème à sa façon. Ou alors, il pouvait bâtir une relation de confiance avec Blair, et partager son secret ? Ah, illusions ! Il ne pouvait plus avoir d’amis proches en dehors de la Neo Corp, il le savait. Il se maudit pour sa bêtise, tout en attendant poliment la réponse de Blair sans rien laisser transparaître de l’effervescence qui l’habitait.

Blair espérait ne pas susciter la méfiance de Josh. Elle réfléchissait à une solution qui pourrait convenir à chacun d'entre eux. Elle tiqua lorsqu'il mentionna son nom de substitution. Josh à la recherche de Kendall... Cela la confortait dans son hypothèse, son employeur avait envoyé son chien de garde pour s'assurer qu'elle fasse convenablement son travail. Cette idée d'être surveillée la contraria un peu, mais Josh représentait une aide providentielle.

- Kendall?...

Elle fit mine de réfléchir. La voleuse ne pouvait se permettre de révéler sa double identité, surtout à un Peacekeeper. Elle jouait avec le feu et les cirsonctances faisaient qu'elle n'appréciait guère. En d'autres lieux, elle aurait pu y prendre plaisir, flirter sur la ligne vérité/mensonge, cela pimentait son existence. Or, ce soir-là rien n'allait comme prévu. Blair poussa un léger soupir, comme si elle avait pris une décision.

- Je n'ai pas souvenir d'avoir croisé une dénommée Kendall dans les couloirs. A cette heure-ci, il reste bien peu d'employés. Vous aurez certainement plus de chance de la croiser en retournant dans le hall et puis cela me permettra de retrouver cette sortie...

Elle sourit à Josh, espérant qu'il avalerait la couleuvre.

- Je pense que nos objectifs respectifs trouveront leur aboutissement dans le hall, cette entreprise est un tel dédale que toute personne étrangère finit par se perdre. A moins que vous ne sachiez dans quel bureau travaille cette fameuse Kendall...

Blair parlait bien trop à son goût, perdre du temps dans les palabres n'allait pas l'arranger, cela augmentait surtout les probabilités de rencontre avec les patrouilleurs. Si cela advenait sa couverture en patirait. Sur ce, elle fit signe à Josh d'ouvrir la marche, croisant les doigts mentalement pour qu'aucune perturbation ne survienne.

Spoiler:

Le ton bien plus formel de Blair – ce vouvoiement inattendu – avait fini d’insinuer le doute en Joshua. Un doute persistant et incertain à la fois, de ceux qui tourbillonnaient constamment, harassant la conscience sans pourtant avoir de réelle consistance. Peut-être s’était-elle montrée plus froide pour lui faire comprendre qu’il l’agaçait à tergiverser ? Il se contenta d’hausser les épaules, déçu d’avoir pris tant de risques pour un résultat aussi peu concluant. Il lui semblait, aussi, que l’aura de danger et de mystère qui irradiait d’ordinaire de la femme envoûtante s’était estompée.

« Cela me paraît effectivement être l'option la plus simple. »

Il tendit la main dans la direction qui lui paraissait la plus appropriée, afin que Blair passât devant – ainsi en allait sa galanterie – mais lui aussi armé d’une froideur nouvelle, un peu rigide. Plus professionnelle aussi.

Après tout, si Kendall était aussi talentueuse qu’on le prétendait, elle se serait probablement fondue dans le décor, il n’aurait pas pu mettre la main dessus. Peut-être même était-elle une mutante capable de se rendre invisible ou de traverser les murs. Joshua secoua la tête, agacé par son début d’échec. Cela ne faisait pas tellement parti de ses habitudes, d’échouer. Pas du tout. Même en faisant équipe avec un crétin comme Greg, il était capable de se surpasser. Non, il n’avait pas du tout les chevilles qui enflaient, hein.

Il espérait qu’ils ne croiseraient personne. Un agent de sécurité, éventuellement, mais il avait déjà une idée de ce qu’il pourrait lui raconter. Quand à prendre la sortie principale, cela ne le rassurait guère. Pas du tout, même. Il fallait qu’il réfléchît à une éventuelle histoire moins bancale que « bonjour, je suis Peacekeeper, j’ai été appelé plus tôt pour voir s’il y avait un intrus chez vous ». C’était que, même s’il s’en tirait ainsi, il ne savait pas ce qu’il en était pour Blair, et il n’ignorait pas, non plus, que le célèbre patron de cette entreprise rivale de la Neo Corp. ne tarderait pas à faire quelques vérifications à son sujet, et par conséquent, à découvrir qu’il était un ancien employé de la Neo Corp. Ce scénario était sans doute le pire de tous.

« Je crois que c’est par ici », indiqua-t-il à Blair, un sourire poli sur les lèvres.

Il avait pris sa décision. La direction qu’il prenait les mènerait vers une sortie dérobée, ce qui leur permettrait de s’éclipser discrètement. Il n’était pas supposé savoir, bien entendu, qu’il ne prenait pas la direction de la sortie principale. Cet endroit était un tel labyrinthe… C’était une ruse comme une autre qui l’arrangeait bien plus. Et sa fameuse Kendall ne prendrait pas, non plus, la sortie principale, n’est-ce pas ?

Il fit une brève tentative d’alimenter la conversation pour rendre leur traversée du bâtiment plus naturelle :

« Alors, comment vont les affaires ? »

C’était plat, ennuyeux, mais c’était toujours mieux que de rester trop silencieux, ce qui attirerait vraisemblablement bien plus l’intention sur eux qu’une conversation moyenne.

Josh ne posa pas de questions supplémentaires, du moins pas de nature à mettre en péril la couverture de la voleuse. Néanmoins Blair sentit que son interlocuteur adoptait une attitude professionnelle, suite à l'utilisation du vouvoiement qu'elle avait employé, laissant de côté la complicité qui était née de leur précédente rencontre. Blair aurait bien aimé retrouver cette insouciance, mais les lieux ne s'y prétaient guère. Avec un sourire qu'elle voulait plus chaleureux que ses paroles précédentes, elle s'engagea dans la direction indiquée par le Peacekeeper. La jeune femme fit appel à ses souvenirs de l'étude des plans du bâtiment et il lui semblati que ce n'était pas vraiment la direction du hall principal, ce qui en soit ne la dérangeait pas outre mesure, moins elle croiserait de gardes mieux elle se portera.

- Les affaires se portent bien mieux que je ne l'escomptais, je parviens encore à trouver des clients et pas de moindre, déclara-t-elle en faisant un geste large pour englober l'entreprise dans laquelle ils se trouvaient. Se tournant vers Josh elle poursuivit. Je ne voulais pas me montrer distante en utilisant le vouvoiement Josh, c'est une déformation professionnelle qui revient parfois sur le devant.

Blair s'excusait sans pour autant se sentir en faute, cependant elle appréciait le Peacekeeper en dépit de son emploi totalement en opposition avec son statut de voleuse. Le hasard faisait que Josh était en train d'accomplir la misson que sa connaissance lui avait confiée. Blair avait une idée précise de l'identité de cette dite connaissance, certainement son propre employeur. Elle comprenait qu'il s'inquiétait pour le fruti de sa mission, mais elle n'aimait guère les interférences.

- Et toi? Si je comprends bien ce n'est pas en tant que Peacekeeper que tu te trouves ici. Que réprésente cette dénommé Kendall pour ton ancien employeur?

Blair s'informait tout en réfléchissant. Elle avait bien envie de jouer avec Josh, de lui glisser un mot à l'attention de son employeur pour lui faire savoir que tout allait bien. Cela était envisageable, il suffisait d'un bout de papier et d'une bousculade. Néanmoins, ils devaient d'abord sortir de là, sans rencontrer de gardiens. Le plus sage serait de le quitter sans rien révéler, et si les circonstances se dégradaient, elle devrait neutraliser le pauvre Josh.

Il haussa les épaules à la mention du vouvoiement. Cela importait peu, dans le fond ; il n’était pas vexé, juste refroidi par cette courtoisie soudaine. Que ce fut volontaire ou non n’était pas ce qui était révélateur à son avis, c’était davantage l’emploi en lui-même qui continuait à le tarauder, confirmait sa théorie. Mais il s’en formaliserait pas et se contenta de sourire, comme le voulait ses habitudes :

« T’en fais pas, je comprends parfaitement. »

Ce qui était vrai.
Il était sujet à de tels changements, lui aussi, puisqu’il oscillait entre son caractère enjoué et son professionnalisme déroutant. Les blagues, les vouvoiements, tout ça, ça rentrait dans la même catégorie ; c’était ces choses qui faisaient que les personnalités avaient de multiples facettes. Seulement, Josh restait intrigué et concerné par les facettes qui pouvaient composer la charmante Blair.

Oh, bien sûr que le temps des interrogations étaient venu.
Joshua se maudit en son for intérieur, usant de termes peu séants. C’était l’inévitable conclusion d’une telle prise de risque ; la curiosité de ses interlocuteurs s’en trouvait aiguisée. Bien sûr, il ne pouvait pas se permettre de révéler ses secrets à une simple citoyenne. Et s’il s’agissait de la mystérieuse Kendall… Et bien autant dire qu’elle se moquait bien de lui. Il n’écartait pas cette possibilité ; son esprit pragmatique et professionnel n’était pas conçu pour oublier la moindre option. Sauf celle du secret, apparemment. Gallagher allait le tuer quand il apprendrait ça. Vraiment.

« Oh, je ne sais pas tellement. Je n’ai pas pour habitude de poser des questions. C’était comme mes précédents boulots : quand tu es pompier, tu n’perds pas ton temps à demander le pourquoi du comment : des vies sont en jeu. En tant que videur, tu ne fais pas d’exception, et quand le boss te dit de ne pas laisser rentrer telle ou telle personne, encore moins. »

C’était vrai, Joshua obéissait sans discuter. Il n’était pas obligé de préciser, après, que son patron actuel lui accordait sa confiance et lui donnait des instructions détaillées. Il savait donc qu’il s’agissait de vol de documents, mais se répugnait à le révéler au risque de prendre plus de risques, et il se répugnait tout autant à mentir. Il prenait alors des chemins détournés. Et il décida, par là même, de jouer d’une de ses facettes.

« Du moment que je suis payé… »

Tout avait l’air d’être une balade de santé pour le moment, et Josh s’en inquiéta quelque peu. Ils croisèrent bien un vigile pendant leur déambulation et leur conversation, Josh l’avait salué d’un signe de tête et d’un sourire poli sans s’attarder sur lui pour ne pas avoir l’air suspect. Il espérait vraiment que tout continuerait ainsi. Et il ne pouvait s’empêcher de rire face à la sécurité ridicule de ce bâtiment. Et s’en inquiéta, aussi. Peut-être n’y avait-il rien d’important dans ces locaux, en fin de compte ? Kendall avait-elle trouvé les bons documents, si elle s’était bien présentée ici ?

« Et puis ce n’est pas tellement important, puisque ni toi, ni moi ne semblons connaître cette Kendall. » ajouta-t-il enfin avec un sourire amusé, tout en ouvrant une porte pour la laisser passer.

Simple politesse, ou bien pique narquoise ?

Spoiler:

Un Peacekeeper vénale... Voilà un trait auquel elle ne s'attendait pas, du moins jusqu'à ce qu'elle découvre qu'il était envoyé par son client. Ce dernier avait des relations dans tous les domaines apparemment, il faudrait que Blair conserve à l'esprit que le patron de la Neo Corp était un personnage à surveiller. En tout cas, il a su s'entourer se personnes obéissantes puisque Josh déclara ne pas avoir posé plus de questions que nécessaires.

- Il est parfois utile de se montrer curieux, cela peut éviter de désagréables mésaventures. Ton commanditaire aurait pu au moins te fournir une photo ou une description. Dois-je comprendre que ta mission concernant cette Kendall est payée? Ton salaire ne te suffit pas? Un sourire taquin illumina le visage de la demoiselle, sous-entendant que le salaire de Peacekeeper ne devait pas être si intéressant.

Vu les conditions actuelles, il était compréhensible de vouloir se procurer de l'argent de quelques manières que ce soit, mais Blair aurait pensé que Josh faisait parti de ces agents ne vivant que par leur salaire de Peacekeeper. D'ailleurs, celui-ci semblait plutôt familier avec les couloirs de l'entreprise. La voleuse avait étudié les plans avant d'effectuer son cambriolage et elle trouvait presque étrange que Josh trouve son chemin, à moins qu'il n'ait repéré un panneau indicateur ayant échappé à Blair.

La conversation était plaisante, mais cela n'ôta pas l'embryon d'appréhension que la jeune femme ressentait. L'unique garde qu'ils croisèrent ne s'attarda guère sur le couple, cependant la ronde ne tarderait pas. Elle regarda sa monter pour vérifier et pinça les lèvres. L'heure filait bien plus vite qu'elle ne voulait. Josh lui ouvrit une porte, après avoir jeté un dernier coup d’œil aux alentours, elle passa le seuil. Les paroles de son compagnon du soir généra un sentiment fugace d'hilarité et de méfiance qui traversa ses traits.

- C'est vrai, je pense que cette demoiselle a dû quitter les lieux avant ton arrivée, dit-elle en croisant le regard de Josh, souhaitant apporter le poids de la vérité à ses dires alors même qu'elle se jouait de lui.

Elle nota dans un coin de son esprit de faire savoir à son client que Josh avait mené sa mission à bien, certes à son insu mais Blair préférait garder son anonymat. Cette dernière fit jouer discrètement ses épaules pour détendre la tension qui montait. Normalement, la sortie ne devait pas être loin, mais ne vendons pas la peau de l'ours avant de l'avoir tuer, surtout dans son métier. En tout cas, sa mission actuelle bien qu'avortée n'était pas un fiasco puisqu'elle avait en sa possession quelques documents pour son client.

Si son salaire lui suffisait ? Mais on était en crise, voyons ! Certes, les dépenses baissaient aussi, mais tout de même. Le salaire de Peacekeeper n’avait rien à voir avec le salaire que lui avait prodigué Gallagher pendant ses six dernières années. Il se garda bien, cependant, d’expliquer le fond de sa pensée, et se contenta d’une réponse évasive.

« Oh, je ne l’utilise pas. J’ai juste des projets. Je dépanne aussi de temps à autres en tant que videur… »

Autant passer pour un acharné du travail, non ? Joshua devait avouer qu’il n’avait plus grand-chose à faire en-dehors de ça. Il avait certes quelques amis, mais de nombreuses relations basées sur une hypocrisie mielleuse le lassaient au plus haut point. Bref, tout cet argent bien au chaud sur un compte par Gallagher lui servirait, un jour. En attendant, son compte en banque officiel n’était pas très glorieux avec son revenu de Peacekeeper, dépensé en restaurants et en sorties nocturnes. Le cash qu’il gagnait en tant que videur, quant à lui, n’avait rien d’un magot. Il s’en servait pour trouver du carburant pour sa moto, histoire de profiter encore un peu de son joujou avant la pénurie complète.
Quant à l’inefficience de sa mission et des instructions… Cela ne tira qu’un sourire à Joshua.

« Mon employeur sait ce qu’il fait, je ne me fais pas de souci. S’il ne m’informe pas davantage, c’est qu’il a ses raisons. Un désir de conserver l’anonymat de cette fameuse demoiselle, peut-être ? »

Gallagher voulait probablement Joshua dans les environ au cas où. Sa mission ne spécifiait rien davantage qu’une assistance en cas de problème. Et apparemment, il n’y en avait pas, de problème. Gallagher n’aurait pas embauché quelqu’un d’incompétent pour de l’espionnage industriel, et il devait faire entièrement confiance à celle qui se faisait appeler Kendall.

Blair se fit la réflexion qu'un salaire n'était jamais suffisant surtout quand une période de crise se présentait comme actuellement. Bon, elle n'allait pas se plaindre avec le supplément qu'elle se faisait avec sa seconde activité. Le côté économe du jeune homme était un bon point pour la voleuse, son esprit calculateur envisageait déjà la recette d'un vol potentiel chez le Peacekeeper. Les paroles de son interlocuteur la ramenèrent à l'instant présent car, bien qu'une sortie avait été trouvé, Blair ne serait sereine qu'une fois dans la rue. Elle vérifia discrètement la présence du fruit de son larçin, judicieusement caché dans ses poches.

- L'anonymat, voilà une notion des plus mystérieuse qui, je l'avoue, titille ma curiosité, déclara-t-elle dans un sourire taquin. Mais bon, je ne vais pas empiéter sur le terrain de ton employeur, ni critiquer sa manière de faire.

Même si elle ne s'en privait pas intérieurement. D'ailleurs, elle allait devoir prendre contact avec son client pour lui remettre les quelques documents qu'elle avait récupéré, encore un élément à planifier.

- Quant à cette Kendall, j'espère simplement que ce mystère ne cache pas des choses plus sombres...

La jeune femme s'amusait avec sa double identité, cependant elle ne voulait pas éveiller de soupçons inadéquats, alors elle ne s'étendit pas plus longtemps sur le sujet. Blair continuait à marcher dans la direction indiquée par Josh, calquant ce chemin avec ses souvenirs du plan du bâtiment, sentant que l'extérieur n'était pas loin. Ce qu'elle signala à son compagnon.

- Je pense que nous ne croiserons plus grand monde et que la sortie ne devrait pas tarder à se présenter.

En dépit de ses dires, Blair restait sur ses gardes, c'était souvent au moment où on se croyait sauf que les ennuis survenaient. Néanmoins, son optimisme croisait à mesure qu'elle s'éloignait, sans pour autant submerger sa prudence naturelle.

Spoiler:

Oh, fallait pas se gêner pour Joshua, les critiques, cela l’amusait profondément. Nombreuses étaient les personnes qui, dépourvues des tenants et des aboutissants, se fourvoyaient complètement sur diverses tactiques et ce à de multiples égards. Néanmoins, le fait que Blair se gardait de toutes remarques – du moins, à voix hautes, il serait curieux de savoir ce qu’elle pensait en son for intérieur – la faisait remonter dans l’estime du Peacekeeper. Ça, et le parfum de mystère qui l’entourait toujours, les doutes qui tournoyaient dans sa caboche, et la situation quelque peu ridicule dans laquelle tout deux se trouvaient. Quoi qu’il en fût, Blair n’était pas prête d’échapper à la curiosité de Joshua ; elle avait su attirer son intérêt et il comptait bien faire quelques découvertes à l’occasion.

« En effet, il me semble que la porte se trouve juste au bout du couloir, à gauche », indiqua Joshua.

Du moins l’espérait-il. Il serait tout de même navrant de se tromper, il n’était guère avare d’erreurs monumentales de ce type. Mais quand ils atteignirent le bout du couloir, ses doutes se dispersèrent et, affichant un sourire satisfait, il ouvrit la porte de la sortie de secours pour permettre à Blair de quitter les lieux. La fin du périple s’annonçant, il ignorait encore si cela était une bonne chose ou non. Il devait bien entendu faire son rapport, s’assurer que tout allait bien, et se sortir de ce mauvais pas – il en avait bien trop dit à cette femme si intéressant et espérait que laisser les choses se tasser lui serait bénéfique. Mais quitter sa compagnie l’ennuyait tout autant, et, chose rare, il se sentait indécis.

En traversant la cours qui devait les mener au parking, un vigile les interpella :

« Puis-je savoir ce que vous faites ici ? »

Du tac au tac, le Peacekeeper répliqua, en appliquant sur son visage un de ces sourires poli au naturel presqu’impeccable :

« Nous partions. »

Il laissa le loisir à Blair de poursuivre sur une explication – elle avait probablement une meilleure raison que lui d’être ici. Et si ce n’était pas le cas, il userait de sa plaque de Peacekeeper et inventerait une histoire sur le tas. Oui, ses méninges tournaient à fond sous son adorable caboche, et il se tenait prêt à parer toutes éventualités.

Blair accueillit l'air frais avec un sourire satisfait. Se savoir sortie de ces murs lui ôtait un poids dont elle n'avait pas eu conscience jusque là. Finalement, sa mission ne s'était pas si mal déroulée bien qu'elle n'ait pas eu le temps d'approfondir ses inspections. Elle passa discrètement la main sur la poche intérieure contenant les documents volés. La voleuse était presque déçue de ne pouvoir prolonger sa rencontre avec Josh, mais elle devait s'éclipser pour ne pas se compromettre. D'ailleurs en parlant de risque, l'apparition d'un vigile n'augura rien de bon. Ce dernier leur demanda la raison de leur présence. Sur la défensive, la jeune femme cogita tandis que son compagnon déclarait qu'ils partaient. Dommage qu'il n'en dise pas plus, elle allait devoir compléter.

- Bonsoir, oui nous partions.

Devant garder la cohérence par ra pport à ce qu'elle avait raconté au Peacekeeper, Blair expliqua alors qu'elle était revenue récupérer des documents oubliés dans la journée, elle mentionna le nom de membres de l'entreprise qui travaillaient généralement tard pour donner du poids à ses dires. Lorsqu'elle avait fait la planification de ce vol, Blair avait étudié l'activité de l'entreprise, de ses membres et leurs habitudes. Donner de la vraisemblance à ses paroles était utile, voilà pourquoi elle s'exprimait d'un ton assuré et calme. Cela pouvait changer la suite des événements.

- Quant à mon ami, il m'accompagne, on n'est jamais trop prudent dès qu'il fait nuit surtout par les temps qui courent.

Elle ne savait si le vigile serait réceptif à ses arguments, mentalement elle croisait les doigts. Un peu de chance ne ferait pas de mal. Et puis passer pour une demoiselle en "détresse" ayant besoin d'un chevalier servant lui était venu naturellement. D'ailleurs elle se demandait comment Josh accueillerait ce mensonge. Elle espérait que cela ne remettrait pas en péril leur relation qu'elle appréciait. Puis, pour expliquer la sortie par l'issue de secours, Blair prétexta les avoir mal orientés dans le dédales de la société mais qu'heureusement cette porte s'était présentée à eux, leur évitant de passer la nuit dans les locaux. Blair afficha un air un peu embarrassé accompagné d'un sourire contrit pour bien faire comprendre à ce surveillant qu''elle était inoffensive et donc qu'il n'avait rien à craindre d'eux. Cela suffira-t-il?

Josh resta parfaitement dans son rôle, à mi-chemin entre l’attitude protectrice et l’air décontracté de celui qui n’était pas en tort. Pourtant le léger mensonge de Blair ne lui échappa guère et appuya un peu plus sur ses soupçons. Il ne tenait pas à faire une scène, pourtant, ni à mentionner cet écart par la suite : il se contentait de garder l’information bien en tête, de ne surtout pas oublier tous les détails de cette soirée. Qui sait, ils pourraient s’avérer cruciaux, en matière d’indices pour résoudre l’affaire de la mystérieuse femme…

« Où est votre badge ? »

Si le vigile avait été réceptif aux arguments de Blair, il semblait toutefois pas très à l’aise avec cette absence de badge, visiblement indispensable à la sécurité du bâtiment. Joshua sentit que c’était alors à son tour d’entrer en jeu, sur ce terrain si familier du rôle adopté à la perfection.

« Oh, elle l’a oublié en passant me chercher à la station plus tôt ! Mon collègue m’avait envoyé un message pour nous prévenir. »

Avec un sourire avenant, il tendit la main et se présenta :

« Pardonnez-moi, nous sommes un peu pressés, et j’ai oublié de me présenter : Joshua Stone, Peacekeeper. Mais j’ai anciennement travaillé dans la sécurité, peut-être avons-nous déjà eu l’occasion de se rencontrer ? »

Et sur cette amorce, il entama la discussion avec facilité, entraîna le vigile à se montrer plus avenant en choisissant scrupuleusement ses questions, en répondant avec tact, en amenant toujours sur un sujet qui enchanterait son interlocuteur, et pour lequel il pouvait répliquer avec suffisamment de détails et d’intérêt pour inspirer la confiance. Le petit jeu dura que quelques minutes, et pourtant, ce fut suffisant pour conclure et s’éclipser :

« Il faut vraiment que nous filions, et je ne voudrais pas vous empêcher de poursuivre votre ronde. Et surtout, faites attention aux mioches, ils trouvent toujours un moyen de se glisser sous les grillages ! »

Oui, c’était beau de partager avis et mésaventures avec les collègues, surtout dans les boulots de sécurité où le stress et les mégardes ne manquaient pas. Enfin partis, ils arrivèrent dans la rue principale, et Joshua avait tout même lancé un sourire complice à Blair, presque malgré lui. Il était très satisfait de son petit jeu, et même s’il n’aimait pas être dans le flou sur toute cette histoire, il n’en restait pas moins incapable de garder pour lui ce goût pour la mise en scène.

Un vigile consciencieux, quelle veine... Tout risquait de cafouiller pour une histoire de badge, badge que Blair n'avait pas en main. Mentalement, elle nota de faire encore plus attention à ces détails de sécurité la prochaine fois. Heureusement, Josh vint à sa rescousse, donnant à leur interlocuteur une explication plausible, un oubli au QG des Peacekeepers. Elle appuya cette déclaration d'un hochement de tête qu'elle voulait convaincant et une légère moue pour souligner quelle tête en l'air elle était. Voilà qu'elle allait être redevable à son charmant compagnon. Cela n'était guère pratique pour une voleuse de se voir lier à un membre des forces de l'ordre. En tout cas, Blair ne put qu'admirer avec quelle facilité Josh détourna la conversation vers un sujet plus léger faisant passer en arrière plan la raison de leur présence. Comme quoi le passé de Josh pouvait ouvrir bien des portes, néanmoins Blair se fit la réflexion qu'elle devra prendre des précautions avec le Peacekeeper.

La conversation toucha à sa fin, Blair salua le vigile d'un petit geste de la main accompagné d'un sourire et les deux comparses poursuivirent leur route. Blair se détendit en parvenant à la rue principale et rendit son sourire à Josh.

- J'avoue être impressionnée par ta facilité à retourner les situations, je parie que tu aurais pu être acteur. Et je te dois une fière chandelle pour ton aide, je ne pensais pas tomber sur un vigile une fois sortie.

Non pas qu'elle ne l'ai jamais envisagé, mais en présence de Josh elle avait espéré qu'aucun aléa ne surviendrait sur leur chemin. Blair se rendit compte qu'elle avançait sur un terrain glissant et que le plus sûr serait de mettre en terme à cette mission et à cette discussion.

- Au moins, les grandes entreprises ne lésinent pas sur leur sécurité, je sais au moins à quoi sert mes impôts. Elle regarda sa montre. Déjà si tard... Je ne vais pas t'accaparer plus longtemps Josh, tu dois certainement avoir d'autres projets, outre cette Kendall. Encore merci pour le coup de main.

Elle lui adressa un charmant sourire de remerciement. Elle espérait qu'il n'ait pas de questions pour qu'elle puisse filer dans la nuit. A moins qu'il ne veuille la raccompagner jusqu'à chez elle puisqu'elle s'était fait passer pour une "demoiselle en détresse" auprès du vigile.

Joshua avait tout à fait conscience qu’avec de tels remerciements, Blair s’aventurait sur un terrain glissant. Il décida néanmoins de ne pas la bousculer ; s’il y avait vu un angle d’attaque pour confirmer ses soupçons, il préférait lui laisser le bénéfice du doute. Ils avaient probablement pris tous les deux beaucoup de risques, ce soir, et les mystères dont ils s’entouraient étaient plus intéressants qu’agaçants. Il se contenta donc de sourire, un sourire professionnel, amène, qui n’avait plus rien de charmeur ; un sourire simple, pour une fois, mais qui en disait bien plus long.

« Bah, ce n’est rien. Je n’avais rien à faire ici non plus, de toute façon. »

Donc il aurait menti quoi qu’il se fût passé. Il espérait néanmoins qu’en tirant Blair de ce mauvais pas, il s’était aussi acquitté de sa mission. Il se demanda s’il saurait un jour… La Zone de quarantaine n’était pas bien grande, après tout, et plus de temps ils y étaient confinés, plus nombreux seraient les secrets qui éclateraient au grand jour. Y compris ceux de Gallagher ? Il n’espérait pas.

Il poursuivit désinvolte :

« Et puis mes talents d’acteurs sont effectivement innés ! Il arrive que ce soit effectivement fort utile… »

Il s’apprêta à lui proposer de la raccompagner, jugeant qu’il n’était pas sûr pour elle de rentrer seule, quand son téléphone sonna. Un soupir exaspéré plus tard, il décrocha :

« Stone, j'écoute. »

Une urgence à la Station des Peacekeeper. Évidemment. Pourquoi lui ? Il n’était pas plus performant qui quiconque… Ah ! Oui ! Il avait accepté de faire des heures de nuit pour avoir une petite prime sur son salaire. Ah, douce vénalité, voilà qu’elle lui jouait des tours, ça traîtresse maîtresse.

« J’arrive. »

Un sourire contrit cette fois, il se tourna vers Blair :

« J’allais te proposer de te raccompagner, mais les affaires m’appellent… Veux-tu que j’appelle quelqu’un pour t’escorter ? »

Quelque chose lui soufflait, néanmoins, qu’elle était assez grande pour se défendre toute seule.

Josh accepta ses remerciements mais Blair savait qu'elle ne devait pas lui rappeler les raisons de sa présence en ces lieux. Un sourire vint ponctuer les dires du Peacekeeper sur ses talents d'acteurs. Une sonnerie de téléphone vint troubler cet instant. Apparemment on avait besoin de ses services, certainement dans le cadre de son boulot en déduisit la voleuse. Josh lui révéla son intention initiale de la raccompagner et devant cet appel imprévu il lui proposa d'appeler un collègue pour l'escorter jusqu'à chez elle.

- Merci Josh mais je ne voudrais pas déranger un de tes collègues pour cela. Et puis, elle jeta un coup d’œil aux alentours, je ne devrais pas rencontrer de problèmes...

Certes, la nuit était tombée mais Blair connaissait bien les rues de la ville. Même si celles-ci n'étaient plus aussi sûres qu'avant le confinement. Heureusement, les Peacekeeper étaient là pour maintenir l'ordre dans le ville.

- Je ne trainerai pas en route en tout cas, ajouta-t-elle pour rassurer Josh.

Sur ses paroles, elle souhaita une bonne soirée au jeune homme, tout de même soulagée que cet épisode touche à sa fin. Elle devait faire attention pour sa couverture, il serait dommage qu'elle soit éventer par un Peacekeeper.

- A une prochaine Josh.

Elle lui adressa un charmant sourire, laissant son côté taquin reprendre légèrement le dessus, comme si les événements passés n'étaient plus qu'un mauvais souvenir. Après un petit signe de la main, -pas de familiarités, ils ne se connaissaient pas encore assez pour cela -, elle quitta les lieux sur une dernière pensée : elle devrait restreindre ses rencontres avec Josh au milieu non professionnel pour plus de sûreté.

Sujet: Re: Looks like you're trapped [Terminé] |