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Does the Army leave scars? [Terminé]

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Eryn Blake

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Does the Army leave scars? [Terminé] Vide

Eryn Blake
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Message Sujet: Does the Army leave scars? [Terminé] | Sam 2 Fév - 16:38

Eryn, ouvrit soudainement les yeux alors que les premiers rayons du soleil hivernal avaient tout juste commencés à effleurer son visage ; le changement de luminosité soudain provoqua son réveil. Elle ne dormait plus profondément depuis de nombreuses années déjà et le moindre détail la ramenait à l’état d’éveil en un instant. Durant de longues minutes, elle demeura immobile, guettant le moindre son autour d’elle et chercha à mesurer une quelconque tension de l’atmosphère. Elle poussa un léger soupir de lassitude, quitta son lit de fortune et entama ce qui était désormais son quotidien ; au levé, son premier réflexe était de s’assurer que personne ne s’était introduit dans sa planque puis elle rangeait consciencieusement ses affaires de la nuit. Son sac n’était jamais défait ; pragmatique, elle voyageait léger et ne sortait que le strict nécessaire, veillant à ne pas s’étaler inutilement : ainsi, en cas d’imprévu, elle ne perdait pas grand-chose. Finalement, ses habitudes martiales ne faisaient que lui rappeler la rigueur de ses missions, la solitude en prime…

D’un mouvement de tête, elle chassa ses sombres pensées et elle se leva d’un bond. Avant toute chose, l’entretien. On ne pouvait plus parler d’entraînement à ce stade, mais elle avait besoin de se dépenser physiquement et de s’assurer de sa forme ; c’était, parfois, cette simple constance quotidienne qui faisait la différence lors d’un affrontement ou d’une fuite.

Si l’air glacé lui donna la chair de poule, elle n’en était pas moins résolue à retirer son pull ; les lessives n’étaient pas tellement un luxe quotidien et elle ne voulait pas transpirer à outrance dedans. Heureusement, ici, elle avait l’eau courante. À bien y réfléchir, elle s’était trouvée une planque de choix ; petite maison à moitié effondrée dans les quartiers désolés, elle bénéficiait d’un poste d’observation tout à fait correct depuis la façade éventrée une fois à l’étage. Les restes d’un matelas lui offraient davantage de conforts la nuit, la salle de bain lui autorisait même une douche chaque jour – qui viendrait après ses exercices – et la courette, bien qu’un mur fût abattu, ajoutait un confort probablement dû à l’issue qu’elle représentait ; en cas d’urgence, elle pourrait facilement s’échapper.
Un défaut, cependant : elle était proche de la Bright City, mais cela l’arrangeait quelque part. Les patrouilles de Peacekeepers, bien plus fréquentes, semblaient s’effectuer en solo. Eryn ignorait si le but de la manœuvre était de couvrir davantage de terrain à proximité de la ville, ou au contraire de protéger davantage les petits chanceux au Neo Serum qui s’éloignaient trop en les faisant patrouiller par groupe – la réponse se déduirait donc à la concentration de population mutante et de l’évaluation faite des risques. Bref. Eryn préférait de loin se débarrasser ou semer un agent isolé plutôt que d’avoir affaire à des unités entières, quand bien même la proximité des beaux quartiers se faisait inquiétante. D’ailleurs, cela faisait déjà un moment qu’elle était ici ; il faudrait se résoudre sous peu à déménager en dépit des avantages dont elle bénéficiait.

Bien décidée à profiter une dernière fois de la maisonnette en ruine, elle se dirigea d’un bon pas vers le jardin, dévalant les escaliers. Elle ignora les grondements furieux de son estomac – elle avait manqué d’occasions de se rendre au Black Market ces derniers temps et devait s’y rendre d’urgence – et seulement vêtue de son jeans et d’un débardeur même par un tel froid, entreprit de commencer une série de traction, se saisissant de la barre en fer forgé sur le pas de la porte donnant sur le petit jardin, outil purement ornemental qui faisait bien son affaire. L’effort fourni avait quelque chose d’agréable ; elle avait confiance en ses muscles et ses réflexes, appréciait l’exercice comme l’on accueillait un vieil ami, en savourant les moindres détails jusqu’à ses dog tags qui cliquetaient doucement à chaque mouvement.

Une silhouette.
Eryn ne prit pas le temps de réfléchir ; ses actions n’étaient plus qu’une série de reflexes rodés depuis quelques temps déjà. Constamment sur le qui-vive, elle ne s’embarrassait plus de fioritures. Elle se laissa tomber avec souplesse, saisit son Beretta 92 qui l’attendait sagement à ses pieds sur son pull et le braqua vers l’endroit où le mur était effondré.

« Montrez-vous. »

Elle avait prononcé l’ordre d’un assez bas pour ne pas alerter d’éventuels curieux dans les environs, mais suffisamment fort pour être distinctement perçue. Il serait trop imprudent, dorénavant, de se précipiter pour récupérer ses affaires et partir par une autre issue. Alors, seulement une fois qu’elle réalisa combien la situation était dangereuse, elle sentit la tension familière étreindre ses muscles d’une caresse hostile.


Dernière édition par Eryn Blake le Ven 1 Mar - 19:36, édité 2 fois
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 0:35

Les sirènes hurlent tout autour de nous alors que nous en avons encerclé un. Un mutant. Âgé de même pas seize ans, son visage pré pubère tranche avec la maturité de son regard. Cette vision me gêne quelque peu, je dois bien l'admettre. J'ai vu trop d'enfants soldats. Et aussi le fait qu'il maîtrise une forme de pyrotechnie avancée ne me met pas plus à l'aise. Une nouvelle boule de feu se forme dans sa paume, alors qu'on continue de gueuler, pour le faire arrêter. Les dernières fois, il n'a visé que le sol. Il ne veut pas tuer, il veut juste qu'on lui fiche la paix. Mais il ne connaît pas l'entêtement suicidaire de la police… On a pas le droit d'abandonner.

La boule s'élance dans les airs pour retomber devant nous, sans nous mettre en danger outre mesure. C'est impressionnant, mais il maîtrise ses coups. Il sait qu'on ne va pas tirer sans bonne raison, d'autant qu'on le veut vivant. Quelqu'un de chez nous a dû le comprendre, aussi. Un coup de feu claque soudainement, et on se met tous à tirer en même temps. Mon HK tressaute dans mes mains alors que je vide la moitié de mon chargeur en rafale de deux balles à la fois.


- CESSEZ LE FEU !


L'ordre fuse moins de vingt secondes après le début de la fusillades, et les tirs cessent peu à peu. Le garçon se tient toujours devant nous, droit, ses yeux n'exprimant qu'une simple surprise en regardant les tâches écarlates qui maculent son torse. Je jure en courant vers lui, suivi par mon équipe du SWAT, l'un d'eux demandant déjà un soutien médical.

J'ai l'impression qu'on lui a tiré dessus pendant des heures, et alors que j'ai visé des parties non vitales, certains ne se sont pas gênés pour faire un carton plein. Je le rattrape alors qu'il tombe en avant, essayant de l'allonger au mieux sur le dos. Il respire toujours, et son visage se tourne vers moi. Je m'attends à ce qu'il nous insulte, nous crache au visage, mais au lieu de ça, il choisit la pire des options : il ne fait rien. Il garde son expression surprise semblant se demander comment on a pu en arriver là.

L'équipe médicale me repousse, et après un examen sommaire, l'emmène sur un brancard. Je rassemble mes troupes et décide de rentrer au QG. Pas la peine de nous attarder, le coin va bientôt grouiller de flics, et j'ai pas envie d'être là quand leur chef viendra demander qui a commencé à tirer. On remonte silencieusement dans le van, et je m'installe à la place du mort, laissant un membre de l'Equipe Bleue conduire. Tous les bons chauffeurs ont été réquisitionnés, alors c'est tout juste si on a pu garder le camion. Enfin, quoi il y a notre nom marqué dessus quand même !

La nuit est déjà bien avancée quand on arrive aux Quartiers Généraux. Plusieurs fausses alertes sur le chemin, une véridique, mais la situation était déjà terminée quand on a enfin pu nous y rendre. Foutue nuit.

Le visage surpris du gamin reste dans ma tête, comme gravé au fer rouge dans ma mémoire. Celui là reviendra me hanter, c'est sûr. Certes, je ne sais pas si il est mort, et je sais que ça n'est ni moi qui ait commencé à tirer, ni moi qui n'ait tiré dans son ventre. Mais je n'ai rien fait pour arrêter le tir, et je lui ai vidé quinze balles dans les jambes sans réfléchir. J'ai marché par réflexe, comme on nous l'a appris à l'Armée.

Et c'est justement ça qui m'embête : je croyais avoir perdu les habitudes militaires pour me plier aux directives de la police. Je sais que je ne peux pas tirer un trait sur mon passé comme ça, mais j'arrivais très bien à crier les sommations réglementaires, et à ne tirer qu'en cas de nécessité absolue. Même les excités de la gâchette côté police ne me faisaient pas tirer quand je ne devais pas.

C'était il y a trois mois. Autant dire une éternité, vu ce qui s'était passé durant ces trois mois. Depuis que San Francisco a été bouclée, je suis à cran. Constamment, je me revois en Afghanistan, constamment, j'ai l'impression d'évoluer dans une ville hostile, et en étant à ce point sur les nerfs, mes nuits sont courtes et remplies de fantômes.

Je descends enfin du véhicule, et nous rentrons nous décharger dans le local qui nous est dévolu. Je m'assoies rapidement sur une chaise pour dormir au moins deux heures avant que je ne sois obligé de partir en patrouille. Patrouilles solitaires, devenues obligatoires, et auxquelles personne n'échappe. Au début, j'avais failli en rire, comme si c'était notre boulot que de faire les mariolles dans les rues ! Mais j'avais rapidement déchanté : je m'étais rendu vite compte que tout le monde était sur les nerfs, et qu'une attaque dans les quartiers déclarés "sûrs" achèveraient de souffler sur le brasier de la panique.

Les émeutes étaient décidément la dernière des choses dont on avait besoin. Je n'eus pas le temps de développer davantage cette pensée et m'endormis aussitôt.


La cible était un jeune garçon, âgé de moins de vingt ans. Ses pupilles écarlates affichaient la surprise, ou la stupéfaction. Je pouvais distinguer à-travers mon viseur chaque détail de son visage, et il avait plus l'air de l'adolescent sortant de cours que d'un criminel. Devant lui se tiennent les membres de mon équipe, le visant de leurs armes automatiques.


- A tous les snipers, engagez, je répète, engagez la cible.


Je n'hésite pas davantage. J'appuie sur la gâchette.



Je me réveille en sursaut, manquant de tomber de mon siège. Regardant autour de moi rapidement en clignant plusieurs fois des paupières, je me frotte les yeux pour en chasser les dernières images. Je regarde ma montre pour m'apercevoir que je n'ai pas dormi les deux heures espérées. Tant pis. Je retourne à mon casier, et récupère mon équipement complet du SWAT. Plus un sac dans lequel je glisse quelque chose à manger, et un fusil à pompe.

Les habitudes ont la vie dure, mais celles apprises à l'Armée concernant la survie, je les garde volontiers. J'ai beau essayer de me convaincre du contraire, San Francisco est bel et bien devenue une zone de guerre. Cela se voyait rien qu'avec l'intervention de l'unité du lieutenant Carter. Continuant à avancer dans le central en passant devant les murs des recherchés, je pointais ma sortie du bâtiment.

Comme si on était encore des gamins séchant les cours, ils nous forçaient à signer nos départs en patrouille, et contrôlaient toutes les entrées et sorties des hauts lieux.

Je sors et me branche au canal dévolu à mon secteur. Chaque secteur de patrouille possède le sien, afin que tous puissent converger si jamais une unité trouve quelque chose. Evidemment, ça, c'est l'aspect théorique. En pratique, la moitié des types se trompent de canal, ou ne s'y connecte même pas. D'autres racontent même leurs malheurs. Comme les communications sont, au mieux, une voix déformée par les grésillements, on peut pas dire que nos appareils à puissance faibles servent autre chose qu'à la frime.

Je rejoins rapidement mon itinéraire, à la bordure des quartiers sûrs. La frontière diraient certains. Je me demande si ils ont fait exprès de me placer là. Les meilleurs en première ligne, pas vrai ? Les meilleurs, ou les plus sacrifiables ? Ou alors je leur reviens pas. Je continue à me plaindre silencieusement dans ma tête en avançant, le fusil d'assaut bien calé dans mes bras, sécurité désactivée.

Evidemment, une telle patrouille n'est pas sans rappeler les innombrables faites au Moyen-Orient, dans ces villes où on risquait de se prendre une rafale de AK-47 à tout instant. Quoique, je sais pas ce qui est pire : éviter les roquettes des talibans, ou des lances de feu ? Le tout dans une ville qui commence à tomber en ruine, pour rendre tout ça bien glauque.

En parlant de ruines, j'avise un mur sacrément amoché sur ma gauche, et je décide d'y jeter un oeil. "Inspectez tout ce qui vous semble suspect !" Et un mur explosé à la limite des beaux quartiers, je pense qu'on peut considérer ça comme suspect. Ça aura au moins le mérite de m'empêcher de ruminer mes pensées pendant un moment.

Je m'avance silencieusement, mes bottes crissant à peine sur le sol. J'entends quelqu'un désormais. Une seule personne, faisant de l'exercice probablement. Peut-être plus, mais qui sont spectatrices alors.

Je relève ma cagoule sur mon nez, et ajuste mes lunettes de protection sous mon casque noir. 50 dollars que je vais juste effrayer un gamin jouant au ballon. Une seule chose me gêne, le bruit métallique presque imperceptible que je n'arrive pas à définir. Des clés ? J'imagine que la seule solution pour en avoir le coeur net est de foncer.

Je risque un premier coup d'oeil. Une seule personne, de sexe féminin, faisant de l'exercice. Jusque là, ça irait très bien, sans le pistolet scintillant posé par terre. Ça et la vision si reconnaissable des dog tags. Une fan des militaires, ou une militaire ? Je m'avance un peu plus pour essayer de la distinguer, et m'immobilise.

Ces cheveux noirs, ce visage fin, mais surtout ce regard… Je l'ai déjà vue quelque part. Et même tous les jours. Elle fait partie de la liste des recherchés, à capturer vivante et à placer immédiatement à Alcatraz. Cible VIP. L'alerte sonne dans ma tête alors qu'elle me repère, la surprise ne m'ayant pas fait battre en retraite plus tôt.

A peine pose-t-elle la main sur son arme que j'ai déjà quitté son champs de vision, me mettant à l'abris derrière le mur. Je me mets en contact sur toutes les fréquences alors qu'elle m'ordonne de me montrer.


- Chef de l'équipe du SWAT Anderson Dawn, besoin de renforts immédiats sur mes coordonnées, je chuchote. Quelqu'un me reçoit ?


Un concert de grésillements me réponds, et je comprends que je suis seul pour un moment. Sans renfort, je ne peux pas la contraindre à se rendre. Je ne sais pas ce qu'elle a fait, mais elle a clairement déserté, et en conséquence de quoi, elle ne va pas me suivre de son plein gré. Tenter de bluffer me paraît risqué, et je préférerais ne l'utiliser qu'en cas de dernier recours.

Dans tous les cas, je ne dois pas la laisser s'échapper. Il faut que j'ai un visuel avant qu'elle ne décide de se faire la malle, et à ce moment là seulement je pourrais tenter de lui faire croire que toutes les issues sont bloquées. Mais si je le dis immédiatement, elle pourrait s'enfuir que je n'en saurais rien.

Je sors donc de ma cachette d'un bon, le fusil braqué sur elle en criant :


- Police ! Lâche ton arme ! A genoux les mains sur la tête ! Tout de suite !


Crier et savoir se faire entendre est une condition essentielle pour entrer dans la police. Le but est de paraître suffisamment imposant pour empêcher le suspect de réfléchir correctement, de le pousser soit à obéir, soit à faire des erreurs. Alors je continue de crier mes ordres en avançant, le fusil pointé sur sa tête. Qu'elle tente de s'enfuir, et je lui prouverais que je suis un très bon lanceur de grenades flash, surtout à cette distance.

L'inconvénient également avec cette distance, c'est que je doute que mon gilet pare-balle me protège si elle a définitivement adopté le camp opposé aux forces de l'ordre.

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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 11:02

Commencer la journée avec un fusil d’assaut braqué sur elle ?
Absolument, et c’était d’un délice sans nom ! Après tout, il ne s’agissait-là que d’une situation chargée de doux souvenirs où elle faisait encore partie de l’équipe, n’est-ce pas ? Eryn ne bougea pas d’un pouce, curieusement rassérénée par le contact de la crosse du Beretta contre sa paume, son poids dans ses mains qui indiquait qu’il était chargé, l’index posé contre la gâchette, prêt à la presser, à exécuter un homme qu’elle ne connaissait pas pour sauver sa peau. L’effort pour maîtriser sa respiration et les battements de son cœur, la lutte pour conserver la tête froide et l’esprit clair se maintenaient en elle comme une sollicitation constante de ses capacités de soldat. Un soldat qu’elle n’était plus vraiment, mais dont elle gardait les réflexes, les postures, le regard. Ce regard glacial et calculateur, ce regard qui en avait trop vu. Un peu perdu, aussi. Mais pas un instant elle songea à se rendre gentiment. Elle n’était pas stupide, elle ne voulait pas être prétendument « traitée » à Alcatraz. Pour elle, c’était une question de survie.

Tenant toujours l’autre en joue, sans le quitter de son regard perçant, elle réfléchissait à un moyen de se tirer de là. Tirer la première ? Non, elle avait perdu l’occasion bien des secondes plus tôt ; fenêtre d’action bien trop étroite pour permettre l’hésitation. Elle se maudit intérieurement. Pourquoi diable avait-elle hésité ? C’était la meilleure technique pour bouffer les pissenlits par la racine. Lui, peut-être ? Elle détailla l’homme, ne lui trouva pas tous les traits de la flicaille. Sa façon de tenir son arme, peut-être ? Son regard ? Il avait définitivement quelque chose de différent, de familier, sans qu’elle ne pût mettre le doigt dessus. Il devait avoir appelé des renforts. Elle serait bientôt cernée. Elle ne pouvait pas rester plantée là, où elle allait définitivement y rester. Bien entendu, il était hors de question qu’on l’attrapât vive ; plutôt mourir que d’être une quelconque utilité à l’ennemi. La formation des forces spéciales, ancrée en elle depuis des années déjà, revêtait toujours la même importance aujourd’hui. Restait encore à définir l’ennemi dans l’affaire ; les citoyens n’étaient que les multiples êtres chéris de cette patrie qu’elle avait juré de servir et elle n’était probablement que son propre ennemi, elle et cette fichue mutation qui grandissait chaque jour en elle, poison exquis et amer à la fois.

Il devait la capturer vivante.
Cette soudaine réalisation lui donna alors un pouvoir insoupçonné. Elle ne savait pas de quel équipement il disposait, mais elle savait que les Peacekeepers avaient des quotas très réduits en matière d’armement, au même titre que tout le monde, même si cela était dans une moindre mesure. Il pouvait tirer aussi, et viser les parties non vitales de son corps, mais auquel cas elle répliquerait aussitôt, quand bien même le choc la déstabiliserait. Il prendrait un risque considérable pour lui comme pour elle ; hors, dans un affrontement, c’était réellement les premiers coups qui importaient, l’être humain moyen n’encaissait pas comme ces acteurs ensanglantés dans les films. Ils joueraient tous deux de la prudence, elle le sentait.

Elle prit une profonde inspiration :

« Ma mutation n’est pas dangereuse, je ne veux pas vous blesser. Alors, laissez-moi partir. »

Son éternel laconisme ne jouait pas en sa faveur et les négociations n’avaient jamais été son fort – pas plus que la politesse. Elle devait tenter, néanmoins, car convaincre cet homme qu’il tenait en joue la mauvaise proie, lui faire réaliser que tous les mutants ne valaient pas la peine d’être torturés, tués ou emprisonnés constituait de loin la solution la plus sage. Qu’avait-elle à lui offrir ? La certitude qu’il ne muterait pas, de toute évidence, quoi qu’elle soupçonnât que les Peacekeepers subissaient une sorte de test pour s’en assurer au préalable. Quelques informations, aussi, sur ces Hunters dont la rumeur inquiète se répandait peu à peu. Elle ignorait, toutefois, si elle serait vraiment en mesure de quitter ceux-là même qu’elle avait lâchement désertés.

Illustrer son propos lui paraissait aussi judicieux que dangereux ; ce fût lentement et avec prudence et méfiance qu’elle baissa légèrement son arme. Armée de l’outil appelé de façon fort ridicule « auto-persuasion », elle essaya de se rassurer quant à la distance qu’il lui faudrait parcourir pour se mettre à couvert ; à peine un pas en diagonale la séparait du mur, derrière ce qui restait de la porte… Le mur d’une habitation américaine, néanmoins, qui ne résisterait certainement pas à l’assaut d’un fusil. Elle espérait juste que son vis-à-vis ne faisait pas partie de ces clebs à la fidélité sans limite. Elle-même l’avait été, bien trop longtemps et il lui avait fallu des changements extrêmes pour enfin trancher la laisse qui la retenait. Elle n’avait jamais eu le cœur d’arracher le collier pour autant.

La sagesse lui intimant d’explorer toutes les possibilités, Eryn, enfin, se demanda ce qu’il pouvait se passer si elle se tirait de cette situation tout en écopant d’une blessure par balle. La sinistre perspective ne lui laisserait pas beaucoup de solution ; les médecins ne couraient pas les rues dans les bas-fonds, les médicaments introuvables tant il s’agissait d’une denrée coûteuse sur le Black Market – surtout qu’elle ne serait pas en mesure de se trouver du boulot. Si cela s’infectait, elle allait probablement vers une mort certaine. Ou alors, il lui faudrait mettre sa fierté de côté et ramper pour retrouver la communauté mutante, en priant pour qu’ils eussent de quoi la soigner – ou qu’un mutant fût doté d’un don de guérison. Où était donc Jake Caldwell et ses interventions/sauvetages inopinés quand elle avait besoin de lui, en cet instant précis ? Ou sa sœur ? Non, pas Aria ; si elle tentait d’arrêter un autre Peacekeeper, elle deviendrait probablement une fugitive, elle aussi. Les deux Blake, trahissant leur patrie. L’image pourrait presque prêter au rire, en d’autre circonstance, ne serait-ce que pour observer les diverses réactions du célèbre général Blake. Oh, son père changerait probablement de couleur plusieurs fois avant de laisser éclater déception ou fureur.

Qu’aurait-il fait à sa place ?
La question demeurait, angoissante, entremêlée à tant d’autres qui faisaient de son existence un cauchemar.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 12:29

Elle ne baissa pas son arme. Je jurais intérieurement en continuant à avancer, plus prudemment cette fois. Il ne me suffirait que d'une balle. J'avais son front dans ma lunette de visée. Il me suffisait d'effleurer la gâchette et elle ne représenterait plus un problème. Elle n'aurait probablement même pas le temps de réagir. La balle arriverait à destination plus vite que le son, et sa dernière pensée serait de réagir, de riposter, mais il serait alors trop tard.

Si c'était aussi simple…

Je devais la ramener vivante. Le travail d'officier du SWAT pourrait être mille fois plus simple, mais comme me l'avait dit mon instructeur, nous étions justement là pour les boulots compliqués. On nous demandait de réfléchir d'abord et de tirer ensuite. Rien à voir avec le boulot de soldat. Je me déplaçais latéralement lentement, un pas après l'autre, tout en la gardant en joue.

Son regard en disant long sur ce qu'elle avait pu vivre. Elle n'hésiterait pas à tirer, ça c'était certain. Rien à voir avec un gamin piquant l'arme de son père en menaçant sa classe. Non. Sa posture était assurée, son arme bien calée dans ses mains… Nul doute que si elle devait tirer, elle toucherait ma tête. En dépit de mon gilet pare-balle et des différentes protections dont je disposais, je me sentis soudainement bien vulnérable.

Le portrait d'elle sur l'affichage des recherchés ne lui rendait pas honneur. Ses yeux qui semblaient tout à fait banals sur la photo étaient en fait des puits dans lesquels il valait mieux ne pas tomber. C'était une ex des Forces Spéciales, aussi. J'en avais vu pas mal, et à chaque fois, ils avaient le don de me mettre mal à l'aise. Ils faisaient le sale boulot. Celui où la fin justifie les moyens. Celui où tirer d'abord est d'une absolue rigueur. J'en avais provoqué un, une fois, dans un bar. Après quelques coups échangés pour le faire dégriser, et une fois qu'il avait récupéré toute sa tête, j'avais pu voir de quel bois ils étaient faits.

J'étais rapide, mais il avait une sacré allonge. Et il n'était pas seul. Son équipe avait contribué à me faire regretté d'être venu dans le bar. Elle, en revanche, était seule. Ou du moins je ne distinguais pas les autres, ce qui ne l'aiderait pas. Dans le cas d'une fusillade, elle serait amochée avant qu'ils ne puissent éventuellement intervenir, me laissant m'occuper d'eux. A condition que je ne sois pas déjà à terre également.

Un silence s'était installé depuis que j'avais arrêté de gueuler quand j'avais compris qu'elle ne flancherait pas, et ce fut elle qui le rompit.

Sur toutes les choses qu'elle aurait pu dire, elle n'aurait pas pu choisir pire. Evidemment qu'elle était une mutante, sinon pourquoi la conduire à Alcatraz ? Mais je n'en avais pas la confirmation directe, tout ce que je savais, c'était qu'elle était une cible VIP très dangereuse. Voilà ce qu'on m'avait dit. Maintenant je savais pourquoi on la recherchait si activement : une ancienne Force Spéciale avec une mutation, ça ne faisait pas propre. Elle aurait pu me dire n'importe quoi pour que j'ai la conscience tranquille : elle m'aurait dit qu'elle avait tué toute son équipe, ou qu'elle avait piqué dans fournitures de morphine, n'importe quoi, mais le fait qu'elle m'avoue sa condition était pire. Je ne savais pas comment réagir.

Elle baissa légèrement son arme, mais je ne l'imitais pas. Je restais silencieux, réfléchissant à toute vitesse. Elle était une mutante. Comme le gamin qu'on avait criblé de balles cette nuit. Elle ne l'avait sûrement pas voulu, d'ailleurs, qui voudrait être pourchassé ainsi toute sa vie ? Si elle avait muté, elle avait des centaines de raisons de déserter. Personne n'en parlait, mais tous le monde savait qu'Alcatraz n'était pas un laboratoire quatre-étoile-tout-confort-pour-mutants. La Neo Corporation faisait ce qu'elle y voulait, en dehors de toute juridiction, parce qu'on était tous devenus à ce point désespéré qu'on mettait au placard les questions d'éthique. Tout ce qu'on voulait, c'était se tirer d'ici. Alors on tirait sur des enfants qui ne pouvaient pas jeter leur arme comme on leur demandait.

La vision du regard surpris du gamin s'imposa à moi, et je secouais la tête pour la chasser. Presque comme pour m'empêcher de réfléchir, je parlais, d'une voix bien plus hésitante que j'aurais voulu.


- Vous êtes en état d'arrestation, soldat Blake. Jetez votre arme. C'est fini.


Les ordres étaient les ordres pas vrai ? Elle était sur la liste des personnes recherchées, alors je l'emprisonnais, point. Comme un bon petit soldat. Je me maudis aussitôt d'avoir formulé cette pensée. Je n'étais plus un soldat. J'étais un policier, et mon devoir était de protéger la population. Pas de la mener dans des laboratoires où ils subiraient on ne savait quoi.

Je détestais cette situation. Et son regard n'arrangeait rien. Si je l'emmenais, il me hanterait. Pur reflet des yeux d'un soldat. C'était comme se regarder dans un miroir. Sans presque le vouloir, j'abaissais mon fusil. Quand je m'en aperçus, il était trop tard pour le relever. Elle pourrait interpréter cela comme une action hostile et tirer. Je savais comment fonctionnait le cerveau d'un soldat. J'aurais tiré aussi.

Qu'est-ce que je devais faire ? Utiliser mon taser ? Le temps que je le sorte que je serais déjà à terre. Il n'y avait personne pour m'encourager ou me dissuader. Personne à part elle, et son regard glacé. Je déglutis lorsqu'une pensée fugitive me souffla que je pouvais aussi la laisser partir.

Pas question. C'était mon devoir de l'amener à Alcatraz. C'était mes ordres. De l'amener à l'abattoir. Je me souvins d'une conversation avec mon père. Nous parlions du Second Conflit Mondial, et de tous ces nazis qui avaient amenés sans rechigner les Juifs aux camps. J'avais alors dit que jamais je ne l'aurais fait. Etions-nous dans la même situation ? Allait-elle droit à la mort ou la souffrance à l'ancienne prison ?

Quoi qu'il se passe là-bas, les mutants qui y allaient ne revenaient pas. Que dirions nous lorsque tout cela serait terminé ? Que nous avions été complice ? Que nous n'avions rien voulu voir ? Mon écouteur grésilla, et une voix brisa le silence. Dans une situation d'intervention plus conventionnelle, la voix aurait été dissimulée. Mais dans l'absence de bruit qui régnait, elle s'éleva, claire malgré les parasites.


- Répétez, chef SWAT. Vous avez besoin de renforts ? A vous.


Je la regardais, sans oser parler. Ma cagoule m'empêchait de respirer correctement. Je l'abaissais doucement, avant de crisper de nouveau mes mains sur mon arme pointée vers le sol. Elle avait aussi baissé son arme, et souhaitais juste se tirer d'ici. Comme n'importe qui d'autre. Elle n'avait pas essayé d'utiliser sa mutation contre moi. Dans d'autres circonstances, j'aurais dit qu'elle avait presque obtempéré. Après tout, on ne pouvait pas s'attendre des Forces Spéciales qu'ils laissent gentiment leur arme à terre.

Je portais une main à mon oreillette, l'activant en un bip caractéristique. Tout se jouait maintenant. Si je demandais des renforts, il faudrait que je me jette sur elle l'instant d'après. Si je refusais les renforts, je trahirais les forces de l'ordre. Si je l'emmenais, je me trahissais. Déjà eu l'impression d'être coincé, cerné par uniquement des mauvais choix?

Mais peut-être avais-je déjà choisi. Si je n'avais pas répondu, ils auraient envoyé des hommes. Merde.


- Négatif. Fausse alerte, central. Situation sous contrôle.


Je désactivais l'oreillette, en reportant mon attention sur elle. Mon arme n'était même plus menaçante. J'avais remis la sécurité.


- Je peux encore changer d'avis, dis-je, d'avantage pour me rassurer qu'autre chose. Dites moi juste pourquoi vous avez quitté l'unité du lieutenant Carter. Je croyais qu'il protégeait les siens. Dites moi juste ça pour que je vous croie.


Dites moi juste que je ne me suis pas trompé…

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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 14:49

« Soldat Blake. »

L’appellation lui noua les tripes, la prit à la gorge d’une torsion purement psychologique, mais sauvagement, douloureusement. Pas parce qu’il connaissait son identité, non. Cela, elle s’en doutait un peu, que des Peacekeepers allaient en arriver là. Soldat. Elle n’était plus un soldat ! Elle n’était pas restée gentiment sous les ordres de Drake, elle n’avait pas accepté de traquer et tuer. Le sale boulot. Non, ce n’était pas seulement du sale boulot, le sale boulot elle connaissait, cela avait été son quotidien pendant de longues années, une triste et adamantine réalité, auréolée de cette gloire que l’on ne ressentait presque jamais sous le revers austère et sinistre des horreurs perpétrées au nom de la patrie. Torture, subie ou infligée, meurtres, dangers… Tant d’actions et de situations extrêmes qu’on ne souhaitait à personne. Et tout cela, pour quoi ? Une reconnaissance, une vie au sein d’une équipe soudée, une accroche, un orgueil, un but. Et la conviction que tout ce que l’on faisait, c’était pour le mieux. À l’époque, on pouvait encore parler de « soldat Blake » ; désormais, elle se contentait de répondre d’un semblant d’exclamation aussi railleuse qu’amère. Alors, oui, il avait bien raison, le flic. C’était fini. Certainement pas au sens où il l’entendait, mais c’était bel et bien terminé. La belle époque, aussi étrange cela pouvait-il paraître, s’était achevée au moment même où elle avait quitté la planque des Hunters et renié son lieutenant. À l’heure actuelle, le sale boulot s’était transformé en véritable immondice, un crime contre l’humanité ; c’était des gens que l’on assassinait sans scrupule. Une population. Un groupe qui n’y était pour rien, pas plus qu’ils n’avaient décidé de leur aspect physique à la naissance. C’était trop. Même pour elle.
Bien joué, flic en patrouille en cette heure bien matinale : tu viens de jeter du sel sur les plaies.

Je n’sais pas si vous êtes au courant, mais je ne suis plus vraiment soldat, eut-elle envie de lâcher d’un ton acerbe et suintant d’agressivité. Elle s’en abstint, le laissant délibérer seul. Une seule parole pourrait l’orienter dans la mauvaise direction, pincer une corde sensible. Ce n’était pas ce qu’elle désirait ; heureusement, elle n’était pas bien véhémente dans une telle situation, préférant rester frigide et calculatrice. Elle s’évertuait à envisager toutes les options, les avenirs possibles se multipliant au fil de ses réflexions. Peu de ses estimations finissaient bien, que ce fût pour elle où son interlocuteur. Si en apparence, elle demeurait maîtresse de ses émotions, un frisson qui n’avait rien à voir avec le froid qui lui mordait la peau remonta bel et bien le long de sa colonne vertébrale, tandis que la sueur serpentait en sens inverse. Derrière son souffle mesuré, elle exhalait aussi la crainte, l’expectative, la tension. Ne pas céder à l’angoisse, se répétait-elle – parfois même scandait – en son for intérieur, murmure perdu parmi d’autres leitmotivs qui maintenaient façade et concentration.

Elle ne releva pas son arme et constata avec un certain soulagement que l’envahisseur de propriété semblait adopter la même technique. Visiblement, il se creusait la cervelle et agissait avec prudence. Réfléchi. Bien, elle préférait ça que les gens qui tiraient d’abord puis posaient les questions. Du moins, quand ils se tenaient face à elle et armée. Elle ne relâcha pas son attention pour autant, elle guettait le moindre mouvement suspect, prête à réagir au moindre doute, à la moindre menace. Elle ne voyait toujours pas comment se sortir de ce guêpier.

Elle cilla quand une main se leva vers l’oreillette, se tendit davantage encore et muselant un réflexe menaçant ou létal, elle se contenta de raffermir sa prise sur son Beretta, canon toujours dirigé vers le sol. Finalement, ce fût de surprise que sa position montra les premiers signes de décontraction ; il avait refusé les renforts.

C’était donc le besoin d’information qui lui autorisait ce répit. Méfiante, toujours, elle hocha la tête, lentement, pour indiquer qu’elle l’avait bien entendu. Puis, elle passa quelques longues secondes à mesurer sa réponse. Que dire ? Que savait-il au juste ? Jusqu’où pouvait-elle aller sans meurtrir davantage encore sa conscience ? Perdue, elle l’était toujours ; elle errait entre diverses convictions, incapable de savoir quelle voie choisir, quels choix faire, quelle cause servir. Quel comble, pour une femme à l’apparence si solide, de voir sa volonté et ses certitudes se fissurer de la sorte, lentement rongées par les doutes et l’ambiance suffocante de la ville en quarantaine.

Elle s’humidifia les lèvres avant de livrer, enfin, sa réponse :

« Le lieutenant Drake Carter protège les siens. Et sa patrie. J’ai quitté l’unité parce que je sais, justement, que toutes les mutations ne sont pas dangereuses et que tous ces gens qu’on traque comme du gibier sont humains. Et innocents. »

Ces crétins de Peacekeepers… Que pouvaient-ils bien lire sur elle ? La pensaient-ils capable de lever les morts pour jeter des armées démoniaques dans les rues de la Bright City ? Ignoraient-ils donc, parmi tous ces dossiers qui circulaient sur elle – du moins, sa rencontre avec Charlotte Hawkins lui avait appris que sa mutation était connue et les informations collectées – pas un seul révélait qu’elle était capable de sentir, deviner voire influencer les mutations des autres ? Se laissaient-ils manipuler par les puissants alors qu’ils représentaient les forces de l’ordre ? Obéissance aveugle, encore et toujours… Elle était partie du principe que, si son interlocuteur l’avait reconnue, il en savait long sur elle. Mais même pas.

Ils ne pouvaient pas rester ainsi à découvert ; sa prudence proche de la paranoïa la mettait déjà en garde. Elle n’osait pas jeter un coup d’œil sur les alentours, craignant que si elle quittait des yeux son vis-à-vis ne serait-ce qu’un instant, il en profiterait. La confiance n’était pas un principe de survie. Pas dans ces conditions. Sans le quitter des yeux ni lâcher son arme, elle s’accroupit pour ramasser son pull, tout en poursuivant :

« Mon explication vous suffit-elle, ou bien vous voulez vous installer à l’intérieur pour faire plus ample connaissance ? »

Cette fois-ci, elle n’avait pas pu empêcher l’ironie mordante de transparaître dans son ton. Ce n’était pas une invitation, loin de là ; elle priait de toute son âme pour qu’il s’en fût. Chose qu’elle n’osait dire plus franchement en dépit de sa nature plutôt directe. Il lui avait déjà fait une fleur considérable, il n’était probablement pas avisé de jouer de sa chance. Une fois à nouveau debout, elle recula d’un pas. S’il pénétrait, aurait-il le culot de conserver le fusil dans ses mains ? Elle ne pouvait pas, non plus, lui demander de déposer les armes, ce serait présomptueux de sa part de s’approprier une confiance ainsi. La bonne nouvelle, c’était que la réciproque lui permettait de conserver son Beretta à portée de main. Elle s’effaça sur le côté pour le laisser passer, histoire de voir s’il aurait suffisamment de tripes pour passer si près et lui tourner le dos ou s’il tenterait de manœuvrer habilement de crainte qu’elle ne lui tordît le cou.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 19:59

Les secondes passaient avec lenteur, chacune faisant monter la pression. Je crispais mes mains sur mon fusil. Une seconde pour le débloquer. Une de plus pour viser. Deux secondes de trop. Qu'est-ce qui m'avais pris de baisser mon arme ? Elle pouvait m'aligner plus vite que moi, je le savais. Une roulade sur le côté, tirer au jugé après ? Ça me paraissait étrangement surréaliste. Sa première balle avait peu de chance de me manquer, et, quoi qu'en dise les films, personne ne peut courir avec une balle dans la jambe. A moins que vous ne soyez bourré d'antalgique, et que vous ne vous souciez guère de perdre votre jambe après.

Ce qui m'embêtait plus que de me faire tirer dessus, c'était d'avoir menti au Central. Enfin, pas vraiment menti, mais en tout cas de cacher la vérité. Il y avait de fortes chances que ça me retombe dessus un jour. Je pouvais toujours faire marche arrière, et l'emmener avec moi. Non. Ça n'était pas vrai. J'avais beau essayer de m'en convaincre, je ne pouvais plus l'arrêter. Pas avec ce qu'elle venait de dire, brisant une fois de plus le silence.

Nous traquions les mutants comme des animaux, je ne pouvais la contredire sur ce point. Mais la plupart du temps, on nous appelait pour des opérations où les mutants commençaient à devenir dangereux. Voilà ma seule justification. J'avais l'impression de continuer un travail normal, pas d'être le SS de service. Je réalisais que je ne voulais pas l'arrêter. Ni elle, ni un mutant que je croiserais dans la rue et qui se présenterait comme tel. Ils n'avaient rien faits de mal. Je voulais conserver l'innocence du gamin que j'étais quand je disais que je ne serais jamais comme eux. Que je protègerais ceux qui seraient traqués.

Je baissais les yeux sur mon arme, en la regardant de nouveau elle peu après. Elle s'était accroupie pour récupérer son pull, me demandant d'un ton ironique si je souhaitais poursuivre cette conversation à l'intérieur. Elle n'avait pas tort. Un autre que moi aurait peut-être moins d'états d'âme. Un qui n'aurait pas vu des enfants se faire tuer par obéissance aveugle.

Peut-être avait-elle compris que je tenterais rien pour l'empêcher de rentrer. Dans tous les cas, l'invitation à quitter les lieux était claire, et j'allais le faire quand elle se plaça sur le pas de la porte de telle sorte qu'on aurait dit qu'elle me narguait. Cela me piqua à vif, et je n'hésitais qu'une fraction de seconde. Je m'avançais vers la porte, poussant même ma réplique jusqu'à passer mon fusil en bandoulière.

J'étais tendu, et je me demandais si elle n'allait pas profiter du fait que je lui tourne le dos pour me tuer, mais je tentais de ne rien en laisser paraître. Pure bravade. Mais j'étais assez fort de ce point de vue là. A peine entré que ma conscience professionnelle tentait d'enregistrer tous les détails. Une bonne connaissance du terrain faisait la différence entre la vie et la mort. Cela, toutes mes expériences militaires ou paramilitaires me le confirmait. On n'attaque pas un endroit sans en savoir un minimum sur son agencement, sauf si vous voulez vous faire tirer dessus par derrière une porte que vous n'avez pas vu.

Mais aujourd'hui semblait être le jour où j'envoyais les règlements se faire voir puisque j'entrais sans même mon arme entre les mains. Après tout, elle n'avait pas besoin de quelqu'un caché derrière une porte pour me tuer. Derrière moi et les mains libres, si elle avait décidé de me tuer, je ne m'en rendrais probablement même pas compte. Un simple contact, juste de quoi me faire sursauter, un mouvement brusque des poignets, et terminé. Des fois, je donne raison à tous ces lunatiques qui disent qu'on est vraiment peu de choses.

Je déposais mon fusil sur une table, avec un mince sourire sur les lèvres. Alors, tu ne t'attendais pas à ce que j'entre pas vrai ? Je me demande ce que tu vas faire maintenant. Parce que si tu abats un flic, tu seras pourchassée avec tellement plus d'acharnement que tu ne l'es maintenant… Et tes poursuivants seront sans pitié. Je doutais de courir un risque réel, à moins qu'elle ne m'assomme, tout simplement.

Pour prévenir cette attaque, je me retournais vers elle en remontant mes lunettes de protection sur mon casque, détachant les courroies de ce dernier pour l'enlever, le posant près de mon fusil. Prenant un air amusé, j'avançais deux chaises et m'assis sur l'une d'elle, la plus loin de la porte. Si tu veux t'enfuir c'est maintenant, pensais-je. Ou me tuer. Tu as mon arme devant toi, et la tienne avec toi. Je ne serais pas assez rapide pour dégainer mon arme de poing à temps.

Etrangement, je me sentais en confiance, alors même que j'étais en terrain inconnu et possiblement hostile. J'avais juste l'impression d'être dans un bar rempli de militaires où la seule menace contre moi était mon égo. En soi, ce n'était pas faux : nous étions tout deux ex militaires, et c'était uniquement parce qu'elle m'avait provoqué que j'étais entré. J'aurais très bien pu prendre sur moi et me casser d'ici. Mais non, j'avais préféré rentrer à sa suite, la provoquant à mon tour en passant l'arme à mon épaule.

Un type de mon unité m'avait un jour dit que j'avais du avoir un problème à la naissance. Quelque chose comme un manque de l'instinct de conservation. Bah tiens, c'était après ma rixe contre les Forces Spéciales. En fait, ça se trouve j'avais juste un problème contre ces types.


- Sandwich, Blake ? demandais-je avec au moins autant d'ironie qu'elle.


J'avais déposé mon sac et en sortais mon casse croûte. Sous couvert d'une bonne bravache, j'avais juste les tripes nouées. Que ce soit par cette situation, mes nuits d'insomnies, ou les fantômes qui me harcelaient, j'avais pas faim. Par contre, depuis la quarantaine, ceux qui mourrait par manque de nourriture n'étaient pas rares. Difficile de se pointer à la supérette du coin en étant recherché.

Avançant mon sac où trônait le sandwich vers elle, je m'assis plus confortablement, me comportant comme en terrain conquis. Façon de me dire que j'avais pas peur de ses éventuels alliés.


- Je veux bien te croire quand tu dis qu'on chasse les mutants comme des animaux. Par contre, un point me tracasse : pourquoi t'en as pas parlé directement au lieutenant ? J'ai entendu dire qu'il les tuait pas… Tous.


Sous mes airs parfaitement détendus, je ne pouvais faire jouer la comédie à mes yeux. J'avais été comme le lieutenant. Je savais pas ce qu'il faisait exactement, personne le savait, mais les rapports semblaient conclure qu'il voulait mener sa vendetta. Je m'étais intéressé de près à son cas, parce que des forces militaires lâchées dans la ville ne pouvaient signifier qu'une chose : le chaos. Je pensais être pratiquement sûr de moi quand je disais qu'il allait traquer tous les mutants qu'il croiserait. Pour cause : je m'étais reconnu en lui.

Mais je ne comprenais tout de même pas pourquoi Blake était partie. Je ne sais pas comment fonctionnent les FS, mais dans une unité de l'Armée régulière, on est soudés jusqu'au bout. A moins que l'autre tente de nous fumer, on se fait confiance et on s'accepte mutuellement. Parce qu'on dépends les uns des autres. Quoi qu'en dise Hollywood, personne ne peut rester longtemps seul. Personne ne peut vaincre seul une armée entière. Un groupe organisé et motivé, par contre, le peux. Alors pourquoi as-tu choisis la voie solitaire, Eryn Blake ?
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 3 Fév - 22:14

La vache, il avait vraiment eu les couilles de le faire. Et ce n’était pas tout, il prenait ses aises avec une désinvolture qu’elle espérait sincèrement délibérée. Sinon, ce mec était complètement barge, dans la catégorie imprévisible et qui n’avait pas peur de la mort. Les plus dangereux. Mais non. Elle le distingua dans son regard et dans son attitude à l’extérieur. Bravache, donc, c’était ainsi qu’elle pourrait décrire cette attitude surprenante.

Eryn repoussa la porte d’entrée mais la laissa entr’ouverte ; une porte bien fermée pourrait laisser croire qu’il y avait encore quelque chose à voler ici. Or, ce n’était pas le cas, et la jeune femme s’évertuait à faire en sorte qu’on crût l’endroit inhabité. Ce qui restait de la cuisine laissait d’ailleurs entendre la politique de l’ex militaire ; les placards étaient toujours ouverts, la vaisselle brisée demeurait au sol. Les autres pièces de la maisonnette demeuraient identiques, avec la tapisserie déchirée, les meubles éventrés et les biens aux valeurs moindres éparpillés un peu partout par des pilleurs sans vergogne. De toute façon, Eryn préférait de loin se poster à l’étage, pour observer et prévenir toute intrusion, quand bien même l’ascension des escaliers agonisants s’avérait quelque peu dangereuse.

D’abord médusée, elle finit par jeter un regard torve à la nourriture proposée puis sentit son ventre se contracter à la vue de la nourriture ; elle n’avait pas réalisé qu’elle avait autant faim. Elle répliqua néanmoins, en levant les yeux au ciel :

« C’est bien mignon, de me donner du ‘Blake’, mais sans vous présenter, je vous rétorque quoi ? ‘Volontiers, Sir Fusil’ ? »

Ignorant si, par sa réplique, elle lui faisait part de son exaspération ou si cela cachait une complicité naissante – qu’elle s’empressât de nier aussi sec –, elle enfila son pull de grosse maille et passa son holster en dépit de l’inconfort que cela lui procurait. Son Beretta retrouva sa place contre ses côtes, chose qui était à la fois rassurante et agaçante : elle avait dû abandonner la plupart de son équipement pour des raisons évidentes de discrétion et ne pouvait donc plus porter son arme sur sa cuisse. Les réflexes avaient la vie dure et les nouveautés s’avéraient handicapantes. Une partie d’elle voulait le provoquer. Elle aurait voulu démonter son arme juste sous son nez, lui montrer qu’elle aussi avait du cran. Elle aurait pu poser les pieds sur la table, l’air de rien, lui tourner le dos ostensiblement… Oui, c’était la réaction puérile face à un acte de provocation, et elle bouillait d’y répondre. Elle ravala néanmoins cette impulsion ridicule, serra les dents, ignora encore un peu le sandwich. Peu lui importait s’il la jugeait méfiante, orgueilleuse ou paranoïaque (ce qu’elle était certainement), elle ne pouvait plus se permettre ce genre de loisirs.



Le lieutenant. La conversation revenait là-dessus, évidemment. Elle se saisit finalement d’une chaise, la retourna et s’y laissa tomber à califourchon, comme si le dossier pouvait former un quelconque rempart entre elle et la menace potentielle. Après avoir rassemblé tout son courage, sans avoir encore décidé ce qu’elle dirait ou tairait, elle asséna :

« Le lieutenant Carter les tuera tous. »

Cela, elle en avait la certitude. Ces promesses devaient être creuses, ou receler quelque piège dont elle ignorait la teneur. Au fil des années, au sein d’une telle équipe, on connaissait son chef et les membres de l’équipe probablement mieux que l’on se connaissait soi-même. On se raccrochait aux fils de leurs personnalités pour ne pas oublier sa propre identité. On mettait sa vie entre leur main, la confiance était absolue. L’équilibre parfait. Elle avait vu la haine briller dans ce regard, une haine dirigée sur les mutants, ire dévastatrice qui, tôt ou tard, consumerait la ville. Pourquoi ferait-elle exception ? Avait-il bien caché son jeu chaque fois qu’elle avait croisé son regard pour le trouver inchangé ? Elle prit une profonde inspiration tout en s’accoudant sur le dossier de la chaise.

« J’étais chargée de différencier les mutants des gens soi-disant sains. Je peux distinguer les mutations chez les gens depuis un moment, déjà. Puis j’ai commencé à deviner leurs effets, leurs développements… »

Elle reporta son regard sur lui. Évidemment, son vis-à-vis était sain. De plus en plus convaincue que la sélection des Peacekeepers se faisait grâce à une rencontre entre le Neo Serum et le candidat (bien qu’elle doutât qu’ils fussent mis au courant, sinon, les présentations se feraient dans la crainte viscérale de la mutation cachée), elle garda cette observation dans un coin de sa tête et le détailla d’un regard perçant. Elle lui donnait quelques années de plus qu’elle, certainement. Un physique de Peacekeeper aguerri, aussi ; il faisait sans doute déjà partie de la police avant cette histoire. Soudain, elle réalisa d’où venait la familiarité qu’elle ressentait depuis le début : assurance, réflexes, regards, approche…

« Vous étiez soldat, je me trompe ? »

Tentative peu subtile de détourner la conversation. Mais elle voulait prendre le temps de réfléchir un peu et de mieux connaître celui qui, non seulement venait de lui épargner quelques enquiquinements majeurs – du moins, pour le moment – mais en plus se trouvait être avide d’informations. Que pouvait-elle révéler ? Que voulait-elle dévoiler ? Puisque les informations sur sa propre personne n’étaient pas aussi publiques qu’elle le pensait, crier la nature de sa mutation sur tous les toits ne lui semblait déjà pas très judicieux. Les informations sur les Hunters, c’était pire encore ; Drake Carter se chargerait de la traquer personnellement. Si ce n’était pas déjà le cas. La pensée lui donna des sueurs froides. Non, elle ne devait pas tout révéler. Les noms des agents qui accompagnaient le lieutenant Carter avaient déjà dû être communiqués au même titre que le sien. Armements, situation géographique de la planque, recrues… C’était cela qu’elle devait taire, ne serait-ce par sécurité. Peut-être par fidélité, aussi. Les combats, la survie et la confiance laissaient toujours ces marques indélébiles, des cicatrices qui ne disparaissaient pas avec le temps, mais qu’on admirait de temps à autres, sages rappels d’expérience et souvenirs précieux. Du moins, c’était ce que ressentait Eryn en cet instant, cette attache toujours plus présente, ce collier qui lui enserrait toujours le cou, cette loyauté qu’elle ne parvenait pas à repousser.

Elle expira et, pour se redonner contenance, saisit le sandwich sur la table. Tel un félin méfiant, elle l’examina avant le goûter du bout des lèvres, un peu dubitative. Finalement, elle mordit dedans de bon cœur, la faim chassant sa paranoïa chronique de façon fort efficace. Farouche. Voilà ce qui s’opposait aux bravades du flic ; une ex militaire rendue sauvage à force d’être traquée elle aussi.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 4 Fév - 0:16

En dépit de son regard suspicieux quand à mon sandwich, certaines réactions ne trompent pas. C'est tout juste si un gargouillement ne se fit pas entendre. Sa réplique suivante me tira un franc demi sourire. Fidèle à l'ex militaire qu'elle incarnait, elle n'avait pas froid aux yeux. Et c'était assez plaisant. D'autant que pour la première fois depuis que je la voyais, ses yeux justement n'étaient pas braqués sur moi. Certes, ils semblaient être exaspérés en montant au plafond, mais c'était un début. Peut-être même qu'elle finirait par arrêter de me surveiller constamment. Je finis par répondre après avoir contemplé son cou suffisamment longtemps pour qu'elle décide de faire revenir ses yeux au sol en mettant son pull, notant au passage son holster soigneusement placé.


- Ce serait donner un titre trop important à un simple G36… dis-je en gardant un sourire aux lèvres. Anderson Dawn, leader des survivants du SWAT, continuais-je en l'observant.


Je notais au passage avec quelle facilité j'étais passé du vouvoiement à une interpellation plus familière. En même temps, garder une formule de politesse dans ces circonstances voudrait dire que je n'étais pas à l'aise, ce qui était faux : j'avais beau être dans la gueule du loup, c'était définitivement mieux que de se prendre la tête à savoir si je devais l'embarquer ou non. D'ailleurs, quand à cela, j'avais finalement décidé pour de bon de la laisser filer. Quoi ça aurait pas paru crédible que je sorte mon "Vous êtes en état d'arrestation !" maintenant ?

Elle avait beau garder ses airs suspicieux, je voyais bien ses dents serrées, presque comme si elle rêvait de m'en coller une. Une bonne ambiance militaire, quoi. Puisqu'elle sembla dédaigner la chaise que je lui avais porté, je poussais mes provocations un peu plus loin en posant un pied dessus. Elle sembla pensive un instant, avant de lâcher une réponse à ma question.

Pari gagné. Mais j'aurais préféré perdre. Je lui faisais confiance sur cette déclaration, je n'avais aucun doute qu'elle dise vrai. On sait prévoir les réactions de chacun des membres de son unité à force. Le lieutenant n'hésiterais pas, se croyant sans doute encore dans sa zone de guerre, avec des ennemis partout.

Elle me parla ensuite de quelque chose que j'eus tout d'abord du mal à assimiler. Affectée au tri entre les sains et les mutants. Sa mutation "sans danger" était-elle ce pouvoir ? Mais alors pourquoi le lieutenant l'aurait-il mis là si il ne savait pas qu'elle en était capable ? A moins qu'il ne le sache effectivement… Auquel cas elle avait décidé de partir avant qu'il ne la tue aussi. Et en trahissant son unité, elle se l'était mise à dos.

J'allais pousser plus loin mes investigations quand elle changea brutalement de sujet. Même si j'étais un peu frustré de ne pas en savoir davantage, je ne pouvais que la comprendre : il ne devait pas être facile d'en parler. Si j'étais à sa place, nul doute que je me serais fermé, en me collant probablement une bonne droite. Heureusement qu'elle avait plus de tenue.

Quand je vous parlais d'une bonne ambiance militaire ! On se reconnaît généralement entre nous. Comme disait notre sergent : il n'y a pas d'ex-soldat. Bon, après, qu'elle voit en moi un soldat signifiait tout un tas de choses, et pas des plus plaisantes. D'abord, qu'elle avait de quoi se méfier davantage. Ensuite, que je ressemblais encore à un militaire, que j'en avais toujours l'attitude, et cela me dérangeait plus. Je n'essayais pas de cacher mon passé, mais il avait tendance à revenir au triple galop. Et j'aime autant ne pas confondre San Francisco et Kaboul.


- Affirmatif, m'dame, dis-je en retrouvant mon sourire. Première Armée des Etats-Unis, 10e de montagne. Les premiers en Afghanistan ! continuais-je d'un ton que j'essayais enjoué.


Le 10e de montagne était une unité spécialisée dans les combats en milieux difficiles, et y entrer constituait un défi en soi. Accessoirement, nous étions une unité ayant subi de lourdes pertes. J'essayais de retrouver la fierté que j'avais eu en apprenant que j'y avais été affecté, mais je ne réussis qu'à garder un sourire d'apparat. Mon regard trahissait ma bouche, rendant mon expression sombre. L'Armée ne m'avait pas laissé assez de bons souvenirs pour que je lui rende honneur. Je ne parvins pas à soutenir son regard, et je le détournais au moment où elle acceptais enfin de manger dans le sandwich.

Je commençais à voir ce qui faisait que j'avais l'impression de la connaître : nous étions pareils. L'Armée nous avait tout pris, sans rien nous laisser. Et elle se situait dans la phase sombre, celle où on abandonne ceux avec qui on s'est senti plus proche qu'avec ses frères et soeurs, ses parents, ou son conjoint. C'était d'ailleurs pour ça qu'on disait souvent que les civils ne comprenaient pas les militaires revenus de guerre. Comment le pouvaient-ils ? Nous avions faits des choses que personne autres que nos frères d'armes pouvaient accepter et comprendre.

Ne voulant pas laisser le silence s'installer, et cherchant aussi à détourner le sujet, désormais de mon passé militaire, j'indiquais d'un signe de tête mon sac.


- 'Doit y avoir un tord-boyau là-dedans si tu veux faire passer ton repas. Enfin, si t'as pas peur de t'apercevoir que tu tiens pas l'alcool… ajoutais-je avec insolence.


Il n'y avait que deux bouteilles dans mon sac : une bouteille d'eau règlementaire, et cette flasque gravée de mon unité, la devise imprimée en lettres calligraphiée "Climb to Glory" où je gardais ma réserve personnelle d'un whisky particulièrement fort. Et particulièrement hors de prix, accessoirement. Encore plus depuis ces derniers mois, j'y touchais peu, m'accordant une gorgée quand j'avais besoin d'être réveillé. Ou de m'endormir, ça dépendait du niveau d'adrénaline. Que je lui en propose était donc loin de détourner l'attention. C'était ma façon de la respecter, comme on respecte quelqu'un qui a vécu le même enfer que soi.

Et puis, merde à l'argent. C'était pas tous les jours que je pouvais discuter un peu plus librement, et que j'avais l'occasion de me détendre à ce point là. Certes, je venais de quitter ma patrouille, mais tant pis. C'était pas la première fois que quelqu'un ne faisait pas sa patrouille jusqu'au bout, et je doutais que ce soit la dernière. Si il se passait quelque chose de vraiment important, je serais de toutes façon au courant, même si cela se déroulait dans le secteur où j'étais censé patrouiller.

Faut savoir profiter des bonnes choses dans la vie, des pauses dans le quotidien, surtout si votre quotidien, c'est la chasse aux mutants. Et discuter avec Eryn Blake, une mutante des plus recherchées de la zone de quarantaine, c'est une sacré pause ! Et une bonne chose, aussi, fallait le reconnaître.
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 4 Fév - 14:44

Anderson Dawn, du SWAT. Chef, en prime. Peut-être cela expliquait-il son comportement ? Des supérieurs, elle en avait connu… Serait-elle en mesure de servir sous les ordres d’un tel personnage ? En admettant, bien sûr, que l’on pût comparer le SWAT aux forces spéciales… Enregistrant le nom avec soin, Eryn poursuivit son observation du Peacekeeper. Connaissait-il Aria ? Leur rencontre serait-elle problématique pour sa cadette ? Elle décida de taire le sujet, de faire en sorte de ne pas attirer l’attention sur sa sœur. Lui épargner des ennuis… Pourtant, elle brûlait d’avoir des nouvelles ! Sur la table basse du salon traînait encore l’emballage de la tablette de chocolat qu’elle avait trouvé dans la boîte aux lettres à son attention. Elle avait bien vite repoussé ses questions, préférant de loin se concentrer sur son repas, tentant d’ignorer le regard de son vis-à-vis. Oui, elle avait faim, et alors ? Il n’y avait pas de quoi en faire tout un cinéma, bien qu’il en coûtait à sa fierté d’être ainsi nourrie. Passons.

Alors elle avait vu juste. Alors que, bon joueur, Dawn avait accepté de changer de sujet, elle ne savait pas si elle devait s’en réjouir, ou non. Il était le plus à même, certainement, à comprendre dans quelle situation elle se trouvait actuellement ; pas seulement la traque, les mutations et ce genre de chose, mais surtout le sentiment de déracinement qui l’étranglait un peu plus chaque jour. Plus d’équipe. Plus d’attache. Cela revenait à tout perdre en une fraction de seconde. Et par choix. Elle avait choisi de leur tourner le dos, sans pour autant préférer cette errance qu’elle s’imposait depuis lors. Qu’il fût en mesure de comprendre sa situation lui laissait un sentiment d’insécurité, la rassurait et la révulsait à la fois. Elle était incapable de décider si, oui ou non, c’était une bonne chose pour elle ; dans tous les cas, elle n’appréciait guère qu’on pût lire en elle si facilement. En dépit de l’aspect plus détendu de la situation, donc, elle se sentait toujours acculée, prise au piège, ce dénommé Dawn envahissant son espace et sa vie avec cette insupportable nonchalance. Pourtant, quelque part, elle lui en était reconnaissante.

Agacée d’éprouver tant de choses contradictoires, elle se concentra sur un détail plus désagréable et futile, tout en lui lançant un regard oblique, vibrant d'indignation étouffée. Venait-il de l'appeler « m'dame » ? Elle lui lança un regard peu amène. Avait-elle l'air si vieille, à vingt-six ans ? Certes, la trentaine approchait, mais tout de même... À moins que ce fussent les mois passés dans la zone qui la vieillissait. Ou encore sa mutation. Et si l'agent mutagène accélérait le vieillissement ou quelque chose dans le genre ? Non, non. Ce n'était probablement qu'une façon de s'exprimer pour l'insolent personnage, c'était tout. Et puis, quelques années qui l'affectaient de manière absolument superficielle étaient bien moins lourdes à porter que le titre de soldat. Déserter était probablement de loin sa plus grande honte. Elle s'était surprise elle-même. Les membres des forces spéciales vivaient des situations extrêmes, celles qui prétendument « révélaient la vraie nature » de chacun. C'était vrai, ils y étaient rodés, les abordaient avec contrôle. Pourtant, chacun avait ses limites, Eryn avait probablement atteint les siennes, dévoilant une faiblesse qu'elle jugeait répugnante. Si elle ne pouvait pas avoir confiance en elle-même, hors de question de se rallier à une quelconque cause, encore moins de se montrer trop sympathique avec ce Dawn. Ce serait seulement pour Aria, qu'elle garderait les apparences. C'était la seule pour qui elle consentait encore à faire un effort, la seule qu'elle ne pourrait pas décevoir.

Eryn fut tirée de ses pensées par Dawn ; le son de sa voix emplit le silence de la pièce et elle réalisa seulement alors combien son mutisme habituel alourdissait l’ambiance. Enfin, ce n’était pas comme si elle avait l’intention de s’amuser, non plus. Tord-boyaux ? Voilà longtemps qu'elle n'avait pas touché à une goutte d'alcool. La situation s'y prêtait peu et il ne s’agissait pas vraiment de denrées essentielles pour la Bright selon le gouvernement. Alors, l'alcool livré servait en grande partie à abreuver les bars, histoire qu'ils n'eussent pas à mettre la clé sous la porte. À l'époque – dire que cela ne faisait que quelques mois... – les beaux quartiers lui étaient encore ouverts, et les soirées arrosées dans les établissements de la Bright avaient encore lieu, en compagnie des membres de l'unité de Drake Carter. Cette camaraderie lui manquait, et elle ne pouvait s’empêcher d’y penser à chaque occasion. Pourtant, les Hunters ne seraient bientôt plus les bienvenus dans la Bright ; leurs crimes, déjà rumeur inquiétante, allaient tôt ou tard être révélés au grand jour. Quand bien même les mutants étaient craints, les Peacekeepers et les autorités n’accepteraient pas un crime de ce genre. Il fallait garder la face, prouver que les habitants de San Francisco restaient humain. La pensée aurait presque pu la faire rire : elle souhaitait bien du courage aux autorités pour arrêter le commando. Non, ce n’était pas drôle, en fait. Ce serait probablement très moche et très sanglant, inutilement violent, et pourtant nécessaire.

Elle repoussa les pensées sombres qui, une fois de plus, l’assaillaient. Un sourcil sarcastique haussé à l’adresse d’Anderson, jouant d’une décontraction qu’elle était loin d’éprouver, elle répliqua, encaissant le défi avec un sourire carnassier :

« On essaie de m’abrutir d’alcool pour me mettre en cage, Dawn ? Cela ne fonctionnera pas. »

Plus d’un soldat avait un remontant dans son paquetage. Pratique courante et largement tolérée… En aurais-tu besoin pour estomper les horreurs, Dawn ? Elle ne s’était pas trompé sur son ton enjoué, cette fierté presque mensongère. Il n’aurait pas tout plaqué pour le SWAT s’il l’éprouvait vraiment. D’un regard, elle lui signifia clairement qu’elle n’était pas dupe. À moins que ce ne fût pour rassurer une épouse, de la famille ? Pour elle, la famille, c’était son équipe plus que les Blake. Son père était général, l’armée, s’était la base même de son éducation… Jusqu’à la catastrophe. Quitte à être interrogée, elle décida d’en faire autant :

« Pourquoi le SWAT, alors ? »

Elle avait essayé de ne pas laisser transparaître le reproche dans son ton. Chacun était libre de ses choix, après tout. Et elle n’était pas exempt de fautes et plutôt mal placée pour faire des remarques…
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 4 Fév - 20:50

Je lâchais un petit rire à sa réponse concernant l'alcool, détournant un instant mes pensées du 10e de montagne. Le sourire aux lèvres, je me redressais pour rapprocher mon sac de moi, en sortant la fameuse flasque. Puisqu'elle n'en voulait pas, moi j'en avais bien besoin. Je suspendis mon geste à sa question. Pourquoi le SWAT ? J'ai l'impression que tu connais déjà la réponse à cette question, Blake…

J'avais rejoins le SWAT pour protéger les Etats-Unis de l'intérieur. Voilà la réponse. Mais j'eus soudain comme un doute. Avais-je vraiment rejoint cette force paramilitaire uniquement pour défendre le pays ? Comme quand un mot vous reste sur le bout de la langue, j'avais l'impression de distinguer autre chose dans mes motivations. Quelque chose que je n'étais même pas sûr de vouloir voir.

Je lui jetais un coup d'oeil en m'installant de nouveau, dégoupillant la flasque pour en humer le contenu. Pourquoi le SWAT, alors ? Cette question me trottait dans la tête. C'est vrai, après tout, quitte à protéger le pays, j'aurais pu rejoindre des dizaines d'agences. J'aurais pu tenter les Services Secrets, la police régulière et basique, mais j'avais pris les forces spéciales de la police. L'institution même enregistrant les risques maximum, une exposition au danger inhérente à chaque mission, une des seules institutions constituée de façon paramilitaire, avec des escouades formées à travailler ensemble, en équipe. Tout comme n'importe qu'elle escouade de l'Armée des Etats Unis.

Je serrais mon poing en prenant conscience de l'évidence même : si j'avais choisi le SWAT, c'était bien évidemment en rapport avec son fonctionnement martial. Je m'étais retrouvé comme un poisson dans l'eau, et pour cause : c'était la même chose qu'à l'Armée. En soi, ma transition avait été tout sauf douloureuse. Ce qui signifiait que si j'étais rentré au SWAT, c'était uniquement par crainte de couper tout lien avec le militaire. La vie de l'Armée était ma vie, et je n'avais pas su en changer. A cet instant, je haïssais Eryn Blake tout comme je lui étais reconnaissant de m'en avoir fait prendre conscience.

Relevant la tête vers elle, je tentais d'adoucir mes traits en reprenant une pause moins agressive. Tenant la flasque à bout de bras, je la désignais d'un mouvement du menton en souriant.


- Tiens, Blake, puisqu'on en est à se faire des confidences qui font mal, j'te propose un jeu. A chaque question, on boit une gorgée. Pas le droit de mentir, ni d'éluder la question. Comme t'as posé la question la première, je commence. Et puis, ça te prouvera que je ne garde pas de nourriture empoisonnée dans mon sac.


Une lueur joueuse dans le regard, je bus une gorgée en ne la quittant pas des yeux. Le liquide me brûla instantanément la gorge, et j'avais l'impression de recevoir un coup de poing qui me déboussola pendant quelques instants. Je refermais le goulot, et sortis mes dog tags pour jouer distraitement avec l'un d'eux en répondant.


- Pourquoi le SWAT alors, hein ? Peut-être parce qu'en dépit de ce que je m'étais dit en Afghanistan, que l'Armée et moi, c'était fini, tout ça tout ça… Peut-être que j'ai jamais réussi à vraiment fuir mon passé militaire. Peut-être parce que j'ai été éduqué par mon père pour devenir soldat, et que j'ai pas réussi ce que font les gosses : envoyer chier leurs parents. Et vu que mes parents sont mes seuls "proches", continuais-je en accentuant le dernier mot, essayant de montrer à quel point ils étaient loin de moi, , alors je fais ce que je suis censé être né pour faire. Protéger la patrie, tu parles d'un destin. Et à partir de là, j'suis resté dans le seul organisme approchant de ce que j'avais toujours vécu, tuer des civils en moins. Quoique, je suis même pas sûr.


Je continuais de regarder mon matricule, n'osant pas affronter son regard. Peur de ce que je pourrais y lire. C'était pas dans mes habitudes de balancer ça au premier venu, mais Blake était loin d'être la première venue. Après tout, c'était elle qui m'en avait fait prendre conscience, alors autant qu'elle récolte ce qu'elle semait, non ? Je pouvais pas croire à quel point j'avais été aussi aveugle. En somme, c'était pareil : je me retrouvais à tirer sur des gamins, comme cette nuit. A croire qu'on se transformait en monstre dès qu'on se croyait appuyé par les instances supérieures. Je l'aurais emmenée, Blake, si j'étais pas aussi rongé par les fantômes.

J'étais pas un monstre. J'éprouvais du remord. Non, non ! ça n'était pas assez. J'avais beau en cet instant détester mon métier, je savais que je ne pourrais pas l'abandonner. C'était tout ce que j'avais…Et je ne connais rien d'autre. Si il y a des choses qu'on peut faire soi-même, comme arrêter la clope, certaines sont impossibles. Renoncer à toute ma vie pour me plonger dans l'inconnu ? J'étais pas vieux, mais à mon âge, on pouvait être sûr qu'un changement de vie radical serait compliqué.

Je relevais les yeux après un moment plongé dans mes pensées, prévenant tout geste éventuel de la part de l'ex soldate en lui lançant la flasque.


- A moi. Qu'est-ce que tu cherches à faire dans cette ville ? T'inquiètes, je dirais rien au Central… Je me demande juste ce qui pousse les gens à survivre dans tout ça. Ce serait plus facile de…


Je n'achevais pas ma phrase. Abandonner ? Que ce soit par ma formation militaire ou mon caractère, il était hors de question de laisser tomber en crevant par terre. J'aurais voulu poser une autre question, mais c'était trop tard. Carte posée, carte jouée Anderson. A elle de se creuser la cervelle.
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 4 Fév - 22:18

Il se foutait de sa gueule ? Cette fois, Eryn ne parvint pas à dissimuler un étonnement plus franc. Il était cinglé, ce n’était pas possible. Ou alors, il se sentait chez lui. Un rapide coup d’œil autour d’elle démentit l’hypothèse : la maison estropiée et bancale n’avait rien à voir avec le mess de la caserne. Jouer. Il voulait jouer à l’un de ces défis stupides. Qu’y avait-il de plus niais que la vérité ? Souvent, les questions se fondaient peu à peu en piques mesquines, qui dévoilaient alors la cruauté inhérente à ce genre de curiosité malsaine. Un peu comme ces enfants qui, pour étancher leur soif de potins, se défiaient et s’humiliaient à leur façon.

Mais elle l’avait cherché. Observatrice de nature, un poing serré, un visage dur et fermé ne lui échappèrent guère. Elle se tendit, imperceptiblement ; mettre un homme en colère, ce n’était pas la meilleure façon de s’en tirer en un seul morceau. De là à dire qu’elle avait commencé… Les questions sur les raisons qui l’avaient poussée à tourner le dos aux siens, s’il les considérait légitime dans cette espèce d’accord tacite quant à la liberté de la si célèbre Eryn Blake, n’avaient rien d’agréable non plus. C’était une plaie à vif qu’il s’évertuait creuser, pour y trouver des réponses qui, pourtant, ne regardaient qu’elle.

Elle le toisa, avec l’impression qu’il ne lui laissait pas le choix. À chacun de ses défis, elle avait ce sentiment qu’il la menait par le bout du nez. Et peut-être le faisait-il. Au moins, elle pouvait se féliciter de ne pas avoir cédé à son impulsion, plus tôt, cette connerie que de démonter son arme pour prouver qu’elle n’avait pas peur. Elle espérait seulement que son attitude parlait pour elle. Il prenait ses aises. Lançait les dés pour eux deux. Et si elle tentait de s’esquiver, refusait, s’outrait de cette intrusion, les ennuis pourraient toujours se profiler ensuite. En cet instant précis, elle pouvait lui rendre sa haine au centuple ; après tout, c’était elle qui était traquée, prise en pitié et obligée de se conformer à ces règles qui n’étaient pas les siennes. Ah, mais qu’elle était sotte ! Dawn avait l’habitude de mener ses hommes ; certainement faisait-il la même chose avec elle, mu par l’habitude. Trouvant enfin une explication rationnelle à ce comportement fantasque, elle se campa sur ses décisions et se prêta au jeu. La flasque n’était pas bien grande, elle en avait vu d’autres, et elle ne mentait pas quand elle lui certifiait que s’il s’agissait d’une ruse, elle ne fonctionnerait pas. Néanmoins, une chose l’inquiétait dans tout cela. C’était qu’au fond d’elle, une infime par de son être s’évertuait à vouloir obéir, à se plier aux volontés d’un supérieur. Pendant un instant, elle ne se voyait plus que comme un vulgaire clébard à la recherche d’un maître, répugnante pensée pourtant empreinte de réalité.

Oreille attentive, elle écouta la diatribe, réponse à sa question indiscrète digne d’une vipère sans cœur, elle n’entendit que ce à quoi elle s’attendait. Fuir, esquiver. Mais le collier était toujours là, bien sanglé, marquant une propriété sans équivoque. On avait beau se mentir… Elle sentit sa volonté vaciller. Elle voulut courir à la base des Hunters, rapporter des informations sur la communauté mutante, trahir la confiance superflue de Jake Caldwell et recouvrer sa place. Elle se gifla mentalement. Ridicule. Pitoyable.

Elle attrapa la fiasque au vol. Prêta attention à la question qui lui était adressée. Et fortifia sa carapace d’acier. Ne rien laisser transparaître, dissimuler son humanité loin, loin derrière le masque des apparences. Protéger Aria. Protéger Aria. Ne pas abandonner, ne rien lâcher, ne rien laisser paraître. Elle se contenta donc d’un rire amer. Elle quitta le confort tout relatif de la chaise, faisant quelques pas dans la cuisine, jetant un coup d’œil prudent sur l’extérieur par la porte entrebâillée avant de refaire face à son interlocuteur, s’accotant au mur. Elle hésita un instant. Se montrer humaine était, aussi, sa meilleure chance d’amadouer le gaillard. Lui n’hésitait pas à vider son sac, même si ce faisant, il ne la regardait pas dans les yeux. Mais lui n’avait rien à perdre à répondre à ces questions. Indécise, elle se lança et, quoi qu’il en fût, elle ne le quitterait pas du regard.

« Plus facile de quoi ? Se laisser crever dans un coin ? Se faire sauter la cervelle ? J’ai déjà dû mal à supporter ma propre lâcheté, Dawn. Tu veux aussi qu’on joue à la roulette russe, maintenant ? Vas y prends mon flingue, je t'en prie. »

... Puisque c'est un automatique.

La tempête qui grondait en elle depuis un moment déjà faisait lentement surface sur ses émotions ; l’attitude glaciale laissait place à cette autre Eryn, furieuse et cynique, celle qui n’avait pas hésité une seule seconde à démonter le second de Carter pour gagner son respect, celle qui se recevait des coups et qui finissait à l’infirmerie, mais qui emportait toujours son adversaire avec elle. La teigne infâme, la harpie qui laissait libre court à sa colère quand, parfois, on dépassait les bornes. Il voulait la débrider, la Blake ? Voilà qu’il avait tout gagné, le mignon, car elle était en rage et l’envie d’être odieuse avait balayé toutes ses prudences pendant l’espace d’un instant – un instant de trop, qui lui coûterait cher – et dont elle tirerait qu’une bileuse satisfaction. Défiante, elle avala une gorgée de whisky à son tour. La brûlure de l’alcool tout le long de son œsophage électrisa davantage encore l’état d’Eryn. Elle s’avança jusqu’à la table, y reposa la flasque et déclara :

« Je veux m’assurer que quelqu’un à qui je tiens sorte un seul morceau de cette merde. Je vais être là pour aider cette personne le moment venu. »

Aria avait posé la première brique de sa résolution. De ne pas laisser tomber. D’une part, parce qu’elle le lui avait demandé et, d’autre part, pour la simple et bonne raison qu’il s’agissait de sa sœur. Cela faisait déjà longtemps qu’Eryn avait perdu tout espoir pour elle ; les mutants ne seraient jamais réellement traités, ou pas sa génération. Elle ne vivrait probablement pas vieille sous les instances de l’agent mutagène. Son avenir était incertain et douloureux. Au moins, elle avait un semblant de but, désormais. Aussi perdue qu’elle pouvait être, Aria constituerait toujours un point auquel s’accrocher.

Elle posa les deux mains sur la table et se pencha légèrement sur Anderson, prête à enchaîner aussitôt ; pas question de lui laisser le temps de critiquer son laconisme, car elle ne mentirait pas, fidèle à sa parole. Mais elle ne lui en dirait pas plus non plus. C’était à son tour, et son élan cruel ne l’avait toujours pas quittée ; le susurre perfide lui échappa en un suintement grave et sournois :

« Combien de temps vas-tu pouvoir soutenir le regard de tous ces innocents, hein ? Tu sais, quand tu les amènes à l’abattoir, quand tu les croises avant qu’ils partant pour Alcatraz ou quand tu entends leurs hurlements, la nuit, leurs suppliques, du fin fond de leur cellules à la station avant le transfert… »

Elle savait qu’elle rejetait sur celui qui l’avait plus ou moins épargnée toute sa haine envers ces moutons dociles de Peacekeepers qui passaient leur temps à poursuivre les mutants. Et quelque part, aussi, même si elle n’en avait pas conscience, elle espérait que son acte stupide et provocateur amènerait à un déclic, une simple poussée qui, avec d’autres efforts, pourrait mettre en branle quelque dangereux engrenage.
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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 4 Fév - 23:41

Eryn Blake changea. Pas physiquement, non, elle ne m'avait pas menti sur sa mutation, mais quelque chose changea définitivement en elle. Son regard avait capturé le mien, et refusait de le libérer, j'eus donc tout le loisir d'assister aux premières loges à sa transformation. Elle qui était si froide et distante, la voilà qui montrait soudainement les crocs, brûlante de rage, ses yeux changés en ceux de la militaire qu'elle était. Si les yeux pouvaient tuer, je serais sûrement foudroyé sur place à l'instant même. Je restais impassible, mon sourire figé sur mes lèvres à ses menaces à peine voilées. Tu veux jouer à la roulette russe ? Prend mon HK. T'auras deux balles en rafale pour le prix d'une des tiennes. Et on aura sacrément besoin de ton collier pour t'identifier, Blake.

J'allais répliquer, mais elle continua, me donnant la réponse à ma question. Quelqu'un d'autre qu'elle dans ce merdier ? J'aimerais pas être à ta place, Blake. Personne ne sortirait de là indemne. Ça me rappelait néanmoins quelque chose. Quelque chose que j'avais déjà vu quelques part. Où et quand, je ne saurais le dire, pas plus que le contenu. Mais c'était quelque chose d'important, ça j'en mettrais ma main à couper.

Là encore, elle ne me laissa aucun répit, et enchaîna avec sa question, les deux mains sur la table, penchée sur moi comme pour se donner de la hauteur. J'accusais le coup de sa question en perdant des couleurs. Mon visage se ferma, et je serrais les dents. A croire qu'elle les avait appelé, ils venaient tous, un par un, se substituer à son visage furieux. Ma première pensée fut de lui envoyer un coup de tête. J'étais à bonne distance, et cela me soulagerait un peu. Mais ce qui le ferait à coup sûr, serait de lui envoyer quelques coups, histoire qu'elle rejoigne le sol et qu'elle y reste.

Elle n'avait pas mis le doigt sur la blessure, mais dans la blessure. Je la regardais longtemps, impassible, calme. D'apparence, en tout cas. Je bouillonnais intérieurement. Si ses yeux à elle m'avaient lancé des poignards, les miens tiraient des balles de calibre .50. Elle ne pouvait pas savoir. Elle ne savait pas. Elle me confondait avec un autre. Mais en même temps, pas tant que ça, raison pour laquelle ça me touchait autant. Non, décidément, j'allais lui en coller une, histoire de me soulager. Mais me soulager de quoi ? La frapper ne ferait pas disparaître les fantômes.

S'astreindre au calme dans une telle situation était on ne peut plus difficile. Je n'avais tout simplement pas envie d'être calme. Je me redressais un peu sur ma chaise, première réaction notable, sans mot dire à part un bref rire un peu nerveux. J'avançais le bras pour attraper la flasque, avalant une gorgée qui attisa l'enfer qui se déchaînait dans ma tête. Je respirais profondément en cherchant à aligner une pensée cohérente. Le poids rassurant des armes qui me restaient étaient des tentations brutes. Tentation de sortir mon Taser et de lui en coller une décharge. Tentation de sortir mon couteau pour le lui coller contre la gorge, ajoutant à une longue liste de victimes une ex Force Spéciale.

Je pourrais aussi me casser d'ici. Fuir cette pièce, cette furie, et toute cette vérité. Fuir cette partie de moi qui voulait la tuer, maintenant, sur le champs. Fuir le soldat Dawn, du 10e régiment de montagne, qui ne rêvait que de se battre contre Blake, de transformer cette maison abandonnée en théâtre d'opération. Fuir n'est pas une solution. On finit toujours par vous rattraper, et l'onde de choc achève de vous détruire.

Il ne me restait pas beaucoup d'options. Ou l'affronter, comme le criait chaque parcelle de mon être, ou… Et bien, je ne savais pas ce que pouvait être la deuxième option. J'étais tendu, absolument prêt à me battre. Mes muscles saillaient, et j'imaginais dans ma tête toutes sortes d'attaques, toutes les répliques possibles, et toutes les issues à la fin. C'était la seule option véritablement logique. Je serais même prêt à parier qu'elle me provoquait exprès, qu'elle n'attendait qu'une chose : que je commence à attaquer.

Je vous laisse imaginer avec quelle surprise j'entendis le son de ma voix, et pas celui de mon poing s'écrasant sur sa joue.


- Touché, Blake. Tu veux savoir combien de temps ? Tu veux que je te le donne en jours, en semaines, en mois ? Ou en nombre de types que j'ai emmené ? Tu crois quoi ? Que j'ai le choix ? Si t'avais pas développé ta mutation, tu crois que tu te serais enfuie défendre la veuve et l'orphelin, ou t'aurais juste suivi Carter dans le but de tuer tout le monde ?

T'as beau dire et m'accuser, Eryn, et même si t'as pas tort, tu t'accuses toi-même. Tu m'utilises juste pour te dédouaner, parce que t'es plus capable de protéger ton quelqu'un par toi-même. T'es plus dans le coup. Regarde-toi : en fuite, sans aucun réseau, avec à peine de quoi manger.

Tu veux que je réponde à ta question ? J'en sais rien. Je sais pas combien de temps je vais tenir devant le nombre de civils qui passent devant moi. J'ai pas envie de le faire, mais tu sais autant que moi qu'on ne peut pas refuser comme ça. T'as beau être traquée, tu te rends pas compte de la chance que tu as. Tu t'es libérée des ordres. Pas moi. Moi j'ai pas pu. Mais c'est pas fini.



Je desserre les poings. J'ai pas envie de la frapper finalement. Elle est juste une victime de plus d'un système d'ordres où le moindre faux pas est fatal, et où rester dans l'obéissance l'est tout autant. Un système où on est piégé. Où qu'on aille. Quoi qu'on fasse. Parce qu'ils savent habilement se substituer à vos proches. Ils les remplacent, et on se sent très vite seul.


- On a beau pas avoir été blessés à la guerre, Eryn, mais on en a les cicatrices. Autour du cou. Les civils peuvent bien dire qu'on peut les enlever, toi et moi, on sait que c'est pas possible. C'est une partie de nous. J'ai essayé de m'en défaire, mais en fait, elle nous définit. Et c'est pas ça qui va faire arrêter les fantômes. Tu les vois aussi ? demandais-je, perdu dans mes pensées. Et de ton premier, tu t'en souviens ? Moi il revient chaque nuit. Un gamin de 15 ans. Il avait une arme, j'ai pas posé de questions. De toutes façons, t'as bien vu ce que ça donne de poser des questions.


Oui, les cicatrices symbolisées par les dog tags étaient réelles, et oui, elles étaient indélébiles. Les retirer, ce serait comme nier le sang qu'on avait sur les mains. Nier qui on était : juste des pions sur un grand échiquier, où on avait rien compris à l'histoire. Juste des pions, tout juste bon à se battre entre eux.

Je me souvins brutalement de ce que je voulais me rappeler. Fouinant dans les archives, dans les dossiers des PK à la recherche de ceux de mes nouveaux coéquipiers. Celui d'Aria Blake. En tant normal, j'aurais pas fait le rapprochement. Mais la coïncidence était trop grosse. Je lui tendis la flasque.


- A moi. Aria Blake.


Ça n'était pas ma vengeance mesquine à sa provocation. D'ailleurs, je n'avais pas envie de la provoquer davantage. Mais je voulais en avoir le coeur net. Je voulais savoir si je devais l'envier d'avoir un point de repère, une famille, quelque part ici. Je voulais savoir comment elle comptait faire pour ne pas tout perdre, de nouveau.
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Mar 5 Fév - 17:53

La colère d'Eryn, ce n'était pas comme avoir les nerfs à vif ; elle s'en servait aussi pour se protéger, seulement d'une manière différente. Alors, au lieu de se claquemurer sur la défensive, elle passait dans une phase d’agressivité palpable, épaules carrées, chaque muscle tendu, prête à répliquer à la moindre esquisse. Oh, que oui, elle serait prête à en découdre, une part d’elle-même n’attendait que ça, de lui sauter à la gorge toute griffes dehors. Parfois, elle rêvait d’être qu’une bête sauvage, loin des armes et des accessoires nécessaires aux luttes humaines. De loin, elle avait toujours préféré le corps à corps à toute autre discipline. Cela se sentait aussi dans l’assurance qu’elle affichait, surfaite mais nécessaire. C’était un réflexe né du temps où elle devait s’imposer, dresser fièrement le menton et ne pas se laisser marcher sur les pieds. Ou peut-être était-ce un défaut ancré dans les membres des forces spéciales, à toujours relever les défis et se croire supérieur, à toujours penser qu’on ne s’en sortait que mort ou vif, à devoir s’imposer lorsque d’autres troupes d’intervention polluaient telle ou telle mission. « Marche ou crève ». Il en avait toujours été ainsi. Et cela ne changerait pas, peu importe les subtilités qu’on intégrait.

Alors, à ce stade, elle n’en avait plus rien à foutre de son joli minois ou des conséquences psychologiques, d’y passer ou de finir à Alcatraz tant qu’elle parvenait à tenir la promesse qu’elle s’était faite. La seule chose qui la dérangeait, s’il prenait l’envie à Dawn de lui refaire le portrait – ce qui était manifestement le cas – c’était qu’elle n’aurait pas de soins, derrière, alors que lui pourrait aller pleurnicher à l’infirmerie et se faire dorloter. Si une blessure était un soupçon trop grave, une commotion toute bête, une hémorragie, un bras cassé, une vilaine plaie… Eh bien, elle avait d’autant plus de chance de voir la blessure empirer, d’en souffrir un bon moment et peut-être même y passer bêtement. C’était comme ce temps ; le début de l’hiver se montrait plutôt clément, mais San Francisco était réputée pour ses grands froids, aussi. Comment survivrait-elle ? Non, elle était habituée aux conditions difficiles… Mais tous ces gens, dehors, qui jusqu’à ces derniers mois, vivaient dans le confort en toute innocence ? Une fois qu’on quittait la Bright et qu’on était traqué, adieu les petits bonheurs de la société. On se plaignait souvent du système américain. Bah, le système américain, c’était toujours mieux que pas de système du tout.

Elle accusa la réplique d’un simple rictus mauvais et affreusement sastisfait. Des plans commençaient à se former dans sa tête ; peu à peu, elle quittait la torpeur de son égarement qui pendant de nombreuses semaines déjà, nuisait à sa productivité. Les questions qui jusque-là n’avaient aucun sens à ses yeux, le tourbillon d’hébétude qui l’avait propulsée au-dehors de sa meute commençait à s’écarter. Elle s’accrochait à de maigres convictions pour ne pas flancher. Elle était mutante et la question ne se posait plus. Au fur et à mesure, elle tâchait d’éliminer les « si » qui polluaient la pensée, ces multiples mondes alternatifs où les choix et les conditions avaient été autres ; inutile de s’inquiéter de ce qui n’était pas. Elle avait des remords et des regrets, certes et chaque jour elle jetait un coup d’œil par-dessus son épaule, pour voir si son passé la rattrapait. À quoi bon, alors que cela ne lui causerait que des soucis, frapper un soldat un peu amer de servir dans de telles conditions ? Certes, rongée par le doute comme elle était, rien ne pourrait définitivement effacer les hésitations et l’incertitude. Mais de là à dire qu’elle se blâmait lorsqu’elle le faisait pour Dawn… Non, certainement pas. Le renvoi l’effleura à peine. Dawn ne faisait ça que pour s’épargner lui-même, pour se convaincre qu’ils étaient pareils. Il se bernait. Elle avait déjà fait ce choix. Lui non. Lui les regardait.

En revanche, il aurait été bien plus malin de sa part de reprocher à la jeune femme son inactivité, son égoïsme quant à la communauté mutante, sa fuite stérile. Là, alors, il aurait visé dans le mille. Là, seulement, Eryn aurait commencé à réfléchir à ce qu’elle pouvait faire pour la ville, même sans aucun commandement pour la guider. Un pas de plus pour qu’elle recouvrât ses moyens, car elle avait besoin d’un coup de main pour réaliser que son errance avait assez durée. Anderson avait loupé la coche. Elle ne l’écouterait plus, le traiterait avec mépris même, s’il s’avisait désormais d’essayer de la raisonner. Après tout, il n’était qu’un fidèle petit toutou qui se targuerait presque d’obéir aux ordres. Oh, oui, elle savait ce que c’était… Bien que dans son ancienne unité, ils se préféraient loups.

Si elle voyait des fantômes ? Les fantasmes de sa conscience, bien présents, elle les avait fait taire longtemps auparavant. Servir sous les ordres de Drake Carter avait cet avantage ; son goût prononcé pour l'ordre faisait taire toute protestation et l'adoration qu'il provoquait chez les siens rendait chaque croisade bien plus belle qu'elle ne l'était en réalité. Et un détail bien particulier sublimait le commandement de ce charismatique chef d'unité : s'il demandait le meilleur de ses soldats, jamais il en franchissait la limite de ce qu'ils pouvaient encaisser – sauf en cette occasion. Les forces spéciales, ce n’était pas des tous tendres qui se répugnaient à torturer. S’ils étaient encore humains, ils revêtaient volontiers de la peau du monstre, laissait libre cours à la folie meurtrière, à la cruauté humaine qui habitait chacun. Pourquoi y a-t-il des meurtriers, des violeurs, des psychopathes à tout va ? Ils habitent chacun d’entre nous, sous des traits différents : fascination morbide, avide intérêt pour les faits divers… Autant que les vices aussi servissent la patrie.

Non, Eryn n'irait pas jusqu'à prétendre qu'elle était dépourvue de conscience. La culpabilité était là, incrustée en elle, indissociable de sa personne. Les cauchemars la hantaient aussi. Elle ne s’était jamais détournée pour autant, acceptant le monstre qu’elle pouvait-être, ce monstre qu’on avait dressé, tellement plus terrifiée à l'idée de faire preuve de faiblesse qu'elle le dissimulait avec soin, étouffait ses angoisses avec ferveur et laissait les années faire le travail. C'était comme perdre un proche, parfois. La douleur resterait, indélébile, et la vie se poursuivait. Sans compter qu'elle n'avait pas le droit de décevoir, ni son chef, ni son père, qu’elle avait royalement provoqué en s’engageant dans les forces spéciales plutôt que d’accepter un poste gentillet. Aujourd'hui, tout avait changé, néanmoins, et la colère de Dawn commençait à agir comme un baume sur la sienne plutôt que continuer à l'attiser. Elle savait qu'elle avait été injustement cruelle. Elle ne regrettait pas pour autant. Et conserva le silence. Oui, laisser le bénéfice du doute à Dawn était la solution la plus sage.

Le nom de sa sœur lui fit l'effet d'une douche glaciale. Les considérations l’abandonnèrent, la laissant blême de rage. S’il repartait, il constituerait un élément dangereux pour Aria. Elle aurait dû s'en douter, que la conversation en viendrait là ; non, mieux, elle le savait. Seulement, elle ne s’était pas donné la peine de prévoir cet instant, de s’y préparer. Un nom. Un simple nom et l'urgence du meurtre tonnait en elle, battait ses tempes, étreignait son cœur. Il en savait trop. Il venait de signer bêtement son arrêt de mort. Bondir, renverser la chaise, le plaquer au sol et l’étrangler furent l’option la plus sotte, la plus vivace qui s’imprima à son esprit, plus de l’ordre de l’instinct que de l’entraînement. Non, pour le moment, il ne s’y attendait que trop, à ce qu’elle pétât pour de bon un fusible. Il avait commencé ce jeu inconscient et il allait payer plein pot. Allons bon. Voilà que le provocateur avait un répit.

Elle croisa les bras sur la poitrine en recula d’un pas pour contenir le coup qui menaçait de partir, ignorant la tempête glaciale qui menaçait d’exploser en elle, bien plus létale qu’une simple ardeur à provoquer. Malgré elle, elle serrait ses poings dissimulés, grinçait des dents. Et ce fut d’un ton sec et tranchant, empreint de toute la force du coup qu’elle aurait voulu porter, qu’elle prononça sa réponse :

« C’est la fille du général Blake, une gamine chez les Peacekeepers. »

Oh, il n’avait pas posé de question, elle pouvait révéler ce que bon lui semblait. Nier, à ce stade, ne servait à rien, elle préféra donc laisser fuser sa menace à peine voilée. Elle espérait, quelque part, que le fait que sa frangine occupait le camp le plus sûr et qu’elle bénéficiait, même dans cette zone, de la réputation de leur père, suffirait à assurer d’une façon ou d’une autre sa sécurité et son futur. Plus simplement, s’il touchait à un seul de ses cheveux, elle le saurait. Elle le traquerait. Et elle le tuerait. Et il n’y aurait pas un seul endroit dans cette ville où il pourrait se terrer pour échapper à sa vengeance. Qu’il n’essayât même pas de l’aborder. Elle songea brièvement qu’Aria l’engueulerait pour ses élans surprotecteurs. Sa cadette savait se défendre. Mais contre Dawn ? Avec de la chance, de la surprise ? Elle ignorait tout de ce qui résulterait d’une telle rencontre.

« Assez joué. Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure, comme quoi je ne te voulais pas de mal. J’ai une folle envie de te réduire en charpie, en fait. Donc, si toi et tes questions pouviez débarrasser le plancher, vous seriez aimable. Je crois que tu as eu les réponses que tu cherchais ? »

Adieu les fausses politesses et le simulacre de franche camaraderie. Sa sœur ne valait pas trois gouttes d’un fort whisky et un sandwich. Sa sœur valait bien plus d’une vie.
Le tuer tant qu’il était là ? Attendre qu’il eût tourné le dos ? Faire taire la menace au plus vite était bien mieux. Même si l’action la répugnait un peu, elle était nécessaire. L’était-elle vraiment ? Anderson n’avait pas l’air d’un mauvais bougre, dans le fond, juste un peu caractériel… Le tangible de ses théories l’agaçait souvent. Si elle savait garder la tête froide et s’avérait être un stratège correct, elle se perdait vite dans les aléas de ses réflexions dès qu’elle mêlait les sentiments à ses potentielles actions. Sans les ordres, on n’avait pas l’air très fin, hein ? Faire la part des choses n’était pas son fort, depuis quelque temps ; voilà qui constituait un avantage certain pour Dawn. Du moins, s’il saisissait l’opportunité et l’usait à bon escient, non pour provoquer encore un fauve qui n'avait jamais été bavard de toute façon.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Jeu 7 Fév - 15:35

A la mention de sa soeur, je comprends que j’ai fait une gaffe. Si auparavant elle respirait la rage, désormais je ne serais pas étonné qu’on me dise que c’est sa rage qui la contrôle. Je m’efforce de ne pas me crisper, paraître hostile pourrait bien être ma dernière action consciente. Je continue de la fixer, réfléchissant à toute allure. Mon fusil est trop loin. Je me suis enfoncé dans la tanière du loup, et je l’ai blessé. Et un animal blessé n’en ai que plus dangereux. J’imagine qu’elle doit également connaître ce proverbe : blesser ton adversaire ne sert à rien. Pour le mettre hors d’état de nuire, il n’y a qu’une seule façon de le faire définitivement.

Le problème, c’est que je n’ai aucune envie de la tuer. En dépit de toute la colère à peine contenue qu’elle met dans sa réponse, je ne peux pas lui en vouloir. J'arrive, parfait inconnu, dans son quotidien, et je cherche à me libérer par elle, l’utilisant comme un moyen pour paraître innocent -ce que je ne suis pas. Ses paroles haineuses me font néanmoins réagir au nom. Le nom de Blake. Si Aria et Eryn sont les filles du célèbre général Blake, je comprends tout à fait mieux mon erreur d’avoir pensé à une coïncidence : Aria, au service des forces de l’ordre, et Eryn aux Forces Spéciales ? Sacré famille de militaires.

Je n’avais jamais rencontré personnellement le général, mais a plupart des soldats ayant déjà servis sous ses ordres en disaient beaucoup de bien. Et ils disaient quand les caméras ne les surveillaient pas. Les rumeurs disaient qu’il tenait à la vie de ses soldats, jusqu’au plus bas dans la hiérarchie, et avec ça il n’était pas surprenant que ses hommes le respecte. Cependant, je n’avais pas le temps de penser plus longtemps aux rumeurs le concernant, Eryn me rappelant à la réalité en me demandant sans détour de me tirer.

J’aurais voulu trouver quelque chose à dire, ou faire quelque chose pour la calmer, mais je ne trouvais pas. Je n’étais pas doué avec les mots, le fait que je l’ai constamment provoqué sans parfois même le vouloir le prouvait. Je restais silencieux encore un instant, me demandant si elle me disait cela pour mieux me sauter à la gorge une fois que j’aurais le dos tourné.

Ce qui était loin d’être un délire paranoïaque. Elle -même l’avait dit, elle protégerait cette personne à tous prix, et j’étais presque sûr de moi en pensant qu’il s’agissait de sa soeur. Il fallait que je sois très prudent en partant. Je jetais un oeil à ma montre, m’apercevant que je devais bientôt faire mon rapport. et l’espace d’un instant, je me demandais quoi y dire.Je ne pouvais pas la balancer. Cela, j’en étais sûr. J'acquiesçais lentement, avant de me redresser silencieusement dans mon siège.

Je commençais à bouger de façon très lente, chaque mouvement contrôlé pour ne rien laisser au hasard. On aurait pu nager dans la tension qui régnait dans la pièce. Je posais mes bottes au sol, pour me lever en adoptant une pose parfaitement stable et assurée. Je repris en ne la lâchant pas des yeux mon sac et ma flasque, la rangeant et le replaçant dans mon dos. Je pris mon casque, le plaçant avec soin et en remettant dans le même mouvement mes lunettes de protection, et sanglais le tout.

Le plus dur maintenant. Le fusil. Je fis le tour de la table pour me mettre hors de sa portée, et repris mon arme, résistant à la tentation de désactiver immédiatement la sécurité. Elle ne passait pas à l’action. Que se passait-il ? J’étais presque déçu qu’elle ne m’attaque pas, tant mon corps tendu et crispé était prêt à y répondre. Je replaçais la bandoulière de mon HK, et m’assurais que toutes mes armes étaient bien à leur place.

J’allais faire une connerie. Je le savais. Je me retournais pour sortir. Je ne voulais pas lui montrer que j’avais peur. En dépit de mon armement largement supérieur, je n’étais pas sûr de l’issue du combat. Tout se jouerait sur la vitesse. Je me défendais bien au corps-à-corps, mais ça n’était pas mon point fort. Je ne pouvais pas non plus partir sans rien dire.

Je ne savais pas comment j’étais censé m’y prendre pour l’apaiser, mais je devais essayer. Je devais lui montrer que nous n’étions pas tous des monstres. Je tournais le visage, m’attendant presque à ne pas la voir, et à sentir la morsure d’un couteau dans mon dos. Mais ce ne fut pas le cas. Cependant, je n’avais toujours aucune idée de ce que je devais dire pour qu’elle ne cherche pas à me tuer -quoique, cela était peut-être déjà le cas : après tout, j’étais encore en vie.


- Tu sais, je n’ai aucune intention de vous balancer,, toi ou ta soeur, commençais-je, hésitant.


Ça, c’était le minimum de ce que je pouvais dire. J’étais presque sûr qu’elle s’en doutait déjà, ou du moins qu’elle avait préparé des plans de vengeances au cas où je l’aurais fait, mais au moins c’était dit. Que pouvais-je dire d’autre ? Que j’étais désolé d’avoir touché ses blessures ? Des fois, j’enviais ces beaux parleurs, comme les négociateurs auxquels j’avais souvent affaire, eux, au moins, savait comment retourner une personne grâce à de simples mots.

Je songeais qu’on devaient avoir l’air bien étranges, vus de l’extérieur. Perdus, se tournant autour en montrant les crocs mais sans attaquer, nous ne savions plus quoi faire. Elle n’avait plus de hiérarchie et ne savait plus vers où se tourner, et je refusais d’obéir aux ordres simplement pour soulager ma conscience. Simplement pour me dire qu’au moins une fois, je n’avais pas obéis aveuglément.


- Au fond, t’as raison. Je suis qu’un soldat comme un autre. J’obéis aux ordres sans me poser trop de questions. Sauf que toi, t’en as plus. Tu n’as aucun ordre à suivre, et à cause de ça, tu risques de te perdre. Si ton père est bien le général Blake, et que tu as vécu comme moi dans une structure qui te donne ce que tu as à faire sans te poser de questions, alors j’imagine m^me pas ce que ça doit être que d’être privé de tout ça. J’ai cru que ça te rendrait plus libre, mais en fait non, je n’en suis plus si sûr. Avec les ordres, on pouvait au moins voir où on allait, et on pouvait savoir si ce qu’on faisait était bien ou mal. En être privé doit être pire qu’une prison. Alors, tâche de ne pas te perdre Eryn Blake. Voilà tout.


C’était peu, et c’était mal dit. Mais je n’avais rien d’autre à ajouter, je ne savais pas mieux exprimer ma pensée. Je me retournais vers la porte, l’ouvris, et sortis au-dehors. Un instant aveuglé par la lumière, je finis par cligner des yeux pour reprendre mes esprits, et je rehaussais mon fusil, avant de faire quelques pas pour sortir de la propriété de l’une des mutantes les plus recherchées du système que je vais de trahir.


Dernière édition par Anderson Dawn le Ven 8 Fév - 23:10, édité 1 fois
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Jeu 7 Fév - 19:44

Bouillir était une curieuse sensation. Elle vous prenait de toute part, du cœur qui palpitait bien trop intensément aux poumons qui s’enflammaient à chaque bouffée d’oxygène. La peau des mains moites, les articulations blanchies formaient un mélange de toucher assez désagréable, comme si l’on pourrait toujours s’efforcer de serrer les poings plus fort. Et il y avait ce brasier alimenté par la haine qui prenait aux tripes, insistante incandescence. On brûlait de l’intérieur. Le sang battait aux tempes. La gorge se nouait aussi. Et surtout, il y avait cette petite voix qui scandait, scandait encore, ne se lassant jamais. Vas-y. Démonte-le pour voir. C’te fera du bien. J’t’assure. N’hésite pas Blake, il demande que ça, il en demande encore, il est venu pour ça, il t’aurait pas provoquée sinon…

Bouillir. Il n’y avait pas d’autre mot pour décrire son état tandis qu’elle fixait l’intrus qui préparait son départ, ramassant ses affaires. Même pas un brin de reconnaissance ne l’effleura concernant le sandwich. Ou ne serait-ce que la compagnie humaine ; la fureur avait tout balayé d’un souffle impitoyable. Puis il représentait un risque. Un risque conséquent pour sa sœur, quand bien même cette dernière prétendrait justement ne rien savoir de son aînée. Quelle idée. Eryn n’y tint plus.

« Nous dénoncer ? Mais de quoi ? Qui te dit qu’elle sait quoi que ce soit sur moi ? Pourquoi l’aurais-je mise aussi stupidement en danger ? »

Elle mentait qu’à moitié. S’il n’en avait tenu qu’à elle, elle n’aurait jamais rien dit à sa sœur. Elle l’aurait laissée moisir dans une ignorance totale, à s’inquiéter sur son sort sans rien savoir de ce qui était réellement arrivée à Eryn Blake. La laisser espérer qu’elle était restée en dehors de tout ça. Supplié son équipe de partager au mensonge, au cas où elle en croisât un par hasard ; évidemment, il avait fallu que la Princesse de la famille tombât directement sur sa frangine.

L’ex membre des forces spéciales espérait vraiment que sa réplique indignée forcerait Dawn à la discrétion à son sujet… Quoi ? Non ! Elle ne pouvait pas le laisser partir ! Et l’insolent lui tournait le dos, énième provocation, encore et toujours ! Elle se gifla mentalement, se répéta une énième fois ses résolutions pour mieux les imprimer. Arrêter de faire la girouette. Une minute, elle était sanguinaire et sans pitié, l’autre, prête à le laisser partir ? Combien de fois c’était-elle contredit depuis le début de cette rencontre ? Pourtant, le petit discours de Dawn fit son effet. Elle en était encore à se demander quand elle aurait la bonne opportunité pour l’abattre, cherchant une ouverture intelligente. Il s’attendait forcément à une réaction extrême de sa part… Il aurait pu frapper le premier. Mais non. Il parla. Eryn n’aimait pas parler, elle faisait une économie de salive assez monumentale – pour mieux cracher sur les dépouilles des ordures, peut-être ? – et n’avait jamais su accepter les longues explications. Elle avait juste envie de faire taire les gens qui parlaient trop longtemps. Par n’importe quel moyen. Les mots firent leur effet, pourtant. Pas par leur subtilité, ni leur justesse. Pas non plus à la mention du vénéré général. Certainement pas ; elle ne s’en souvenait que comme une figure d’autorité austère, n’ayant un sourire que pour sa sœur, que pour ses soldats, que pour ses collègues… Pas elle. Elle était destinée à être un parfait petit soldat en formation, et on n’éprouvait pas de pitié pour ces petites créatures à endurcir. Non, rien de ça. Ce fut simplement parce que pour la première fois, quelqu’un venait d’exprimer à voix haute ce qui bouillonnait en elle depuis longtemps déjà. Le murmure lui échappa, davantage pour elle que l’homme qui lui tournait le dos, une simple pensée qui, à elle seule, lacérait tout ce qui restait de sa jolie façade de fureur et de dureté. Ne suis-je pas déjà perdue ? Probablement.

Anderson se détournait déjà, franchit le seuil de la porte. Elle devait faire son choix. Maintenant. Tout de suite. Peu importait si les quelques paroles lui avaient secouée l’âme. Mais elle ne parvenait même pas à aligner deux pensées cohérentes. Quelque chose la gênait. Quoi donc ? Pourquoi était-elle convaincue qu’un détail clochait. Pourquoi son instinct lui hurlait qu’un danger se profilait ? Un son l’alerta. Infime. Bourdonnement grandissant. Ce n’était pas un son réel. Rien de mécanique. Rien de particulier. Était-ce… sa mutation ? Jamais elle n’avait agie de la sorte, mais… Si, c’était la même sensation que lorsque quelqu’un s’appliquait à utiliser sa mutation, chose qu’elle ne s’expliquait guère. Depuis combien de temps entendait-elle ce bourdonnement ?

« Dawn. »

Elle recula d’un pas. Son avertissement, d’un ton bas et grondant, lui parut pourtant trop fort dans le silence ambiant. Le quartier, calme d’ordinaire, l’était peut-être un peu trop. Elle sentit la panique en elle. Elle avait été entraînée à faire face à toutes les situations. Visiblement, lutter contre des pouvoirs résultant de mutation, visiblement offensif… Elle n’aimait pas ça. Pas du tout. Oh, elle aurait pu laisser Anderson marcher droit dans le piège. Mais si quelqu’un devait absolument le buter, ce serait-elle, et pour des raisons bien précises. Poursuivre un objectif qu’on jugeait juste aidait la pilule à passer un peu mieux. Elle se concentra. Essaya, avec difficulté, de deviner ce qui allait leur tomber dessus, tandis que sa main trouvait son Beretta. Si Dawn y avait vu une menace, il n’aurait probablement pas eu le temps d’agir, car déjà, elle devina ce qu’elle cherchait. Explosion. Elle hurla un « à terre » impérieux, se jetant elle-même derrière le mur qui séparait salon et cuisine, soit dans la direction opposée à l’origine de l’attaque.

En un instant, tout ne fût que chaos assourdissant. Recroquevillée, tête entre ses bras, Eryn accusa le souffle de l’explosion du mieux qu’elle pût, les murs fragiles de la maison cédant dans un tourbillon de flamme, de fumée, de plâtre et de lambeaux de tapisserie, le tout sur un fond assourdissant. Fichues mutations. Comment était-il possible de donner un tel pouvoir de destruction à un simple être ? Ce n’était pas normal. Et les convictions de Drake Carter, quand bien même avaient-ils des relents de propagande, se paraient d’une toute autre réalité désormais. Dans le silence sinistre qui l'entourait, sonnée, assourdie et nauséeuse Eryn émergea doucement du tas de débris, avec lenteur et précautions, pour tenter de faire le moins de bruit possible, cherchant du regard ceux qui avaient perpétré l’attentat. Et Dawn, lui souffla une petite voix, qu’elle négligea volontairement. Qui étaient-ils ? En avaient-ils après le Peacekeeper ou Eryn Blake ? Et s’il s’agissait de Hunters ? Ou, simplement des propriétaires mécontents… Après tout, la jeune femme s’adonnait au squat, de toute évidence. Quelle que fût la réponse, la prudence s’imposait.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Jeu 7 Fév - 22:39

Je fis un nouveau pas en avant quand Eryn Blake prononça mon nom. Prononcé presque à voix basse et d'un ton grave me fit comprendre qu'il se passait quelque chose. Quand je me retournais, je m'attendais presque à voir son Beretta levé en direction de ma tête. Peut-être avait-elle changé d'avis. Je tournais lentement le visage, un sourire de défi aux lèvres, mais ne la trouvais pas. Une fraction de seconde, ce fut tout ce que j'utilisais pour évaluer la situation. Elle m'avait rappelé, mais ne se montrait pas. Ce qui signifiait deux choses : ou elle m'attendait à l'intérieur, ou quelque chose à l'extérieur l'avait effrayé.

Et pour effrayer une ex membre des Forces Spéciales, il en fallait beaucoup. Je regardais autour de moi en désactivant la sécurité de mon HK. Tentant d'apercevoir quelque chose d'anormal, mes yeux allaient de cachette possible en position de tir, mais rien ne me sautait aux yeux. Je commençais à battre prudemment en retraite en direction de la maison. Pourquoi avais-je l'impression de tomber de Charybde en Scylla ?

Dès que je pénétrais de nouveau dans la masure, Eryn était là, son Beretta dégainé. Je m'étais trompé. J'avais voulu lui faire confiance en pensant qu'il s'agissait d'une menace extérieure, mais finalement, elle avait juste changé d'avis, et j'étais retourné sagement à abattoir. Je voulus lever mon arme, ou mes mains en signes d'apaisement, je ne savais pas encore. Toujours est-il que je n'eus pas le temps. Elle cria, et je cessais de réfléchir.

Nous étions des soldats. Son cri en était celui d'un, et je ne songeais même pas un instant à une tromperie. En fait, je ne songeais pas vraiment à quelque chose. Juste à l’imminence de l'explosion, et à la nécessité de se protéger. Mes seules pensées se réduisirent à localiser un endroit protégé par la table en face de moi, l'explosion devant venir de derrière.

Je me jetais sans réfléchir en avant, pour venir heurter le mur d'en face à pleine vitesse, main gantées sur mon casque en Kevlar. Je glissais le long du mur en essayant de me recroqueviller en position fœtale, minimisant la surface de mon corps au minimum. L'explosion survint avant même que je ne touche le sol.

Une déflagration de lumière, et mes oreillettes destinées à me protéger des ultrasons des grenades flash absorbèrent une bonne partie du son de l'explosion, mes yeux se fermant d'eux-mêmes pour protéger la rétine, alors que je fus soufflé contre le mur, et je sentis plus qu'entendis les fissures se former. Je retombais lentement au sol, alors qu'une langue de feu dévastait encore un peu la pièce, achevant de détruire tout ce qui aurait pu être conservé.

Puis ce fut au tour des débris de faire leur œuvre. Des morceaux de tables, de chaises, de vieux meubles, transformés en autant de flèches pleuvant de façon aléatoire, se fichant dans les murs avec des bruits mats. Là, c'était la partie où chaque Homme se met à croire en Dieu. Je restais étonnement silencieux en me recroquevillant davantage, mon arme serrée contre moi alors que j'attendais le moindre signe de calme pour rouvrir les yeux.

Lorsque enfin les derniers débris dans l'air n'étaient plus que des morceaux de plâtre ou de tapisserie flottant sans conviction, je recommençais à bouger. D'abord laborieusement, je me mis à plat ventre, ma main gauche rampant en avant pour que je prenne appui sur le mur suivant, levant de ma main droite mon HK en direction de la porte. Enfin, de là où était la porte avant que tout n'explose.

Un rapide diagnostic personnel m'informa que tout était à sa place, et que tout semblait fonctionner à peu de chose près normalement. Même si les oreillettes m'avaient protégé de la plus grosse partie de la déflagration, un sifflement continuait de m'empêcher d'entendre quoi que ce soit. Mon arme était lourde, et je finis par me relever sur un genou pour mieux la prendre des deux mains. Le sifflement finit par s'estomper, mais je n'entendais toujours rien.

Où étaient-ils ? Mon oreillette grésilla pour me signaler que l'explosion venait d'être signalée au Central. Ce n'était donc pas nous qui étions en face. Des mutants peut-être ? Pire ? Je n'avais pas envie de rester là pour le savoir, mais je ne pouvais pas abandonner Eryn. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je me refusais de sauver ma peau en la laissant là, peut-être même inconsciente.

Je finis par me relever le plus silencieusement possible, essayant de me rapprocher de la position où je l'avais vue se réfugier. Mon fusil levé en direction de la porte, je me déplaçais latéralement en prenant bien garde aux débris qui jonchaient le sol. D'un rapide coup d’œil, je la trouvais. Apparemment indemne. Mais je ne la regardais pas plus longtemps. Elle était des forces spéciales, elle n'avait pas besoin qu'on la borde. Et il était vital qu'on ne se fasse pas surprendre par quelqu'un franchissant la porte.

Elle avait l'air en bon état, relativement à ce qui s'était passé. La distance avec le point d'impact l'avait protégé, tandis que mon équipement m'avait pour ma part probablement sauvé de quelques brisures d'os. Remontant ma cagoule sur ma bouche, je cherchais d'une main un masque à oxygène dans mon sac et lui lançais, indiquant une grenade lacrymogène. Puis je la désignais de la main gauche sans la regarder, deux doigts pointés sur elle, qui bientôt pointèrent le mur que j'avais fissuré. Désignant le mur, je mimais l'action d'y poser quelque chose. De la même main, je serrais le poing pour frapper une fois mon casque, avant d'imprimer un mouvement d'arrière en avant dans l'air. Enfin, je montrais trois doigts et ma grenade lacrymogène.

Espérant qu'elle n'était pas trop sonnée pour comprendre ce que je lui demandais de faire, je décrochais la grenade de ma ceinture, le pouce levé au dessus de la goupille. Somme toutes, mes ordres étaient plutôt simples, et même sonnée, elle pouvait les comprendre. Il lui suffisait de se rendre au mur amoché par l'explosion, et de le faire définitivement sauter avec une des charges explosives dont je disposais. Pendant ce temps, je la couvrais, et j'envoyais une lacrymogène dans trois secondes. Plus que de nous fournir un écran de fumée louable, elle dissuaderait pour quelques instants d'éventuels intrus. Instants cruciaux nécessaires à notre fuite.

Je ne vérifiais pas qu'elle avais compris. Je comptais trois secondes, déclenchant ma grenade à deux, et la lançais devant l'entrée. L'engin crachota quelques instants avant de lâcher sa fumée dans un sifflement. Je me déplaçais de nouveau pour la couvrir, le doigt sur la gâchette, prêt à tirer sur le premier venu, mutant, civil venu voir ce qui se passait, terroriste, Hunter, ou même PK.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Ven 8 Fév - 5:30

Eryn ignora la douleur lancinante. Le sifflement constant à ses oreilles ne la quittait pas, les débris et gravas l’avaient meurtrie à de nombreuses reprise, le choc avait vidé l’air de ses poumons, quand bien même s’y attendait-elle ; elle s’intima le calme en s’adossant au mur, accroupie pour rester à couvert, et s’obligea à desserrer un peu la prise sur son arme – qu’elle n’avait pas lâchée, heureusement – à souffler profondément. Se faisant, elle s’appliqua ensuite à déterminer si oui ou non elle avait quelque chose de cassé. La seule pensée cohérente qui lui vint concernait cette douche à laquelle elle pouvait dire adieu. Définitivement, elle ne pensait pas clair et ne prit même pas la peine de s’étonner du soulagement qu’elle éprouvât à voir Anderson réapparaître à son tour. Elle attrapa le masque à oxygène par réflexe et fronça les sourcils, perplexe.

Elle secoua la tête aux instructions. Car ce n’étaient que des suggestions, se trompait-elle ? Il n’oserait tout de même pas lui donner des ordres… Et elle n’aurait pas l’intention d’y obéir. Pour plusieurs raisons, déjà. Premièrement, parce qu’elle était bien déterminée à ne plus recevoir d’ordre de qui que ce fût. Ensuite, il avait de toute évidence l’intention de fuir. C’était bien mignon, mais Eryn, elle, ne pouvait se permettre ce luxe. Toutes ses possessions étaient ici, et l’hiver approchant, laisser derrière elle ne serait-ce que le maigre équipement dont elle disposait relevait du suicide. Son sac devait être quelque part dans les débris, ou dans ce qu’il restait de l’étage… Dawn pouvait la penser têtue, butée, stupide et tout ce qu’il voulait encore, son mode de vie s’éloignait peu à peu de la prudence qu’impliquait sa survie primaire, pour la simple et bonne raison qu’elle n’avait plus personne pour couvrir ses arrières, nulle part où rentrer. Et elle n’allait certainement pas compter sur lui pour lui refaire ses provisions. Ce n’était pas de l’inconscience, ni même un refus de respecter les enseignements qu’elle avait suivi ; plutôt une reconsidération des priorités. Anderson le disait-lui-même… Pourquoi ne pas lâcher prise, tout simplement ? Elle le faisait, d’une certaine manière. Mourir réduite à l’état de cendre par une explosion la terrifiait bien moins qu’affronter l’hiver de San Francisco démunie et crever ridiculement de faim et de froid dans ces rues hostiles. Cela devait s’intégrer encore à un principe futile, une fierté mal placée qui attirait que des ennuis. Du Eryn tout craché, quoi.

La deuxième chose était la nature de la menace. Elle doutait de beaucoup que les enfumer et leur tourner le dos était une solution avantageuse. S’il s’agissait de Hunters entraînés par Drake Carter, ne fût-ce que quelques mois, ils les attendraient au tournant. S’il ne s’agissait non pas d’un, mais de plusieurs mutants… Là encore, les risques étaient conséquents. Lorsqu’elle tenta de quitter l’appui du restant de mur, elle fut aussitôt prise de vertiges. Une main fermement appuyée sur un genou dans un relatif équilibre, elle attendit d’avoir l’attention de Dawn et articula silencieusement « mutants » – avaient-ils inventés un code pour cette menace, au SWAT ? Elle était presque curieuse de le savoir – après tout, autant lui confirmer d’éventuels doutes sur l’origine de l’explosion.

Pour finir, même s’il lui coûtait de l’admettre, elle n’en était peut-être pas capable. Pas physiquement ; la douleur était une chose si relative, on pouvait la surpasser, l’étourdissement aussi. Elle en avait connu d’autres. Encore fallait-il en avoir la volonté ; c’était Dawn, qui la couvrait, un parfait inconnu que, quelques minutes plus tôt, elle était prête – ou presque – à tuer de sang-froid. Cet agent provocateur qui l’avait poussée dans ses derniers retranchements. Et il prétendait la couvrir ? Eryn avait peut-être que trop l’habitude de travailler avec une équipe soudée – Garrett excepté, mais il ne les aurait jamais laissés tomber – en laquelle elle avait totalement confiance. Fait qui, une fois déracinée, s’avérait bien handicapant ; incapable de fonctionner autrement, et surtout, incapable de faire preuve d’une totale indépendance, l’hésitation s’emparait d’elle à la moindre occasion.

Les attendre ici, gênés par les gravats, asphyxiés par la poussière, était-ce mieux ? Eryn savait qu’elle pouvait brider les mutations, mais un contact physique était nécessaire. Un peu de chance, aussi, mais elle comptait plutôt sur son instinct pour que sa propre mutation agît. S’il s’agissait de petits pilleurs ou de jeunes recrues Hunters, pas trop nombreux, il ne serait pas possible d’en venir à bout. Juste le temps de rassembler ses esprits, de souffler un peu et elle serait plus ou moins d’attaque. Elle peinait à imaginer tous les cas de figure.

S’ils voulaient prendre la fuite, il ne leur restait plus beaucoup de temps. Si Anderson voulait prendre la fuite, elle se voyait mal l’en empêcher. Sa décision de lui briser le cou ou de l’égorger semblait bien loin, à présent, perdue quelque part dans les brumes de son esprit. Après avoir jeté un coup d’œil à l’extérieur, puis s’être concentrée pour déceler l’utilisation potentielle d’une mutation, elle plongea son regard dans le sien, puis haussa les épaules. S’il voulait partir, elle ne le retiendrait pas. Demandé gentiment, peut-être même le couvrirait-elle. En tout cas, elle semblait bien décidée à ne pas bouger, adoptant ainsi la tactique que des novices soupçonneraient pour se plonger tout droit dans un piège de toute façon, et que des individus plus expérimentés n’attendraient pas de sa part. Du moins, si toute cette pagaille lui était bien destinée. Dawn aurait-il contrarié quelqu’un ? Oh, probablement. Il était particulièrement contrariant, à bien y penser, elle venait d’en faire les frais aussi. Un sourire, absolument malvenu, menaça de poindre sur ses lèvres au fil de ses réflexions et incurva même, légèrement, le coin de ses lèvres.

Allez Dawn, casses-toi. Qu’on sache une bonne fois pour toute s’ils sont là pour te faire la peau, ou s’ils en ont après moi. Du moins, c’était ce qu’elle aurait dit à voix haute, pure bravade pour renforcer l’image qu’elle donnait d’elle. L’union faisait la force, et elle l’ignorait pas : elle se contentait d’haïr la tactique qui exigeait qu’ils restassent soudés tout en priant son départ pour ne pas avoir à se reposer sur lui.

Esprit de contradiction à la con.

Spoiler:
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Ven 8 Fév - 22:51

Je m'arrêtais une fois en position, tendant l'oreille. Je ne savais pas si c'était dû au contrecoup de l'explosion ou d'autre chose, mais toujours est-il qu'à part le sifflement de ma grenade, je n'entendais rien. Pas le moindre mouvement, ni devant moi, ni derrière. Eryn était-elle à ce point silencieuse que je ne l'entendais pas bouger ? Je jetais un coup derrière moi pour réaliser qu'elle ne s'y trouvait pas. Retenant un juron, je revins sur mes pas lentement, pour la retrouver légèrement relevée, une main appuyant sur son genou pour se tenir à peu près droite. L'interrogeant du regard, elle articula sans le prononcer le mot redouté : "mutant".

Je sentis mon estomac se nouer. Un mutant dans les parages n'étaient pas une bonne chose, notamment si ses capacités étaient développées à ce point. Une explosion de cette envergure devait nécessiter pas mal de pouvoir, ou d'énergie, ou Dieu savait comment ils l'appelaient. Toujours était-il que nous étions cerné. Et si nous ne sortions pas rapidement d'ici, les renforts commenceraient à arriver, et Eryn Blake serait de toutes façons emmenée en captivité. Quoi que nous devions faire, nous devions agir vite.

Je ne comprenais pas pourquoi elle refusait de bouger ainsi, mais elle devait trouver cela amusant, puisqu'elle retint un sourire sur ses lèvres. Je fronçais les sourcils en réfléchissant, reportant mon attention sur la porte. Qui que ce soit dehors, il n'osait pas entrer. Ou il attendait l'expiration de ma grenade lacrymogène. Ou encore que nous commettions la première erreur. Je resserrais ma prise sur mon fusil en réfléchissant. Nous n'avions pas le luxe de parler, mais je devais établir une stratégie avec ma "partenaire".

Habitué à travailler en équipe, j'étais tout de suite à l'aise avec elle pour couvrir mon dos, même sans avoir aucune expérience de situation de combat avec elle, mais tant pis. Je me retournais vers elle, posant un genou à terre pour pouvoir la regarder dans les yeux. Je détachais tout ce qui pourrait être utile de mon paquetage, afin d'opérer à un partage. D'habitude, chaque membre de l'équipe du SWAT disposait de tous ces éléments, mais Eryn était désarmé outre son pistolet, et, vu que je ne pourrais utiliser tous mes moyens en même temps, mieux valait qu'elle en bénéficie.

Je déposais donc à terre, et toujours en gardant un oeil sur la porte une grenade fumigène, une flash, un taser et ses deux charges, et mon arme de poing, un Sig Sauer P228, et un chargeur supplémentaire. En dernier, deux charges explosives, précieusement placées dans une poche rembourrée. Je n'avais pas d'équipement de protection supplémentaire, mais je désignais mon gilet pare-balle pour lui demander du regard si elle le voulait. Elle était la plus vulnérable sans équipement adéquat, et même si nous faisions face à des mutants, un gilet renforcé pourrait toujours amortir coups au corps à corps ou chute éventuelle.

Mon oreillette grésilla encore, m'informant de l'arrivée de renforts sur zone d'ici une quinzaine de minutes. Les ordres étaient d'établir un poste de contrôle de campagne deux rues plus loin, de se rassembler et d'évaluer la situation, ordres que je traduisis par signes à Eryn. Nous disposions d'une bonne demi-heure avant qu'ils ne commencent à pointer leur nez.

Je fis une nouvelle série de gestes, lui indiquant que je couvrirais la porte en tirant à vue si quelqu'un essayait d'entrer. Puis je dessinais un carré dans l'air, ramenant ma main à mon oeil pour mimer un viseur. En clair, attentions aux fenêtres, possibilité de snipers. Peut-être pas les mutants, mais je savais qu'un des membres du SWAT était toujours déployé bien avant les autres pour jouer la reconnaissance sur zone -et il était armé d'un fusil de précision calibre .50, de quoi percer le blindage d'un petit char.

Récupérant le matériel qu'elle avait laissé, il fallait désormais que nous pensions plus loin que les quinze prochaines minutes. Il nous fallait un plan si nous voulions nous en tirer en vie. Difficile cependant de convenir d'une stratégie par signes, et je me rapprochais pour murmurer, en lui demandant de vérifier la porte pendant que je parlais.


- On a une vingtaine de minutes avant que ça ne devienne vraiment chaud de partir. On peut profiter que la cavalerie arrive et affronte les types dehors pour décamper. Sauf que si ils s'en vont avant, on est foutus. Alors, quoi que tu aies à faire, fais le vite.


Je n'ajoutais rien, et reportais mon attention sur la porte au cas où elle voudrait parler à son tour. Je déglutis à l'idée que tous le monde, dehors, était contre nous. Pas d'allié pour venir nous aider, nous étions seuls. Et il suffisait qu'un petit malin des PK m'aperçoit aidant Eryn, et je devrais fuir avec elle. Il me suffisait d'y réfléchir quelques secondes pour m'apercevoir à quel point je ne saurais pas où aller. Cela devait être la même chose pour elle : traquée partout où elle souhaitait aller, elle n'aurait pas de lieu sûr. Pas de répit. Je tentais de réprimer un frisson en lui jetant un coup d'oeil. Sacrée femme ! Elle en avait dans le ventre, ça c'était certain.

Je m'interrogeais sur mes possibilités de fuite si jamais je devais en faire l'expérience un jour, mais je me rendis bientôt compte que tout dépendrait d'une sacré chance. Trouver un coin pas trop mauvais relèverait uniquement de l'intervention de notre ange gardien. Les premières heures suivant l'annonce de ma traque seraient déterminantes, il faudrait que je mette le plus de distance entre eux et moi possible. J'étais même pas sûr qu'ils prendraient la peine de fouiller ma maison, en bordure des beaux quartiers. C'est pas comme si j'y allais souvent. Peut-être même qu'un ou deux squatteurs s'y étaient installé. Ceci dit, l'alarme n'avait pas sonné, alors il était plus que probable qu'elle soit simplement abandonnée.

Je relevais la tête en pensant à cela. Cherchant Eryn du regard, j'attendis qu'elle revienne dans mon champs de vision pour lui proposer mon idée : deux coups du plat de la main sur mon torse, ma maison. Mon pouce rejoignant mon index : lieu sûr. Puis je retournais à l'observation de la porte sans attendre sa réponse. Je ne faisais que lui proposer cela, qu'elle fasse ce que bon lui semble après. Installée chez moi, elle pourrait attendre que la situation se calme avant de chercher un nouveau refuge. Dans un quartier calme et un peu déserté de ses riches habitants ayant fui vers les quartiers sécurisés, l'héberger constituerait un risque somme toute assez mineure pour moi.

Le seul soucis, qu'elle accepte ou non, serait de sortir de cette maison… et indemnes de préférence.
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Sam 9 Fév - 10:49

L’étourdissement la quittait enfin, et le plan se dessinait dans son esprit comme une soudaine réalisation – jamais elle n’aurait choisi une planque sans une issue ou deux faciles à atteindre en cas d’urgence ! Celle-ci ne faisait pas exception et maintenant que ses neurones avaient à nouveau intégré la notion de synapse, elle savait comment se faire la belle. Elle se traita de débile en son for intérieur, se reprocha mille et une fois son manque de prudence et se demanda enfin si elle devait embarquer le Peacekeeper avec elle. Oh, il recevrait des renforts sous peu. Oui, voilà, c’était pour cela qu’elle devait fuir ! Les renforts ! La brume se dissipant peu à peu dans son esprit, la situation lui apparaissait sous un nouveau jour. Elle faisait prendre des risques inutiles à Dawn, en fait. En même temps, elle s’en foutait éperdument ; elle n’y pouvait rien s’il s’était mis en tête de taper la discute et de s’enticher d’elle au point de s’amuser à prendre des déflagrations en pleine tronche… Et les chevilles, ça allait, ma grande ?

Finalement, si Eryn devait crever d’une façon particulièrement lamentable, ce serait étouffée par sa fierté. Dans le pire des contextes, elle pouvait toujours aller voir sa sœur, lui demander de l’aide, pour quelques jours, lui laisser un message. Elle pourrait aussi trouver refuge auprès de Jake Caldwell, quitte à tourner le dos à la communauté mutante après. Ce ne serait pas la première fois qu’elle agirait de la sorte, après tout… Bouffie d’orgueil, elle se détournait de ces possibilités avec un entêtement agaçant. Et là encore, être à l’ego surdimensionné et à la paranoïa exacerbée, elle secoua la tête avec un regard de reproche. Je ne veux pas de ton aide, voilà ce que signifiait son regard. En moins poli.

Que la vision était tentante, pourtant. Le poids caractéristique de l’équipement, le contact si inconfortable et rassurant du gilet pare-balles. Un mois et demi, déjà, qu’elle avançait sans son habituelle protection ; elle en avait déjà fait les frais lorsqu’elle avait rencontré Charlotte Hawkins et le douloureux hématome sur son tibia avait mis un temps fou à disparaître. Oh, bien sûr, elle en avait connu, des bagarres sans grand intérêt dans les bars ou les recoins des casernes, ce n’était pas comme si frapper en-dehors des missions était une expérience nouvelle… La différence, c’était la force des coups portés, le type, aussi. Là, ils étaient en surnombre, et elle voulait les mettre hors d’état de nuire, tandis que les disputes enivrées, c’était juste du spectacle, l’étalage de capacité, un nez cassé éventuellement en guise de leçon pour l’impudent, quelques bleus gentillets avant que quelqu’un intervînt et séparât les deux belligérants. Puis, on allait se gaver de médocs à l’infirmerie, se faire dorloter un peu pour pas grand-chose.

À voir tout ça, Eryn sentit l’insécurité s’immiscer en elle, vague incertitude malséante qui fissurait quelque peu sa détermination. Au pire, tout ce que Dawn aurait à faire auprès de ses supérieurs serait qu’il l’avait perdue ou utilisée, cette grenade qu’Eryn pourrait vendre si cher au marché noir. Et le gilet… Oh, il trouverait bien une excuse pour le gilet, hein, Dawn ? Il ne proposerait pas sinon. Elle soupira de lassitude, saisit la grenade flash qui lui faisait de l’œil, son bon sens prenant le dessus : elle n’avait pas le temps de tergiverser. Elle haussa un sourcil sarcastique à l’adresse de Dawn en guise de maigre remerciement, rengaina son Beretta pour plus de liberté de mouvements. Cela ne la rendrait pas moins imprudente. Qu’il la couvrît ne la rassurait en rien, peu désireuse de faire confiance. Cela devait être presqu’insultant pour Dawn ; les mignons des forces spéciales se croyaient vraiment au-dessus de tout, hein ?

Elle leva pour la énième fois les yeux au ciel. Elle allait vraiment finir par penser qu’il lui donnait effectivement des ordres. Une tendance suicidaire, peut-être ? La réplique affable lui échappa dans un murmure ; elle s’entendit à peine, son ouïe visiblement peu désireuse de revenir à la normale.

« Trop aimable à toi, Dawn. »

Aussi silencieusement que possible, l’oreille tendue et prête à réagir au moindre signe d’alerte, elle sonda rapidement les gravats pour déterminer si ses affaires étaient tombées par-là. Puis, en relevant la tête, elle se souvint qu’elle avait posé son sac contre le mur dans une chambre à l’étage. Évidemment, la logique voulait alors que le plancher de ce côté-là ne se fût pas effondré. Exaspérée, elle se dirigea vers ce qui restait du salon et contempla ce qu’il restait des escaliers d’un air atterré. Partiellement démolis, désespérément grinçants et particulièrement dangereux, ils ne lui inspiraient guère confiance ; pas le temps, néanmoins, de s’amuser à sécuriser le passage à l’aide de cordes et compagnie – ciel, Dawn avait-il une de ces cordes et des mousquetons dans son paquetage ? Voilà quelque chose qui était utile au quotidien ! – et elle dût se résoudre à mener son ascension en retenant son souffle, à pas prudents, collée contre le mur et tâtant du bout de ses bottes chaque marche pour en estimer la stabilité. L’exercice, quoi qu’éreintant et d’une lenteur contrariante, l’amena à l’étage sans encombre, mais beaucoup de frayeurs. Une fois arrivée, le problème persistait ; le trou béant du plancher d’un côté, murs et toits tombés… C’était donc ça qu’il avaient reçu sur la tronche ? Pas étonnant qu’elle avait eu l’impression d’un cataclysme. La maisonnette, déjà éventrée de ce côté, offrait désormais une façade béante, comme dans une maison de poupée. Tant d’opportunités pour les snipers mentionnés par Dawn.

Elle s’arracha à sa contemplation et progressa penchée, le long du mur, dans la partie non dévastée du bâtiment. Son sac, par miracle probablement, n’avait pas bougé. Elle récupéra à la va-vite les quelques affaires qui traînaient encore et se félicita une fois de plus pour son pragmatisme. Blouson enfilé, son kit de survie sanglé sur le dos – dont les munitions pour son Beretta gentiment offertes par sa sœur –, elle reprit la direction des escaliers avec une appréhension nouvelle. Avec ce poids supplémentaire (et conséquent), elle était étonnée de ne pas avoir traversé le plancher. Quelle horreur. Elle retira son sac aussi sec. Le balancer plus bas serait peut-être trop bruyant… Elle avisa finalement une poutre effondrée dont une extrémité atteignait presque le sol et décida d’y accrocher son sac et de le laisser glisser jusqu’en bas. Plus silencieux, plus pratique, moins dangereux. « Pof », et quelques débris roulèrent autour, sans trop de conviction. Parfait. Elle suivit le même chemin après s’être assurée que tout ne cèderait pas sous son poids, resangla son sac et rejoignit le Peacekeeper, presque de mauvaise grâce. Elle n’était pas au bout de ses surprises.

Sa maison !? Dans la Bright ? Il se moquait d’elle, ce n’était pas… possible. Elle revenait sur son impression première : ce mec avait un grain. Et pas minime. Hébergée par un Peacekeeper ! Autant le dire tout de suite, du suicide. Eh, quoi ? Si elle le contrariait, il ramenait ses collègues ? Elle avait déjà refusé ce genre d’offre, venant d’Aria. Trop dangereux pour toutes les deux. Elle aurait probablement moins de scrupule en ce qui concernait Dawn et l’idée du confort casanier était tentante, après ces longs mois dans la ville dévastée. Elle se détourna, l’ignorant ostensiblement, peu désireuse de lui montrer le trouble qu’elle éprouvait à cette simple proposition d’un fou altruiste. Après une profonde inspiration, elle reprit le contrôle et, d’un mouvement, lui indiqua de la suivre, traversant la partie la moins endommagée de la maison. Une fois postée près de la fenêtre, sans se montrer pour autant, elle finit par déclarer, tout bas, certaine que leurs attaquants n’étaient pas dans les environs immédiats pour la simple et bonne raison qu’elle doutât qu’ils s’engageraient dans la maison sans être prêt à tout faire sauter :

« Là, à l’abri de la haie, il y a un vieil accès aux égouts. »

Les probabilités d’être attendus au tournant était moindre, là-dessous, bien que le danger persistait.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Sam 9 Fév - 21:17

Elle ne répondit pas, et je continuais ma veille vigilante. Qu'attendaient-ils, au-dehors, pour nous sauter à la gorge ? L'attaque et la force brute n'étaient pas toujours la meilleure solution, mais des fois ça pouvait payer. Dans notre cas, seuls les premiers à entrer seraient abattus sans problème. Les suivant n'auraient qu'à balancer une grenade, ou faire tout exploser à l'aide de leurs pouvoirs. Ou attendre que nous soyons à court de munitions.

Elle attira de nouveau mon intention en m'indiquant de la suivre. J'en poussais presque un soupir de soulagement. Elle s'était remise, elle avait un plan. Et un plan d'une militaire des Forces Spéciales serait forcément réfléchi, et avec de beaux espoirs à la clé. Je quittais donc ma position, faisant un détour pour éviter de me faire tirer dessus par dehors, et m'accroupis près d'elle pour l'écouter. Je restais un long moment dans cette position en attendant la suite, mais il n'y en eut pas. Je tournais un visage surpris vers elle, en tentant de me contenir. Pas d'instructions, pas de plan. Juste un fait. Je songeais que si elle ne me disait que cela, sûrement que nous nous en tiendrions au plan que j'avais proposé précédemment, non ?

Je jetais un oeil à ma montre, écoutant le canal des PK en constante activité. Ils étaient prêts et avaient fermé la zone. L'intervention ne tarderait plus. Je tapotais l'écran de mon bracelet pour le montrer à Eryn, puis hochais la tête. C'était complètement dingue. On allait certainement y passer. Faire sauter le mur de derrière comme je l'avais imaginé d'abord prendrait trop de temps, et ne ferait qu'accélérer l'action de riposte des Peacekeepers.

Si son plan génial était de fuir par les égouts, je l'améliorais par une série de gestes. Tout d'abord, je désignais la porte, frappais mon casque, et pointais une main tendue devant moi : "Je vais à la porte, et je déclenche un tir de suppression". Ensuite, je montrais une grenade fumigène, mimant le lancer, avant d'ouvrir le poing : "Je lancerais une grenade fumigène 5 secondes après le début des tirs". Enfin, je la désignais, puis tapotais mon bras gauche, main tendue avec ma main droite :"Tu fuis la première".

Ça n'était même pas une ébauche de plan, je ne prenais en compte aucune éventualité autre que celle où tout marcherait comme sur des roulettes. Ça n'était pas bien, et je le savais parfaitement. Mais nous n'avions pas le choix. Nous manquions d'informations et de temps, deux facteurs qui étaient cruciaux dans l'élaboration d'un plan construit. Pour le coup, il ne nous restait qu'à nous en remettre à Dieu, et voir ce que ça allait donner.

Pas le temps de tergiverser davantage. Cette fois, les renforts arrivaient, mais ils n'étaient pas pour nous, d'où la nécessité d'agir maintenant. Je jetais un regard que je voulus encourageant dans sa direction, ne résistant pas à l'habituelle vanne des soldats :


- On se retrouve de l'autre côté.


Puis je filais rejoindre ma position près de la porte. Vérifiant mon HK, j'avançais lentement jusqu'à trouver un bon angle de tir. Je déposais ma grenade près de moi, et respirais profondément en fermant les yeux. Lorsque je les rouvris, j'étais prêt. Je regardais Eryn, en lui indiquant que je commencerais dans trois secondes. Dans trois petites secondes, j'aurais toute l'attention de nos adversaires. Dans trois secondes, je verrais si nous avions affaire à de jeunes pilleurs sans expérience, ou à des soldats surentraînés.

Deux secondes. Je levais mon arme, m'assurant que la bandoulière ne m'entravait pas. Je respirais lentement, concentré. Pour le moment, j'étais invisible, mais j'allais bientôt entrer sur scène, et comme un acteur de théâtre, j'avais le trac.

Une seconde. Mon coeur piqua un sprint, déversant des flots d'adrénaline dans mes veines, me faisant brusquement ouvrir grands les yeux pour noter les détails m'entourant. Je n'avais plus peur, j'étais désormais invincible. Je repris la grenade pour l'attacher près d'un chargeur de munitions.

Je me levais d'un bond en commençant à tirer. Les rafales de deux balles se succédaient parfaitement, alors que j'avançais pour changer de position, m'assurant de couvrir un maximum de terrain possible, visant en priorité les meilleures points de tirs.

Une seconde s'était écoulée. J'avais déjà tiré une demi-douzaines de coups, écartant les douilles sans m'en rendre compte de mes Rangers, avançant vers la porte.

Deux secondes. J'étais à mi-chemin de la porte, et mon doigt restait obstinément appuyé sur la gâchette. Pour l'instant, pas de réaction d'en face.

Trois secondes. Mes tirs étaient loin d'être précis à cause de mes mouvements, mais ils devaient être suffisamment impressionnants pour que personne ne sorte la tête. Les munitions perforantes avaient généralement cet effet-là sur les gens.

Quatre secondes. La minuterie s'égrenait dans ma tête alors que le canal des PK s'affolait, faisant état de nombreux tirs, pressant les unités d'intervention, qui seraient là sous peu. Le sniper repéra du mouvement du côté de la maison, mais je n'aurais su dire si c'était moi, Eryn, ou eux. Je continuais à avancer et atteignis enfin la porte.

Cinq secondes. Ma main gauche se précipita vers la grenade, l'activant à hauteur de ma hanche, et je la lançais contre le mur. Etrangement, elle ne libéra pas progressivement son gaz comme à son habitude, une erreur de conception, un défaut dans le déclenchement, ou que savais-je, fit qu'elle explosa, remplissant instantanément l'air ambiant de fumée grise impénétrable. Je ne voyais plus grand-chose, à peine des formes sombres et j'arrêtais de tirer quand mon chargeur claqua dans le vide.

De toutes façons, tirer serait trop repérable dans ce brouillard. Si il constituait un avantage de nous avoir procuré un bouclier bien plus vite, il était désormais également impossible d'y voir nettement. Et il allait vite se dissiper, aussi. J'entr'aperçus une forme qui correspondait vaguement à celle d'Eryn, et la pris par le poignet, en tâchant de me faire reconnaître.

Essayant de me repérer en fonction des vagues souvenirs que j'avais de l'endroit, je nous dirigeais vers la haie, ou ce que je pris du moins être la haie. Mais d'après le panneau métallique que je touchais du bout de la botte, nous devions être dans la bonne direction. Les cris des PK commencèrent à retentir dans la rue, derrière le mur, dangereusement proches. Je coupais le canal surchargé de la police, m'empêchant de me concentrer suffisamment.

M'accroupissant, je soulevais avec difficulté la lourde bouche d'égout, l'adrénaline combinée à la peur me donnant davantage de force. Je laissais entrer Eryn, et m'y glissais à mon tour, descendant les premiers barreaux de l'échelle avant de m'arrêter, essayant de replacer le panneau. Il était lourd et mes mains glissaient. Centimètre par centimètre, je parvins à le faire bouger en grinçant des dents, grimaçant sous l'effort.

Il oscilla un instant, et je retirais mes mains juste à temps avant qu'il ne scelle le passage au-dessus de nous. Il régnait un noir complet, et je finis de descendre à l'aveugle l'échelle, n'allumant la torche couplée à mon fusil qu'une fois descendu.

L'eau croupie dégageait une terrible odeur, et je plissais le nez en rehaussant ma cagoule.


- Et maintenant, Blake ? On fait quoi ? chuchotais-je en jetant un coup d'oeil au-dessus de nous.

Ils n'allaient pas tarder à explorer la maison, et à se rendre compte qu'il n'y avait plus personne à l'intérieur. Et nous avions plutôt intérêt à être loin de là lorsque ça arriverait.
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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 10 Fév - 9:49

Eryn se contenta d’opiner du chef, même si elle n’était pas certaine de vouloir retrouver qui que ce fût de quelque côté ce fût. Si elle n’avait pas donné d’instruction, c’était par pur principe ; elle n’avait aucun ordre à lui donner. Et aussi, elle espérait qu’il offrirait de la couvrir, la fuite de la jeune femme était bien plus déterminante que celle du Peacekeeper. Lui avait des alliés, dehors. Solitude et crainte se nichèrent confortablement dans ses tripes, des appréhensions cherchant à ramper jusqu’à sa conscience ; elle les repoussa fermement. Garder la tête claire mais ne pas ignorer ses peurs étaient, selon elle, les clés de la survie. Elle observa Dawn, attendit le départ ; elle pouvait déjà imaginer le minutage précis : cela se lisait dans les mouvements imperceptibles, les battements de cils, les respirations, tous ces détails qui prenaient un rythme nouveau sous l’effet de la concentration. Inconsciemment, tout le monde prenait compte de ces précieuses secondes, précises et vitales, qui imposaient le tempo d’une danse macabre. Eryn le faisait plutôt d’instinct. Probablement avait-elle que trop souvent entendu Aria s’essayer à divers instruments. Ou alors, son père avait trop longtemps martelé son existence de cadences spartiates. Ou encore, les temps imposés étaient déjà une évidence dans la stratégie qu’elle percevait par habitude.

Au signal, elle s’élança. L’avantage, quand on n’avait pas son équipement, c’était qu’on était plus prompt à réagir, plus rapide, plus agile ; même encombrée d’un sac à dos, elle se sentait plus preste, car elle savait qu’elle pouvait se délester de son fardeau en une seconde, que le poids était réparti différemment, que ses mouvements n’étaient pas ralentis ou limités. Et après des années à évoluer avec tout un paquetage dans des situations improbables, on avait tout simplement l’impression de voler. Les sons lui parvenaient différents, étouffés, lui confirmant que son ouïe lui jouait des tours plus que les paroles échangées à mi-voix. Des sons familiers et qui faisaient bondir son cœur dans sa poitrine, que ce fussent l’agressivité des coups de feu ou le chant métallique des douilles qui glissent sur le sol. Emportée par cette litanie, elle fut totalement prise par surprise lorsque la grenade n’en fit qu’à sa tête : de toute évidence, son instinct soi-disant infaillible ne la prémunissait pas contre les incidents techniques qui mettaient à mal le timing. Désorientée, tant par le silence soudain que l’épaisse fumée qui lui emplissait les poumons, elle cessa de courir et remonta le col de son pull sur son visage ; la laine épaisse et ses grosses mailles ne lui apportèrent pas vraiment de réconfort.

Dans la confusion, une ombre surgit et une main saisit son poignet.
Le coup parti presque immédiatement, réflexe furieux pour se libérer de l’emprise ; son coude percutait déjà les côtes de l’ombre quand elle reconnut Dawn. Le Peacekeeper avait de la chance, elle était moins susceptible de vider un chargeur entier que lui, conservant ses précieuses munitions pour des situations plus désespérées que celle-ci. Parce que, oui, il y avait des situations plus désespérées – protéger une biche égarée dans les ruelles du Black Market en faisaient partie. En geste d’excuse, elle lui pressa légèrement le bras et se laissa guider tout en jetant des regards alertes tout autour d’elle.


Pendant que Dawn se battait avec la plaque d’égout, Eryn, arme au poing, sondait les alentours, prête à tirer sur n’importe quelle ombre, se contraignant à garder les yeux ouverts en dépit de la brûlure désagréable de la fumée. Enfin, elle constata que son coéquipier d’infortune était sorti vainqueur de son combat acharné et elle put se glisser dans le conduit ; le contact de l’échelle, glaciale et crasseuse sous ses mains, lui annonça déjà la couleur du périple qui suivrait. La perspective lui arracha une grimace, à moins que ce ne fût les odeurs nauséabondes qui emplissaient les lieux. Ce n’était pas la première fois qu’Eryn Blake visitait des égouts, loin de là ; il semblait que ces choses-là donnaient accès à tout et n’importe quoi. Néanmoins, ceux de San Francisco ne connaissaient plus le même entretien qu’auparavant. Dans la Bright City, bien entendu, tout allait pour le mieux ; les évacuations étaient donc particulièrement bien traitées à l’est de la ville et les stations d’épuration de la Neo Corp. faisaient particulièrement bien leur travail. On ne pouvait pas en dire autant de la Seamy ; son état délabré à la surface se reflétait aussi dans ses tréfonds.

Avec un soupir et le cœur au bord des lèvres, elle fit glisser son sac sur une seule épaule et s’empara d’une lampe de poche dans une des poches extérieures. Elle attendit que le noir fut complet (Plaque d’égout : 0 – Dawn : 2) pour l’allumer, éclairant les alentours avec une moue peu amène. L’aspect de l’endroit s’accordait merveilleusement bien aux relents fétides qui emplissaient l’atmosphère. La question lui arracha un sourire et elle se tourna à demi vers le Peacekeeper, un sourcil sarcastique haussé à son adresse :

« Oh, toi, tu fais ce que tu veux. En ce qui me concerne, j’me casse. »

Elle lui devait une fière chandelle ; par conséquent, elle le laissait partir en un seul morceau, ce qui lui épargnait, en plus, d’embarrassants remerciements. Il lui faudrait désormais se trouver une nouvelle planque, elle avait un bout de chemin à faire pour ne pas être poursuivie et, le plus tôt elle commençait à mettre de la distance entre elle et le mutant explosif (avec les Peacekeepers en prime), mieux elle se porterait. Elle commença donc à avancer d’un pas décidé mais discret, l’oreille tendue, prête à éteindre sa lampe et à courir silencieusement au moindre bruit suspect. N’oubliait-elle pas quelque chose ? Pas des adieux en bonne et due forme, non, cela, elle s’en moquait – en plus, Dawn pourrait se mettre en tête de la suivre encore, elle ne voudrait pas le vexer. Ni des instructions, elle n’était pas une carte ambulante, c’était déjà un miracle qu’elle sut à peu près dans quelle direction elle devait se diriger. Ah. Oui.

« J’oubliais, Dawn. Ne t’avise pas de parler de moi à ma sœur. Tu ne m’as jamais rencontrée, c’est clair ? »

Le ton était sans équivoque, voilant à peine menaces et promesses de vengeance. C’était plus sûr ainsi, qu’il pût croire que sa sœur ne savait rien de la situation de son aînée, mais aussi qu’elle ignorât qu’un autre Peacekeeper l’avait laissée filer. La raison était simple : conserver cette ignorance mutuelle entre Anderson et Aria, c’était limiter les risques de gaffe, d’exposition ou autre. Et, de toute façon, elle ne voulait pas de l’aide de Dawn, qu’il pût conspirer en sa faveur avec Aria était une chose qu’elle ne voulait guère voir se produire.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Dim 10 Fév - 22:35

Sa réponse empreinte de fierté m'arracha un sourire sous ma cagoule. Evidemment qu'elle ne lâcherait un bête "merci" aussi facilement. Elle tourna rapidement les talons pour s'en aller -au hasard, peut-être ?- dans un des conduits. Par contre, si elle partait au hasard, je n'avais pas non plus la moindre idée d'où aller. J'éclairais son dos pour la regarder partir, avant qu'elle ne me lance une dernière pique en s'éloignant, sa voix résonnant dans les égouts.

Je me demandais ce que j'étais censé faire. Remonter, aider les autres ? Chercher une sortie dans un labyrinthe de tunnels, pouvant déboucher n'importe où ? Autre solution, un peu plus attrayante autant qu'inquiétante, suivre Eryn ? Après tout, elle ne savait probablement pas où aller. Oui, me dis-je, elle était sûrement perdue, et ensemble nous ne serions pas de trop pour savoir où aller. Après, je pouvais tout aussi bien la laisser partir où bon elle voulait. Pourvu qu'on sorte de ces passages obscurs où nul repère n'était indiqué.

J'avais un peu étudié les égouts, depuis qu'on racontait que les mutants s'y terraient. Personnellement, je n'y croyais pas trop, cette légende urbaine de croire que les monstres se cachent toujours sous nos pieds étant bien peu plausible. Non, il n'y avait pas grand-chose d'intéressant par ici, exception faite d'un formidable réseau d'évasion pour qui savait où aller. J'avais chassé un type ici, une fois. Avec mes hommes, nous nous étions tellement dispersés qu'on s'était retrouvé une fois à l'air libre à trois ou quatre blocks les uns des autres. Le suspect s'était bien entendu tiré, mais ironie du sort, s'était fait fauché en sortant de dessous une avenue.

Quelques bruits assourdis me parvinrent d'en haut, ainsi que le bruit caractéristique des tirs d'armes automatiques. Regardant le plafond comme si j'aurais pu voir à-travers, je réactivais l'espace d'un instant les communications, et fut aussitôt emporté dans un déluge d'ordres criés sans que je puisse y distinguer quoi que ce soit pendant plusieurs secondes. Semblerait que notre mutant créateur d'explosions refuse de se laisser emmener. Et que les Peacekeepers aient un peu de peine à l'arrêter.

Je devrais être là-haut, à les aider. A cette pensée, je laissais tomber mon chargeur vide dans l'eau, réarmant en quelques gestes précis, exécutés des centaines de fois. Le mutant semblait se déchaîner, et les membres du SWAT -qui n'étaient pas les miens, fort heureusement- n'osaient pas l'approcher. Il allait s'échapper, et une longue traque dans la ville se poursuivrait, épuisant encore plus des forces de l'ordre dépassées. On avait beau se reposer, je doutais qu'une seule force de police au monde ait eu affaire à autant d'alertes en trois mois. La plupart d'entres nous avions renoncé à notre chez-nous, prenant sac de couchage et matériel de base pour nous installer au Central. Le pire restant nos effectifs : chaque homme tombé n'était pas relevé. Et les nouvelles recrues, rares, nécessitaient un entraînement avant d'être opérationnelles, dispersant encore un peu plus nos forces.

Un énorme grondement suivi d'une cacophonie de communications m'informa que la maison venait de s'effondrer en plusieurs endroits. Et quelques instants plus tard, les forces de police quittaient les lieux pour le poursuivre. Quel bordel. Mais au moins, je n'avais plus à m'inquiéter qu'on puisse retrouver mes douilles à l'intérieur. La police scientifique était déjà suffisamment mobilisée à étudier les mutations sans qu'elle n'ait à analyser des douilles cabossées. C'était déjà ça en moins.

Et ça avait aussi le mérite de résoudre mon cas de conscience plus efficacement : je me mis à patauger pour rejoindre Eryn. Je me souvenais juste de l'avoir vu partir dans une direction, mais après pour la retrouver, ça en serait plus complexe. J'avançais avec vitesse, oubliant les règles de prudence, ma lampe torche éclairant le moindre recoin. Lorsque enfin j'avisais la lumière de sa lampe, je ne la lâchais plus de la mienne pour arriver enfin auprès d'elle. Vu le bruit et la lumière que j'avais fait, il était clair qu'elle m'avait repéré. Et j'espérais aussi reconnu, depuis son coup de coude dans la fumée.


- J'ai perdu mon plan des égouts, dis-je en marchant à côté d'elle. Alors j'me suis dit que je pourrais faire un bout avec toi, puisque t'as l'air de savoir où aller.


La laissant se remettre de son éventuelle exaspération, j'attendis un instant pour reprendre la parole, éclairant les ténèbres devant nous. Pauvre Eryn… Je devais paraître bien collant, mais en même temps, tu ne m'avais pas rendu la grenade flash que je t'avais généreusement prêté ! Fier de trouver d'aussi bons prétexte, je brisais de nouveau le silence des couloirs sombres.


- Tu sais, j'ai aussi pensé. Si tu veux pas que je parle à ta soeur, c'est parce que t'as pas envie qu'on s'y mette à deux à vouloir te sauver la peau pas vrai ? demandais-je sur le ton de la plaisanterie. Parce que t'es clairement pas facile à suivre… Mais j'suis sûr qu'avec de la volonté, on devrait arriver à te sauver la mise, tu crois pas ?


Je me demandais si elle allait encore m'en vouloir. C'était possible, vu son tempérament. Mais si elle avait gardé un tant soit peu de l'humour militaire visant à constamment cibler les faiblesses des autres, elle ne devrait répliquer que par quelques traits bien placés. Et pas une balle de Beretta par exemple. Mais je ne m'en faisais pas trop. Elle aurait tellement eu l'occasion de me tuer, maintenant y compris, que je pensais bénéficier d'une certaine immunité diplomatique. En tout cas pour le moment. Je pensais pouvoir certes la taquiner un peu, mais je ne pousserais pas le bouchon trop loin.

Pour l'instant, autant profiter de sa compagnie. Je doutais me tromper en pensant que c'était probablement la dernière fois où je pourrais lui parler ainsi. Si je devais la revoir, ou elle serait au Poste, ou ce serait par un hasard absolument ironique. Alors, bon, si c'était la dernière fois où je pourrais la côtoyer, autant que ça dure.

Sa présence était rafraîchissante, et ça m'empêchait de la laisser partir comme ça. Je sais, c'était idiot, mais je n'avais jamais eu autant l'impression d'avoir un allié à mes côtés qu'avec elle. Elle dégageait une forte assurance, liée sans aucun doute à sa non moins forte personnalité. Et pour ça, ça donnait envie de la suivre. Ça et ses yeux où je voulais plonger de nouveau.

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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Lun 11 Fév - 20:33

Planter Dawn fut tout d’abord un soulagement, un silence reposant, une tranquillité mérité. Une bouffée d’oxygène, quoi que les lieux se prêtaient peu à cette métaphore. D’un bon pas, Eryn avançait sur ces espèces de trottoirs qui servaient aux entretiens, le long des canaux répugnants aux eaux troubles et inquiétantes. Mais voilà, laisser l’unique compagnie qui lui était offerte derrière elle, c’était aussi sombrer de nouveau dans les affres de la solitude. Les sons portaient étrangement dans l’espace réduit et lugubre, tandis que chaque passage de sa lampe torche faisait danser des ombres sibyllines sur les parois suintantes, fresque angoissante et fantomatique.

La jeune femme était loin d’être une peureuse ; elle n’avait plus peur du noir depuis sa lointaine enfance et n’avait pas pour habitude de se laisser impressionner. Ce n’était pas le contexte en soi qui la déstabilisait, mais plutôt les échos qu’il éveillait en elle, ces craintes quelle étouffait au quotidien, la superposition évidente entre les bas-fonds et la surface : c’était la même chose, des ramassis répugnants et des déchets nauséabonds, une ambiance putride qui rongeait peu à peu, asphyxiait, en une lente agonie empreinte de désespoir. Seule dans les ténèbres, Eryn ne voyait plus que ça, la valse macabre des ombres et le clapotis discrets des eaux, la balade innocente des rats pareille aux pensées sournoises qui rôdaient en elle. Solitude. Pourriture. Prostration. Malgré tout le self-control dont elle était capable, un frisson lui parcourut l’échine et le froid, porté par l’humidité, s’infiltrait sous ses vêtements, ne lui accordant nul répit. Elle s’arrêta brièvement pour sortir une paire de gants de son sac et les enfiler, avant de reprendre sa marche. Encore quelques centaines de mètres, et elle devrait pouvoir bifurquer davantage vers l’ouest de la ville, pour immerger du côté du Black Market.

Pas et éclaboussures.
Dawn. La conviction lui arracha un soupir. C’était toujours mieux que le silence oppressant. Elle ignorait encore si c’était une bonne chose ; elle évitait les contacts humains avec soins, prenait bien garde de ne s’attacher à personne, de ne jamais s’attarder trop longtemps au même endroit. Nomade dans cette ville-cage, elle espérait ainsi éviter les ennuis et ne pas avoir à souffrir de la misère de trop près. Ne pas voir des regards familiers s’éteindre. Ne plus y prêter attention.

Elle fut tentée, donc, d’éteindre sa lampe. De disparaître dans les ténèbres, se tasser dans un coin et ne pas laisser à Dawn l’occasion de la retrouver. C’était tellement plus facile, ainsi, de juste s’évaporer, vulgaire tour de passe-passe, une fuite de plus, une lâcheté encore. Tout ce qu’Eryn détestait. Rien que le mot repli lui arrachait une grimace, stratégie ou non. Ce simple fait la fit hésiter suffisamment longtemps pour qu’il fût trop tard. La lampe était déjà braquée sur elle, le faisceau dans son dos créant de nouvelles ombres, dessinant un épouvantail devant elle. À quoi diable pouvait-elle ressembler pour que sa propre ombre lui parût si difforme, si angoissante ?

« Je me dirige vers l’ouest. À l’opposé de ta Bright City et dans les coins où les Peacekeepers ne sont pas tellement appréciés. »

C’était qu’une énième légère et innocente invitation à partir pour Dawn, mais elle ne l’avait pas prononcée avec beaucoup de conviction. La première chose qui lui était venu à l’esprit concernait la direction opposée, une distance, une bifurcation et une autre distance. Complètement inventées et dans le seul but de se débarrasser du pauvre Peacekeeper, qui était décidément très mal tombé. Elle avait opté pour une version plus adoucie en dépit de l’ironie, oubliant par la même occasion cette grenade sagement rangée dans son sac. Pour l’instant, elle était davantage concentrée sur la direction à prendre.

Encore une remarque sur Aria ?
Eryn musela son premier réflexe qui aurait été de pousser le Peacekeeper dans l’eau stagnante. Mauvaise idée néanmoins. Premièrement parce qu’elle pourrait y finir aussi et que les douches n’étaient pas un confort dont elle disposait toujours. Ensuite, tout simplement parce que la tentation de l’y noyer par la suite aurait été bien trop grande. Oh, ce n’était que de l’humour militaire, et pas tellement bien mené ; après tout, Aria n’avait rien du point faible d’Eryn dans le sens où parler d’elle ne la blessait pas vraiment, seulement l’inquiétait, mais lui donnait aussi la force de se surpasser. Il était possible de frapper là où cela faisait vraiment mal, ce n’était pas bien difficile à deviner. Eryn espérait seulement que, pour cette fois-ci, Anderson aurait la bonté de se la fermer.

Tant pis, elle se contenterait d’une réplique agacée, armée d’un sourire de prédateur pour prendre l’adversaire au dépourvu – parce que, oui, Dawn était un adversaire :

« Pas la peine d’essayer de racheter tes fautes en prétendant vouloir me sauver, c’est une cause perdue. »

Et pourquoi sa fatiguer à courir après ce qui était perdu d’avance ? Allons bon, il aurait toujours l’occasion de rejoindre un mouvement pro-mutant dans cette fichue ville : il semblait tout bonnement impossible que seul Jake Caldwell et ses petits protégés s’amusassent à revendiquer des droits, bien que discrètement. Dans la Bright, il restait encore bien des mutants qui, dissimulés parmi la population en inoffensives et innocentes créatures, sortiraient bientôt de leur stupeur terrifiée pour défendre leur cause. Ou encore même, des gens particulièrement altruistes – Eryn doutait de l’existence de telles personnes, néanmoins ; pour elle, cela revenait à croire aux fées – et tous ceux dont des proches avaient mutés… Oui, le monde ne resterait pas éternellement paralysé et insensible à l’existence des mutants. Les Peacekeepers faisaient pour le moment leur travail tranquillement pour le moment, mais cela ne durerait pas. Les Hunters prendraient plus de liberté aussi. On parlerait de factions, un jour. Eryn envisageait déjà le futur avec plus de clarté, ces derniers temps, celui où les mutants ne seraient plus considérés comme une plaie immonde sur laquelle personne n’osait poser le regard, une souffrance sourde qu’on s’évertuait à ignorer. Elle n’avait juste pas encore décidé de ce qu’elle ferait. Et à vrai dire, elle n’avait pas du tout envie de prendre une décision ; elle aurait préféré trouver un endroit ou couler des jours tranquilles, un moyen de s’isoler pour de bon, pouvoir fermer les yeux bien fort pour dissiper tous ces mauvais rêves. Elle jeta un regard en coin à Dawn, présence qui lui rappelait définitivement que non, elle n’était pas en train de rêver tout cela.
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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Mar 12 Fév - 20:12

Nous nous enfoncions donc dans les quartiers "chauds" de San Francisco… En même temps, rien d'étonnant à cela. Le meilleur endroit pour elle de se cacher quelques temps était là où nous ne mettions que rarement les pieds. Des endroits où toute forme d'encadrement avait déserté, laissant sur place le marché noir et l'illégalité prospérer. Nous ne pouvions être partout. Nos forces étaient déjà trop disséminées, nous n'étions pas une force d'occupation.

Ce n'était pas Baghdad, Kaboul, ou n'importe quel déploiement américain. C'était San Francisco. Notre sol. Notre ville. Et nous manquions d'effectifs pour maintenir une situation viable, les forces de quarantaine refusant le moindre contact, tirant à vue, ressemblant à des gardes inhumains. Il n'y avait personne d'autre pour nous aider. Nous étions désespérément seuls, et en train de perdre. Nous venions de le subir, les attaques se multipliaient, engageant d'énormes forces pour maîtriser un hostile. Et des forces se levaient dans l'ombre, parce que nous ne pouvions être partout, et nous faisions un sale boulot. Ce qui renforçait le sentiment de haine à notre égard. Comme elle le disait, nous avions une mauvaise image, désormais.

C'est dingue comment les opinions pouvaient changer vite, des fois. Nous étions une police efficace, avant. Efficace et globalement appréciée. Désormais, nous étions regardé avec crainte. Certes, le contexte de peur jouait beaucoup, mais la police était justement là pour rassurer les individus, non ? D'ailleurs, techniquement, et ce malgré la bande sur mon dos où était marqué en lettres capitale POLICE, nous étions désormais des PeaceKeepers. Nouveau nom pour… quoi, finalement ? Pas grand-chose. Nous rapprocher de la firme de Gallagher ? Parce que nous avions besoin de ses largesses, sous peine d'être très rapidement débordés ? Ça me rendait malade. Même notre propre gouvernement préférait négocier avec un homme d'affaire comme Gallagher plutôt que soutenir notre action. L'Etat savait sûrement que nous n'arriverions pas à résoudre la crise, et cherchait d'autres soutiens. Mais nous étions sa police, et non pas celle de la Neo Corporation. Du moins, on ne devrait pas l'être. Pas une milice privée, ce que j'avais parfois l'impression d'être.

Je continuais de marcher aux côtés d'Eryn, empruntant avec elle le genre de trottoir qui était plus pratique que de traverser les eaux sales des égouts. Elle se tourna vers moi avec un sourire carnassier effrayant et je songeais que si elle essayais de draguer avec ce sourire elle finirait vieille fille. La remarque la plus intéressante à me faire, cependant, était qu'à la vue de ce rictus, elle n'avait clairement pas apprécié ma remarque, et je me promis de ne plus y revenir. Ou en tout cas, pas le premier.


- T'en fais donc pas pour ça, répondis-je crânement. J'vois pas aux yeux de qui je pourrais me racheter, dans cette ville.


Ce qui évidemment était faux. Mais j'essayais comme je pouvais de garder une certaine contenance. Je pourrais tenter de me racheter aux yeux de bien des gens, mais je ne l'avouerais pas tel quel. Même aux yeux d'Eryn. Après tout, pourquoi sinon je la suivrais ainsi ? Je risquais gros à me risquer à faire un bout de chemin avec elle, et ça n'était pas uniquement pour faire du bavardage. Il y a des gens qui marquent les autres dans votre monde, et ceux-là, vaut mieux essayer de les avoir comme alliés que comme adversaires. Ou alors, vaut mieux avoir pas mal d'alliés de son côté.

Nos pas résonnaient contre les murs de pierre alors que nous avancions dans la pénombre, pour ma part sans crainte. Mon fusil placé contre moi me rassurait, me soufflait que j'étais apte à faire face à ce qui pourrait surgir d'en face. Cette pénombre et cette assurance d'être couvert n'était pas sans rappeler notre virée nocturne en Afghanistan. Je voyais presque un gamin soulever la AK de son père pour frimer devant ses copains. Quelques rafales, des éclaboussures, et c'était fini. Ou cette femme qui avait rampé vers moi une nuit. Nous étions en poste de combat avancé, et dehors, sous le regard impitoyable des étoiles. Elle s'était approchée, une nuit, de mon trou que j'occupais avec un bleu. Nous lui avions crié de s'arrêter. Je l'avais supplié d'arrêter. Nous l'avions abattu à cinquante mètres. Le lendemain, nous avions découvert le drapeau blanc qu'elle tentait de nous agiter.

Oui, j'avais des raisons de détester les ténèbres. C'était là où je les voyais les mieux. Une horde de fantômes, rampant vers moi, avançant, et finissant invariablement dans des effusions de sang. Je secouais la tête. J'avais ralenti le rythme, je pouvais m'en apercevoir maintenant, et j'eus un sourire d'excuse, comme si de rien n'était. Foutue guerre. Qu'elle soit ici, ou là-bas, elle gardait le même visage : nous étions seuls face aux autres. Et face à soi-même.


- Des idées de où tu comptes t'installer, Blake ? Non pas que j'prévois une descente. C'est juste toujours mieux avec un objectif en tête.


Sans objectif, on était foutus. Ça valait pour n'importe qui. Ceux qui ne se fixaient pas un endroit où aller, un objectif sur le plus ou moins long terme finissait invariablement par se faire distancer par les autres. Et par se perdre, à ne plus avancer. Je le lui avais déjà dit, mais sa maison n'avait pas encore explosé à ce moment-là. Je l'avais privé de son repère géographique, alors qu'il n'était pas trop mal placé, et assez fonctionnel. Quand on est en fuite, il fallait pas s'attacher aux choses, d'accord, mais on ne peut pas s'empêcher de regretter quelques endroits où on vit mieux que d'autres.

Pour le coup, on ne savait même pas qui nous avait attaqué. Si on attrapait le mutant, je pourrais peut-être obtenir son débriefing avant qu'il ne soit classé secret et ne parte pour Alcatraz. J'aurais voulu savoir si il était là pour elle, ce qui était plus probable, ou, chose plus inquiétante, pour moi. Peut-être un pote de l'ami pyromane qui m'avait suivi ? Non, impossible de me reconnaître sans m'approcher quand je portais mon casque. A moins qu'il ne vise tout simplement l'uniforme. Ça existait aussi, ce genre de revanchards jusqu'au-boutistes qui seraient prêt à tuer n'importe qui faisant partie de la catégorie de leur cible.

Et c'était les types les plus à craindre. Ils n'avaient plus rien à perdre, et la seule chose qui leur importait, c'était d'accomplir leur vengeance, ou de mourir en essayant. On disait ça aussi des Forces Spéciales. Ça ne m'étonnerait pas que ça soit vrai. Des fois, il faut juste éviter de se faire emporter par cette vague, parce qu'une fois qu'on est consumée par elle… On ne revient pas en arrière. On ne fait pas revenir les innocents qu'on a tué. Plus que la vérité, c'est l'innocence qui est la première victime de la guerre. Et une fois envolée, elle mute en votre culpabilité, obscurcie votre ciel si vous la laissez faire… et on finit par ne plus vivre.
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Message Sujet: Re: Does the Army leave scars? [Terminé] | Mer 13 Fév - 13:13

Aux yeux de qui se racheter…
Eryn en déduisit plusieurs choses, à commencer par le fait que le Peacekeeper n’était pas croyant. Bon point pour lui, à ses yeux. Si certains voyaient la foi comme une force, la jeune femme, elle, y voyait davantage une illusion vaine ; comment réussir à survivre si l’on se reposait sur quelque entité pour nous venir en aide ? C’était ridicule. Avant de croire en quelque chose, il valait mieux croire en soi-même, en ses capacités, en son discernement. Personne n’était parfait, mais la connaissance de soi était une force non négligeable, ainsi que ses limites. Si un Dieu était vraiment quelque part, conscience omnisciente et omnipotente en ce monde, elle ne voulait pas y croire, pour la simple et bonne raison que le monde en question était désolant, l’être humain plein de vices et l’injustice constamment en train de frapper. Enfin, s’il y avait un Dieu, on n’aurait jamais eu besoin des Forces Spéciales, non ?

Deuxième déduction, un peu plus bancale, mais ce n’était pas la première fois que la pensée lui traversait l’esprit : Dawn ne semblait pas avoir de famille ou de proches dans cette ville. Ou alors, il était bien plus prudent qu’elle sur les informations qu’il divulguait. Ne pas laisser la moindre prise à quelqu’un de dangereux était, après tout, un acte d’une logique imparable. Il serait quelque peu inconvenant de voir sa sœur ou sa bien-aimée prise en otage par une ex-militaire qui voudrait se venger, hein ? Quelle que fût la théorie, elle convenait à Eryn : soit il était effectivement seul et personne ne le regretterait, soit il éprouvait quand même de la méfiance à son égard en dépit de la folie qui semblait l’habiter.

La réponse de l’homme eut en tout cas le mérite de l’amuser, elle médita sur la question quelques instants elle aussi, s’autorisant à ralentir puisque Dawn semblait perdu dans ses pensées. Elle en arriva très vite à la conclusion qu’il fallait davantage vivre pour soi-même que pour tous ces regards indifférents ou emplis de reproche. Pas dupe et d’humeur nettement moins agressive, elle lui braqua sa lampe sur le visage, histoire de réveiller le traînard – et effacer ce sourire désolé :

« Faut commencer par agir pour soi-même, gros malin. »

Puis elle se détourna pour reprendre sa marche, s’étonnant de cette familiarité qui revenait au galop et la taquinerie rassurante qui semblait émaner de son ton. Déjà, Dawn poursuivait avec sa question suivante. Elle réalisa que, depuis le début, il alimentait la conversation et en décidait plus ou moins l’orientation. La nature assez taciturne d’Eryn finirait vraiment par lui jouer de vilains tours, car finalement, à ne rien dire sans y être invité, elle se laissait décrypter un peu trop aisément. Pour ce qui était de la surface, du moins.

« Oh, tu pourras toujours me chercher, tu ne me trouveras pas. J’ai effectivement un objectif en tête : rester nomade. »

Elle s’était attardée dans la maisonnette, bercée par un confort tranquille, ce qui avait résulté à un sympathique feu d’artifice. Autant dire qu’elle n’était pas prête à se réinstaller trop longtemps au même endroit. Être sédentaires quand on était en fuite était une décision futile et dangereuse. Keep moving. Un enseignement juste, une base évidente de la survie, qui forçait aussi à ne jamais relâcher son attention. Elle comptait bien appliquer le précepte à la lettre. Cependant, il y avait toujours un bémol : la surface. La zone en quarantaine limitait ses possibilités de planque, la Seamy ne s’étendait pas de façon infinie. Elle aurait tôt fait de tourner en rond comme un fauve en cage. Qu’adviendrait-il alors ? L’incertitude la gagnerait. L’épuisement, aussi. Elle se sentirait plus oppressée encore qu’elle ne l’était dans ces égouts. Cernée. Observée. Et sa paranoïa naturelle grandirait, peut-être même paniquerait-elle. Combien de temps pouvait-on survivre ainsi, à toujours jeter des coups d’œil par-dessus son épaule ? Dawn avait raison, il lui faudrait un objectif. La survie convenait pour le moment, mais viendrait un temps où il lui faudrait sérieusement se secouer les puces. Pour aller au-devant de ses simples considérations quotidiennes et trouver l’origine du problème. Ce n’était pas comme si elle avait quelque chose à perdre, après tout. Et, résoudre le problème, cela signifiait aussi avancer un peu plus vers la liberté pour Aria. Un jour, elle serait prête à agir de la sorte. Quand elle aurait retrouvé son chemin et recouvré ses idéaux. Quand elle cesserait de pleurer son lien perdu avec l’unité de Drake Carter.

Elle repoussa fermement ses inquiétudes et s’adressa finalement au Peacekeeper :

« Toi aussi, tu devrais bouger, Dawn. Rien ne prouve que t’étais pas la cible de l’attaque. »

Était-ce vraiment utile ? Si on lui en voulait, on le traquerait à chacun de ses déplacements dans la Seamy. Mais il aurait aussi son équipe, la plupart du temps, ce qui le rendrait plus préparé. Ou alors, il pourrait se calfeutrer dans la Bright. Seulement, ces frontières tangibles ne feraient peut-être pas le poids s’il était vraiment visé, vivre plus discrètement, faire disparaître son dossier et changer d’adresse s’avèrerait plus prudent, ne serait-ce que le temps de débrouiller cette affaire en attendant que tout se tassât. En tout cas, ce serait l’attitude qu’elle adopterait ; rien n’obligeait Dawn à suivre son conseil.

Quoi qu’il en fût, cela l’arrangerait bien, de ne pas être la cible, pour une fois. C’était que cela commençait à devenir lassant d’être ainsi le centre de l’attention. Heureusement, elle n’avait pas encore croisé de Hunters – à moins que c’en fût un peu plus tôt – mais elle redoutait ce moment aussi. Pour ainsi dire, elle aurait vraiment des adversaires à sa taille. Non, le temps passant, elle perdait la main, ignorait tout des nouveaux entraînements et ils seraient certainement en surnombre. Une telle rencontre s’avérerait sans aucun doute fatale. Là encore, elle se refusait d’y penser ; vivre dans la crainte était peut-être stimulant, mais vivre dans la terreur ne ferait que l’amener à faire un faux pas, une erreur quelconque qui précipiterait sa chute.
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