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What do you want from me? [Terminé]

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Regan Allen

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Regan Allen
Trigger-Happy Bitch
Message Sujet: What do you want from me? [Terminé] | Ven 10 Avr - 11:41

Quand on entame une vie de sédentaire, il y a toujours quelques détails qui vous rappellent désagréablement que vous n’êtes pas fait pour cette existence statique.

Regan était faite pour tracer.
Elle n’était jamais restée aussi longtemps au même endroit et la situation devenait frustrante. Elle trépignait, étouffait dans son immobilité forcée. Dix mois. Dix putains de mois qu’elle rongeait son frein, flinguait des mutants au Neo Serum – même pas létale, cette merde, ça manquait de sang qui gicle, cette affaire – et qu’elle se pavanait dans la Neo Corp. dans sa collection de tailleurs, qu’elle revêtait ses plus belles robes de soirées pour des gala à mourir d’ennui. Les scientifiques, c’était la barbe ultime, et elle avait qu’une hâte : être collée en binôme avec des PK, faire semblant de relever des données scientifiques pour faire plaisir aux tarés à binocles, et enfin – enfin ! – profiter d’un peu d’action.

Mais aujourd’hui était un jour comme un autre ; il ne se caractérisait plus par la torpeur glacée de l’hiver, mais bel et bien par un sens de la flânerie inutile dans un climat printanier. D’ennui, elle s’était placée à la terrasse d’un restaurant baignée par le soleil d’un après-midi clément, pour siroter un café pas assez fort à son goût. Aucune brise frisquette ne venait chatouiller ses bras et ses longues jambes dénudées profitaient d’une modeste séance de bronzage. Ses lunettes dissimulant une partie de son visage, elle observait les passants, peu nombreux, se désolant, aussi, de la population de plus en plus limitée de la Bright Town. Ils étaient ennuyants à en crever, Regan se faisait chier comme un rat mort, donc. Pourquoi les canons avaient-ils tous mutés ? Il y avait une espèce de badassitude absolument sexy qui s’était répandue comme une traînée de poudre dans la Seamy. Enfin, pour ceux qui avaient encore le luxe d’une douche assez fréquente, les autres, c’étaient des clochards affligeants et, franchement, Regan leur rendrait bien plus service à leur tirer une balle entre les deux yeux plutôt que de les capturer pour des expérimentations sérieuses. C’était un gâchis navrant de néo serum, tout ça...

Elle consulta la lettre qu’elle tenait entre ses mains. Son affectation chez les PK, les horaires, une série d’instructions… Et son partenaire ! Un sourire narquois étira ses lèvres maquillées d’un rouge discret : si elle en croyait les rumeurs, elle allait s’éclater avec lui. Le faire sortir de ses gonds en moins de deux. Ils étaient tous si chatouilleux, ces soldats pétris de principes et bouffis de patriotisme déplacé. Sérieux, comment défendre son pays, quand ledit pays vous avait abandonné ? Quand seul le caprice d’un milliardaire excentrique maintenant un semblant d’équilibre ? Parce que, soyons clair, sans la bienfaisance opportuniste de Jeffrey Gallagher, sans le système de mise en quarantaine, cela ferait longtemps que la ville aurait été atomisée, les civils relégués au statut burlesque de « dommages collatéraux ».

Une gamine s’approcha, et Regan retira ses lunettes de soleil pour la dévisager.
Il y avait quelque chose de curieusement familier dans ses traits, qui caressait un lointain souvenir… Elle lui donnait quoi, une petite vingtaine d’années, à tout péter ? Étudiante, probablement. Bref, une gamine, et Regan n’en avait strictement rien à foutre, des chiards et des pisseuses.

Elle arqua donc un sourcil en signe d’interrogation agacée, et finalement, lâcha sèchement :

« Quoi ? »

Si la jeune femme espérait un accueil chaleureux, elle se trompait lourdement sur sa personne. Qu’elle se sente déjà privilégiée de ne pas avoir été insultée d’emblée… ah, peut-être aurait-elle dû ! si la gamine essayait de la frapper, peut-être que ça pimenterait un peu sa journée ?


Dernière édition par Regan Allen le Dim 19 Avr - 10:27, édité 1 fois
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Judith Allen

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Judith Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Ven 10 Avr - 16:33

Elle était là, assise à un café. Sa sœur. Cela faisait plus de deux mois que Judith connaissait la vérité sur sa famille et quelques semaines qu’elle observait régulièrement les allers et venues des gens de la Neo Corp. à la sortie de la tour. Elle savait que Regan Allen y travaillait et l’avait aperçue à plusieurs reprises, de loin, sans trouver le courage de l’approcher. Grâce au frère d’un ami, elle savait à quoi elle ressemblait mais ça s’arrêtait là. Judith ne savait toujours pas à quoi s’attendre, ni comment elle allait lui expliquer la situation. C’était bien la première fois qu’elle n’abordait pas un problème sûre d’elle : elle n’avait pas envie de tout foirer, alors qu’elle avait la chance de pouvoir récupérer un semblant de famille. Elle ne l’avouerait pas mais la présence de sa mère lui manquait. Et la famille était un peu plus important pour elle qu’elle ne le laissait penser.

Judith sortait d’une boutique de vêtements, dans la rue en face. Elle venait d’avoir son salaire et de payer son loyer alors elle avait eu envie de se faire plaisir. Maintenant qu’elle travaillait, au bureau du juge qui plus est, elle avait besoin de fringues un peu plus classe que ce qu’elle pouvait porter et elle s’était décidée à investir dans plusieurs tailleurs. Sauf qu’elle était obligée de tout faire rajuster à sa taille et c’est pourquoi elle quitta la boutique les mains vides : on lui donna un délai d’une semaine pour les deux tailleurs qu’elle avait espéré pouvoir porter dans les jours à venir. Ce détail l’énerva : elle avait d’ailleurs précisé à la vendeuse qu’il serait temps de créer des fringues pour tout le monde, et pas forcément uniquement pour les géantes des podiums. Judith était habituée à avoir tout, tout de suite, et elle détestait sortir d’un magasin sans ses achats, juste parce qu’il fallait tout adapter à sa taille. Elle allait tracer pour rentrer chez elle et se plaindre à ses colocataires quand la terrasse d’en face attira son attention. Il n’y avait pas grand monde dans les rues de la Bright, malgré le retour du beau temps. Regan était presque inratable, surtout quand on avait passé des semaines à la guetter à la sortie de son travail.

La jeune femme en avait marre de faire demi-tour à chaque fois qu’elle l’apercevait. Aujourd’hui, elle décida de se lancer. Elle ne savait pas ce qu’elle allait lui dire mais elle avait déjà de quoi lui prouver ce qu’elle avançait. Depuis qu’elle avait trouvé la boîte contenant toute l’ancienne vie de Min Ahn Allen, Judith avait toujours sur elle une photo « de famille » où Min Ahn, Regan et leur père posaient. Elle espérait juste que cela soit suffisant pour que Regan la croit. Au pire, elle la prendrait pour une folle.

Judith traversa d’un pas plus ou moins déterminé vers sa cible. Elle ralentit l’allure en s’approchant néanmoins, afin de ne pas faire trop de bruit avec ses hauts talons. En passant devant une vitrine de magasin, elle regarda vite fait à quoi elle ressemblait : ses longs cheveux étaient encore impeccables et son rouge à lèvres n’avait pas totalement disparu. Son blaser lui donnait une allure un peu plus adulte et son pantalon la rendait presque banale. Elle avait un peu plus de classe que les autres étudiantes et pour une fois, elle ne faisait pas trop superficielle. C’était le bon jour, elle le sentait.

En arrivant à la table de Regan, armée de tout son courage, Jude fut un peu déstabilisée de la voir de si près et fut coupée dans son élan, prête à faire demi-tour. La déception lui faisait peur, comme le rejet. Elle avait déjà remarqué ses airs un peu hostiles, mais elle s’était attendue à autre chose qu’un ton aussi sec comme accueil. Enfin, en même temps, en se plantant devant elle sans rien dire, il fallait bien s’attendre à ce qu’elle ne l’accueille pas les bras grand ouverts. Judith fronça légèrement les sourcils mais se ressaisit, essayant d’adopter un air sérieux. Sans prendre la peine de demander – elle demandait rarement, de toute façon – Judith tira la chaise en face de Regan et s’installa, posant son sac à main à ses pieds. Se tenant bien droite, elle regarda sa sœur dans les yeux, sans ciller, et se lança, enfin :

« J’ai quelque chose à vous dire. Ça risque de changer pas mal de chose, par contre. »

Elle ne voulait pas passer par quatre chemins, mais elle voulait quand même la préparer un peu. Ce n’était pas tous les jours qu’on entendait ce genre de nouvelles. Elle-même aurait voulu l’apprendre d’une autre façon et pas par sa mère l’implorant de lui pardonner son mensonge, en étant emmenée de force par les Peacekeepers.
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Regan Allen

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Regan Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Lun 13 Avr - 9:56

Alors ça, c’était la meilleure.
Regan arqua un sourcil interrogateur, impressionnée par le toupet de la gamine. Même pas elle se présentait ! Par précaution mesquine, elle rapprocha son café d’elle ; elle commençait sérieusement à se demander ce qui ne tournait pas rond chez cette peste. Parce que non seulement elle envahissait son espace vital, mais en plus elle prétendait avoir une information capitale supposée changer sa vie ! Très peu crédible.

Oh, c’était peut-être une fichue arnaqueuse – elle avait la tête à l’emploi, mignonne, avec cet éclat d’intelligence sournoise au fond du regard. Le genre de personne qui cherchait une proie un peu friquée pour lui annoncer qu’elle était en fait une mutante, qu’elle l’aiderait à quitter la ville contre une compensation en billets verts ? Ouais, la gamine pouvait même se faire passer pour Eryn Blake. Ce genre de plaisanteries devait super bien fonctionner, vu tous les mutants qui se dissimulaient probablement dans la Bright. Mais ce genre de combine, ça fonctionnerait pas avec Regan, ça non. Elle travaillait à la Neo Corp. après tout.

Elle toisa donc l’importune, se pencha vers elle lentement, avant de lâcher, toujours cassante :

« Quelle que soit l’arnaque, j’marche pas. »

Alors, elle remit ses lunettes de soleil, but une gorgée de café en se reculant à nouveau dans son siège. Elle croisa et décroisa ses longues jambes et reporta son attention sur les passants, patientant tranquillement, avec une indifférence feinte. La gamine finirait bien par se lasser et lui lâcher la grappe.

Pourtant, Regan n’était pas quelqu’un de patient et, si en cet instant son comportement se paraît d’une moquerie négligée, elle pourrait néanmoins sortir de ses gonds assez aisément. Elle avait, au pire, son Glock dans son sac (difficile de se balader avec une arme sur elle quand elle était en tenue de bureau, hélas). Si elle insistait trop, elle lui pointerait probablement le canon de l’arme dessus, et elle irait jouer ailleurs ou appeler les Peacekeepers.

Enfin, tout cela n’empêchait pas Regan de s’interroger sur ce que pouvait lui vouloir l’inconnue. Elle devait reconnaître qu’il y avait quelque chose d’intrigant dans toute cette affaire, le doute était permis sur la nature de l’arnaque.

L’air de rien, Regan rapprocha son sac à ses pieds, le posa sur ses genoux, y attrapa son rouge à lèvres et son miroir. Avec une lenteur délibérée, elle appliqua consciencieusement une nouvelle couche de maquillage. Elle regretta presque d’avoir opté pour une couleur discrète, ce jour-là ; un rouge carmin éclatant aurait été presqu’une insulte délicieuse… Le kit retrouva assez vite sa place dans son sac. Sur ses genoux, désormais, se trouvait son arme, grâce à cette manœuvre. Mais pas seulement. Son sac contenait aussi une dose de néo serum, une capsule qui réagissait en présence de mutants.

La perspective tendit ses muscles de façon imperceptible ; l’adrénaline courait déjà dans ses veines, électrisante, grisante. Une capture en fin d’après-midi, avant même d’avoir commencé le travail en binôme avec des Peacekeepers, serait une réussite flagrante. Pourrait-elle minauder, auprès de Gallagher ou de Williams, une petite prime pour l’occasion. Une autorisation pour visiter Alcatraz aussi ? C’était que la curiosité dévorante la rongeait à propos de l’île – mais pas suffisamment pour exiger un poste pour assurer la sécurité là-bas. C’était beaucoup trop exigu, cette fichue île, déjà qu’elle avait du mal à se dégourdir les jambes dans la zone en quarantaine…

Bref, Regan était parée.
Elle reporta son attention sur son vis-à-vis. Elle n’avait pas bougé. Butée, la chieuse. Regan fronça les sourcils, contrariée, retira une fois de plus ses lunettes pour lui jeter une œillade torve. Quelque chose lui disait que la mystérieuse jeune femme bouffie d’aplomb allait lui balancer son bobard à la tronche quoi qu’il arrive.
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Judith Allen

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Judith Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Lun 13 Avr - 12:57

Regan la prenait pour une arnaqueuse. Elle, une arnaqueuse. Judith en fut profondément vexée : elle ouvrit la bouche, outrée qu’elle puisse penser ça, mais finit par croiser les bras et se cala contre le dossier de sa chaise. Elle valait quand même bien mieux ! Elle avait plus de style, plus de classe qu’une petite arnaqueuse. Comment pouvait-elle penser ça ? En tout cas, c’était bien la première fois qu’on le lui sortait. Judith fut à deux doigts de partir, répliquant que Regan avait perdu l’occasion de changer sa vie quand elle se rappela quel était son objectif : il fallait qu’elle lui dise la vérité et elle n’avait pas le droit de reculer. Elle ne voulait pas passer pour une folle non plus, pas avec sa sœur.

Voyons le bon côté des choses : Regan ne s’était pas enfuie. Elle aurait pu prendre ses affaires et partir, laissant Judith avec sa révélation. L’étudiante n’aurait peut être pas poussé le vice en la suivant : courir après les gens n’était pas son genre. Elle aurait peut être adopté une autre tactique un autre jour, envoyant un ami à sa place ou montant un dossier prouvant qu’elles étaient sœurs, dossier qu’elle lui aurait envoyé par courrier. Sauf qu’elle n’aurait pas besoin de réfléchir à une nouvelle stratégie d’approche puisque Regan restait là, en profitant même pour se remettre une couche de rouge à lèvres. Pour Judith, ce geste était tellement commun qu’elle n’imagina pas un seul instant qu’elle s’apprêtait à se défendre en cas d’attaque. Elle attendit alors qu’elle finisse : Judith faisait preuve d’une sacré patience, ce qui était assez inhabituel pour elle. En vérité, elle se demandait toujours de quelle façon elle allait le lui annoncer. Il ne fallait pas trop qu’elle tarde cependant : si Regan gardait son sac à main sur ses genoux, Judith se dit qu’elle allait sûrement partir rapidement, la prenant pour une folle opportuniste. Elle acceptait sa méfiance : dans son cas, c’était légitime et si Jude était à sa place, elle réagirait de la même façon. Si sa mère ne lui avait pas laissé autant de preuves, et si elle n’avait pas autant souhaité une vraie famille dans son enfance, elle ne l’aurait sûrement pas cru.

Regan reporta son attention sur elle, et Judith estima que c’était le moment. Elle récupéra son sac à main, le posant à son tour sur ses genoux. Elle prit alors un carnet, où elle notait ce qu’elle était censée faire pour l’université et dans lequel elle avait glissé la fameuse photo de famille. Elle espérait qu’elle soit une preuve suffisante : c’était un simple portrait où les trois personnes affichaient un grand sourire, comme s’ils formaient une famille parfaite et unis. Au vu de l’âge de Regan, la photo avait dû être prise un an ou deux avant le départ de Min Ahn, pas plus. Judith prit une grande inspiration : à partir de là, elle ne savait plus à quoi s’attendre. Elle ne connaissait pas Regan, elle ne savait pas comment elle allait réagir face à cette nouvelle et après ces cinq minutes, elle allait peut être lui rire au nez. Mais Jude était plutôt tenace et butée : elle avait décidé de se montrer compréhensible et admettre que ce n’était pas le genre de nouvelle qu’on recevait avec un grand sourire. Elle ne s’attendait pas à ce que Regan se réjouisse comme si on lui avait annoncé qu’elle allait avoir la promotion de sa vie – ou qu’elle allait avoir un bébé, mais quelque chose lui disait que ce n’était peut être pas son genre –, pas dans un premier temps. Si Judith s’était faite à l’idée qu’elle ait une famille quelque part, c’est parce qu’elle en avait toujours rêvé. Ce n’était peut être pas le cas de Regan.

Judith fit glisser la photo sur la table et se décida à briser le silence.

« Je m’appelle Judith Allen et, je suis votre sœur. »

Il faudrait peut être bien plus que cela pour qu’elle la croit. Judith ne la lâchait plus du regard, guettant la moindre réaction de sa part. Elle s’était fait tout un tas de scénarios pour se préparer à ce moment et cette phrase, elle se l’était répétée des tas de fois en se disant qu’elle était peut être un peu trop théâtrale. Mais sur l’instant, elle n’avait pas voulu hésiter, buter sur un mot, alors c’était le seul truc qui lui était venu à l’esprit. Elle essaya de rester neutre pour ne pas montrer à Regan qu’elle espérait beaucoup de cette révélation. La suite ne dépendait que de la jeune femme : si elle ne voulait pas entendre parler de sa petite sœur, Judith ne pourrait pas la forcer. Elle devrait se contenter de vivre de son côté. Mais au moins, elle ne serait plus seule à porter ce secret. Quelque part, elle venait de se soulager d’un fardeau, même si tout n’était pas encore gagné. Judith comptait sur sa capacité de persuasion pour l’aider dans cette affaire – elle ne voulait pas devenir avocate pour rien, après tout.
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Regan Allen

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Regan Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Lun 13 Avr - 20:39

La réaction allait être assez fascinante à lire.
Probablement que Judith ne l’aimerait pas du tout.

Tout d’abord, il y a cette moue blasée juste avant que la réplique ne sorte. Une sorte d’intérêt dissimulé sous un ennui mortel, une exaspération naissante, peut-être, en tout cas, quelque chose d’une nonchalance négative et paresseuse, et, pour couronner le tout, un éclat fugace de menace, sûrement.

Bien sûr Regan s’était appliquée à observer son interlocutrice ; son air outré quand on l’avait accusé d’être en train d’essayer d’embobiner Regan, puis aussi sa détermination. C’était ce trait de caractère qui avait frappé la mercenaire : la petite avait vraiment quelque chose à lui dire. Serait-ce la vérité pour autant ? Pas sûr, mais au moins, il y aurait une forme de passion dans les propos.

Bref, la sentence tomba et, pendant une fraction de seconde, Regan fut foudroyée sur place ; ses yeux tombèrent sur la photo, sa bouche s’ouvrit en un « o » qui ne lui ressemblait guère et sa main, toujours alerte et prête à se défendre, retomba mollement. Son cœur dans sa poitrine fit un bond. Mais ce bond n’augurait rien de bon.

Elle prit tout d’abord parti de croire son interlocutrice, d’instinct. De toute façon, à bien la regarder, certaines ressemblances étaient flagrantes – là où Regan avait pris de Cameron, Judith, elle, avait tout pris de Min Ahn. Et la réplique lui vint en un grondement, une colère sourde qui enflait, enflait encore dans sa poitrine, menaçant d’exploser à tout moment.

« La salope. »

Ce n’était encore qu’un murmure, mais il promettait déjà des retrouvailles sanglantes. Les mains de Regan se crispèrent. La pute ! Elle s’était barrée, l’avait abandonnée seule, avec son père et ses déplacements constants et ses missions, ses absences interminables, cette solitude asphyxiante qui avait caractérisé une grosse partie de son enfance ! C’était une chose, qu’elle ait eu la lâcheté de partir sans sa fille. C’en était une autre d’avoir eu un autre enfant, de l’avoir élevée sans jamais se soucier de l’autre.

« La putain de salope. »

Cette fois, le murmure se mua en en feulement acide. Sa main se serra en un poing. La colère flambait, maintenant, bien haut. Et elle regarda aux alentours, furieuse, à la recherche du visage honni. Pour lui écraser son poing dans sa tronche.

Puis le doute s’immisça, logique.
La photo, ça voulait rien dire. Si ça se trouve, c’était un coup monté. D’anciens employeurs contrariés, des rivaux, n’importe qui pouvait se situer dans San Francisco et s’amuser à manipuler Regan. Elle desserra le poing. Fronça les sourcils, suspicieuse. Mais elle ne fit pas la bêtise de l’accuser directement de lui raconter un bobard exquis. Non. Elle se fit plus retorse, testant plutôt les talents d’actrice de cette fameuse Judith. Mais néanmoins, le souffle de la vérité planait toujours dans la rue ensoleillée, et Regan frissonna malgré elle.

« Et qu’est-ce tu veux de moi, au juste ? »

La colère était toujours là. Elle avait quel âge, déjà, la gamine ? Sûrement était-elle née pas longtemps après le départ de Min Ahn (oh la fieffée salope) en admettant que toute cette histoire était vraie. Elle la contempla de haut en bas, la toisa même : vu la façon de se vêtir, elle n’était pas tellement dans le besoin. Pourquoi aurait-elle besoin de Regan ? Elle n’était certainement pas une grande sœur. Pas du tout même. Elle en avait flingué pour moins que ça, en fait.

Regan s’accouda à la table, se pencha une fois de plus vers Judith, son meilleur air de femme d’affaires sur ses traits. Le coup de bluff, l’intimidation, c’était des manœuvres qui lui étaient parfaitement familières. Mais surtout, elle scrutait Judith, à la recherche de ressemblances, de tics, ou de signes qui la trahiraient. Bien sûr, qu’elle demanderait des preuves. Mais chaque chose en son temps.

Judith n’avait pas intérêt à se foutre de sa gueule.
Elle le regretterait.
Énormément.
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Judith Allen

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Judith Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Jeu 16 Avr - 1:02

Regan pouvait penser ce qu’elle voulait de Min Ahn, ce n’était pas Judith qui allait la contredire. Depuis qu’elle avait découvert qu’elle avait une sœur, elle n’arrivait pas à comprendre comment sa mère avait pu l’abandonner. Si elle la pensait incapable d’une chose, c’était bien d’abandonner son propre enfant. Elle, qui était si aimante, si protectrice, si altruiste – tout ce que Judith méprisait aujourd’hui au final. Certes, Min Ahn avait envoyé des lettres, mais la plupart lui avaient été retournées. Elle n’avait rien fait pour la retrouver, pour arranger une rencontre. Avait-elle eu peur de Cameron Allen ? Peut être. Judith avait été tentée un instant d’ouvrir les lettres adressées à Regan pour y trouver plus d’explication mais elle s’était arrêtée à temps. Tout ce qu’elle savait, la seule explication que Min Ahn avait laissé à Judith, c’était qu’elle ne supportait plus la vie mariée à Cameron Allen et qu’elle avait voulu lui offrir un autre avenir, une autre vie. Dans l’histoire, elle avait surtout pensé à elle d’abord : Judith avait beaucoup souffert du manque d’argent et de l’absence d’un père. Elle la détestait pour lui avoir menti, et n’eut aucune objection quand elle entendit la seconde insulte. Elle l’avait elle-même pensé et dans un sens, elle était ravie de voir qu’enfin, quelqu’un partageait plus ou moins son avis – elle ne comptait plus le nombre de fois où ses proches lui disaient qu’elle exagérait, qu’elle n’était pas assez reconnaissante. Regan détestait-elle autant Min Ahn que Judith ? C’était encore à voir. Regan avait beaucoup plus de raisons qu’elle de la détester. Serait-ce un soulagement quand elle apprendrait qu’elle ne la reverrait jamais ? Ou serait-elle déçue de ne pas pouvoir lui dire en face ce qu’elle pensait ? Judith ne saurait pas le dire, elle ne la connaissait pas assez.

Ce qu’elle voulait ? La question perturba un instant Judith : elle s’était plutôt attendue à ce qu’elle lui demande des preuves avant, elle s’était préparée mentalement à tout lui expliquer et voilà qu’elle la coupait dans son élan. Le véritable problème, c’était que Jude ne savait pas ce qu’elle voulait exactement. Elle était partagée entre plusieurs envies et plusieurs visions de la situation. Entre son rêve et la réalité. Et puis, Regan était la seule se trouvant à San Francisco dans l’immédiat. Elle ne pourrait pas tout de suite contacter leur père et devrait patienter encore. Si elle avait tant hésité avant d’aller voir la jeune femme, c’était aussi à cause de ça : elle aurait voulu affronter cette situation une seule et unique fois. Elle aurait voulu leur parler à tous les deux, en même temps. Bon, les réunir aurait été sans doute un exploit, comme les trouver tous les deux en mêmes temps au même moment, mais elle aurait préféré cette autre situation. Là, elle devrait sûrement recommencer un nouvel interrogatoire dans quelques mois, dès que la quarantaine serait levée. Et ce n’était pas dit qu’elle aurait le soutien de Regan.

Judith prit le temps de réfléchir, le regard perdu dans le vide un instant. Elle ne voulait pas se montrer opportuniste, mais il fallait bien qu’elle soit claire sur ses intentions aussi. Elle préférait être franche avec Regan, qui semblait avec un fort caractère et être ce genre de personne qu'on ne devrait pas provoquer. Il fallait avouer qu’elle était assez intimidante et Judith n’avait pas l’habitude qu’on l’observe de cette façon – c’était plutôt l’inverse, en temps normal. Heureusement, sa détermination était là pour l’aider à ne pas se décourager : il lui en faudrait beaucoup plus.

« Je veux connaître l’environnement dans lequel j’aurai pu grandir. Dans quelles conditions et avec qui. Je veux te connaître toi, et notre père. Mais ça, ça dépendra de vous deux.»

Jude esquissa un demi-sourire, comme si elle voulait détendre un peu l’atmosphère trop sérieuse, un brin pesante. Elle restait lucide : elle pouvait poser toutes les questions qu’elle voulait, elle savait qu’elle n’obtiendrait pas forcément les réponses. Elle faisait son possible pour garder sa carapace, celle qu’elle s’était forgée au fil du temps. Elle s’interdit de trouver une quelconque ressemblance entre Regan et Min Ahn ou entre Regan et elle. Qu’est ce qui lui disait qu’elle la croyait vraiment, d’abord ? Elle ne semblait pas naïve ni stupide. Il était encore temps pour elle de menacer Judith de ne plus s’approcher d’elle à l’avenir et de l’oublier complètement. Jude attendait donc les autres questions, en espérant qu’il y en aurait.
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Regan Allen

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Regan Allen
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Ven 17 Avr - 13:43

Regan l’avait deviné : Judith ne savait même pas ce qu’elle fichait là.

Là, elle avait hésité. À quoi c’était-elle attendu ? Un câlin ? Regan riait intérieurement. Parce que son premier réflexe, franchement, c’était d’en rire, de détester l’enfant préféré de Min Ahn ; elle voyait en Judith le reflet de sa mère, les signaux de l’abandon, elle l’imaginait choyée, adorée, dorlotée. Elle se figurait un cocon familial fictif, difficile mais soudé. Les nuits froides étaient alors accompagnées d’un sentiment de sécurité, tandis que pour Regan, elles n’avaient été qu’amère solitude.

Bien sûr, Cameron Allen n’était pas un monstre.
Il avait essayé, de passer du temps avec sa fille, il avait tenté de lui prodiguer des soins, lorsqu’il était présent. Il lui avait offert des cadeaux, s’était intéressé à elle, essayait de suivre son évolution… Mais une gamine sans mère, une gamine trimballée de base militaire en base militaire, une gamine sans famille, et une vulgaire nounou qui changeait de temps à autres – ces dernières avaient été les cibles de ses premières méchancetés, arnaques, manipulations et autres stratagèmes odieux – c’était indéniablement une sale gosse, qui virait mesquine, qui virait mauvaise, qui tournait mal et qui haïssait sa famille. Aha, l’environnement dans lequel elle aurait grandi ? Une maison de poupée glaciale, vide, abandonnée, la solitude lancinante, qui donnait envie de se faire sauter la cervelle quand on n’était qu’une ado étouffée par les hormones.

Alors, Judith, au premier abord, même du haut de ses vingt-huit ans, même après toutes ces années à frôler la mort, même après avoir oublié ses parents, Judith, elle la détestait. Cela prenait la forme d’un mépris aigre, d’un poing qui pesait dans son estomac, d’une tension dans les épaules, d’un éclat mauvais dans ses prunelles.

Après tout, Regan ne pouvait pas se permettre d’aimer ou de s’attacher. Elle l’avait fait qu’une fois, et, franchement, elle se passerait bien des mièvreries que cela impliquait.

Écartant soigneusement James de ses pensées houleuse, repoussant la vague nauséeuse qui s’écrasait sur les rives de sa conscience, elle dissimula le tumulte derrière une façade glaciale ; une digue de béton qui ignorait les intempéries de sa vie. Judith voulait des réponses ? songea-t-elle en arquant un sourcil sarcastique. Soit, elle en avait une. Dans un geste brusque et assuré, Regan plongea la main dans son sac et en retira son arme, qu’elle posa, à plat, sur la table, entre elle et Judith. Puis, avec une nonchalance perfide, elle s’accouda, désigna le Glock de ses mains liées. Un sourire fielleux dansait sur ses lèvres, alors qu’elle s’expliquait :

« Là. C’est tout ce qu’il y à savoir sur moi. Je suis une mercenaire. J’ai envoyé chier Cameron. Et je flingue des gens pour de la thune. Satisfaite ? »

Ou façon bien plus subtile de lui faire comprendre qu’elle n’était pas une grande sœur, il n’y avait pas la moindre once de fibre familiale en elle, juste cette colère dirigée contre le monde entier, et une existence simple, boostée à l’adrénaline, à l’endorphine, ce besoin de danger, cette folie qui caractérisait les gens de son espèce. L’air de rien, aussi brute et violente pouvait-elle paraître, c’était la vérité. L’authentique Regan Allen, mauvaise, sèche, dangereuse et violente, se tenait là, devant sa nouvellement découverte petite sœur, à exposer sa beauté sulfureuse, son cœur glacé et son tempérament de feu.

Puis il avait toujours les braises de la fureur, là, qui couvaient dans son don aride et dans la lueur ardente de son regard. Sans détacher ses yeux de Judith, Regan reprit la parole :

« Où est-elle ? »

Pas besoin de se perdre en mots futiles : si Judith n’était pas capable de suivre le fil de ses pensées, c’était qu’elle n’était pas très maligne, auquel cas Regan voulait encore moins avoir affaire à elle. Bien évidemment, elle parlait de Min Ahn Allen – ou peu importe le nom qu’elle avait désormais, c’était elle mise à faire le tapin, depuis ? Auquel cas, elle devait bien avoir un nom de scène finissant un –ie, à l’échelle de la vulgarité pernicieuse et basse qu’elle lui inspirait en pensée – cette génitrice qui l’avait salement abandonnée. Puis elle lui demanderait confirmation sur les dires et prétentions infantiles de Judith.

Et la curiosité de Regan n’avait rien d’innocent, elle voulait savoir, peut-être dans l’optique de la confronter, de lui cracher tout son venin à la figure, peut-être même de l’étrangler de ses propres mains. Oh, elle pourrait toujours prétexter que c’était une mutante, non ?

Elle saurait maquiller son méfait, oui.
Tant qu’elle pouvait mettre un terme à son différend avec cette sale pute.
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Judith Allen

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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Ven 17 Avr - 20:44

Non Judith ne s’attendait pas à ce que Regan lui saute dans les bras et s’extasie sur le fait de découvrir qu’elle avait une petite sœur. Elle n’aimait pas ce genre d’élan d’affection de toute façon. Par contre, elle s’était attendue à moins d’animosité de la part de la jeune femme. Elle ne savait pas dire si c’était la méfiance qui la rendait comme ça, ou si c’était juste naturel chez elle. Elle pouvait tout à fait admettre que la situation était particulière, mais Judith n’y pouvait rien : la seule fautive était leur mère. Elle aurait dû mal à comprendre que Regan lui en voudrait pour le simple fait d’exister, estimant qu’elle avait eu une enfance misérable et relativement triste, de son point de vue. Regan semblait pleine de surprises –  de déception ? -, et ce n’était visiblement pas fini.

Judith suivit ses gestes quand elle plongea sa main dans son sac. Elle pensait que sa sœur allait sortir une photo ou un quelconque objet appartenant à leur père, quelque chose de symbolique. Curieuse, elle se redressa même. Et ce n’est pas la déception qui passa sur son visage, mais plutôt la surprise. Ok, qu’est-ce qu’elle faisait avec un flingue planqué dans son sac à main ? Ce n’était pas tout à fait normal, ça.

« Oh. »

Judith avait ouvert la bouche en grand et cligna les yeux à plusieurs reprises, pour essayer de saisir ce qu’il se passait. Regan pétait un câble ou était-ce habituel chez elle de sortir son arme en pleine rue, comme ça ? Elle essaya de reprendre ses esprits rapidement, ne voulant pas que Regan pense qu’elle soit choquée pour si peu – en fait si, mais elle refusait qu’elle la voie comme une gamine faible et impressionnable. Pas alors qu’elle semblait être tout le contraire, question de fierté.

Judith eut l’explication immédiatement. Quand elle avait enquêté sur Regan, elle n’avait pas réussi à comprendre ce qu’elle faisait comme métier : les renseignements de son ami avait été vagues, trop vagues. Mais qu’elle soit médecin ou serveuse, ce n’était pas le plus important : tant qu’elle l’acceptait, ou au moins qu’elle acceptait l’idée d’avoir une sœur, tout lui allait. Pour la première fois de sa vie, Judith était prête à faire des compromis, et ce n’était pas quelque chose de simple pour elle. Comme de trouver une réponse à ce genre de démonstration.

« Je m’attendais pas à tant. C’est pas commun, tu me diras. »

Non, c’était le cas de le dire. Regan était peut être une personne peu fréquentable, mais Judith n’était pas mieux dans son genre non plus. Certes, elle ne tuait pas des gens pour le fric. Elle préférait des moyens plus légaux pour arriver à ses fins, mais pas forcément politiquement correct. Jude fit son possible pour ne pas rester focalisée sur cette arme, et rebondir. Elle n’était pas sûre qu’il s’agisse du genre de réponse qu’attendait Regan mais c’était un peu mieux qu’un insolent « parfaitement ». Elle se retint d'ailleurs de préciser qu’elle pourrait dorénavant se vanter d’avoir une grande sœur tueuse à gages : ce serait peut être de trop.

Le seul point qui lui posa réellement problème dans l’histoire, c’est l’évocation de leur père. Regan avait-elle coupé les ponts ? Pourquoi ? Cameron Allen était-il un mauvais père ? Donnait-elle raison à Min Ahn ? Rencontrer Regan était une chose : Judith avait quelques espoirs, mais pas autant qu’avec son père. Elle l’avait idéalisé alors qu’elle le croyait mort et l’image persistait encore, malgré elle. S’il s’avérait être un véritable salaud, Judith aurait plus de mal à l’encaisser qu’être rejetée par sa sœur.

Regan lui posa une nouvelle question. Une attendue par Judith cette fois : c’était plutôt logique qu’elle demande où se trouvait leur mère. Elle s’imaginait certainement que Min Ahn avait envoyé Jude pour l’amadouer. C’est ce que Judith penserait, en tout cas. Elle lui répondit alors presque aussitôt, sachant parfaitement de qui elle voulait parler.

« A Alcatraz, je suppose. »

Judith haussa les épaules. Son ton détaché était sincère : elle se fichait complètement du sort de Min Ahn. Elle avait tiré un trait sur elle quand elle lui avait appris la vérité. Elle ne pouvait pas lui pardonner d’avoir menti sur son père, en lui disant qu’il était mort. Elle ne voulait pas comprendre les raisons qui avait conduit sa mère à ce mensonge parce qu’elle ne l’acceptait pas. Min Ahn avait dû se rendre compte que Judith avait souffert de l’absence d’un père – peut être était-ce pour ça qu’elle avait toujours cherché quelqu’un pour le remplacer -, alors Jude estimait qu’elle n’avait pas à se cacher derrière son envie de la préserver, de la protéger pour excuser son mensonge. Ce n’était pas des arguments recevables.

Inutile d’en rajouter d’avantage, Regan comprendrait sûrement où elle voulait en venir – et ça amusait un peu Judith de rentrer dans ce jeu là. Leur mère était une mutante et elles n’entendraient sûrement plus jamais parler d’elle. Regan serait-elle déçue, ou soulagée ? Peut être que ça l’apaiserait de connaître son triste sort.
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Sam 18 Avr - 14:36

Quelle déception…
La gamine n’avait pas l’air super impressionnable, en fin de compte. En toute franchise, Regan s’était davantage attendue à une expression horrifiée plutôt que de la simple surprise. « Ce n’était pas commun » ? N’avait-elle rien de mieux en stock ? En plus, c’était de plus en plus fréquent, ce genre de choses. Bright Town ou non, San Francisco était en zone de guerre. Savait-elle seulement se défendre ? Impassible, Regan pencha la tête sur le côté, détaillant un peu plus sa prétendue sœur. Quelques rondeurs encore juvéniles au niveau du visage. Plutôt petite. Difficile de voir si elle avait une musculature singulière avec les vêtements qu’elle portait, mais à son maintien, la mercenaire déduisit que la jeune femme n’était pas une grande sportive. Allons, elle allait peut-être à la salle de sport, mais pour le reste ? Savait-elle user de l’arme qui se trouvait sur la table ? Elle imaginait que non. Bien sûr Regan pouvait se planter sur toute la ligne, mais elle ne trouvait pas chez Judith l’assurance placide de ceux qui savaient y faire. A la place, il n’y avait que l’attitude bravache et capricieuse d’un enfant qui voudrait qu’on le prenne au sérieux.

Alcatraz ?
Ni déception, ni soulagement. C’était juste diablement arrangeant !
La colère ombrageuse de Regan se para d’une satisfaction perfide. Alors c’était une mutante… Peut-être pourrait-elle aller lui rendre visite, si elle demandait gentiment à Trisha ? Un petit tour dans sa cellule, pour la voir prostrée, asphyxiée au Neo Serum… Un sourire cruel flotta brièvement sur les lèvres de Regan, tandis qu’elle marmonnait entre ses dents, plus pour elle-même que pour miss Allen numéro deux :

« Je m’arrangerai pour qu’elle n’ait pas de traitement de faveur, alors… »

Ce n’était pas comme si ça importait, de toute façon. Il y avait quelque chose d’inéluctable dans cette situation, et Regan s’en confortait. Pas de décision à prendre, pas de cas de conscience : sa mère était un misérable mutant, donc elle n’avait pas besoin de s’en charger. Son destin était déjà tout tracé. Tout ce que pouvait faire Regan, c’était s’assurer qu’elle aurait une forme de vengeance. Min Ahn l’avait abandonnée et elle l’abandonnait à son tour, la laissant croupir, lamentable et monstrueuse, dans son cachot, son usine à éprouvettes. Au moins, là-bas, il ne lui prendrait pas l’idée de pondre un autre gosse. Elle ne serait que faire d’un troisième enfant, il n’y avait pas de troisième voix, à mi-chemin entre l’abandon et le pourri-gatage !

Peut-être lui ferait-elle passer un pernicieux message. Elle avait déjà une petite idée des scientifiques à exploiter pour cette tâche. Et puis, elle en profiterait aussi pour demander confirmation. Il était temps, désormais, de mettre Judith à l’épreuve – non, tout ce cinéma ne visait pas à la tester, ce n’étaient que des présentations d’usages – et voir un peu s’il s’agissait bien de la gosse de Min Ahn. Merde alors ! Elle avait même gardé le nom d’Allen. Elle était vraiment gonflée, cette salope.

Et en parlant d’être gonflée…

« Qu’est-ce qui me prouve que t’es vraiment la gamine de l’autre conne ? J’ai l’impression que tu ne sais même pas que ton paternel est un Navy SEAL. »

C’était sûr que, si Judith avait su que leur père était un militaire chevronné de la Marine, elle ne se serait pas autant étonnée de la voir un flingue sur la table. Elle le voulait, Cameron ? Elle cherchait un nouveau parent pour la dorloter ? Quelle surprise elle aurait ! La bonne blague. Mais Regan lui donnerait volontiers l’adresse de cet imbécile, qu’elle aille le rejoindre, et elle serait débarrassée. Une pierre deux coups. De quoi remplacer la fille ingrate qu’elle avait été pour l’un, et le daron recherchée par l’autre.

Regan guettait la réponse de Judith avec un air de félin malveillant, prête à tendre une griffe mesquine pour blesser, tester les limites de sa proie. Elle attendait ce moment où elle se plaindrait de son existence misérable, ou de sa mère, ou encore de l’absence d’un père. Oh, mieux encore, elle pourrait peut-être se risquer à lui raconter sa vie, ses études, le fait qu’elle soit obligée de travailler en même temps que d’étudier ? Vendait-elle son corps, tant qu’à faire ? Hé, on disait bien telle mère, telle fille…

Finalement, la mercenaire était animée par une curiosité mauvaise et aigre, comme si les malheurs superficiels de Judith pourraient, en quelque sorte, la venger de Min Ahn, comme si leurs existences étaient si étroitement liées qu’elles ne formaient plus qu’un seul individu. Comme si Judith était tout autant responsable du départ de leur génitrice que Min Ahn elle-même.

Bah ouais, morveuse.
T’avais pas qu’à naître.
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Judith Allen

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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Sam 18 Avr - 17:38

Judith entendit à moitié ce que disait Regan. Elle se demanda si elle avait vraiment le pouvoir d’intervenir sur les conditions de vie des mutants à Alcatraz, avant de se rappeler qu’elle travaillait pour la Neo Corp. En tant que mercenaire, avait-elle accès à la prison ? Jude se demandait si elle irait voir Min Ahn : si elle en avait le droit, c’était envisageable. Peut être qu’elle aurait besoin de lui demander des explications ? Judith essaya de s’imaginer dans la situation de Regan : comment aurait-elle fini si c’était elle l’enfant abandonné ? C’était assez difficile pour elle de s’imaginer dans la peau d’une autre, mais elle se disait qu’elle en voudrait encore plus à sa mère. Alors, Regan pouvait faire ce qu’elle voulait : Judith ne voulait plus entendre parler de sa mère. Elle aurait sûrement des regrets, mais pas dans l’immédiat. Elle se fichait du traitement qu’elle pouvait subir ou même de la revoir un jour. Si Regan pouvait avoir de ses nouvelles, elle ne lui demanderait rien : Judith ne voulait rien savoir. De toute façon, elle ignorait volontiers ces histoires de mutations. Elle n’était pas concernée, ce n’était pas son problème.

Enfin, Regan aborda le sujet que Judith attendait : des preuves de ce qu’elle disait. Encore une fois, Judith ne fit pas attention à la façon dont sa sœur parlait de leur mère. Par contre, elle trouva qu’il fallait avoir un sérieux problème de vue pour ne pas remarquer la flagrante ressemblance entre Min Ahn et elle. C’était quelque chose qu’elle détestait, parce qu’elle ne voulait pas être comparée à sa mère, mais il n’y avait pas beaucoup de différences entre la jeune personne qui se trouvait sur la photo, encore posée sur la table, et Judith. Elle partait du principe que ça, c’était déjà une preuve suffisante. Pour la suite, c’était encore un peu plus délicat, parce que Judith avait quand même un doute sur l’identité de son père : rien ne disait que Min Ahn n’avait pas encore menti et avait trompé Cameron. Cela ne faisait pas parti des principes de sa mère, elle le savait, mais quand même.

Judith préféra jouer la franchise, avouant ses lacunes, en espérant que ce soit payant.

« C’est vrai, je ne sais pas grand chose. Il y a deux mois, j’étais encore persuadée que mon père était mort, parce que c’est ce que m’avait toujours raconté notre chère mère. »

Elle finit sa phrase sur un ton plus dédaigneux qu’elle ne l’aurait voulu. Quand elle évoquait Min Ahn à haute voix, elle ne pouvait pas rester neutre. Elle se voyait encore, petite, regarder ces camarades de classe rentrer de l’école avec leurs pères tandis qu’elle devait se faire à l’idée que ça ne lui arriverait pas. Elle ne comprendrait jamais ce qu’il s’était passé dans la tête de Min Ahn le jour où elle avait décidé de lui mentir. Etait-ce une manière pour elle de tirer un trait définitivement sur Cameron Allen ? Elle n’avait visiblement pas pensé aux conséquences sur sa fille. Et si cette histoire à San Francisco n’avait jamais eu lieu, Judith aurait-elle su un jour que son père était en vie ? Min Ahn aurait-elle eu le courage de lui avouer ? Jude n’en était pas certaine. Si elle n’avait pas déclaré une mutation, elle ne serait pas encore au courant de tout ça, elle ne serait pas en face de Regan en ce moment. Alors, elle se réjouissait que ce soit arrivé parce que maintenant, elle connaissait la vérité.

« Elle m’a tout avoué quand elle s’est faite arrêtée. Et j’ai pu vérifier tout ça en fouillant dans ses affaires. »

Judith avait immédiatement cru sa mère, néanmoins, quand elle était passée aux aveux. Même si ça paraissait gros, elle n’aurait eu aucune raison d’inventer ça alors qu’on l’emmenait de force. Jude eut toutes les preuves après coup, dont une lettre qui lui était adressée mais qui n’existait plus : raison pour laquelle elle oublia volontairement de le préciser.

« Là, tout de suite, je n’ai que cette photo pour te prouver ce que je dis. Mais j’ai des lettres pour toi chez moi, qu’elle avait envoyé y’a un moment. Je pense qu’elle doit t’expliquer tout ça. Et j’ai aussi divers papiers : le jugement du divorce qui l’accuse d’avoir abandonné son foyer, son dossier médical sur sa grossesse, des lettres venant de gens que je ne connais pas parlant de toi, de notre père, de moi, de la situation globale. Et, si tout ça ne te suffit pas, je suis prête à faire un test ADN, ça me dérange absolument pas. »

Elle était prête à tout pour que Regan la croit, parce qu’elle détestait passer pour une menteuse – quand elle avait raison, du moins. Ou alors, elle n’avait tout simplement pas envie que Regan pense qu’elle était une menteuse parce qu’elle était sa sœur et qu’elle était attachée à l’image qu’elle s’en faisait. Judith n’aimait pas ça, mais c’était plus fort qu’elle. Alors autant se cacher derrière des excuses.

« Mais, honnêtement, pourquoi je m’amuserais à te mentir sur ça ? J’ai autre chose à faire de ma vie que d’emmerder des inconnus avec des histoires aussi folles. »

Et elle avait plus d’ambition que de devenir une simple petite arnaqueuse. Judith continuait de penser qu’elle valait beaucoup plus que ça. Elle espérait être convaincante, suffisamment pour que Regan s'adoucisse un peu. L'espoir fait vivre, n'est ce pas ? Heureusement, Judith n'était pas le genre à abandonner au moindre obstacle une fois lancée. Elle avait, certes, longtemps hésité à l'approcher. Maintenant, elle souhaitait voir ce qui se cachait derrière ce visage froid, ses airs menaçants, en partant du principe qu'il s'agisse d'un simple masque, évidemment.
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Sam 18 Avr - 18:35

Judith pouvait employer tout le dédain qu’il lui seyait dans son ton perché, elle gardait une faiblesse certaine : elle osait qualifier à voix haute Min Ahn de « mère ». Regan n’en ferait pas tant. Elle conservait pour le personnage honni qu’un ramassis d’insultes peu élaborées, un venin stérile et pourtant libérateur. À ses yeux, elle ne méritait pas le glorieux qualificatif de « mère », même exprimé avec toute l’ironie acide du monde.

Au moins, Regan reconnu dans l’intonation de Judith une caractéristique qui unissait probablement les sœurs Allen : ce sarcasme suintant, une sorte de violence verbale qui s’employait avec aplomb. Pour cela, elle lui décerna un premier signe d’appréciation : le reflet de son propre dédain, une lueur éphémère et presqu’approbatrice qui scintilla dans son regard.

« Il est peut-être mort, hein. J’en sais foutrement rien », persifla-t-elle, sans rassurer Judith sur le sort de son père.

Cela faisait combien de temps, qu’elle l’avait pas vu ? Depuis sa sortie de prison, lui semblait-il. Ouais, ça faisait bien cinq ans qu’elle n’avait pas aperçu sa sale gueule. Parfois, Regan se demandait quel curieux mélange avait pu la rendre si jolie : franchement, Cameron n’avait pas tant de choses pour lui. Voilà un constat qui alimentait ses théories graveleuses : il n’était peut-être pas son père, après tout !

Regan se souvenait des lettres, de ces quelques plis qu’elle avait reçu, qu’elle avait fait réexpédier comme si elle n’habitait plus les lieux. Elle ne savait pas comment Min Ahn était parvenue à les retrouver aux fils des déménagements. Ces agaçantes enveloppes semblaient toujours trouver le chemin de sa boîte aux lettres. Elle avait ignoré ces courriers toutes sa vie, ce n’était pas pour les ouvrir vingt-deux ans plus tard. Elle repoussa toutes les propositions de Judith d’un revers de main, passablement emmerdée. Ce qu’elle pouvait être chiante, à causer, celle-là… Genre, elle n’avait pas préparé une preuve toute simple ?

« Je connais pas ta vie, donc tu perds ton temps comme tu veux je m’en fous. »

Mine de rien, Regan préférait tout de même savoir, et finalement, la perspective d’un test ADN ne lui semblait pas si farfelue. Elle devait assurer ses arrières si jamais un juge un peu trop véhément décidait de lui coller la gamine dans les pattes, lui faire verses une pension, ou encore, rafler son héritage. Ouais, le meilleur moyen d’esquiver ces foutues complications, c’était encore de se débrouiller pour connaître la vérité.

La Neo Corp. testait ses employés et avaient déjà tout un tas de données sur Regan. Elle-même n’avait pas besoin de se déplacer pour faire le test. Alors, il suffisait juste que Judith bouge son cul, elle qui avait tant envie d’avoir une grande sœur.

Regan griffonna une adresse et tendit le papier à Judith.

« Tu iras à cette adresse, ils t’enverront les résultats par courrier. Et quel que soit le résultat, je ne suis pas intéressée, okay ? »

Elle recevrait les mêmes résultats, apprendrait ce qu’il en était vraiment… Et après ? Oh, après, si cela s’avérait être un mensonge, elle ferait en sorte que la petite peste ne s’en sorte pas à si bon compte. Et si c’était la vérité ? Regan ignorait ce que cela impliquait, d’avoir une famille : elle envoyait tout le monde se faire foutre, alliés comme ennemis. Alors, une gamine dans ses pattes ? Très peu pour elle. Et la gamine en question n’y gagnerait rien non plus. L’affaire se tasserait sûrement, écartée par un vent d’indifférence. Judith se ferait une raison.

« Enfin, ça, c’est si t’as pas peur d’être diagnostiquée comme étant contaminée… », acheva-t-elle avec méchanceté en rechaussant ses lunettes de soleil.

Son arme retrouva la sécurité toute relative de son sac à main.
Elle porta son café à ses lèvres, visiblement assurée que la conversation était terminée. Elle l’était, non ? Judith avait ce qu’elle voulait : elle savait qui était sa sœur. Si c’était une arnaque, alors elle avait aussi le fin mot : tant que le test n’était pas réalisé, il n’y avait aucune raison de converser davantage. Judith avait appris le peu qu’il y avait à savoir sur Regan (une pétasse sans cœur) et sur son père (un enfoiré qui avait consacré toute sa vie à sa carrière), et il n’y avait guère d’explications à rajouter. Le tout se déduisait assez aisément, les grandes lignes s’esquissaient sans grandes difficultés pour quiconque avait un cerveau.

Un coup d’œil derrière la protection de ses lunettes : oui, finalement, Judith avait peut-être deux brins de jugeote, elle se contenterait de déduite. Du moins, Regan l’espérait.
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Sam 18 Avr - 22:47

Cameron Allen pouvait-il être mort ? Judith fronça les sourcils : elle n’avait pas pensé à cette option, en fait. Mais quand elle s’était renseignée sur lui et Regan, par le biais du frère d’un ami, il n’en avait pas été question. D’après ces informations, il se trouvait juste en dehors de la ville, donc pas contactable contrairement à Regan. Judith balaya alors ses doutes : s’il était mort, elle l’aurait su normalement. A moins qu’il soit décédé après le début de la quarantaine. Ce serait vraiment un manque de chance, signe d’une quelconque malédiction. Sauf que Jude était quelqu’un de terre à terre et ne croyait pas en tout ça. Les faits étaient là : rien n’indiquait que Cameron soit décédé, aux dernières nouvelles.

Regan n’était vraiment pas coopérative, dans cette histoire. Judith s’en rendait compte au fur et à mesure de la discussion. Rien de ce qu’elle lui avait dit ne semblait pas la captiver et elle ne se gêna pas pour lui faire comprendre, à sa manière. Les preuves qu’elle voulait lui montrer lui importaient peu, visiblement. Et Judith crut un instant qu’elle refusait même l’idée d’un test ADN. Avait-elle donc peur de la vérité ? Il était plus facile de rester dans le doute, parce qu’il y avait toujours un doute, justement. Aussi, Judith fut surprise lorsqu’elle lui écrivit une adresse sur un bout de papier. Regan cachait bien sa curiosité, en fait, et Jude eut l’impression d’avoir une petite victoire : elle avait bien dû faire mouche, quelque part. Elle acquiesça machinalement la tête alors que sa soeur lui expliquait la marche à suivre, sans oublier de préciser que le résultat ne changerait rien : elle n’était pas intéressée. Judith l’avait plus ou moins compris mais là, elle ne pouvait plus l’ignorer. Regan était peut être quelqu’un de solitaire, sans attaches. C’était décevant, mais Jude donnait le change. Elle essayait de ne pas changer d’attitude, d’afficher cette même détermination à lui révéler la partie cachée de sa famille. Elle ferait quand même vérifier l’adresse, histoire de s’assurer qu’elle ne l’attire pas dans un laboratoire miteux, sait-on jamais.

Alors que Judith rangeait le papier dans son sac, prenant soin de le laisser à une place visible bien qu’elle n’était pas prête de l’oublier, Regan continua de parler et Judith crut l’espace d’un instant qu’elle espérait qu’elle ait une mutation, elle aussi, pour ne plus devoir avoir à faire à elle. Raté.  

« Ça risque pas. J’ai déjà passé ces tests. » lança-t-elle, sur un ton presque moqueur.

Peut être qu’ils n’avaient pas été aussi poussés que ceux qu’elle finirait par passer d’ici quelques jours, mais elle n’avait pas réagi au Neo Serum lorsque les Peacekeepers l’avaient utilisé sur leur mère, et les tests passés quand ils l’avaient emmenés en même temps s’étaient révélés négatifs. Ils avaient dû penser que la fille avait pu être contaminée en même temps que la mère, et que sa mutation était endormie. « Pure précaution », lui avait sorti le Peacekeeper qui s’était occupé d’elle jusqu’à la station. Au final, Judith était saine, et c’était parfait ainsi : elle ne pouvait que s’en réjouir, elle qui méprisait tant les mutations. Pas de chance pour Regan, sa petite sœur allait sûrement encore lui traîner dans les pattes.

Seulement pour l’heure, Judith n’était pas sûre d’arriver à tirer quoique ce soit de Regan : celle-ci avait même remis ses lunettes de soleil en place, et Jude ne pouvait même plus sonder son regard. Elle pourrait encore encaisser ses sarcasmes et y répondre gentiment, mais n’était pas capable de le faire indéfiniment – c’était pas son truc, l’amabilité. Même si elle avait envie de rester encore avec elle pour essayer d’en savoir plus, elle détestait l’idée d’avoir l’étiquette d’une petite sœur collante. En tout cas, elle pourrait dire à tous les gens qui se plaignaient de son caractère qu’il y avait sûrement pire qu’elle : elle passait pour un chaton tout mignon à côté d’elle.

Elle rangea la photo posée sur la table, n’étant pas sûre qu’elle intéresse Regan – et c’était la seule de son père donc quelque part, elle y tenait. Elle observa quelques secondes sa sœur, se demandant si elle la reverrait, si le résultat ADN serait un électrochoc pour elle, ou si rien ne changerait. Elle était partie du principe qu’elle la laisserait venir, après, mais quelque chose lui disait que si elle ne s’imposait pas un peu, Regan resterait sur ses positions.

« Je ne te fais pas perdre plus de temps. »

Judith finit par se lever, prête à partir, mais elle marqua une hésitation. Elle n’était plus à ça près, de toute façon et elle avait envie de clarifier un point, même si ses mots ne valaient peut être rien aux yeux de Regan.

« Au fait. J’ai rien à voir avec notre mère, je préfère le préciser. Et c’est bien que ce soit pas ton cas non plus. »

Elle n’était pas lâche – ou pas complètement -, elle n’était pas naïve et avait de l’ambition. Elle ne partageait que le nom, et le physique à la limite. La comparaison s’arrêtait là et Judith détestait qu’on la pousse plus loin. Quand elle avait appris qu’elle avait une sœur, elle avait craint de retrouver une deuxième Min Ahn : ces quelques minutes lui avaient prouvé que ce n’était pas du tout le cas.

Judith n’attendit pas de réaction de la part de Regan, ne jugeant pas ça nécessaire. Elle décida de la libérer, rebroussant chemin. Elle repassa devant la même vitrine sans se regarder cette fois. Elle ne voulait pas se retourner : elle avait des tas de questions à poser à Regan sur son enfance, sur leur père, sur tout et n’importe quoi. Seulement, elle devait au moins lui accorder un temps pour digérer la nouvelle. Il lui avait fallu ce même temps avant de se lancer dans les recherches sur son père et sa sœur. La curiosité l’avait emporté et ce nouveau sentiment de solitude avait gagné trop de terrain pour qu’elle ne se lance pas dans ces recherches. Cette rencontre ne fut pas des meilleures, mais Judith attendrait. Elle attendrait le résultat du test, déjà, qu’elle essaierait de passer au plus vite. Et après, elle aviserait à nouveau.
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Message Sujet: Re: What do you want from me? [Terminé] | Dim 19 Avr - 10:25

Elle n’avait rien à voir avec sa mère, hein ?
Un sourire compatissant et mielleux, cette fois, éclaira le visage de Regan, sans qu’elle ne daigne pour autant lui adresser la parole en retour. Elle n’était peut-être pas semblable à Min Ahn, mais elle demeurait le fruit de sa connerie. Regan, elle, se considérait un peu plus épargnée : au fil des années, elle était parvenue à se convaincre que, malgré tout, sa génitrice lui avait rendu service en se barrant sans elle. Au moins, elle n’avait pas tourné comme elle ; son enfance solitaire lui avait forgé un caractère d’acier, la peste s’était muée en femme odieuse, indépendante et pleine de fiel.

Oui, là était l’ironie : si Judith avait été élevée par Min Ahn seule, alors c’était elle qui avait en grande partie modelé sa personne, qui lui avait murmuré ses défauts pour qu’ils s’épanouissent. Restait à savoir à quel point Min Ahn avait merdé cette fois. De toute évidence, même si c’était plutôt bien dissimulé, Judith avait le charme d’une petite peste contrôlé. On la devinait mesquine, capricieuse. Oui, c’était ça : elle avait l’aplomb d’une personne à qui on ne refusait rien. C’était donc ça ? Min Ahn l’avait-elle pourri-gâtée ?

Nouvelle vague de mépris, déferlante nauséeuse qui poussa Regan à abandonner son café.

Agacée, elle délaissa son siège ; de toute façon, l’après-midi avait avancé et, résultat, le soleil se cachait désormais derrière l’imposante tour de la Neo Corp., visible dans toute la ville. À l’ombre, on se rappelait alors qu’il ne s’agissait que du printemps ; froid, humide, l’air s’était finalement paré de parfums de solitude nouveaux, tandis que Judith avait disparu.

C’était nouveau, ça, cette impression d’avoir laissé passer une opportunité. Elle avait l’impression d’avoir refusé un contrat juteux. La même déception lancinante remuait ses entrailles. Il fallait qu’elle s’occupe, et vite. Et ce fut ainsi que, lettre d’affectation dans son sac, Regan Allen se dirigea d’un pas conquérant vers le Guarded Block.


TERMINÉ
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What do you want from me? [Terminé]

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