Que dire de plus ? Née en Irlande, dans la ville de Cork, Shura devint orpheline le jour de ses deux ans, ses parents tués par un chauffard ivre. La petite fut la seule à survivre, protégée par le corps de son père lors de l’accident.  Unique rescapée du choc. Elle fut immédiatement placée dans un orphelinat, mais son caractère d’enfant capricieux ne lui permit pas de trouver facilement une famille adoptive. Durant quatre longues années, personne ne voulut d’elle, ne l’accepta dans un foyer chaud. Durant quatre longues années, elle subit la sévérité et la droiture impitoyable de son institution, lui forgeant un caractère redoutable et insensible. Froide jusqu’au plus profond d’elle-même, la fillette ne permit plus à quiconque d’entrer dans son cœur et d’avoir la possibilité de la blesser. Son choix de ne plus rien ressentir était d’une logique enfantine, et pourtant, qui aurait pu croire qu’elle allait suivre sa résolution jusqu’au bout ?

Une famille américaine tomba malgré tout sous son charme. Adoptée en deux temps trois mouvements, sans se rendre bien compte de ce qui se passait réellement, Shura se retrouva habitante à San Francisco, en Californie. Le déménagement fut quelque peu déroutant mais ne ternit en rien sa décision prise à l’orphelinat. Elle grandit comme n’importe quelle fille adoptée ; sage, mais terriblement éloignée émotionnellement de ses parents. Ne ressentant rien, elle ne plaça en sa nouvelle famille aucune chance de réussite, préférant se noyer dans les études. Son enfance, plus aussi innocente et pure que pour un véritable bambin, fut bien courte, laissant rapidement place à une adolescence bien contestataire.

Refusant toute sentimentalité de la part de sa famille adoptive, Shura ne se rendit pas compte à quel point elle les blessait. Toujours aussi insensible, trop logiquement directe. Aucun lien de famille ni de cœur ne s’était tissé chez la jeune fille et ça ne pouvait que mal finir. Ses parents adoptifs refusèrent de la garder. Il s’agissait d’un cas rare, mais ils ne pouvaient faire autrement. Comment vivre avec quelqu’un qui ne ressent rien, tel un robot ou Siri ? Shura fut renvoyée dans un orphelinat, situé à San Francisco, à ses quinze ans. Et malgré tout ce qu’elle pouvait affirmer, Shu’ avait été blessée d’être ainsi rejetée par ceux qu’elle considérait comme étant sa famille.

Sa décision n’en fut que renforcée. Tout sentiment pouvant la trahir fut banni de son cœur et de son esprit. Pire encore, son besoin de tout savoir, de tout connaître la poussa à suivre des cours de psychologie afin de comprendre et d’anticiper les réactions des autres, à défaut de les ressentir. Telle un robot, sa raison méthodique lui permit de devancer tous ses problèmes et ses adversaires. A ce moment, Shura devint plus glaciale que la glace elle-même. Fuie par ses compagnons d’orphelinat, l’adolescente presque adulte subit une longue solitude durant ses dernières années d’institution. Sans compter la méchanceté gratuite dont faisaient preuve les autres orphelins - à laquelle Shura répliquait toujours par une logique si complexe que seuls des rires  y répondaient.

Le jour de ses dix-huit ans, la jeune adulte quitta l’orphelinat avec très peu d’argent en poche. Son esprit critique lui permit malgré tout d’acheter un minuscule studio et de se trouver un petit job au salaire proportionnel au travail fourni. Sachant le secteur très dur et cruel avec les nouveaux, elle décida de se démarquer de part une nouvelle couleur de cheveux, des piercings et des tatouages, ainsi qu’un style légèrement décalé. Elle ne s’autorisa pas à s’avouer que ce style lui plaisait, et se rendant compte que le risque de sentiment existait, elle s’entraîna de plus en plus à supprimer ses émotions ainsi que son esprit pratique quasi inhumain.

Jusqu'à la catastrophe.

Au début, rien ne changea pour Shura. Puis, de petites choses se bouleversèrent, des voisins disparurent, des convictions furent détruites. Les frontières furent fermées. Et une nouvelle population vit le jour.

Les Mutants. Shu’ ne voyait aucun mal à ce qu’ils vivent, du moment qu’ils ne gênent pas. D’un point de vue externe, certains pouvaient même se relever pratiques et efficaces dans plusieurs domaines. Mais la jeune femme se rendit rapidement compte que si les uns se cachaient de peur de représailles, les autres utilisaient leur don de façon particulière. De façon blessante. Au sens propre comme au sens figuré du terme. Qui aurait pu croire que de tels dons puissent être si dangereux ?

Shura en fut victime. Peu après la catastrophe, alors qu’elle ne faisait guère attention à ce qui se passait et marchait vers son petit chez-elle, un Mutant aux intentions funestes lui barra le chemin. En un battement de cils, la jeune femme se retrouva au sol, une douleur sourde dans le crâne, des points lumineux dans son champ de vision. Peinant à se relever, et se demandant pourquoi le Mutant ne réagissait pas suite à l’attaque - suite logique -, elle fit face à un homme grand et musclé, le visage dur. Debout, à quelques pas d’elle, et du Mutant appréhendé. Elle faisait alors face au Leader des Hunters. Auquel toute sa loyauté et son respect étaient acquis.

Shura prit une importante décision à ce jour. Décida de devenir Hunter elle aussi. Elle savait que ce leader, occupé à rechercher les Mutants, ne devaient certainement pas se souvenir d’elle, victime parmi d’autres. Mais tout ce qui lui importait, c’était de prouver sa fiabilité et sa droiture. Et contrairement aux autres qui pourraient avoir des remords, Shu’ n’était pas quelqu’un à regarder en arrière. Ses choix, mûrement réfléchis, sont tous justes. Et peu importe qui elle peut froisser.