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Little survival lesson [Terminé !]

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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Little survival lesson [Terminé !] | Jeu 14 Nov - 17:03

Eryn s’adossa à au mur du couloir avant de se laisser lentement glisser au sol, cherchant à ménager sa jambe par la même occasion. Elle avait échappé à Harper. Ou Harper l’avait laissée s’échapper. Quelle importance ? Comme la douleur cuisante de sa jambe continuait de lui rappeler, son ancien compagnon d’arme lui avait joyeusement amoché la gambette pour la retenir. Si elle n’avait pas réagi aussi vite, si elle ne l’avait pas connu aussi bien, elle n’aurait probablement plus de jambe en ce moment même. Et si elle ne trouvait pas un médecin rapidement, elle n’allait pas s’en sortir dans l’hiver glacial des rues de San Francisco.

Mais voilà, des médecins pas susceptibles de la balancer aux Peacekeepers ou à Carter, elle n’en connaissait pas. Pas questions non plus de se pointer chez sa frangine comme une fleur pour lui demander un coup de main, c’était la mettre en danger et l’inquiéter. La communauté mutante de Jake Caldwell avait été une option, mais hélas, elle ne pouvait pas espérer faire le tour de la Bright ou la traverser en temps suffisant. La décision avait été difficile à prendre, pourtant, elle n’avait pas hésité plus longtemps à se diriger vers le logement de la seule personne qui pouvait lui venir en aide. Elle avait difficilement trouvé le logement de Dawn – renseignement récupéré peu de temps après leur rencontre, histoire de lui trancher la gorge s’il osait mettre sa cadette en péril – que lui-même avait avoué inoccupé. Crocheter la serrure s’était avéré être plus difficile que de gravir les escaliers. Seulement alors, elle s’était laissée glisser au sol.

La pièce était glaciale.
Depuis combien de temps monsieur SWAT n’avait-il pas mis les pieds ici ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle soupira, ferma les yeux quelques minutes, se laissant le temps de récupérer. Pas question de se laisser aller pour autant ; si elle accordait à son corps un peu de repos, son esprit fonctionnait au mieux de ses capacités dans de telles conditions. D’abord, elle devait refaire un bandage sur sa blessure. Le sang continuait d’en suinter. Mais d’abord, elle devait trouver une radio de secours, Dawn devait bien être assez paranoïaque pour garder de l’équipement ici.

Nouveau soupir.
Une fouille peu méthodique – facile de comprendre un soldat – elle trouva assez rapidement l’objet de ses recherches. Canal 217-C. Pas question de se trahir pour autant ; et si quelqu’un d’autre écoutait ? Elle se contenta de taper sur le micro, pour communiquer le numéro de l’appartement en morse avant de couper immédiatement la communication. Elle recommencerait toutes douze minutes jusqu’à ce que ce petit malin comprît. En espérant que ce fût avant qu’elle se vidât de son sang.

Direction la salle de de bain, où elle vola une serviette éponge. Une fouille sommaire des placards ne lui donna pas la moindre indication d’une trousse de secours ; un étourdissement soudain la poussa à s’appuyer contre le mur alors qu’elle repartait en direction de la cuisine. Rassemblant son énergie, elle mit la serviette à bouillir dans la première gamelle qu’elle trouva avant de s’asseoir sur la table, faisant tout son possible pour rester éveillée. Sa montre sonna. Onze minutes s’étaient déjà écoulées. Elle perdait la notion du temps. Grimaçant, elle répéta son manège avec la radio, plus lentement, cette fois. Elle prit une profonde inspiration, continua à faire pression sur sa jambe avec le torchon qui traînait sur le plan de travail.

Désormais tranquillement à l’intérieur de l’appartement, aussi peu chauffé fût-il, elle ne bénéficiait plus de la glace pour anesthésier complètement sa jambe ; plus elle se réchauffait et plus la douleur s’intensifiait.

Pitié, Dawn, magne-toi.
Onze minutes.
Et Eryn ignorait si elle serait encore consciente la fois d’après.


Dernière édition par Eryn Blake le Sam 8 Mar - 15:21, édité 1 fois
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Ven 15 Nov - 1:05

Je replaçais avec précaution le levier d’armement dans son logement, puis le canon interne, terminant mon remontage avec une aisance toute nouvelle. Le SWAT venait d’être doté de nouvelles armes, en remplacement de nos G36, le SCAR. D’abord destiné aux Opérations Spéciales, on était en droit de se demander si le gouvernement ne voulait pas faire passer un message, comme « exterminez les tous… » Notre équipement ressemblait de plus en plus à celui de militaires en opérations, ce qui était un signe plutôt évident que la situation se détériorait. Un instant inoccupé, j’observais le vestiaire du SWAT avec attention. Tous étaient silencieux, concentrés sur leur tâche.

Mon comlink grésilla à ma ceinture. Une vingtaine de paires d’yeux se levèrent vers moi, prêts au moindre signe à se préparer. Je saisis mon communicateur, fronçant les sourcils. Il n’y avait à l’autre bout qu’un bruit sourd irrégulier, le tout dans un nuage de parasites. Puis ça s’arrêta aussi sec. Haussant les épaules, je le rangeais en faisant un signe de dénégation. Plusieurs soupirs de soulagement se firent entendre. Sûrement une erreur. Plissant le front, je repris l’appareil en observant le canal utilisé. Mon canal. Une erreur ? Difficilement possible. Pour atteindre les communications protégées, il fallait une radio militaire, ce qui était hors de portée de la plupart des gens. Malgré moi, je laissais tomber. Quelque chose me trottait dans la tête, mais impossible de mettre la main dessus. Je me levais et composais le code de mon casier pour y récupérer un sweat. Même dans les Quartiers Généraux de la Police, le froid parvenait à s’infiltrer.

De retour sur le banc, je repris mon SCAR, appréciant son poids, me rappelant la fierté qu’avaient certains Deltas à l’exhiber devant nous. Les Deltas. Mon regard passa de mon arme à ma radio. Comme pour me répondre, celle-ci grésilla de nouveau, et je la portais à mon oreille d’une main agitée d’un unique soubresaut. Mes sourcils se froncèrent de nouveau sous la concentration. Le tapotement, semblable à celui qu’on aurait fait sur un micro pour le tester, était à peine audible, mais je le retins.

Code, songeais-je en jetant un coup d’oeil à mon casier. Morse. Un nombre. Au bout de quelques affreuses secondes de doute, une réponse fusa. Mon appartement ?

Eryn Blake.

C’était tout ce que je parvins à comprendre. Eryn Blake était à l’autre bout. Elle avait probablement le matériel, ou elle pouvait l’avoir trouvé chez moi. Puisqu’elle devait y être. Ou qu’en tous cas, je devais y aller. Me relevant, j’aperçus de nouveau les autres m’observant, et je me forçais à sourire.


- Pas de soucis les gars. Ma radio déconne, je vais voir le Central-Opérations.


Attrapant mon sac, j’y fourrais diverses affaires, notamment des munitions -si Eryn Blake m’appelait, ça devait être du sérieux- et sortis de la pièce. Ne courant que lorsque je tournais à l’angle de la rue, je maintenais quelques petites foulées, écoutant de nouveau le même code sur ma radio. La dernière fois que j’étais venu chez moi, c’était pour aller à cette soirée. Ouvrant ma porte avec précaution, fusil dans le dos prêt à être dégainé, je la trouvais rapidement. Blessée. Mal en point. La blessure semblait grave, et je laissais tomber mon sac à terre en me baissant vers elle pour l’inspecter, posant d’autorité une main sur son front.


- Bordel, Blake, je t’avais dit de faire attention à toi, dis-je d’un ton où je m’efforçais de faire disparaître l’appréhension.


Dans l’obscurité, elle semblait à peine consciente. Peut-être qu’elle ne l’était pas, d’ailleurs. La saisissant, je la soulevais sans grande difficulté, pour la porter jusqu’au canapé, où je l’installais du mieux que je pus. Lui intimant de ne pas bouger -dans le cas où elle aurait voulu se rouler par terre- je partis vers ma chambre où je récupérais couvertures chaudes, passant par la cuisine où je rallumais le chauffage, pour venir lui déposer une couverture. Finalement, les bastos ne seraient peut-être pas utiles, mais la trousse de soin, elle, certainement.

Attrapant une chaise, je m’assis près d’elle, soulevant le torchon, lampe torche entre les dents pour mieux y voir. Blessure par balle. Grave. J’étais pas médic, mais si on n’agissait pas rapidement, sa jambe était foutue. Déchirant un sachet de coagulant, je le versais sur la blessure, jetant un coup d’oeil à Eryn. La balle était restée à l’intérieur. Et j’allais devoir la sortir de là.


- Tiens le coup, Blake, m’entendis-je dire, le poing serré. J’vais te tirer de là.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Dim 17 Nov - 11:04

Ses membres étaient juste trop lourds. Elle en vint à se demander comment elle avait fait pour traîner sa carcasse jusqu’à cet appartement. Quand elle entendit du bruit, lointains échos à ses oreilles bourdonnantes, elle voulut chercher son Beretta, ou au moins se préparer à se défendre ; le côté si farouche de sa personnalité semblait décuplé et aurait peut-être choqué par ses réactions, si seulement elle avait été en état de réagir. Son esprit, lui, ne cessait de lui rabâcher ces mêmes inquiétudes : et si Dawn n’habitait plus seul ? Et si quelqu’un d’autre débarquait ? Le quelqu’un d’autre en question trouverait une mutante en train de se vider de son sang sur la table de la cuisine. Charmant.

Prendre soin d’elle ?
Nom d’un chien, ça faisait un moment qu’elle prenait soin d’elle du mieux qu’elle pouvait ! C’était la première fois qu’elle se faisait sérieusement trouer le cuir depuis le début de cette stupide mise en quarantaine. Autant dire qu’elle battait des records. Oubliait-il qu’elle faisait partie des forces spéciales. Non. Avait fait partie. Son esprit la corrigea fébrilement, presque mesquin. Mesquin ?
Tu délires ma pauvre vieille.

Il était temps de rassembler ses forces et sa conscience. Elle ne parvenait pas à croire qu’elle était tombée aussi bas, qu’elle n’avait pas réussis à se maintenir éveillée sur toute la ligne, qu’elle avait sombré dans les méandres de l’inconscience. Mais elle ne pouvait en vouloir à son corps de vouloir fuir le froid, la douleur, l’attente. Elle avait beau avoir subi un entraînement hors du commun, elle n’en restait pas moins humaine, avec ses limites. Mutante, avec ses limites. Quelle différence ?

Elle prit une profonde inspiration laborieuse et quand elle entendit la voix d’Anderson à nouveau, elle se força à ouvrir les yeux ; la lumière de la lampe dans la pénombre l’éblouit soudain et elle serra les dents.

« Pas trop tôt. »

Oui, il fallait s’attendre à un tel accueil de la part d’Eryn. Elle n’avait jamais été très versée dans la politesse, les conventions et les remerciements. Enfin, son grognement-phrase avait davantage pour but de signaler qu’elle était éveillée. L’époque des drogues militaires, aussi peu recommandées fussent-elles, lui manquait quelque peu.

Dans un nouvel effort de volonté, elle parvint à s’appuyer sur un coude et jeta un œil à la blessure. Peu plaisant à regarder, pour tout dire. Elle laissa sa tête retomber en arrière, mais ne se laissa pas emporter par la torpeur enivrante du sommeil fiévreux cette fois.

« Dans la cuisine, serviette stérilisée. »

Parler était plus pénible qu’elle ne l’aurait cru, et pour une fois, elle était bien heureuse d’être passée maîtresse dans l’art de la concision. La serviette qu’elle avait mise à bouillir, si elle ne déclenchait pas un incendie depuis le temps, serait un bien meilleur outil que ce stupide torchon pour commencer. C’était son but, à l’origine, si elle n’était pas à moitié tombée dans les vapes.

Elle songea un bref instant que Dawn pourrait juste décider de la traîner à l’hosto. Puis elle serait ensuite livrée aux Peacekeeper. La perspective d’Alcatraz lui donna des sueurs froides. Elle lui jeta un regard suspicieux, un vague avertissement. Elle imaginait déjà la réaction d’Aria si une telle situation venait à se produire. Ou s’il la laissait mourir. Ah, pauvre Dawn, elle ne lui laissait pas tellement le choix ; elle l’avait embarqué dans cette affaire sans même lui donner son avis. À quoi pensait-il à présent ? Réfléchissait-il à toutes ses options, ou bien agissait-il d’instinct en cherchant à lui sauver la vie ?

En son for intérieur, Eryn s’ébroua ; ce n’était pas comme si elle s’intéressait à ce que les gens pensaient de toute façon. Les actions définissaient chacun. Il restait tranquillement à la niche pour changer la situation de l’intérieur, et elle… Elle avait des projets pour les semaines à venir.

« Merci. »

Ce n’était qu’un murmure, mais il était là tout de même. Dawn lui disait qu’il allait la sortir de ce pétrin – combien de minutes s’étaient écoulées depuis cette phrase ? Elle perdait la notion du temps – et bien la moindre des choses était au moins de faire preuve d’un peu de gratitude. Et elle serait probablement moins susceptible d’avoir envie de le remercier plus tard, s’il ratait son coup ou s’il s’amusait à charcuter joyeusement sa pauvre jambe.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Dim 17 Nov - 23:23

Curieusement, sa réplique me tira un sourire concentré. Elle était toujours elle, au moins. Je restais concentré, penché sur sa blessure. Le mieux serait évidemment de l’anesthésier avant que la douleur ne s’en charge. Je la sentis bouger, et lui jetais un nouveau coup d’oeil. Mieux valait qu’elle évite de bouger. Je faillis le lui faire remarquer lorsqu’elle retomba en arrière, grognant une nouvelle parole. Acquiesçant, je me dirigeais à grand pas vers la cuisine, où la serviette était effectivement en train de bouillir, l’eau ayant depuis un moment coulé de le long de la casserole. Jetant pelle mêle dans la casserole divers outils pour les stériliser également, j’attendis un instant avant de les ressortir, prenant la serviette en dernier avec mon couteau de combat.

Je l’essorais à mains nues en réprimant une grimace, avant de revenir la placer sur la jambe d’Eryn. Déjà, nettoyer la plaie, voire ce qu’on en retirait. Ensuite… Attendez, quoi ? Non, je devais avoir mal entendu. J’aurais pu en rire et la taquiner, si la situation s’y prêtait un minimum. Eryn Blake, me remercier ? Au vu de notre dernière rencontre, j’aurais bien cru être mort depuis longtemps avant de l’entendre dire ça. Malheureusement, si je devais vraiment faire sortir la balle, elle n’allait pas me remercier longtemps. Je la regardais un instant, indécis, avant de me relever, et d’enlever ma ceinture pour en faire un garrot autour de sa jambe. Puis, je pris un de mes gants et m’avançais vers elle.


- Mords ça, dis-je en la lui plaçant entre les lèvres. Dès que j’aurais déterminé la gravité de la blessure, ça ira mieux.


Je n’arrivais pas à en dire plus. Désolé à l’avance de ce qu’elle allait subir, le cuir l’empêcherait de se mordre la langue, et, de crier. Du moins un peu. Et comme je venais de lui dire, si la balle n’avait pas percé l’artère, elle aurait de la morphine. J’en étais à peu près sûr -elle serait déjà morte autrement- mais mieux valait être absolument certain, sinon, ça ralentirait trop son rythme cardiaque, et elle n’y survivrait pas.

Et je plongeais une lime à ongle stérilisée dans sa blessure, écartant les rebords, suffisamment pour que j’y glisse un doigt, testant, fouillant, vérifiant. Le sang battait à tout rompre dans mes tempes, à un tel point que je n’entendais plus rien autour de moi. Je sentais l’os, qui avait l’air intact, et vu que le sang ne me giclait pas au visage, l’artère était sauve. Je ne perdis pas de temps et injectais directement la morphine dans l’une des veines de son bras, la soulageant un peu. A moins qu’elle ne soit déjà dans les vaps.

J’avais pu sentir la balle, aussi, et c’était pas du joli. Eryn avait eu une chance monstre, puisque d’après ce que je pensais, le projectile avait éclaté en frottant contre l’os, au lieu de briser ce dernier. Mais ça voulait aussi dire qu’elle avait des morceaux un peu partout.

Maintenant venait la partie compliquée. Je pris une petite pince à épiler, et m’acharnais pour trouver tous les petits morceaux métalliques, aussi létal que la balle dont ils provenaient. Morceau après morceau, je perdis rapidement la notion du temps. Je me rappelais vaguement que mon talkie m’avait appelé, mais je n’avais même pas relevé la tête. Certains étaient plus gros, et le soulagement m’envahissait. Mais certains m’échappaient par leur petite taille, et je redoublais d’effort pour les traquer. Mon réveil sonna un moment, alors que je n’en trouvais plus depuis quelques minutes -ou était-ce quelques heures ?- me prévenant qu’il était temps de recoudre miss Blake.

La plaie était peu étendue en largeur, aussi deux points de sutures à peines furent suffisants, et je les achevais avec méthode, m’autorisant un petit grognement de satisfaction en terminant le dernier. Je partis chercher du sparadrap, et entourais soigneusement sa blessure, en serrant bien les bandages.

Elle n’était pas encore tirée d’affaire, mais le principal était fait. Le truc maintenant, c’était d’attendre voir si la plaie ne s’était pas infectée. Ça se saurait vite, et je devrais sûrement faire un aller-retour au Central pour piller des médicaments si jamais elle s’avérait trop grave. Mais pour l’heure, il fallait surtout qu’elle se repose. Plaçant une couverture sur elle, je posais ma main sur son front pour vérifier sa température, m’asseyant près d’elle. Elle avait l’air endormie. Je pris sa main en guettant ses respirations. Je crois même lui avoir raconté quelques épisodes de ma vie. Je ne sais plus trop.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Jeu 28 Nov - 13:27

Eryn n’était pas une chochotte, Eryn en avait vu d’autres.
Mais Eryn restait néanmoins un être humain, avec ses limites et sa qualité de mutante ne la rendait pas supérieure à la moyenne. Elle ne faisait que se préparer à la douleur, docile. Elle n’était pas en état de protester. Aucune plaisanterie ne lui vint à l’esprit quand Dawn enleva sa ceinture, aucune réplique acide. Elle était juste dans cet état second où la survie comptait avant tout.

Il n’y avait qu’à serrer les dents à s’en briser les mâchoires.
Eryn fit de son mieux pour se concentrer sur autre chose. Des détails, à défaut de souvenir particulièrement réjouissant. Que faisait Dawn avec une lime à ongle ? Elle l’imaginait mal prendre soin de ses paluches à ses heures perdues. Voilà qui était particulièrement distingué de sa part.

Elle se crispa lorsque l’ex-solda fouilla la blessure. Elle pouvait sentir le moindre de ses muscles se tendres à l’extrême et sa jambe, bien que faible et maintenue, semblait animée d’une volonté propre dont le seul but était de se soustraire à cette insupportable douleur. Elle haïssait son état de faiblesse, elle haïssait les gémissements qui lui échappaient – à défaut d’hurlements – et elle haïssait plus que tout les larmes qui perlaient au coin de ses yeux et qui ne tarderaient pas à dévaler son visage, se mêlant à la sueur sur sa peau brûlante de fièvre.

Eryn n’eût pas le temps de protester.
Aussi insoutenable lui semblait être sa souffrance et son état, aussi détestable était sa situation, elle ne se serait jamais permise la morphine dans de telles conditions. Perdre le contrôle n’était pas dans ses habitudes, si ce n’était dans le cocon rassurant de son unité. Elle devait être en mesure de fuir au besoin, de se débattre, de vendre chèrement sa peau. Qu’est-ce qui lui disait qu’elle ne se réveillerait pas à Alcatraz ? Et encore, si elle se réveillait un jour.
Mais c’était trop tard. En se coupant un peu de la douleur qui la tenait éveillée, elle sombrait définitivement dans l’inconscience, soulagée de ne plus être en charge de son corps, soulager de rompre tout contact avec le monde. Enfin.

*

Ce fût la douleur qui l’arracha encore à cette torpeur. La douleur et la sècheresse de son palais. Elle émergea lentement, son rythme respiratoire se modifiant, sa conscience cherchant les souvenirs des dernières heures. Jamais elle ne sombrait dans un sommeil profond, jamais elle ne dormait plus de quelques heures d’affilé ; sa vie de fugitive ne lui permettait pas un tel luxe. Elle s’assura d’abord qu’elle n’était pas retenue prisonnière. Puis se souvint de sa blessure, de sa lente progression jusqu’à l’appartement d’Anderson Dawn. Elle ne devait pas être en milieu inhospitalier. Du moins l’espérait-elle. Elle ouvrit les yeux, battit des paupières sans parvenir à percer l’obscurité.

« Dawn ? »

L’appel n’est qu’un coassement rauque.
Désorientée, elle tâtonna dans en tentant de se redresser. Elle réalisa alors le contact sur sa main et retira la sienne vivement, sur ses gardes. Même dans cet état, elle demeurait paranoïaque et farouche. La traque n’arrangeait en rien ce trait de caractère. Le mouvement brusque provoqua un étourdissement désagréable et le monde tournoya autour d’elle ; elle pinça les lèvres et ferma ses paupières, s’agrippant fermement au rebord du canapé. Cela signifiait que deux choses : soit elle était encore brûlante de fièvre, ce qui n’était certainement pas une bonne chose, soit elle avait perdu trop de sang. Peut-être les deux. La pensée curieuse la frappa soudain : était-ce de la moquette qui revêtait le sol de cet appartement ? Ou du parquet brut ? L’image s’imprima à son esprit d’une traînée de sang sur de telles matières. Impossible de s’en débarrasser facilement. Et si cela la trahissait ? Et si, à un moment ou à un autre, Anderson servirait à remonter la piste jusqu’à elle ? L’inquiétude grandissant en elle jusqu’à accélérer les battement de son cœur, l’étourdissement reprit de plus belle alors que le sang battait frénétiquement ses tempes.
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Jeu 28 Nov - 18:41

Au bout d’un moment, j’avais la gorge sèche d’avoir trop parlé. Je m’arrêtais donc, l’observant un instant. Belle et bien assoupie, elle est jolie quand ses traits semblent apaisées. Mais ce calme est en fait plus inquiétant qu’autre chose. Eryn a beau m’inquiéter quand elle semble prête à me tordre le cou, au moins elle est en vie à ce moment là. L’attente est terrible. Je ne bouge pas de mon siège lorsque le soir se couche. Au milieu de la nuit, je finis par me lever, plus parce que le sang ne circule plus dans mes jambes correctement, et que je veux vérifier ses bandages.

Je laisse un message à mon second pour qu’il prenne la tête de l’unité jusqu’à ce que je revienne, prétextant des problèmes médicaux d’un de mes proches. Ce qui n’est pas forcément complètement faux. Les Peacekeeper s’éclipsent tous quelques temps parfois, et je ne me fais pas de soucis. Personne ne viendra à ma recherche, et mon appartement sera le dernier endroit où l’on viendra me trouver. Je reviens vers l’ex-Delta, et change ses bandages avec précision. La blessure n’a pas dégénéré. Je pose ma main sur son front pour vérifier sa température. Je grimaçais en constatant qu’elle avait augmenté. Je préparais quelques médicaments dans un coin, pour quand elle se réveillerait, et de l’eau. Vu le sang qu’elle avait perdu, il fallait qu’elle boive, le plus possible. Parce que si elle ne se régulait pas vite, et qu’elle avait besoin de plasma… Alors ça allait compliquer sérieusement les choses.

Je repris ma place près d’elle, et reprenant mon compte de ses respirations. Je ne déjeune pas ce jour-là, pas plus que le soir. L’absence de bruit autre que les craquements résiduels du parquet ne font qu’augmenter mon anxiété. La nuit tombe, et il me semble voir Eryn bouger à un moment, mais ça n’est que mon visage qui dodeline qui semble faire le monde se mouvoir. Je ferme les yeux une seconde pour m’éclaircir les idées.

Lorsque je les rouvre, c’est parce que je ne sens plus la main chaude de la fugitive dans la mienne. Un instant déboussolé, je la vois essayer de se relever. Observant ses cheveux sans réagir, je finis par me secouer en me relevant lentement, la prenant par les épaules pour la recoucher.


- Eryn, je grogne d’une voix encore pâteuse. Arrête de gesticuler.


Penché sur elle, j’attendis qu’elle cesse de se débattre pour la lâcher. Je ne voulais pas la ridiculiser en lui montrant à quel point elle était faible, mais elle allait se faire bien plus mal si je la laissait se relever. Je replace la couverture sur ses épaules en touchant son front. Elle est brûlante. Fronçant les sourcils, je me retourne pour prendre les cachets et la bouteille d’eau, pour les lui tendre.


- Ça va aller. Avale ça, et bois beaucoup. Tu as de la fièvre, et faut pas que ça empire. Tu es en sécurité ici.


Je vérifie ma montre en constatant que l’après midi touche à sa fin. Elle est restée là dans le coma depuis… quoi ? Deux jours ? Déjà ? J’allais allumer une petite lumière pour qu’elle y voit un peu plus clair. Son teint cireux ne disait rien de bon. Mais au moins, elle s’était réveillée, ce qui était rassurant. A vrai dire, ça n’était ni un bon, ni un mauvais signe. Juste le fait qu’elle s’en était tirée pour le moment. Et qu’elle avait une chance de damnée.


- T’as eu une sacré veine que la balle n’ait pas causé de gros dégâts, lui fis-je remarquer.


L’artère n’avait pas été touchée, pas plus que l’os. En fait, la balle avait éclaté au contact de son fémur, ce qui arrivait de temps à autres lorsque la balle n’avait pas été propulsée suffisamment vite, ce qui s’expliquait probablement par le froid intense de la saison. La plupart des munitions militarisées avaient réglé ce problème, mais celle-ci devait provenir d’une arme non fiabilisée par l’oncle Sam, et ça avait sauvé la vie d’Eryn, probablement. Il avait suffit d’un défaut dans la cartouche, du froid, et, peut-être, de la maladresse du tireur pour que je ne sois pas obligée d’amputer une jambe qui aurait du être en bien plus piteux état. Si la fièvre ne la tuait pas, elle s’en remettrait vite.


- Tu as faim ? Soif ? Je dois encore avoir un de ces fameux sandwich… dis-je en me rappelant mon premier cadeau à l’ex-militaire.

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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Dim 19 Jan - 14:01

Retenue contre le canapé d’une poigne ferme, elle cessa vite de se débattre lorsqu’elle reconnut la voix d’Anderson. Elle passa une main faible sur son visage, comme pour voir si tout était bien là. Elle n’osa pas en faire de même pour sa jambe, d’où la douleur irradiait.

Elle se redressa à nouveau – un peu moins cette fois – pour pouvoir se saisir de la bouteille et des cachets, tout en lui lançant un regard venimeux. L’effort pour s’exprimer lui parût titanesque. La sécheresse de sa bouche, la lenteur de sa pensée, les synapses trop lentes… Il lui fallut une éternité pour remettre les choses dans l’ordre.

« C’est quoi ? » demanda-t-elle en fixant les cachets en espérant les reconnaître.

Il était hors de question qu’elle avala n’importe quoi. Pas question de sombrer encore dans les abysses de l’inconscience. Elle ne pouvait pas se le permettre, quel que fût son état, quelles que fussent les bonnes intentions de Dawn. En attendant d’être rassurée au sujet des médicaments, elle accepta néanmoins de boire sans faire d’histoires. De la fièvre, hein ? Infection ? Ce serait bien ennuyeux. Tellement qu’elle n’osa pas poser la question.

« C’était pas de la chance, c’était de la préparation additionnée à un heureux réflexe parce que je connaissais par cœur l’enfoiré qui m’a fait ça. »

Fanfaronnade pour dissimuler, probablement, à quel point elle était furieuse, bouleversée et faible. Elle avait été extrêmement chanceuse. Elle avait espéré que ses réflexes lui auraient permis d’éviter à la balle de toucher l’os, mais c’était peine perdue. Trop près. Vu le calibre et la distance, elle aurait dû perdre sa jambe. Heureusement, et en cela elle n’avait pas menti, sa paranoïa la poussait à se préparer, constamment, et elle portait sous ses nombreuses couches de vêtements chauds une partie de sa combinaison d’intervention dérobée au moment de son départ de chez les Hunters. Elle avait enlevé le protège tibia lors d’une pause où elle avait voulu jeter un coup d’œil à la blessure. Ça n’avait pas arrêté la balle, mais suffisamment ralentie. Les paroles de Dawn la rassurèrent davantage ; elle devrait pouvoir s’en remettre, elle avait échappé au pire – crever d’une hémorragie sur la moquette de l’appartement de monsieur-SWAT, y avait plus glamour quand même.

Elle fit de son mieux pour ne pas rejouer la scène dans sa tête et poursuivit, sans réaliser qu’elle faisait des phrases anormalement longues, elle qui était d’ordinaire si concise :

« Un sandwich, alors que tu n’es jamais chez toi ? T’es sûr que c’est comestible ? »

La raillerie perdit de son faible aplomb sur la fin, alors que, encore dans les vapes, elle réfléchissait toujours. Lui aussi, il fallait bien qu’il mangeât, depuis qu’elle l’avait traîné ici, s’il avait à manger chez lui, c’était qu’elle était restée bien trop longtemps, non ?

« Attends… je suis ici depuis combien de temps ? »

Le ton haussé lui donna l’impression que sa gorge était en feu et sa voix éraillée trahissait sans peine la difficulté de l’exercice. Elle but un peu plus d’eau et se demanda si elle pourrait avaler quoi que ce fût. Son corps lui paraissait si étranger qu’elle n’arrivait même pas à évaluer si elle avait fait ou non. Qu’elle détestait cela ! Une profonde inspiration plus tard pour chasser l’étourdissement, un profond soupir de plus après que Dawn lui ait annoncé qu’elle était là depuis deux jours, elle se décida enfin à accepter :

« Essayons le sandwich. »

Il passerait peut-être. Elle savait bien qu’elle avait besoin de se nourrir pour reprendre des forces…

« Mais ce dont j’ai vraiment besoin, c’est d’une douche. »

Elle avait poursuivi sa pensée à mi-voix, sans même sans rendre compte. Elle n’était pas en état pour ça non plus, hélas.


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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 21 Jan - 12:09

Eryn regarda les cachets comme s’ils étaient des petites bombes que je cherchais à lui faire ingérer. En dépit de tout, elle se méfiait toujours de moi, et si cela m’amusais un peu d’un certain côté, c’en était aussi diablement désespérant. Que fallait-il que je fasse pour qu’elle accepte de voir en moi un allié ? Je lui tendis de nouveau les médicaments avec un fin sourire. Désespérante. Bigrement désespérante.


- Du poison mortel, pour t’achever. Ou bien des cachets pour la fièvre, puisque je t’ai dit que tu en avais. Tu veux que j’aille chercher la boîte en pharmacie ? demandais-je, toujours amusé.


Ainsi, elle connaissait le type qui lui avait fait ça. Un type lambda de San Francisco était peu probable. Non pas qu’elle ne puisse pas en connaître, juste que la personne devait être sacrément en rogne pour lui tirer dans la jambe. Ça ne laissait guère d’options : puisque ça n’était pas moi, cela voudrait dire que c’était un de ces Hunters. Peut-être même Drake en personne. Auquel cas, elle avait été d’autant plus chanceuse de s’en tirer vivante, et ici.

Deux jours dans les vap et elle recommençait déjà à hausser le ton. Les Deltas étaient des coriaces. Des plus costauds qu’elle seraient restés dans l’inconscience davantage, et auraient mis de bonnes heures avant de se remettre à parler et à réfléchir. Pour sa part, elle souhaitait déjà se relever, prendre une douche, et je n’aurais même pas été surpris si elle m’aurait dit qu’elle allait faire son footing. Plaçant une nouvelle bouteille d’eau près d’elle avec les cachets, je me relevais enfin. J’avais l’impression que tous mes muscles étaient engourdis.


- Bois, et prend-les. Je reviens dans un instant. Pas sûr que ça soit comestible, non, mais tu me diras ça la première ! Pour la douche, je pense que tu vas devoir attendre, sauf si tu veux que je te soutienne tout du long, répliquais-je, attendant sa réplique cinglante.


Plaisanter sur son état avait toujours été de mise entre les militaires. C’était un peu le « je suis soulagé que tu ailles mieux », mais qu’on exprimait de manière différente. Encore des apparences qu’on cherchait à sauver. Je rejoignis la cuisine, faisant chauffer une plaque pour y déposer quelques morceaux de bacon qui traînaient dans mon frigo. Je pris un sandwich dans mon sac et le lui apportais.


- Tiens. Je te prépare autre chose si tu as encore faim, mais, mange lentement.


Elle avait peut-être — sûrement — déjà été blessée, mais généralement, les soldats étaient maintenus dans l’inconscience un temps par l’hôpital qui les nourrissait par intraveineuse. Et j’étais bien loin de posséder un tel matos ici. Maintenant qu’elle semblait réveillée, j’allais devoir passer à l’interrogatoire. Rien de méchant, mais… C’était préférable que je sache si une bande de Hunter allaient débarquer d’un instant à l’autre.


- Tu le connaissais, donc. C’était Drake ? demandais-je, un air sérieux sur le visage. Je pense que tu as pris tes précautions, et que si ça n’était pas le cas on serait déjà mort, mais tu l’as semé ? Qu’est-ce qu’il s’est passé ?


Je détestais l’assaillir de questions alors qu’elle venait d’ouvrir les yeux, mais si jamais on était en danger, on allait devoir bouger rapidement. Je savais exactement où je l’emmènerais, et bien sûr elle ne serait pas d’accord, mais au moins elle serait en sécurité. Maintenant que l’inquiétude initiale à son égard avait — presque — disparue, je reportais mes frayeurs vers les conséquences de cette blessure. San Francisco était une petite ville une fois mise en quarantaine, et si les Hunters demandaient à quelqu’un l’ayant vu, il n’y avait pas de doute à se faire sur les moyens qu’ils pourraient mettre en oeuvre pour venir la chercher. Même au Central elle ne serait pas en sécurité. Non pas que l’on ne puisse pas la défendre, mais que j’avais un doute lancinant sur mes collègues, qui seraient prêts à la lâcher aux loups si cela pouvait faire cesser l’assaut.


Mais il était aussi fort probable que personne ne l’ait vu. Avec le froid, l’absence de bon nombre d’habitants dans l’immeuble, et sa bonne étoile, elle avait pu arriver ici sans se faire repérer. Je me surpris à espérer cela. Après tout, c’était possible, non ? Elle avait bien le droit à un peu de répit dans sa cavale… Et il était clair que du repos, elle allait en avoir besoin. Même si nous n’aimions sûrement tous les deux pas l’idée qu’elle puisse être à ce point affaiblie.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 21 Jan - 22:27

Si Eryn était aussi coriace que ce que Dawn semblait penser, elle ne serait pas en train de déblatérer au hasard, elle contrôlerait ses propos et ne se laisserait pas piéger bêtement comme elle venait de le faire. Pourquoi lui avoir dit la vérité ? Elle pouvait difficilement avoir fait une gaffe plus sensationnelle. En prétendant qu’elle avait tué l’enfoiré qui lui avait fait ça, elle n’aurait pas eu besoin de satisfaire la curiosité du Peacekeeper outre mesure. Oh, elle aurait voulu voir sa tête si elle avait annoncé la mort d’un Peacekeeper ! Ou non, peut-être pas. Cela lui aurait probablement que trop rappelé les souvenirs de la guerre, il serait resté frigide en bon soldat, aurait peut-être serré poings et mâchoire pour donner au change. Ou alors, peut-être auraient-ils dansés une fois de plus sur le fil du rasoir, comme lors de leur première rencontre ? Cette tension palpable qui avait rempli l’atmosphère alors qu’ils se fixaient en chien de faïence, tout occupés à se lancer dans un cruel jeu de devinettes ?

« Dans tes rêves », se contenta-t-elle de répliquer d’une voix rauque, à la remarque sur la douche à deux.

Aussitôt les cachets avalés avec une grande gorgée d’eau, elle se laissa retomber sur le dossier du canapé, un peu trop brusquement. Elle en eût le tournis et la perspective d’un repas se fit tout de suite moins alléchante. Pinçant les lèvres, elle se força à respirer profondément, tout en entamant une longue litanie mentale de jurons variés.

Dawn revint avec le sandwich et elle rouvrit les yeux. Ce fut avec des gestes lents, légèrement tremblante, qu’elle tenta d’avaler une micro-bouchée. Pas besoin de lui dire de manger lentement, elle savait mieux que quiconque. Le fait qu’elle ne fût pas affamer n’allait pas pour la rassurer sur son état, mais elle préféra taire ce fait plutôt que d’inquiéter le garde-malade outre mesure.

Comme elle s’en doutait déjà, la question vint, l’interrogatoire commençait et elle se devait d’y répondre. Oh, elle aurait pu se buter dans son silence, ou esquiver la question. Mais en dépit de tous ses défauts, Eryn avait une vague notion de ce qu’étaient la gratitude, la courtoisie et la politesse et elle s’en accommodait à sa façon. Si elle était avare en remerciements, elle ferait, au moins, preuve d’un soupçon d’honnêteté.

« Ce n’était pas Carter, et je n’ai semé personne », assena-t-elle enfin, d’un ton bas.

Comment aurait-elle pu semer qui que ce soit en traînant une blessure pareille ? Surtout par ce temps, la neige encombrant chaque rue, chaque recoin en une grande étendue immaculée. Autant dire que, si elle n’avait pas pris le temps de s’arrêter pour bander la blessure, elle aurait laissé une jolie traînée de sang sur son passage jusqu’au pied de l’immeuble où vivait son hôte. La neige, c’était de loin la pire chose pour une proie, on était que trop aisément traçable, chaque empreinte se dessinant avec clarté dans sa froide beauté.

Elle garda le silence un moment, rejouant une fois de plus toute la scène dans sa tête, visualisant les traits d’Aaron sous ses paupières clauses, laissant ses mots se glisser à ses oreilles. Elle réalisa soudain que ses paroles pouvaient porter à confusion et qu’Anderson devait être sur le qui-vive, prêt à déguerpir en cas de possible attaque. Avait-il parlé ? L’avait-elle interrogé davantage ? Perdue dans ses pensées encore brumeuse, elle n’y avait pas prêté attention, et elle se contenta de reprendre, à mi-voix, détournant le regard.

« Il m’a laissée filer, je pense pas qu’il y ait à s’en faire. »

Quoi qu’Harper avait toujours été instable, assoiffé de chasse, son goût pour le sang rarement assouvi. Elle le connaissait que trop bien, et cette proximité qui lui avait pourtant sauvé la vie lui permettait aussi de douter de sa sécurité. Bien entendu, quand elle avait débarqué chez Dawn, elle n’avait pas pris la peine de réfléchir à ce genre de considération et il ne lui venait à l’esprit que maintenant qu’elle avait potentiellement fait prendre un risque inconsidéré au Peacekeeper.

Elle prit une profonde inspiration et picora son sandwich, tout en essayant d’ignorer les sentiments désagréables d’échecs et de honte qui compressaient sa cage thoracique malgré elle. Quel chasseur prenait en pitié sa proie après l’avoir blessée ? Elle lui était redevable, elle avait été faible et, immanquablement, elle se haïssait. Elle avait vu venir une pareille rencontre, s’était attendue à tuer ou être tuée, et finalement, l’issue n’avait été que lamentablement lâche.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 0:52

Le soupçon de soulagement qui faillit s’emparer de moi au moment où elle avait commencé par dire que ça n’était pas Carter le responsable s’évanouit aussitôt. Elle ne l’avait pas semé. Qui que soit son agresseur, elle ne l’avait pas semé. Je me sentis pâlir. Dès lors, le moindre craquement du parquet du couloir me semblait suspect, et j’approchais ma main de mon Glock sensiblement, les yeux rivés sur ma porte. Comme dans les films, les méchants arrivaient toujours au moment où un des gentils disaient qu’ils étaient à sa recherche. Comme dans les films, la poignée allait lentement se tourner, avant de dévoiler les attaquants.

Mais on était pas dans un film, et personne ne vint. Il n’y avait plus eu de bruit de craquement. Trop concentré sur la porte, le sang ayant tambouriné dans mes oreilles pendant que j’essayais de savoir comment protéger au mieux une Eryn allongée sur le canapé et donc fatalement une cible facile, je n’aurais pu affirmer si elle avait ajouté quelque chose. Quelque chose comme « T’en fais pas, Dawn, c’était un type qui m’a confondu, on s’est quitté en se serrant la main », ou un truc du genre. Mais non, elle n’avait rien ajouté, du moins, pas avant que je ne parvienne à réfréner ma panique.

Son agresseur l’avait donc laissé filé. Ce qui n’était ni noble de sa part, ni sympathique. La laisser se vider de son sang dans le froid mordant de San Francisco était une mort bien pire qu’une balle dans le crâne. Je fronçais les sourcils, hésitant à relâcher la crosse de mon pistolet. Qui était-ce donc ? Un autre Hunter ? Un Peacekeeper ? Peut-être même un agent de la Neo Corps, pendant que j’y étais. Merde, j’en savais rien, et le fait qu’elle ne parle de lui qu’au figuratif était inquiétant. En fait, non, ça n’était pas inquiétant. Juste sacrément dommage — pour elle — que de me forcer à lui tirer les vers du nez.


- T’as le don pour le suspense, Blake, répliquais-je, espérant qu’elle ne répétait pas sa phrase depuis quelques minutes en me voyant fixer la porte sans réaction.


Toutefois, en reportant mon regard sur elle, je renonçais à continuer et à l’assaillir d’une contre-attaque de questions. Elle en avait assez bavé, et je devais la laisser se reposer, et récupérer. Parce qu’elle tirait une sacré tronche, en fait, un peu comme si elle regrettait qu’il l’ait laissé partir ainsi. J’aurais pu chercher à comprendre pourquoi, mais sans certitude, je mis ça sur le compte du tempérament des Deltas.

Tapotant mon genou du bout des doigts, je me relevais et m’étirais, pour la première fois depuis deux jours. Bon sang ce que l’inactivité pesait. Je rejoignis la cuisine, où je récupérais les lambeaux de bacon pour les mettre dans une assiette propre. Ce fut aussi la première fois en deux jours que je constatais que je devais enjamber le bordel que j’avais foutu en cherchant à retirer la balle de la jambe de la demoiselle. Récupérant ça et là mes affaires pour les placer près du canapé, comme si je rassemblais notre ravitaillement dans un bastion imaginaire, je posais mon fusil à portée de main, au cas où. Le voyant lumineux de ma radio me fixait de son oeil morne, comme s’il me reprochait aussi mon absence.

Je reportais enfin mon attention sur Eryn, plaçant mon assiette près d’elle, si elle en voulait.


- Tu veux me raconter ce qu’il s’est passé ? demandais-je d’un ton calme.


Finalement, je n’allais pas la forcer à parler. Non seulement elle se serait fermée si je donnais l’impression de lui faire dire ce que je voulais qu’elle dise, mais aussi parce qu’en soit, elle n’avait plus rien à m’apprendre sur notre sécurité immédiate. Tout ce qu’elle pourrait raconter sur cet affrontement serait donc un bonus, un petit quelque chose en plus qu’elle me ferait partager. Un truc qui me donnerait l’impression qu’elle me faisait à demi-confiance, un rien qui me permettrait peut-être d’élucider le mystère Blake…

Picorant moi aussi dans mon plat, je restais là, à la dévisager, essayant d’imaginer ce qui pouvait se passer dans sa tête. En même temps, je réfléchissais à comment lui mettre une attelle pour qu’elle puisse se déplacer sans aide, ne serait-ce qu’un peu. Ayant résolu le problème en quelques coups d’oeil vers une planche de bois et des béquilles de fortune que je pourrais aisément fabriquer, mes pensées revinrent se concentrer, apaisées pour dieu savait quelle raison.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 15:48

Voulait-elle lui raconter ?
Ravaler sa fierté n’était pas dans ses habitudes, étaler ses échecs encore moins. Et pour le coup, il était cuisant, l’échec, et la douleur qui irradiait de sa jambe, les frissons fébriles qui parcouraient son échine, la brûlure de la fièvre, l’épuisement ; tous ces éléments soulignaient combien elle avait eu faux sur toute la ligne. Insultée, bafouée, faible et blessée, Eryn pensait qu’elle avait suffisamment essuyé d’humiliation pour les dix ans à venir.

Pourtant, la perspective de vider son sac, de ne pas garder tous ces événements pour elle, avait quelque chose de rassérénant. Ce n’était pas comme si elle allait raconter à Aria que ses vieux camarades lui tiraient dessus comme ça, pas pour la tuer mais pour la traîner à la base, pour finalement la laisser filer pour quelques obscures raisons. Elle eût un petit rire amer ; toute cette histoire d’un ridicule affligeant.

« Je vadrouillais au nord de la ville… Je voulais savoir si la glace était assez épaisse pour traverser la baie à pieds. »

Avouer son plan à un Peacekeeper était une boulette monumentale. Mais puisque la traversée était impossible, c’était bien mieux de communiquer l’information. Cela éviterait peut-être à quelques têtes brûlées de mourir noyées inutilement. Elle leva sur son vis-à-vis un regard peu amène, avant de préciser :

« Pas pour moi, je compte respecter la quarantaine, hein. »

Elle était peut-être traquée, abandonnée, déserteur et désespérée, mais elle n’avait pas perdu sa dévotion pour sa nation. Hors de question de propager la contamination dans le reste de l’État californien. Il ne faudrait pas beaucoup d’effort à Anderson pour déduire que c’était pour Aria qu’elle menait sa petite enquête, pour essayer de faire sortir sa sœur de cet enfer. Quelque part, même si elle n’y croyait guère, elle espérait que si Aria pouvait s’en tirer, elle pourrait aussi tirer la situation au clair en-dehors de la zone, peut-être renseigner son père sur la situation de San Francisco.

Elle poursuivit son grignotage peu enthousiaste, alors qu’elle énumérait mentalement toutes les erreurs stupides qu’elle avait commises lors de cet épisode. Elle avait mal surveillé ses arrières, hésité quant à la conduite à tenir lorsqu’elle s’était retrouvée face à face avec Aaron – de loin la pire des choses ¬¬– et s’était aventuré trop loin sans savoir fait de repérage préalable.


« Harper, un… Hunter, m’a repérée, surprise, tiré dessus pour m’empêcher de me carapater avec l’intention de ramener à Carter. Mais il l’a pas fait, il s’est barré, et je me suis traîné jusqu’à chez toi. Voilà. »

Vider son sac prenait alors une toute autre signification avec Eryn. Elle évita soigneusement les détails, résuma la situation, et ce avec une concision ridicule. Mais elle n’avait pas envie de s’étendre ; un membre de sa propre unité lui avait fait ça, se disant probablement qu’elle allait y passer dans ces conditions. Qu’il lui rendait service en ne la ramenant pas. À moins qu’il ne voulait pas prendre le risque de la voir réintégrée, de gré ou de force, dans les rangs des Hunters…

Elle posa une main sur sa bouche, pour essayer de reprendre contenance. La seule chose qui lui permettait de continuer, comme toujours, fut sa sœur. Elle devait tenir le coup pour Aria. Cette simple pensée la ramena à la réalité et elle vrilla sur lui un regard mécontent – aussi authentique que son visage livide et fatigué pouvait lui permettre – avant de lâcher :

« Tu es entré en contact avec ma sœur. »

C’était supposé être une question, mais au dernier moment, elle lui fit prendre les intonations d’une affirmation. Elle l’accusait pour le piéger, pour l’incité à ne pas lui mentir. Elle n’avait pas de nouvelles d’Aria depuis des lustres, un message prenant la forme curieuse d’un lapin rose sur sa boîte au lettre l’en dissuadant. Valait mieux prévenir que guérir. Et c'était à son tour de mener l'interrogatoire, fièvre ou non.
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Anderson Dawn

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Anderson Dawn
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 17:15

Même si c’était moi qui avait posé la question, je fus plutôt surpris — quoique agréablement — qu’Eryn réponde tout de même. Elle m’avoua son plan, et je tâchais de ne pas paraître horrifié par son idée. Pas parce qu’elle essayait de s’échapper, j’avais moi même observé à la lunette le blocus entourant San Francisco pour essayer de voir une brèche ou quelque chose, sans succès. Mais son plan était fou. Traverser la baie à pied était à la fois dangereux et suicidaire. Même si la glace était suffisamment épaisse, cela vous laissait en plein découvert, à marcher lentement, le tout dans la direction d’Alcatraz et des vaisseaux de guerre de l’US Navy.

Eryn du percevoir mon trouble, puisqu’elle ajouta que ça n’était pas pour elle. Mais alors, pour qui ? L’espace d’un instant, j’eus la vision amusante d’une Eryn déguisée en pirate poussant Carter sur la glace fine avec la fine lame d’un sabre, avant de réaliser aussitôt de qui elle parlait. Bien sûr, elle avait sa soeur dont elle devait s’occuper. Aria Blake, un sacré bout de femme, qui ne se laissait pas marcher sur les pieds le moins du monde. Ou était-ce l’inverse ? Aria qui s’occupait d’Eryn ? Je laissais tomber cette question rhétorique pour l’écouter poursuivre.

Elle désigna enfin son agresseur par son nom — Harper —, un nom qui ne m’était pas inconnu. Par contre, je n’arrivais pas à le placer sur un visage. J’avais fait de mon mieux pour apprendre les noms et visages des principaux Hunters suspectés, et des plus grandes cibles de haute priorité, mais j’avais tellement l’impression de voir ces visages tous les jours que j’aurais tout aussi bien pu prendre un verre avec l’un d’eux sans me douter de quoi que ce fut. Peut-être que je pourrais demander un portrait robot à Eryn ? pensa mon esprit encore perturbé par la marche sur glace craquelée, certainement le sport favori des Blake.

Comme une bonne ex-militaire, elle avait parlé avec clarté, allant aux faits, sans broderies. Je décidais de mettre fin à mes questions au moment où je surpris son regard mécontent. J’eus à peine le temps de me demander ce qu’elle me reprochait cette fois qu’elle lâcha une phrase lourde de sens.

Je me sentis inexplicablement blêmir. Mes yeux s’entrouvrirent légèrement, et ma bouche s’ouvrit un peu sous la surprise, avant que je ne la referme précipitamment. Fronçant les sourcils pour essayer d’adopter un visage habituel, je me mis à réfléchir à 400 de l’heure. Comment pouvait-elle être au courant ? Je doutais qu’Eryn ait pu facilement parler à sa soeur, parler suffisamment facilement pour qu’elles en viennent au sujet de conversation : « Tiens, j’ai croisé un Peacekeeper suffisamment intelligent pour ne pas me piquer ma cible » auquel Eryn froncerait les sourcils en murmurant mon nom. Faisant rouler mes épaules pour me redonner une contenance, je songeais que je devais vraiment arrêter d’imaginer la fugitive dans toutes sortes de situations étranges. Ça en devenait inquiétant pour ma santé mentale.

Quelques secondes s’étaient écoulées, quelques secondes pendant lesquelles j’avais juste sorti un balbutiement à peine audible. Ce ne fut pas cet élément parfaitement coupable qui me souffla de dire la vérité, mais plutôt une contrepartie à ses révélations. Et puis, je n’avais rien à cacher. Et puis, dans le pire des cas, elle était encore trop faible pour m’étrangler, hein ?


- Oui, mais, en fait pas vraiment , commençais-je de manière très convaincante. Déjà, je ne suis pas vraiment allé vers elle en sachant que c’était ta soeur. C’était tout à fait fortuit. Et, quoi, je suis Peacekeeper, elle l’est aussi, pas étonnant qu’on en vienne à se croiser, non ? J’avais la forte impression qu’elle pouvait très bien dire « Non, ce n’est pas normal. Je vais te tuer, Dawn », aussi, j’ajoutais : Et puis, quand on s’est vu, je me rappelle très bien que tu m’as dit que je ne devais pas lui parler de toi. Ce que j’ai fait ! Enfin, non, ce que je n’ai pas fait. Enfin, bref ! Je ne lui ai pas parlé de toi. Je suis resté tout à fait professionnel.


Je me gardais bien d’ajouter qu’Aria avait l’air de ne jamais lâcher le morceau, et qu’elle ne m’avait pas lâché les basques quand j’avais ramené June Lowell au Poste. Non, ça, ça restait pour moi. Est-ce que ce que j’avais dit me permettais de garder ma tête ? Je crus bon d’envoyer une contre-attaque préventive :


- Comment sais tu ? Je n’aurais pas cru que tu n’allais pas déposer ton courrier dans la Bright.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 19:05

Si Eryn n’avait pas été aussi épuisée et mal en point, elle aurait probablement asticoté à sa façon Dawn ; il se serait empêtré davantage, avec une maladresse plutôt amusante. « À sa façon » se référant à des techniques de tortures psychologiques diverses et variées. Après tout, elle venait de le prendre la main dans le sac. Et Eryn était satisfaite qu’il prît la menace de ses représailles potentielles très au sérieux. Hélas, dans la mesure où elle allait passer l’éponge, cela n’allait pas durer.

« Professionnel, hein ? » marmonna-t-elle entre ses dents, tout en lui lançant un regard assassin.

Si elle soulignait le potentiel double sens de l’affirmation ? Tout à fait. Plus pour taquiner qu’autre chose, si sa sœur était encore jeune, elle n’avait pas été présente dans sa vie assez longtemps pour se soucier des personnes avec lesquelles elle badinait.

« Je ne le savais pas. »

Mais tu viens de me le confirmer, et maintenant, il va falloir satisfaire ma curiosité si tu veux pas que je te règle ton compte, compléta son sourire mi satisfait, mi carnassier sous ses dehors faiblard.

Elle avala un peu d’eau en espérant que le sandwich passerait mieux ainsi, et en suivant docilement les instructions de Dawn par la même occasion : elle avait effectivement besoin de s’hydrater, un peu. Elle profita de cette pause pour étudier les traits de son interlocuteur qu’elle venait de mener par le bout du nez. Enfin, elle poursuivit :

« Aria m’avait laissé un signal d’avertissement qui m’a empêché d’entrer en contact avec elle. Je me demandais comment la recontacter. »

Elle ne releva pas la remarque de la boîte aux lettres, de peur de révéler un stratagème que trop basique et évident. Après tout, ce n’était pas très prudent de sa part de s’infiltrer dans la Bright pour délivrer des messages. Mais c’était aussi là où on s’attendait moins à la voir, et les Hunters étant de moins en moins acceptés au sein des beaux quartiers, les risques qu’elle courait ne prenaient en compte que les Peacekeeper. Presque de la pacotille ? Tout de même pas, il y avait probablement des gens compétents parmi eux. Dont sa sœur, probablement. C’était une Blake, elle ne pouvait être que butée et ne devait pas lâcher le morceau.

« Comment allait-elle ? »

Tant qu’à faire, autant demander des nouvelles.
Elle doutait que ces deux-là se côtoyaient de manière régulière, mais peut-être que s’il l’avait croisée une ou deux fois, il pourrait commenter sa consommation de café ou son tempérament hargneux et hautain ? Eryn se doutait néanmoins qu’avec l’hiver, sa petite sœur ne devait pas avoir fière allure. Elle avait vu à plusieurs reprises des équipes de Peacekeepers ramasser des cadavres congelés dans la nuit ; sans aucun doute que cela n’allait pas réjouir sa majesté. Cela et l’absence de nouvelles ? Pour sûr, l’aînée allait se faire houspiller à leur prochaine rencontre parce que sa princesseté se sera fait du souci. Un coup d’œil sur sa jambe plus tard, Eryn dû admettre qu’Aria n’avait probablement pas tort.

Curieusement, elle imaginait parfaitement Aria faire vivre un enfer à Dawn. C’était ce qu’elle ferait si elle croisait quelqu’un avec un maintien aussi militaire ? Cela lui rappelait peut-être que trop leur père et elle ne pouvait pas s’empêcher de questionner son autorité ?
Plutôt que de se lancer dans des suppositions tordues qui pourraient tourner au ridicule à cause de son imagination rendue un peu trop enthousiaste avec la fièvre, elle laissa le soin à Dawn de lui relater sa propre version des faits. Parce qu’il allait lui conter, un peu, hein ? Elle ne pouvait pas vraiment demander à Aria de lui raconter son quotidien, parce qu’elle allait nécessairement omettre les faits inquiétants, voir tout omettre sous prétexte qu’Eryn gardait secrètes ses trépidantes et dangereuses aventures dans la Seamy Area… C’était peut-être de bonne guerre, mais tout de même…
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 20:49

Le regard qu’elle me lança quand j’eus finis de parler me fit paradoxalement tirer un léger coin de mes lèvres en un demi-sourire amusé. Puis mes lèvres se changèrent en une expression de consternation absolue quand elle annonça qu’en fait, elle ne savait pas. Bluffé. Par Eryn Blake. Comme si c’était la première fois ! songeais-je. Je me serais tapé dessus si je n’avais pas de toute façon décidé de lui dire que j’avais croisé sa soeur. Puisque j’étais toujours en vie, je supposais avoir réussi à ne pas — trop — contrarier l’ancienne membre des Forces Spéciales.


- Bien pris, Blake , murmurais-je pour lui concéder la victoire éclatante de son bluff.


Je me permis de respirer un peu plus normalement, la pensée qu’elle ne me saute à la gorge s’éloignant progressivement. Apparemment, leur petit système pour communiquer avait soit été découvert, soit était devenu trop dangereux. Je songeais distraitement que je pourrais porter un message à Aria en toute impunité, mais je doutais de la réaction d’Eryn.. Mieux valait ne pas la contrarier, et surtout pas en ce qui concernait sa soeur. Elle aurait fait une superbe mère poule.

Sa question suivante me fit tourner un sourire plus large. Les rôles dans l’interrogatoires avaient été inversés, et j’avais bien perdu la main.


- Elle allait plutôt bien, en fait. Elle était même en pleine forme ! dis-je en souriant. Je l’ai vu quand on était déployé dans le Marché de la Bright. J’ai voulu arrêter une suspecte, et il se trouve que ta soeur avait une dent contre cette voleuse. Je marquais une pause, histoire qu’Eryn puisse s’imaginer une Aria ne quittant pas d’une semelle SA proie. Comme tu t’en doutes, elle n’a pas apprécié que je veuille la ramener au Central sans elle. (Le regard qu’elle m’avait lancé avait de quoi déstabiliser le plus costaud de mes gars) Donc voilà, je ne lui ai pas trop parlé non plus. Juste assez pour savoir qu’elle n’aimait pas qu’on s’attaque à sa coiffure, et qu’elle a une fâcheuse habitude à te regarder avec l’air qu’elle va te sauter à la gorge.


Replaçant mon regard sur Eryn, je songeais qu’elle non plus n’avait rien à envier à Aria sur ce point là. Oui, les Blake avaient cette capacité de vous faire penser en un regard que vous étiez en danger. Vous aviez beau sauver l’aînée, ou aider la cadette, rien n’y faisait : on devait toujours garder un oeil sur elles… Bon, c’était un peu exagéré évidemment. Et puis, ça n’était pas comme si je n’aimais pas cela. Je devais avoir un côté masochiste, quelque part là-dedans.


- Faut croire que c’est de famille ! pensais-je tout haut.


Prenant conscience de ce que je venais de dire, je fronçais les sourcils en toussotant, reprenant aussitôt pour noyer le poisson.


- Le pire, c’est qu’elle a été appelée avant d’accompagner la voleuse en détention. Je crois que ça ne lui a pas plu de ne pas la mettre personnellement derrière les barreaux, mais bon. Sinon, elle avait l’air plutôt sympathique , repris-je avec un sourire. Un peu bizarre et flippante, mais sympathique. Et même si ça avait l’air plutôt étrange sur le coup, j’aime assez son caractère buté de je-ne-quitte-pas-ma-cible-du-regard.


Je ne voyais pas quoi ajouter, je ne me rappelais pas d’un détail particulier qui aurait pu l’intéresser. Après tout, je lui avais dit l’essentiel : elle allait bien. Puis quelque chose me revint, et je repris la parole, tout en étant passablement surpris de parler autant. Peut-être que parler faisait vraiment du bien en fin de compte.


- Oh, et j’ai appris qu’elle menait la vie dure à son collègue, un certain Stone. Bizarrement, je l’imagine tout à fait bien dans ce rôle…


Ça n’était pas non plus très dur à imaginer. Aria semblait n’avoir peur de rien, à part d’une casquette dégoulinante de couleur pour cheveux, son réflexe pour l’éviter sortant à vitesse lumière, comme un réflexe vital. Je ne pouvais pas me rappeler cette situation sans sourire, et je ne repris mon attention qu’un peu plus tard. Les deux formaient un sacré duo. Je me demandais maintenant comment se comportaient les soeurs Blake l’une en face de l’autre. Se lançaient-elles des regards assassins aussi ? Avant d’imaginer avec inquiétude l’effet qu’auraient deux paires d’yeux perçants sur soi. Je continuais de parler pour chasser cette image plutôt dérangeante.


- Tu sais, je pourrais aller lui porter un message si ça t’arrange. Tout en restant discret, évidemment.
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 22:39

On avait beau dire, et même si Aria et elle avaient bien des différends, Eryn ne pouvait dissimuler le soulagement qu’elle éprouvait en apprenant que sa sœur se portait bien. Et qu’elle était une acharnée de la traque, mais cela, elle s’en doutait déjà. Ne pas la décoiffer, hein ? Mener la vie dure à un collègue ? Plutôt à tous… Ouais, ça tenait la route.

Eryn entreprit de secouer la tête en amusement mais elle se ravisa aussitôt, prise de vertiges.

« À t’écouter, on dirait que les Blake sont une famille de dangereux corsaires », soupira-t-elle.

Ou quelque chose dans ce goût-là. Puis Aria était un agneau comparé à Eryn. Enfin, une princesse. Si leurs réactions pouvaient se ressembler au premier abord, elles n’avaient pas du tout la même vision du monde. Aria était quelqu’un de bien, en fait, songeait Eryn. Alors qu’elle-même n’avait été entraînée qu’à faire le sale boulot sous des dehors diplomatie et de patriotisme plutôt douteux. Une toute autre dimension.

Ce que feraient les deux sœurs Blake côte à côte ? Probablement se moquer de Dawn à leur façon, un soupçon de mesquinerie, beaucoup de remarques faussement sérieuses, et Aria quitterait la comédie avec un sourire éblouissant ou un grand éclat de rire tandis qu’Eryn se départirait de son air austère en s’autorisant l’esquisse d’un sourire goguenard. Si la rencontre si prêtait, bien entendu, parce que pour que les trois se trouvassent ensemble, il était probable que ce serait pour survivre à une situation plus que délicate. Par le passé – avant la catastrophe – les sœurs s’adressaient à peine la parole, elles s’ignoraient cordialement ; elles avaient pris des chemins si différents. Une rencontre en présence d’un tiers pouvait aussi signifier une soudaine réapparition de ces habitudes retorses. Ou une dispute. Mais alors là, tous aux abris…

« Volontiers, j’aimerai lui faire savoir que tout va bien. »

Eryn se mit à réfléchir à toute allure. Comment pourrait-elle dissimuler un message dans un message ? Lui faire savoir qu’elle allait bien était une chose, lui donner un rendez-vous prudent, c’en était une autre. Elle aurait toutes les raisons de se méfier de Dawn, donc il lui paraissait normal de coder un message concernant une chose que seules les deux sœurs connaissaient – cela était facile et il n’y aurait aucun soupçon. Un message innocent donc. Après un profond soupir, elle se massa les tempes et lâcha, mortifiée :

« Pourrais-tu lui dire, mot pour mot, ‘le lapin rose que tu m’as prêté pour l’anniversaire de maman s’est fait la malle’ ? »

C’était ridicule, mais elle ne voyait pas d’autre option. Dawn savait qu’il ne pouvait pas nommer Eryn et trouverait un moyen de faire passer le message de façon intelligente. L’imaginer se creuser la tête pour sortir cette phrase de façon réfléchie et ce sans passer pour le dernier des crétins avait quelque chose de foutrement divertissant. Eryn n’avait juste pas l’énergie d’en rire, pour le moment. Elle leva les yeux sur le Peacekeeper avant d’ajouter, dans un froncement de sourcil las :

« Quoi ? C’est discret, personne d’autre à part nous sait. »

Se disant, elle haussa les épaules et, le regain d’énergie qu’elle avait ressenti depuis son réveil s’évanouit au moment où, par inadvertance, elle eut le malheur de bouger sa jambe. La douleur lui coupa le souffle, lui donna la nausée. Elle serra les dents en se laissant retomber en position totalement allongée. En dépit de la douleur elle trouva quand même le moyen de fusiller Dawn du regard.

« Pas. De. Morphine. » martela-t-elle en reprenant son souffle.

Jusque ce soit clair, au cas où. Et elle entendait par là tout ce qui pourrait avoir trop d’effet qu’elle considérait néfastes. Que notre Anderson fût rassuré, néanmoins : tous les médecins qui avaient dû s’occuper d’une Eryn convalescente avaient eu le même genre de problèmes et de confrontations. Il n’y avait rien à faire, elle était aussi butée que… ben que sa frangine, en fait.
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 22 Jan - 23:43

Une nouvelle fois, l’image d’Eryn en pirate s’imposa dans mon esprit, avec cette fois-ci celle d’Aria dans un autre costume à côté. Je fronçais les sourcils en me retenant de rire. La fatigue et l’inquiétude devaient me faire délirer. Elle accepta que je me charge de la commission, et j’attendis qu’elle trouve ce qu’elle voulait que je dise avec patience. Lorsqu’elle me demanda de répéter mot pour mot son message, toutefois, je ne pus retenir un : « Pardon ? »

Evidemment, ce devait être un code, je n’étais pas idiot, mais… vraiment ? Ce code ? Dans ma bouche ? Mais ça paraîtrait encore plus suspect que si je disais que sa soeur allait bien ! Le « lapin rose… » Je songeais aussitôt à l’écrire et à le glisser sur son bureau avant qu’elle n’arrive. Mais dans sa phrase, il y avait le mot “dire“ qui, justement, disait bien que je devais parler. Elle n’avait aucun coeur. Elle était impitoyable. J’avais une furieuse envie de répliquer quelque chose du genre « Quoi, quoi ? Lapin rose, moi, tu vois pas…? » Elle avait beau hausser les épaules pour faire comme si elle était innocente, mais j’aurais parié qu’elle le faisait exprès.

Bon, après… Ça n’était qu’un moment de ridicule à passer devant tout le Central. Ça n’aurait pas grande conséquence a priori, surtout si je trouvais une excuse adéquate pour sortir cette phrase par inadvertance. Mes recherches furent cependant coupées dans leur élan en voyant le visage d’Eryn se tordre de douleur. Je me relevais en déposant rapidement l’assiette à côté, mais m’arrêtais lorsqu’elle me lança un nouveau regard assassin.

Apparemment, elle n’avait pas aimé que je l’empêche de trop souffrir… Mais je n’avais même pas eu l’intention de m’en servir. Mes stocks étaient affreusement limités, et tant que je n’étais pas sûr qu’elle en ait besoin sous peine de graves séquelles, je n’allais pas lui planter une aiguille de nulle part. Je m’approchais d’Eryn, essayant d’afficher un air calme. Je lui montrais mes mains, pour bien lui signaler que je n’avais pas de seringue, et posais une paume contre son front. Elle était toujours brûlante.


- Pas de morphine, répétais-je. Je vais voir si ça a dégénéré ou pas, alors essaie de ne pas bouger, et ne regarde pas.


Pour bien m’assurer du dernier point, je me plaçais devant elle, repoussant la couverture pour regarder sa jambe. La blessure semblait avoir enflé, le tout dans des tons mauves et cramoisis. Ce qui n’était pas bon. Ça n’était pas grave au point que ça menaçait Eryn complètement, mais j’allais devoir immobiliser complètement sa jambe, parce que sinon elle serait prise de douleurs à chaque fois qu’elle essaierait de la bouger. Je l’informais de ce que j’allais devoir faire, et lui demandais de ne pas crier, la “menaçant“ de l’endormir le cas échéant.

Je me mis aussitôt au travail, délestant deux planches de bois d’une taille grossièrement conforme à une étagère, et partis chercher deux ceintures que je fixais aux planches avec des clous. C’était plutôt un ouvrage grossier, mais il tiendrait le coup, et ferait son boulot. Eryn serait juste forcée de ne plus se pavaner aux galas de la Neo Corps, voilà tout, songeais-je. Je revins vers elle, et positionnais fis glisser les planches sur sa jambe blessée. Je la prévins que ça allait faire mal, et tirais sur les ceintures pour les resserrer au maximum. Je fis ça vite, et sans hésiter. Je ne perdis pas de temps en considération pour elle, je n’avais pas encore fini.

Je changeais ses bandages, et enrobais sa jambe dans un drap propre. C’était comme si elle avait un plâtre, désormais. Un plâtre légèrement surdimensionné, certes, mais un plâtre quand même. Une fois que ce fut fait, je passais une main sous sa nuque et une autre sous le genou de sa jambe valide pour la porter, lui grognant de s’accrocher — si jamais elle était encore consciente. Je décidais de la mener dans ma chambre, où elle serait bien plus à l’aise, en plus d’être hors de vue de quelqu’un rentrant immédiatement chez moi. La déposant sur le lit, je tirais une couverture chaude sur elle, m’assura que le chauffage était bien allumé, et déposais une bouteille d’eau et une boîte de cachet contre le mal de tête sur la table de chevet.

Désormais, il fallait qu’elle se repose. Je gagnais le salon et commençais à nettoyer scrupuleusement le sol de mon appartement. Avec un peu de chance, d’ici à demain, sa fièvre aurait baissé, et elle ne souffrirait plus trop.
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Ven 24 Jan - 23:44

Si ça avait dégénéré ?
Probablement. Eryn avait subi et vu suffisamment de blessures pour se faire une idée de la gravité – tout superficielle fût-elle si elle était entre de bonnes mains – de la situation. Elle retint une réplique acide comme quoi c’était probablement parce qu’il lui avait charcuté la jambe avec ses grosses pattes de boucher friand de manucure, puis se ravisa. Ce n’était pas en crachant sa bile qu’elle irait mieux, et le pack « gratitude » incluait un soupçon de savoir-vivre. Elle se contenta donc de lever les yeux au ciel – chose qui lui demanda plus d’efforts que prévu – tout en marmonnant qu’elle en avait vu d’autres.

« Tu te fous de ma gueule ? »

Lui immobiliser la jambe ?
Et si la situation requerrait soudain de déguerpir, hein, elle faisait comment ? Elle n’aimait pas du tout cette idée au point d’envisager de se défendre dans la mesure de ses faibles moyens actuels. La menace du sommeil forcé fit néanmoins son effet et elle vrilla sur lui énième regard torve. Dans le fond, pourtant, elle savait bien qu’elle n’avait pas intérêt à moufter, qu’elle se devait d’être une bonne patiente, conciliante et calme. Cependant, elle haïssait exposer ses faiblesses de la sorte, et elle n’avait pas trouvé de meilleur moyen de conserver son intégrité que de se cloîtrer dans ses habitudes bravaches.

Bien sûr, quand Anderson Dawn vous prenait la peine de vous que ça allait faire mal – donc, que vous alliez vraiment douiller – il n’était plus question de jouer aux invincibles survivantes. Elle fixa le plafond, serra les dents, agrippa le bord du canapé d’une main, et prit quelques profondes inspirations. Eryn n’était définitivement pas à l’épreuve de la douleur et son cerveau fit la seule chose sensée pour lui permettre de la surmonter : elle sombra une fois de plus dans l’inconscience.

*

Lors qu’Eryn se réveilla à nouveau, la lueur terne du jour filtrait à travers les rideaux, juste au-dessus de sa tête. Un lit sous une fenêtre, c’est trop exposé… Son esprit encore prisonnier des brumes de l’inconscience survola cette pensée avant de s’éveiller complètement.
Gamine, son premier réflexe aurait été de dissimuler sa tête sous l’oreiller pour grappiller un peu sommeil. L’ex-militaire paranoïaque qu’elle était se redressa sur ses coudes avant de s’immobiliser immédiatement pour analyser cet environnement étranger, la grande armoire qui lui faisait face, le désordre du bureau… Plus inquiétant, la manche du treillis qui dépassait du coffre à sa gauche. Son cœur fit un bond dans sa poitrine et elle chercha désespérément son arme. Jusqu’à ce qu’elle tombât sur la photo qui ornait la table de chevet, sur laquelle elle reconnaissait un visage familier.

Puis vinrent les souvenirs.
Elle était chez Dawn.

Poussant un profond soupir, elle se laissa retomber en arrière, se demandant depuis combien de temps elle n’avait pas dormi dans un lit, un vrai.  Combien d’heures avait-elle dormi tout court ? Elle avait perdu toute notion du temps, abrutie par la fièvre. Elle palpa son visage, sans se trouver particulièrement fébrile et s’en trouva rassurée. Puis elle jeta un regard atterré à sa jambe immobilisée dans l’attèle/plâtre de fortune.

« Vraiment, Dawn, tu en fais trop », marmonna-t-elle en essayant de s’asseoir.

Mais c’était toujours mieux que de ramper devant Jake Caldwell dont elle avait déjà ignoré l’aide, ou de mettre Aria en danger, ou encore, de prendre le risque d’user de la faveur que lui devait Charlotte Hawkins – ce serait du gaspillage, la secrétaire pouvait être davantage utile. Un soupir plus tard, elle ouvrait la bouteille d’eau pour avaler une paire de cachets. Le mieux, Eryn, c’est de ne pas te faire tirer dessus la prochaine fois. Cela t’évitera de te retrouver dans le lit d’étrangers, hein. Rassurée par la note sarcastique de sa pensée – chose qui signifiait probablement qu’elle reprenait du poil de la bête – elle envisagea un instant de se lever, tenter quelques pas… Et si Dawn détruit sa table à repasser pour me confectionner des béquilles, si je reste pas assez calme, hein ? La pensée ne lui plut guère, elle voulait se débarrasser de tout ça au plus vite et trouver une nouvelle planque, recommencer à bouger aussi souvent que possible. Rester trop longtemps dans cet appart’, c’était les mettre tous les deux en danger.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Dim 26 Jan - 23:17

Assis sur le canapé, ma maison enfin nettoyée, sans toutefois tout ranger — ç’eut paru suspect aux yeux des connaisseurs —, je restais sans bouger devant mon arme qui trônait sur la table basse. J’avais plusieurs problèmes. Le premier, c’était mon travail, qui commençait à rappeler mon équipe à l’ordre. On avait beau ne plus sortir avec le froid, le Central aimait garder ses forces d’actions directes près de lui. Le second, c’était Eryn qui dormait dans ma chambre. Et le troisième et dernier, c’était que sa blessure empirait. Et j’étais totalement impuissant face à cela.

J’avais certes les moyens de payer les fournitures médicales, même de les prendre au Central pour rien, mais cela impliquerait de nombreuses questions ou de très gros soupçons. Et je n’avais pas besoin de ça. Eryn était restée dans le coma toute l’après midi, et maintenant que je n’avais plus de quoi m’occuper l’esprit, je m’assaillais moi-même de questions. Et si elle y restait ? Je ne pouvais pas le concevoir.

Je tournais et retournais les plans dans ma tête sans trouver une issue qui n’impliquerait pas ou la mort d’Eryn, ou sa découverte. Je rejoignis ma chambre, et posais la paume de ma main contre son front. La fièvre revenait… Et les cachets d’aspirines n’y pouvaient rien. La voir si faible, sans défense… Je crois que ça emporta ma décision. J’écrivis à la va-vite un petit mot pour le déposer sur la table de chevet, et un genre de cane. Au cas où je ne reviendrais pas.

Revenu dans mon salon, je m’équipais d’un long manteau noir, et dissimulais les traits de mon visage avec du cirage pour chaussure. J’attrapais ensuite mon arme et sortis dans la rue sans un bruit. Mes Rangers militaires crissaient sur la neige, et je pris garde de bien rester dans les coins d’ombre. Je passais plusieurs pharmacies sans leur prêter attention. J’aurais pu y trouver ce que je cherchais, mais je voulais éviter de braquer celle de mon quartier, ce qui aurait invité les Peacekeepers à flâner dans le coin.

Lorsque je trouvais mon bonheur, j’avais toujours de la peine à croire à ce que j’allais faire. Je faillis me dégonfler, mais un instant plus tard, je coupais le courant de la pharmacie. Ce qui était utile, quand on est flic, c’est qu’on connaît les temps de réaction de ses collègues, et les points faibles des structures importantes. J’entrais sans un bruit, et me mis à fouiller les étalages. Faisant tomber dans un grand sac noir toute sortes de produits, et pas seulement que je cherchais pour brouiller les pistes, un bruit attira mon attention. Je levais mon arme pour éclairer le gérant, armé d’un petit calibre. Il devait en avoir vu d’autres, des petits malfrats, mais la taille de mon arme et ma position absolument sereine le fit baisser son arme, pour lever les mains après l’avoir faite tomber. J’acquiesçais et continuais de vider ses produits. Je me sentais mal de le piller ainsi, mais je n’avais pas le choix. Il serait remboursé et ses stocks réapprovisionnés, tentais-je de me consoler. C’était une des rares pharmacies a être constamment pleine, et c’était une des raisons pour laquelle je l’avais choisie. Je battis en retraite sitôt après avoir fini, gardant toujours un oeil sur l’homme immobile.

Je m’en fus dans la nuit dans la mauvaise direction, prenant toute sortes de détours dans des ruelles qui n’étaient pas recouvertes de neige pour rentrer chez moi. Le soleil pointait déjà quand j’insérais la clé dans ma porte, les mains légèrement tremblantes. Je posais mon arme au sol, me débarrassais de mon manteau, et pris les médicaments pour aller vérifier l’état d’Eryn. Pas plus mal, au moins. Je lui injectais plusieurs seringues de produits pharmaceutiques, et installais une poche de plasma à son bras. Ça devrait l’aider à récupérer un peu du sang qu’elle avait perdu. Laissant pendre la poche à un coin haut du lit, je la laissais pour me nettoyer le visage.

Les résultats de mon vol trônaient dans le sac noir, et je laissais quelques cachets à ma patiente, en profitant aussi pour retirer le petit mot. Eryn ne devait pas savoir. Je restais éveillé toute la journée en dépit de la fatigue, assis devant le lit. Une fois la poche de plasma entièrement vide, je la décrochais et allais la dissimuler, et lorsque je revins avec une assiette, elle était réveillée. M’approchant d’elle avec le sourire, je lui tendis le plat.


- Comment tu te sens ?
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Dim 2 Fév - 21:56

Eryn leva les yeux sur Dawn.
Comment se sentait-elle ? Elle laissa la question s’imprimer en elle, ferma les paupières et analysa méthodiquement le moindre détail. Connaître son corps et ses limites était une base essentielle de la survie la plus basique. Pas de maux de tête, pas de nausée, apparemment pas fiévreuse, tout cela n’indiquait que du bon. Elle agita les orteils ; la douleur était toujours là, mais plus sourde, plus lointaine. Bilan ? Elle allait mieux. Beaucoup mieux. Étrangement mieux. Elle ne se souvenait pas s’être déjà retrouvée dans ce genre de situation – sans soins avancés – et s’être remis si facilement. Elle jeta donc un long regard suspicieux à son hôte. Non pas parce qu’elle avait réellement des suspicions, mais parce qu’il devait y avoir une explication plausible à ce qu’elle ne s’expliquait pas. Sa nature de mutante n’incluait pas une quelconque sorte de régénération cellulaire lui permettant de se remettre plus vite que la moyenne. Donc, le seul autre coupable possible, ça devait être Dawn. Elle était presque certaine de ne pas avoir dormi suffisamment longtemps pour que le facteur « temps » entrât en compte dans l’affaire.

« Un peu trop bien », lâcha-t-elle, directe à son habitude.

Elle saisit l’assiette tendue, avisa qu’elle ne se sentait pas encore assez éveillée pour avoir proprement faim. En aucun cas elle ne devait se précipiter ou se forcer pour la nourriture à ce stade. Si Dawn avait laissé transparaître quoi que ce fût à la réplique d’Eryn, il avait pu lui échapper à ce moment précis, où elle avait cessé de le scruter. Chose qu’elle n’aurait pas fait d’ordinaire, mais ça n’en restait pas moins volontaire. Une forme de reconnaissance, sa façon, à elle, de baisser légèrement sa garde. Après tout, c’était grâce à lui qu’elle était toujours vivante.

« Toi, par contre, t’as une tête de déterré. »

Le commentaire n’avait rien d’agressif, bien qu’il aurait pu l’être. Combien de temps Dawn s’était-il absenté ? Ses hommes devaient probablement avoir besoin de lui. Cette simple pensée renforça la conviction d’Eryn : elle ne pouvait pas s’attarder beaucoup plus. Mais cela nécessitait quelques préparatifs. Elle désigna du doigt son attèle de fortune et demanda :

« Quand puis-je me débarrasser de cette horreur ? »

Non pas qu’elle se souciât de l’esthétique, mais plutôt du côté peu pratique de cette chose. Se balader avec lui paraissait impensable. Mais elle n’avait pas la moindre idée de ses capacités actuelles, pas plus que de l’état de sa jambe. Ce n’était pas comme si Dawn s’était donné la peine de lui faire un exposé détaillé de sa blessure – non, non, monsieur était un cachottier. Il avait plutôt intérêt à corriger ce défaut, puisque sa patiente était assez intraitable sur ce genre de sujet, sans compter qu’elle était tout aussi habituée à entendre ce genre de chose. Elle avait besoin des détails pour savoir à  quelle vitesse elle allait guérir, comment adapter son quotidien à sa blessure et à la gestion de sa convalescence. Et rien de tout cela ne signifiait couler des jours tranquilles dans l’appartement chauffé de Dawn.
Elle s’était efforcée à se montrer honnête envers Dawn, et n’attendait que la même chose en retour.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 11 Fév - 19:41

Le regard perçant d’Eryn Blake avait, comme toujours, de quoi vous foutre les jetons. Cependant, cette fois, je tins bon. Je ne laissais rien transparaître sur mon visage. Je m’étais plus ou moins attendu à ce qu’elle ait des doutes sur sa condition soudainement amélioré. Après tout, elle était intelligente. Sa remarque ne posait pas de question cependant, et je me gardais bien d’y répondre. Lorsqu’elle récupéra son assiette cependant, j’en profitais pour gratter derrière mon oreille un reste de cirage qui me démangeait subitement.

Son observation sur moi me tira un visage fatigué. Je devais bien lui concéder, je ne devais pas être dans mes meilleurs jours. La mine tirée par la fatigue et le stress inhérent à voir débarquer mon équipe ici ne me réussissait guère. Je continuais à afficher un demi-sourire lorsqu’elle demanda des nouvelles du plâtre improvisé, et je songeais qu’il était effectivement tant que je lui dise tout, puisqu’elle était a priori hors de danger.

Il était vrai que je ne lui avais pas dit grand chose, et je commençais à me rappeler qu’elle ne voudrait certainement pas rester ici éternellement. Se soigner chez moi était juste un moyen temporaire de regagner sa force. J’avançais tranquillement, songeant que j’avais la manie de filer à Eryn le plat que je m’étais fait, m’asseyant sur le bord du lit.


- Je ne suis pas médecin, commençais-je, histoire de la rassurer. Mais d’après ce que j’ai pu sentir, l’os n’est pas cassé. La balle n’a fait que frotter dessus, avant d’exploser en morceaux. J’en ai retiré un maximum, et ça a du éviter la gangrène. Après, ça a été inquiétant un temps, mais maintenant, ça devrait être bon. Ça a l’air d’aller mieux, autant d’après ce que tu me dis que ce que j’observe. Ça c’est pour les bons points. Pour les mauvais, mais tu t’en doutes, tu vas devoir garder ça un moment, mais ça sera court. Puisque l’os n’est pas abîmé, il faut juste que la blessure cicatrise d’elle-même. Rien de plus. Compte deux bonnes semaines. Ménage la, mais pas trop. Comme je t’ai dit, la blessure maintenant n’est plus qu’une grosse coupure. Essaie de la bouger un peu chaque jour, et quand tu auras enlevé ce… truc, soulignais-je, reconnaissant mon manque d’élégance dans les plâtres et mon absence de savoir faire pour les papiers cadeaux, ça devrait être comme neuf. T’auras juste une vilaine cicatrice, j’imagine, sauf si tu te pointes dans un hôpital pour qu’ils te refassent ça mieux.


Je me relevais, et me dirigeais vers mon armoire, vérifiant son contenu. Je lui tournais ostensiblement le dos, histoire qu’elle ne me voit pas hésiter. Je pourrais tout plaquer maintenant. Je m’étais promis de me poser un jour la question, et j’avais l’impression d’être à un carrefour. D’un côté, je pourrais lui proposer mon aide pour s’enfuir, et je partirais en cavale avec elle. J’avais armes, munitions, vivres — et maintenant, médicaments. De l’autre, je restais à mon poste. Attendant encore un peu plus que la situation ne se détériore avant de me décider. Je réfléchis de nouveau. Partir était si tentant… Mais semblait aussi horriblement prématuré. J’avais encore un rôle à jouer au Central, ne serait-ce que pour passer le message à Aria Blake.

Je fronçais les sourcils en prenant la décision que je ne voulais pas prendre. Je tirais un manteau chaud de mon placard, et le posais sur le lit.


- Ecoute, Eryn. Faut que j’y retourne, et je sais que toi aussi tu ne comptes pas rester ici. Je t’aurais bien demandé combien de temps tu comptes rester, mais je sais que ta réponse sera le moins possible. Alors voilà. Comme je ne peux pas t’aider maintenant, murmurais-je, insistant discrètement sur ce mot, je peux au moins te filer quelques trucs. Prend ce que tu veux : vêtements, nourriture, médicaments. Après tout, tu as vu le temps fou que je passe chez moi quand je n’ai pas quelqu’un d’agonisant sur le canapé… Je peux essayer de te confectionner des béquilles si ça peut te filer un coup de main.


La simple idée de la laisser repartir ainsi ne me plaisait guère, mais je n’avais pas trop le choix. Elle voulait filer le plus vite, ça se voyait, et, peut-être pire, ça se comprenait. A sa place j’aurais sûrement voulu en faire tout autant. Rester en mouvement. S’attarder était une erreur, même dans un endroit qu’on croyait sûr. Ça me faisait juste me demander si je la reverrais.

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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 11 Fév - 20:43

Eryn écouta le pronostic avec attention, gravant soigneusement chacune des informations dans sa mémoire. N’importe qui aurait pu penser qu’une telle attention venait de son désir de ne surtout pas mettre à mal sa jambe et de passer une tranquille convalescence. Oui et non. Certes, Eryn savait que ménager son corps était la condition sine qua non pour sa survie. Mais se débarrasser de son handicap au plus vite l’était tout autant. Elle était en train de comparer les observations de Dawn avec la façon dont elle se sentait, croisait les informations avec ses précédents blessures, comparait la façon dont elle s’était remise, quelle vitesse, à quel prix. Elle fronça les sourcils en se concentrant, le regard rivé sur sa jambe momifiée, lèvres pincées. Plus elle se ménageait, meilleure serait sa forme au bout du compte. Elle optimisait ses chances de survie dans l’immédiat en se surmenant, mais pourrait subir des séquelles sur le long terme.

Ne parvenant à aucune décision qui la satisfaisait totalement, elle décida que, tant qu’à faire, autant mettre son toubib-charcutier en herbe à contribution, tapotant doucement le bois de l’étagère qui avait servi à la fabrication de l’attèle.

Il lui fallait une autre solution. Et Dawn l’avait assez bien cernée pour savoir que, avec ou sans son aide, elle allait faire en sorte de pouvoir accroître sa mobilité. En plus, avec la neige et la glace, elle devait absolument être plus sûre de ses mouvements. Le reste de ses conseils lui paraissaient justes, rester complètement inactive n’aiderait certainement pas à la guérison. Eryn était bien trop penchée sur son problème actuel pour porter la moindre attention à la vérification un peu suspecte de l’armoire. Le dilemme de Dawn ne lui effleurait même pas l’esprit. Il était du bon côté, s’il voulait mettre un terme à tout cela, s’il envisageait les choses telles qu’elle le faisait. Il avait un poste qui le rapprochait d’Alcatraz. Fugitif, il ne servirait plus à rien, serait incapable d’agir au potentiel moment clé. Et il risquerait beaucoup plus sa vie qu’à son poste actuel, pourtant dangereux.

La tirade de Dawn la tira de ses pensées, et elle le regarda, surprise par un tel discours, peut-être un peu gênée. Sidérée, aussi, qu’il l’eût appelée par son prénom. Enfin, Dawn, il y avait un peu de relâchement, là, tout de même. Enfin, elle était tout de même confortablement assise sur son lit.

« T’as pas à faire tout ça. »

Elle n’élabora pas plus. Elle ignorait encore si elle allait prendre quoi que ce fût, si ce n’était le luxe d’une douche brûlante. C’était abuser de son hospitalité. C’était un Peacekeeper, elle était fugitive. Il n’y avait rien d’autre à dire. L’accent sur le « maintenant », néanmoins, ne lui échappa guère, et elle fronça les sourcils :

« Dawn. Il y a des gens plus importants à aider. Maintenant, et plus tard. »

Sa façon à elle de dire que c’était hors de question, qu’il n’allait pas se poser dans le viseur des Hunters pour lui tenir compagnie, qu’elle ne le laisserait pas faire, qu’il aurait d’autres chats à fouetter. Mais bien sûr, plutôt que d’employer le ton de la compassion ou de la reconnaissance malgré tout, elle le sermonnait. La conversation prenant un tour qui ne lui plaisait guère, elle s’empressa d’ajouter, jouant d’intonations tenant de l’exaspération comme de l’amusement acide dont elle savait faire preuve :

« Et certainement pas de béquilles. Je ne peux pas garder ton truc, trop encombrant, trop dangereux. Un bandage bien serré suffirait-il ? Peut-être soutenu par un matériau plus flexible ? »

Ce serait probablement au tour de Dawn d’être exaspéré. À négocier ses soins ainsi, Eryn pouvait passer pour une gamine capricieuse. Mais c’était beaucoup de réflexion, de la stratégie. Elle ne pouvait pas se permettre la moindre erreur, et ce en se basant sur des événements imprévisibles. Ce qu’elle donnerait pas pour une mutation lui permettant d’écarter les voiles de l’avenir…

Sans attendre qu’il eût répondu, elle posa le pied de sa jambe blessée à plat, par terre, et en testa l’appui. La douleur était bien là, mais bien plus supportable. Elle se souvint où la plaie se trouvait, commença à réfléchir à quels muscles avaient été touchés et quelle pression pourraient rouvrir la plaie. Cela n’allait pas être de la tarte et, elle commençait à douter de pouvoir s’appuyer de tout son poids dessus. Elle lâcha un soupir las, frustré.
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Anderson Dawn

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 11 Fév - 22:40

Si, je devais faire tout ça, contrairement à ce qu’elle disait. Tout ça, et bien plus. Si j’essayais de la sauver, elle plus qu’une autre, c’était.. J’aurais pas su le dire. Peut-être parce qu’elle représentait la fugitive typique ? Traquée par le système, par ceux qu’elle avait considéré comme les siens, comme sa propre famille, avec des appuis incertains au mieux. Peut-être parce qu’elle était la première mutante avec laquelle j’avais parlé, et qui m’avait dit en face ce que je murmurais tout bas. Peut-être parce qu’elle me rappelais un vague reflet de moi-même. Ou peut-être que je m’étais trop attaché à elle.

Je fronçais les sourcils. Le fait que son ton relève davantage d’une mère réprimandant son enfant ne me gênait pas tant que cela, mais, pour moi, je ne voyais pas qui d’autre je pouvais aider. Qui de plus important. Les mutants, les prisonniers, les collègues… tous ressemblaient à des anonymes. Néanmoins, je ne répondis rien. Elle avait raison, quelque part. J’étais plus utile en restant à mon poste, ce qui me permettait d’utiliser mon appartement comme planque si je le désirais, ça me permettait d’avoir accès aux ressources des Peacekeepers… Mais le sentiment de faire quelque chose de terriblement mal restait diaboliquement présent.

Heureusement, Eryn m’empêcha de passer en revue mes quelques démons en exprimant le souhait que je refasse ses bandages. A peine eus-je le temps de considérer l’idée qu’Eryn posait le pieds à terre, m’arrachant de ma rêverie en poussant une exclamation de surprise. La regardant en fronçant les sourcils, je pris délicatement sa jambe entre mes mains pour essayer d’en évaluer la taille.


- Je reviens tout de suite. Essaie de pas rouvrir la plaie, hein ? dis-je d’un ton mi-exaspéré, mi-légèrement amusé.


Un bandage plus serré marcherait, oui, maintenant que la blessure avait dégonflé. Mais si elle voulait continuer à faire la maligne et sauter partout, il fallait l’accompagner d’un bon soutien, suffisamment flexible pour se plier sans en garder la forme, et supporter son poids. Je finis par revenir, indiquant mes mains vides avec un sourire d’excuse.


- On va commencer par te retirer cette horreur.


Je m’empressais de défaire le drap, et enlevait l’attelle en coupant les ceintures au couteau. Ça irait plus vite et lui ferait sûrement moins mal que si j’avais essayé de la lui enlever normalement. Je changeais les bandages immédiats de la blessure, serrant fort sur les liens. Puis, je récupérais dans la boîte de ma chambre contenant quelques effets militaires un holster de cuisse, que j’emportais dans mon salon, reconverti en atelier technique pour l’occasion. Dégageant rapidement la plateforme, sorte de rectangle semi-rigide, qu’on accrochait avec des lanières simples, cela suffirait à maintenir la protection sur la jambe d’Eryn en place, tout en lui accordant une liberté de mouvement énorme, comparé au monstre que je lui avais fait porté. Ensuite, je pris mon gilet pare-balle, et le vampirisait pour obtenir la bonne forme. Ça ferait en sorte que sa jambe soit bien protégée et tienne le coup lorsqu’elle s’appuierait dessus. Je n’avais pas longtemps hésité : les mutants n’avaient pas de balles…

Je revins dans la chambre et le lui attachais avec précaution. Là encore, je serrais fort sur les sangles afin qu’il reste bien en place. Ça bougeait encore, c’était loin d’être parfait. Je fronçais les sourcils en récupérant une sangle que j’attachais tout autour, serrant à l’opposé de la blessure pour éviter des frottements, et finalement, le tout s’immobilisa. Enfin, pour ce que je pouvais en dire, et je m’imaginais suffisamment compétent en la matière pour être à peu près sûr que ça ne la lâcherait pas en situation de combat.

Je pris sa jambe pour tester si ça n’entravait pas trop ses mouvements, avant de la reposer, satisfait.


- Bon, on est pas mal, là. T’appuies juste pas dessus, mais ça devrait te tenir le temps que ça cicatrise.


Puis je me retournais et récupérais un sac à dos militaire que j’avais préparé en même temps.


- Ça c’est pour toi. Je sais pas où t’en es niveau matos, mais c’est tout ce dont t’auras besoin pour survivre, du moins, selon les manuels des Forces Spéciales. Pense même pas à refuser. T’as des vivres, des outils, et des médicaments. Et c’est pas lourd. J’ai pas besoin de ces trucs, et si tu les prends, je serais pas obligé de t’accompagner — cette fois, me retins-je de justesse de dire. Tu veux autre chose ? demandais-je sincèrement.
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Eryn Blake

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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mer 12 Fév - 13:55

Comme quoi, il suffisait de demander.
Enfin demander était un bien grand mot ; aux yeux d’Eryn, Dawn faisait probablement preuve d’un peu  trop de zèle. Il avait bien une drôle de façon de racheter ses fautes, et son froncement de sourcil un peu plus tôt avait tout autant trahi le caractère un peu futile de ce qui le tracassait. Elle était loin d’être la seule dans cette situation, très loin d’être une petite créature perdue, et ses chances de survie plutôt raisonnable compte tenu de la situation. On pouvait pas en dire autant des badauds qui erraient dans la Seamy. C’était la loi du plus fort, là-dedans. Et beaucoup avaient péri durant l’hiver.

Eryn regarda Dawn faire avec intérêt. Ce bricolage avait quelque chose de tellement familier. Il existait, parmi les membres de l’unité Carter, une personne qui faisait preuve d’un talent d’improvisation incroyable. La pensée lui arracha un pincement au cœur, teinté de nostalgie. Et ces réflexions la menaient toujours au même point, à la même déchirante déception : c’est Harper qui l’avait amochée. C’était la deuxième fois que le visage de son ancien camarade s’imposait à elle depuis son réveil, et le résultat était toujours le même ; un amalgame de sentiments contradictoires obscurcissait son esprit.

Dawn l’arracha à ses sombres pensées, sac de provisions et d’équipement en main. Sac qui lui était destiné, et que son orgueil débordant lui hurlait de refuser. Elle eût envie de répéter qu’il n’avait pas à faire ça, mais se ravisa. C’était inutile, cela mènerait encore la conversation sur un terrain glissant, et elle ne voulait vraiment pas en arriver là. Si elle voulait quelque chose ? Reprendre sa vie normale, se sortir de ce merdier, mener une vie d’enfer au Général Blake pour l’avoir abandonnée dans cet endroit et tuer les responsables de ses propres mains. Depuis leur dernière rencontre, le sentiment d’égarement d’Eryn s’était mué en une colère sourde teintée de froide détermination. Mais tout cela, bien sûr, elle le gardait pour elle.

« Non, merci. Si ce n’est le service que je t’ai demandé. »

Même délivrer ce message ridicule à Aria, selon elle, était trop demander. Elle secoua la tête, hésita à le remercier encore, se ravisa. C’était au-delà de ses compétences, et, comme souvent, prouva sa gratitude d’une manière singulière :

« Avec de la chance, on ne se recroisera plus. Mais j’ai une dette envers toi, alors je t’autorise à venir me trouver si tu as besoin d’expédier une affaire d’une manière un peu extrême. »

Si Anderson Dawn était la moitié de ce qu’il paraissait, certainement que tôt ou tard il se trouverait à effectuer des recherches dans le dos des Peacekeepers. Dans cette éventualité, elle pourrait lui venir en aide, et elle espérait que cela suffirait pour payer sa dette.

Elle posa le pied à terre à nouveau, bougea légèrement sa jambe. Les premiers jours seraient difficiles et elle aurait besoin de beaucoup de repos. Mais le bricolage de Dawn devrait suffire pour soutenir sa jambe sans s’avérer être un handicap trop important. Du mois l’espérait-elle. Elle n’était pas du genre à surestimer ses forces, mais elle n’était pas sans savoir, non plus, que l’hiver avait mis à mal son entraînement, tout comme la traque. Elle allait effectivement se reposer chez Dawn au moins quelques heures de plus. Pas question de partir en plein jour, seule dans les rues désertes de San Francisco. Partir de nuit la rendait plus suspecte, mais si elle parvenait à prendre des chemins suffisamment détournés, elle pourrait sortir de la Bright sans prendre trop de risque. Du moins l’espérait-elle.

Désireuse d’éviter toutes prolongations embarrassantes – les adieux, les sentiments, tout ça, ce n’était pas tellement son truc – elle haussa un sourcil :

« Tu ne devais pas filer ? T’inquiète, j’ai les clés, je fermerai derrière moi. »

La plaisanterie, bien que peu élaborée, n’avait pour but que de l’inciter à partir. Il avait perdu assez de temps et pris assez de risque comme cela.
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Mar 4 Mar - 11:42


Le service avec le lapin, oui, je n’allais pas oublier de sitôt, et on n’allait pas non plus me le faire oublier une fois que je l’aurais dit devant tout le Central... Mes pensées se rebellèrent à ses mots suivants. Selon moi, San Francisco allait devenir ridiculement petite au fil du temps, et je doutais ne plus jamais recroiser Eryn Blake. Que ce soit vivante, ou en récupérant son corps, d’ailleurs. Mais la dernière hypothèse ne me plaisait guère, et je préférais penser qu’avec un peu de chance, on ne se croiserait plus sous d’aussi mauvaises auspices. Voilà ce que la chance pouvait avoir affaire.

De mon côté, je n’allais pas traquer ses mouvements pour essayer de la revoir, cela nous mettrait tous les deux en danger. Mais je n’allais certainement pas refuser de l’aider une prochaine fois, ou juste de me rappeler à son bon souvenir.


- Non, tu ne me dois rien, murmurais-je tranquillement.


Et certainement pas pour régler une affaire extrême. Enfin, pas pour l’instant. Peut-être que viendrait le jour où j’aurais besoin de me séparer des Peacekeepers, auquel cas j’aurais sûrement besoin d’un coup de pouce pour me sortir des griffes de ma propre équipe. Mais comme elle l’avait dit, ce jour n’était pas arrivé. Pas encore.

Je fronçais les sourcils en cherchant quelque chose de plus à dire, sans vraiment trouver quoi. Les adieux n’étaient pas mon fort, et je doutais que Blake avait besoin de mots de réconforts. Elle se débrouillerait très bien par elle-même, je n’en doutais guère. Mais je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter un peu. Si au moins je ne la savais pas si seule. Elle avait beau avoir fait partie des Forces Spéciales, ces gars-là marchaient avant tout en équipe. Et Eryn était seule contre tous, ou presque.

Je ne lui avais pas posé de questions à ce sujet, mais peut-être qu’elle avait des contacts avec la communauté mutante de San Francisco. Et puis, non, finalement, elle n’était pas vraiment seule. Elle avait sa soeur, et moi. Deux Peacekeepers plutôt influents de son côté, ça devait bien peser quelque part dans la balance, non ?

Apparemment, elle était aussi douée que moi avec les derniers mots d’une conversation. Je forçais un sourire, et fit mine de chercher quelque chose sur ma commode. Lorsque je reposais mon regard sur elle, mon sourire était un peu plus vrai.


- Verrouille à double tour, j’ai eu assez de personnes se vidant de leur sang dans mon salon, dis-je avec un clin d’oeil amusé. L’eau chaude coule toujours, alors reste le temps que tu veux. A un de ces quatre, Blake !


Sur ces mots contrevenants aux siens, je me détournais et ramassais mes affaires dans le salon. Après une dernière hésitation et un regard en direction de ma chambre, j’ouvris la porte et sortis de chez moi. Je rallumais ma radio une fois en-dehors de mon quartier, et appelais mon équipe pour leur annoncer que je rentrais. Après quelques plaisanteries sur mes « vacances », je pénétrais dans le Central, inchangé depuis mon départ quelques jours plus tôt.


- Quelles sont les nouvelles ?

- Une bagarre qui a tourné au double meurtre pour un repas chaud, deux disparitions de personnes, des cadavres gelés à ramasser... Et... un Hunter repéré, mais qui a échappé aux patrouilles, et un vol dans une pharmacie. La routine, quoi.

- Ouais. La routine, répétais-je à demi-mot.


Je déposais mes affaires dans mon casier, fauchant un nouveau holster dans la réserve, et me mis à nettoyer mon arme machinalement. Au bout d’un moment, je me relevais, et me dirigeais vers les archives. La tentation suite à l’entrevue avec Blake était trop forte. Je pris une pile de dossiers divers et m’assis derrière une table d’étude. Devant moi s’étalaient les dossiers de toute l’équipe du lieutenant Carter, et de tous les Hunters recensés. Et aussi, ceux plus restreints de quelques personnalités de la Neo Corporation.

Il fallait en avoir le coeur net. Je me fixais comme objectif de long terme de chercher ce qui se passait à Alcatraz, et la vérité sur ces mutations. Je ne voulais plus que ce soient de vagues objectifs sans cesse repoussés au lendemain. Si je voulais faire sortir Blake de là, il fallait tout simplement que je fasse cesser la quarantaine. Et pour cela, j’allais faire ce que tout bon flic est censé faire : fouiner, avec tous les risques que ça comportait.
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Eryn Blake

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Eryn Blake
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Message Sujet: Re: Little survival lesson [Terminé !] | Sam 8 Mar - 15:19

Le bruit de la porte qui se refermait sur Dawn sembla résonner de longues minutes dans l’esprit d’Eryn. L’appartement, soudain désert et silencieux, ne reflétait plus que sa propre solitude. Immobile, elle laissait ce sentiment vide s’exprimer en elle ; ne pas penser, ne pas s’apitoyer, ne rien prévoir, juste laisser les échos se répercuter dans le néant, juste se laisser aller à cet été second qui, très rarement s’emparait d’elle.

Elle ignorait combien de temps elle demeura ainsi. D’un battement de cils, elle s’extirpa de sa torpeur. D’un soupir, elle rassembla l’énergie nécessaire pour se déplacer. Elle vérifia le contenu du sac que Dawn avait préparé, boitilla jusqu’à la cuisine pour vérifier le contenu du frigo – elle embarquerait ou mangerait tout ce qui ne pouvait être conservé, se doutant que son hôte n’allait pas revenir de sitôt – reclopina jusqu’à la chambre pour se forcer à manger, revint à la cuisine pour faire la vaisselle – c’était quelqu’un de consciencieux. Faire des allers retours ainsi n’était pas tellement conseiller ; elle devait se reposer. Néanmoins, elle essayait  aussi d’estimer quelles étaient ses possibilités de déplacement, quels mouvements pouvait-elle faire, à quelle vitesse elle se fatiguait.

La douche chaude fut le plus grand luxe qu’elle s’offrît. Elle ne trouvait pas les mots pour exprimer son contentement. C’était toujours aussi frappant, cette façon dont les gestes de confort quotidiens d’avant la catastrophe changeaient du tout au tout une fois qu’ils devenaient exceptionnels. Eryn avait connu des situations difficiles, que ce fût durant son entraînement ou pendant les missions, elle savait que trop bien combien ces choses pouvaient manquer. Mais après plus de six longs mois dans cette ville infernale, le manque se faisait ressentir un peu plus chaque jour.

Elle resta une nuit de plus, décida de partir au coucher du soleil du jour suivant. Elle explora l’appartement de Dawn en long en large et en travers pour s’occuper. C’était fou ce qu’on pouvait en apprendre sur une personne grâce à temps de menu détails. Elle ne faisait pas cela par pure indiscrétion, mais plutôt pour répondre à plusieurs de ses problèmes : la question de la confiance se posait toujours, premièrement, et deuxièmement, elle restait toujours perplexe quant à sa guérison un peu trop facile. Elle découvrit bien entendu le sac avec tous les médicaments et quelques autres détails la mirent sur la piste : cirage récemment utilisé, par exemple. Tout ce qui avait été mis en désordre lors du potentiel – elle ne pouvait pas être à cent pour cent sûre – elle le rangea soigneusement. Ainsi, elle ne dissimulait pas ses soupçons à Dawn s’il ce dernier était suffisamment observateur pour noter le changement. Aussi, au vu de la variété de médicaments dans le sac, elle décida de se servir ; elle en laissait toute une panoplie pour Dawn, mais dans des quantités plus raisonnables qu’il pourrait justifier en cas d’inspection quelconque. Le reste serait bien plus utile dans la Seamy. Eryn ignorait juste si elle allait les garder sur elle pour les offrir à ceux dans le besoin, ou si elle se contenterait de les revendre sur le marché noir.

Au moment du départ, elle s’assura que tout était en ordre, qu’elle n’avait rien laissé de suspect. Elle ferma bien la porte à double tour, armée de petits crochets plutôt que d’une clé. Elle rajusta son sac sur son dos et, alors que les dernières lueurs du crépuscule s’attardaient sur la neige, elle se mit en route, remerciant mentalement une fois de plus Anderson Dawn.

Terminé !
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